Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

Archive pour la catégorie ‘Humeur’

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vendredi 30 avril 2010

Rue89.com publie (27.4.2010) sous le titre : « Menaces sur la profession de caricaturiste : pourquoi l’indifférence ? » un long texte du dessinateur Ga (Gaël Denhard) qui annonce qu’il met en grève son blog sur ce site.

Après avoir évoqué le métier de caricaturiste aujourd’hui;  « Les journaux d’information, papiers et Web, ne s’y sont pas trompés. Rares sont les supports de presse qui n’ont pas leur rubrique « Notre dessin du mois », ou « Le regard de … » Si cela répond à une réelle attente du public, et son succès l’atteste, l’art de la caricature reste soumis aux exigences du marché, et l’auteur se voit souvent forcé de travailler pour plusieurs magazines en même temps s’il veut pouvoir en vivre, et avoir une chance de placer ses dessins sans forcément être obligé de « vendre son cul » à chaque fois. », Ga constate que : « cette multiplicité des supports a fait disparaître la solidarité inter-rédactionnelle qui existait entre les auteurs et les rédactions, car si le dessinateur de presse est « protégé » juridiquement par son directeur de publication, il se retrouve de plus en plus isolé de part sa précarité d’intérimaire de la presse.»

Ga cite plusieurs affaires récentes où des dessinateurs, Large, Berth, Babouse, ont reçu des menaces, et regrette que Rue89.com n’en ait pas parlé. Il explique :

«Malgré nos nombreux mails, et signaux d’alerte, vous n’avez pas daigné y donner suite, pas plus que d’en parler, préférant nous balancer des sujets plus polémiques susceptibles de raviver un peu plus les batailles entre vieux gauchos aigris et décatis, et petits nazillons en goguette qui monopolisent cet espace d’expression.

L’aspect participatif a laissé la place à de futiles concours de bites. Rien d’étonnant à ce que certains soient lassés par vos choix de sujets, et à plus forte raison lorsque ceux-ci obscurcissent une réelle réflexion sur ce que doit être la liberté d’expression en France, et les dérives qui en découlent. »

Texte intégral sur Rue89.com

Illustration : Ga vu par Ga et le premier dessin de Ga pour Rue89.com

Angoulême 2010

jeudi 28 janvier 2010

Angouleme-2010-afficheAffiche sinistre sur fond noir et graphiquement indigente pour le 37ème Festival international de la Bande dessinée d’Angoulême qui ouvre ses portes le 28 janvier 2010.

Une manifestation à bout de souffle, une vaste foire commerciale qui peine à se renouveler et est empêtrée dans des problèmes de financement et d’organisation avec la mairie.

Il ne reste plus aucun grand nom de la BD à récompenser et on ne compte plus que sur la cooptation et le copinage pour tenter de réanimer l’intérêt pour l’événement.

Certes le secteur se porte bien – 40 millions d’albums vendus en 2009 (source Gfk) – et les médias relaient à satiété ce sentiment d’euphorie, mais à y regarder de plus près on constate que les plus gros vendeurs (Asterix, Blake & Mortimer, Zep, Les passagers du vent, Petit Spirou), sont des auteurs ou des séries « classiques » reconnus depuis très longtemps.

Le nœud du problème est là. Si la BD est devenue  une industrie – comme l’industrie du disque (aujourd’hui moribonde) -, on a trop tendance à oublier qu’à la base il y a un auteur qui continue à créer « artisanalement » et que le savoir-faire ne s’acquiert qu’au fil des années. Une période de « rodage », souvent longue 10 à 15 ans, impossible à tenir pour les éditeurs qui doivent rentabiliser rapidement leurs « produits ». Combien de dessinateurs voient aujourd’hui leurs œuvres passer directement à la trappe faute de ventes suffisantes. Un album chasse l’autre.

Et la floraison de « petits » éditeurs » qui n’ont pas accès aux grands réseaux de distribution FNAC ou Virgin, qui font les grosses ventes, ne change rien à la situation, pour l’instant.

Angoulême n’est plus qu’une vitrine illusoire d’un moyen d’expression qui ne survit   que « grâce » aux conditions de rémunération dérisoires des auteurs, aux rééditions, notamment d’intégrales, d’objets dérivés en tous genres, et à la cession de droits d’exploitation à l’industrie cinématographique.

Cherchez l’avenir là-dedans. ff

Tetsu - Dessins d'humour– Parmi les rumeurs pour le prochain grand prix, celle de son attribution à Cabu dont « L’intégrale du Grand Duduche », parue en 2008 chez Vent d’Ouest, figure dans la sélection officielle du festival – catégorie « Patrimone ».

Cabu, longtemps hostile à ce genre de célébrations honorifiques semble ces dernières années plus enclin à les accepter.

– Le dessin d’humour historique sauvera-t-il la BD ? En tous cas le festival lui fait une place avec la venue de Sempé (blog du 7.1.2010) et l’exposition « Dessins d’humour », d’hier à aujourd’hui (illustration – dessin de Tetsu) où il manque quand même quelques noms du dessin d’humour actuel.

Pétition à Strasbourg et ailleurs

mardi 26 janvier 2010

Depuis plus de trente ans, l’Option Communication composée de trois ateliers Illustration, Graphisme et Didactique Visuelle, fait la spécificité de l’ESAD, école Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg. Son directeur actuel prétextant un changement de statut de l’école ainsi que les prochaines réformes nationales des diplômes d’art, entend dès la rentrée 2010, réduire les effectifs d’étudiants et professeurs chargés de cours, ce qui entraînerait la disparition de l’option.

esadExtrait de la pétition que l’on peut signer en ligne :

« Une multitude d’illustrateurs et de graphistes s’est formée dans l’option communication de l’ESAD depuis ses origines, et parmi eux, des noms qui aujourd’hui font autorité. Les anciens élèves nourrissent le monde de l’image depuis longtemps, tandis qu’une position idéologique voudrait sans vergogne gommer l’histoire et la légitimité de ces enseignements. Cette décision va également à l’encontre de la politique culturelle de la ville de Strasbourg, en particulier en ce qui concerne la promotion de l’illustration, qui une des spécificités régionales. En effet, Strasbourg est dotée depuis peu du musée de l’illustration Tomi Ungerer et du Centre de l’Illustration à la Médiathèque André Malraux, tous deux centres de ressources majeurs en ce domaine. »

Commentaire de Jean-Christophe Menu, signataire de la pétition :

« Etrange et sinistre écho à la LRU* et ses menaces sur les sections artistiques. Nombreux étudiants issus de l’ESAD figurent au sommaire de la revue Lapin et au catalogue des Editions L’Association, dont je m’occupe. L’ESAD et l’Ecole de l’Image d’Angoulême sont indéniablement les deux meilleures écoles en la matière et disposent des meilleurs enseignements. Toute remise en question de l’option communication/illustration/bande dessinée de l’ESAD est absurde et inadmissible. »

* Votée à l’occasion des congés de l’été 2007, la Loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU) ouvre en grand les portes des universités aux entreprises et aux riches mécènes.

La débandade dessinée / suite de la suite

jeudi 3 décembre 2009

Ce blog, par l’intermédiaire d’un article de l’excellent site ActuaBD.com (23.11.2009) soulevait le problème de l’exploitation par les éditeurs des auteurs de bande dessinée, de plus en plus nombreux et de moins en moins payés pour leur travail. Cette polémique lancée dans le magazine DBD par Henri Filippini a eu des suites puisque ce dernier, toujours sur le site ActuaBD, a publié un billet d’humeur sous le titre : « Battez-vous, nom d’un schtroumpf » et que le dessinateur Jacques Terpant lui donne raison dans une tribune libre.

Extraits :

[…] « Pourquoi a-t-il raison ? Car tout a changé. On voit aujourd’hui exister des maisons d’édition avec des catalogues volumineux dont les chiffres des meilleures ventes, auraient été considérés, il y a vingt ans, comme des échecs commerciaux retentissants. Pourtant, ces maisons prospèrent, éditent toujours plus et souvent mieux. Ces éditeurs font leur métier.
Mais si ces maisons d’éditions peuvent vivre de ces faibles tirages, c’est parce que leurs auteurs n’ont plus de prix, Beaucoup reçoivent une avance ridicule qu’ils acceptent avec le rêve secret que la gloire les prendra un jour dans ses bras parfumés, et là, on verra ce que l’on verra ! Sans avoir, hélas, compris que l’éditeur concerné vit de son rêve, comme autrefois l’éditeur dit « à compte d’auteur », en accumulant une suite de petits bénéfices sur de petits tirages. Mais cet éditeur ne lui donnera jamais les moyens de passer à la dimension supérieure, lui préférant toujours un nouvel arrivant encore moins exigeant qui, du fond de la cuisine de chez maman ,où il vivra encore 15 ans, se prépare à montrer son œuvre à un public qui l’attend : « Bon, il ne m’a pas proposé d’argent pour le premier album, mais si cela marche… » Le jeune auteur est (je sais que la comparaison est risquée) comme un travailleur sans papier : il n’aura du travail que s’il accepte des conditions de travail encore plus basses que son frère immigré en situation légale qui, lui-même, était moins cher que…. Etc. » […]

[…] « Il est bien difficile de lutter contre l’évolution d’un métier, mais là où Filippini a encore raison, c’est que nous en sommes en partie responsables. Les auteurs ne se parlent pas de leurs tirages, de leur situation véritable, de leurs contrats, Nous sommes des caricatures d’individualistes forcenés. C’est la raison principale de la situation qui est la nôtre Aux Etats-Unis, un écrivain qui veut éditer cherche d’abord un agent littéraire qui va défendre ses intérêts. Ce métier débute tout juste en France. Je me souviens de l’un d’eux qui avait pouffé de rire en lisant le contrat d’un écrivain français pourtant reconnu et bon vendeur. Nous sommes devenus des écrivains, nous en avons le statut depuis que la presse a disparu. Voilà un terrain à débroussailler, mais vite, les ronces deviennent étouffantes. »[…]

En tout cas le débat sur ce sujet de l’argent souvent tabou dans le milieu de l’image dessinée est ouvert, sur ActuaBD.com notamment.

Capture d’écran du site Actua BD.

Capture d’écran du site Actua BD.

ça l’affiche mal

mardi 1 décembre 2009

Stopp ja - SuisseUne affiche dessinée peut-elle influencer un vote ? On peut se poser la question après le résultat du référendum contre les minarets organisé en Suisse et qui a recueilli près de 58% de votes favorables à leur interdiction.

Un dessin caricatural, simpliste mais très graphique, qui met en avant une femme en burqa et un drapeau helvétique hérissé, couvert, transpercé ?, de minarets pointus (en illustration).

UDC Mouton-noirCette affiche (dont l’auteur est pour l’instant anonyme) déclinée en français, italien, et en allemand, avait d’ailleurs été interdite à Lausanne et à Bâle après un avis défavorable de la Commission fédérale contre le racisme.

Cet organisme public consultatif avait jugé que cette image « attise la haine ».

Le Comité des droits de l’homme de l’ONU s’était lui aussi inquiété de cette campagne d’ « affiches sinistres » .

À noter que l’UDC (Union Démocratique du Centre) à l’initiative de ce référendum, est coutumière de ce type de provocation puisque déjà en 2007 ce parti populiste de droite avait diffusé une affiche raciste stigmatisant les populations étrangères (illustration).

La débandade dessinée, la suite

jeudi 26 novembre 2009

La Cité internationale de la bande dessinée et de l’image mise en cause par le dessinateur Philippe Druillet dans Charlie Hebdo (n°909) diffuse sur son site la réponse que le journal satirique a refusé de publier et donne le détail de ses nombreuses activités.

Mafalda de QuinoDébut de la missive :

« Cher Philippe Druillet,
Ceux que vous vous permettez d’insulter sans les connaître s’étonnent que vous puissiez à ce point être mal renseigné et que les chiffres qu’« on [vous] a donnés » vous amènent à des idées fantaisistes. 
La Cité internationale de la bande dessinée et de l’image serait ravie de vous accueillir à Angoulême pour vous montrer ce qu’animent réellement les « zozos » que vous méprisez tant (54 équivalents temps plein, dont 9 femmes de ménage qui entretiennent les 12 000 m² de la Cité dès 6 heures du matin). Le CNBDI que vous évoquez a disparu il y a deux ans pour laisser place à un établissement public que les observateurs étrangers nous envient […] »

La suite sur le site de la Cité.

À noter parmi les activités de la Cité, une conférence le jeudi 10 décembre sur l’histoire du magazine Pilote et l’exposition « En voyage avec Mafalda » du 27 octobre au 3 janvier 2010.

En illustration : Mafalda de Quino