Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

Paroles de dessinateurs

25 octobre 2016 à 8 h 18

Comment dessine-t-on et pourquoi dessine-t-on ? On trouve quelques éléments de réponses dans l’entretien accordé par Charles Berbérian à la librairie Mollat (vidéo) pour la sortie de son livre « Le bonheur occidental » (Fluide glacial), et par Catherine Meurisse à SFR News à l’occasion de la parution de « Scènes de la vie hormonale » (Dargaud).

Extraits :

1581629-mediumCharles Berbérian : […] « Pour la première fois j’ai fait de la caricature politique. Je bricolais comme ça un matin, j’aime bien le matin commencer à dessiner sans trop savoir si ça va être utile, juste histoire d’assouplir la main. C’était une époque où j’avais besoin de réagir aux nouvelles qui nous tombaient dessus toutes les 5 minutes et qui étaient désagréables, éprouvantes cauchemardesques, ou ridicules. Et puis j’ai eu envie pour me défouler de me foutre de la gueule de certains hommes politiques, j’aime pas donner leur nom car ça leur fait de la pub. Ça m’a fait rire et je me suis dis est-ce que je continue ou pas, on verra demain. Le lendemain j’ai continué et je me suis dit ce n’est probablement pas une bonne idée mais ça me fait rigoler quand même. Finalement j’en ai fait 30 pages. » […]

meurisseCatherine Meurisse : […] « Dans les strips avant l’attentat, il n’y avait pas de cases. Ce n’est qu’après que je me suis remise à en tracer. Pour le bouquin, j’en ai même redessiné. J’avais besoin de retrouver une structure. Je ne pouvais plus voir mon dessin m’échapper. J’ai cherché par tous les moyens à me retrouver. Le rythme du strip est aussi différent. Il correspond à l’état d’esprit dans lequel j’étais après l’attentat. Comme j’étais complètement en morceaux, les gags ne venaient plus. Il a fallu que je développe ma pensée, ma narration. Le strip pour cela est idéal : c’est l’illustration d’une pensée fragmentée. Je ne pouvais faire qu’un assemblage de cases avec une chute à la fin pour m’exprimer. C’est pour cette raison que le dessin de presse m’a semblé loin de moi. Il est parti avec mes copains assassinés. » […]