Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

La débandade dessinée / suite de la suite

3 décembre 2009 à 15 h 01

Ce blog, par l’intermédiaire d’un article de l’excellent site ActuaBD.com (23.11.2009) soulevait le problème de l’exploitation par les éditeurs des auteurs de bande dessinée, de plus en plus nombreux et de moins en moins payés pour leur travail. Cette polémique lancée dans le magazine DBD par Henri Filippini a eu des suites puisque ce dernier, toujours sur le site ActuaBD, a publié un billet d’humeur sous le titre : « Battez-vous, nom d’un schtroumpf » et que le dessinateur Jacques Terpant lui donne raison dans une tribune libre.

Extraits :

[…] « Pourquoi a-t-il raison ? Car tout a changé. On voit aujourd’hui exister des maisons d’édition avec des catalogues volumineux dont les chiffres des meilleures ventes, auraient été considérés, il y a vingt ans, comme des échecs commerciaux retentissants. Pourtant, ces maisons prospèrent, éditent toujours plus et souvent mieux. Ces éditeurs font leur métier.
Mais si ces maisons d’éditions peuvent vivre de ces faibles tirages, c’est parce que leurs auteurs n’ont plus de prix, Beaucoup reçoivent une avance ridicule qu’ils acceptent avec le rêve secret que la gloire les prendra un jour dans ses bras parfumés, et là, on verra ce que l’on verra ! Sans avoir, hélas, compris que l’éditeur concerné vit de son rêve, comme autrefois l’éditeur dit « à compte d’auteur », en accumulant une suite de petits bénéfices sur de petits tirages. Mais cet éditeur ne lui donnera jamais les moyens de passer à la dimension supérieure, lui préférant toujours un nouvel arrivant encore moins exigeant qui, du fond de la cuisine de chez maman ,où il vivra encore 15 ans, se prépare à montrer son œuvre à un public qui l’attend : « Bon, il ne m’a pas proposé d’argent pour le premier album, mais si cela marche… » Le jeune auteur est (je sais que la comparaison est risquée) comme un travailleur sans papier : il n’aura du travail que s’il accepte des conditions de travail encore plus basses que son frère immigré en situation légale qui, lui-même, était moins cher que…. Etc. » […]

[…] « Il est bien difficile de lutter contre l’évolution d’un métier, mais là où Filippini a encore raison, c’est que nous en sommes en partie responsables. Les auteurs ne se parlent pas de leurs tirages, de leur situation véritable, de leurs contrats, Nous sommes des caricatures d’individualistes forcenés. C’est la raison principale de la situation qui est la nôtre Aux Etats-Unis, un écrivain qui veut éditer cherche d’abord un agent littéraire qui va défendre ses intérêts. Ce métier débute tout juste en France. Je me souviens de l’un d’eux qui avait pouffé de rire en lisant le contrat d’un écrivain français pourtant reconnu et bon vendeur. Nous sommes devenus des écrivains, nous en avons le statut depuis que la presse a disparu. Voilà un terrain à débroussailler, mais vite, les ronces deviennent étouffantes. »[…]

En tout cas le débat sur ce sujet de l’argent souvent tabou dans le milieu de l’image dessinée est ouvert, sur ActuaBD.com notamment.

Capture d’écran du site Actua BD.

Capture d’écran du site Actua BD.