Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

Archive pour le mot-clef ‘ActuaBD.com’

Geluck et Kroll montent sur scène

mercredi 21 octobre 2015

geluck1-2En Belgique cela semble être la tendance, les dessinateurs se donnent en spectacle. Après Geluck qui offre une série de représentations promotionnelles (voir affiche en illustration, et dates sur ActuaBD.com), c’est au tour de Kroll de monter sur scène.

Le Soir (article payant) qui rend compte de la première représentation de Kroll, écrit : « C’est la réelle prouesse du caricaturiste durant plus d’une heure et demi : projeter des dessins censés faire rire mais qui l’un après l’autre, font réfléchir. Car s’il part de sa propre histoire – son père athée, sa mère catho –, c’est pour mieux raconter le poids de la religion, sa vraie place, ses excès, ses absurdités. Il y en a pour les cathos, les juifs, les musulmans. Avec en filigrane, un cours – hilarant, impertinent, provoquant et… intéressant – sur le rôle de la caricature depuis la nuit des temps. Kroll c’est « Ni Dieu ni Maître », et cela vaut pour la religion comme pour la politique, ou la monarchie. Tant pis si vous êtes choqué.»

KrollToujours à l’occasion de cette prestation, le dessinateur a accordé un long entretien à son journal Le Soir (article payant). Il y parle de son spectacle, mais aussi de son métier. Très court extrait :

[…] Neuf mois ont passé, depuis la tuerie à « Charlie Hebdo ». Qu’est-ce qui a changé, pour vous, depuis ?

Ce qu’on a perdu, c’est très simple : c’est l’insouciance. Et c’est la connivence. Or, ce qui fait l’humour, c’est la connivence. On ne rit et on ne s’amuse bien que si ce n’est pas avec tout le monde. L’humour général, mondial, c’est un produit blanc absolument incolore, inodore, insipide. Donc, pas de solution. Il faut continuer à faire comme si on ne s’adressait pas à tout le monde. Et puis, n’oublions pas que Charlie est un journal spécial. Tous les journaux n’ont pas vocation à être des journaux satiriques « no limit ». […]

Merci à Claude Haber.

Les auteurs se rebiffent

mardi 2 décembre 2014

affiche-des-auteursIl y a semble-t-il pire que la situation des dessinateurs de presse, celle des auteurs de bandes dessinées et celle des auteurs de livre jeunesse.

Précarisation, paupérisation, rémunérations dérisoires, sont les mots les plus entendus dans la lutte qu’ils mènent pour la reconnaissance de leurs droits.

Sur le site ActuaBD.com on apprend que le SnacBD, syndicat d’auteurs de BD appelle à une marche des auteurs le samedi 31 janvier 2015, pendant le prochain festival d’Angoulême pour manifester leur mécontentement sur la réforme brutale et soudaine de leur régime de retraite complémentaire obligatoire (RAAP). Le communiqué du SnacBD.

Déjà au cours du dernier festival de Saint-Malo, 400 auteurs avaient participé à une grève des signatures pour le même motif et on annonce déjà une initiative du même ordre pour le prochain festival du livre de Paris.

A cela s’ajoute le mépris pour les auteurs manifesté par des maisons d’édition comme Gallimard qui se débarrasse sans état d’âme ni préavis de sa filiale Autrement Jeunesse qu’elle a achetée il y a à peine deux ans. Une situation que les auteurs ont dénoncée lors du dernier salon du livre jeunesse de Montreuil comme le raconte le site ActuaLitté.com.

Casterman/Gallimard, les auteurs BD se manifestent

mercredi 14 novembre 2012

Il en est de l’édition comme de la presse, lorsque les entreprises sont vendues ou rachetées les auteurs et les salariés se retrouvent souvent devant le fait accompli et considérés comme les meubles.

C’est ce qui arrive à Casterman racheté récemment par les éditions Gallimard et dont les déclarations du PDG Antoine Gallimard  inquiètent vivement les auteurs qui lui ont adressé une lettre ouverte. Extrait :

[…] « Le 6 juin, c’est avec beaucoup d’inquiétude que nous avons découvert dans “Les Échos” votre déclaration annonçant que, même si Casterman était “un joli joyau”, Gallimard pourrait être contraint, “dans un contexte de crise”, de le vendre pour faire face à ses échéances. Pendant les semaines et les mois qui ont suivi, rien n’a été fait pour nous rassurer. Aucun contact n’a été pris avec nous, ni individuellement ni collectivement. Aucun projet éditorial ne nous a été présenté.

Le 8 novembre, nous avons appris brutalement, et avec consternation, par une dépêche AFP, la démission de Louis Delas et la situation qui l’y avait contraint* . Depuis plus de douze ans, il était l’artisan du redressement et du développement de la maison Casterman. Chacun de nous avait appris à lui faire confiance, ainsi qu’aux équipes qu’il avait su réunir autour de lui.

Aujourd’hui, devant le mépris dont les auteurs Casterman font l’objet de votre part, nous avons le triste sentiment d’avoir été instrumentalisés en vue d’un transfert purement capitalistique. Nous n’avons, ni l’envie de nous compromettre dans un projet qui ne nous ressemble pas, ni l’intention de servir de “vaches à lait” à une quelconque trésorerie. » […]

La lettre est signée entre autres par Enki Bilal, Philippe Geluck, Régis Loisel, Jacques de Loustal, Franck Margerin, Benoît Peeters, François Schuiten, Fanny Rodwell (Ayant droits d’Hergé), Jacques Tardi, Bernard Yslaire, Patrizia Zanotti (Cong/Ayant droits d’Hugo Pratt).

A noter que le journal Fluide glacial (en illustration – dessin de Larcenet) appartient désormais aussi à Gallimard.

 L’ensemble de l’affaire est raconté dans le détail par Didier Pasamonik sur l’excellent site ActuaBD.com.

* Il reprend l’entreprise familiale L’école des Loisirs.

Réponse d’Antoine Gallimard dans une lettre publiée par Livres Hebdo.fr :

Chers auteurs,

Vous m’avez adressé une lettre publique où vous laissez entendre que l’éditeur de littérature que je suis n’est qu’un entrepreneur cynique et inattentif à vos préoccupations. Moi qui ai toujours été du côté des écrivains et connais leur sensibilité, je ne me reconnais pas dans cette caricature.

Reprenons simplement les faits dans le bon ordre. 

Si je me suis engagé dans le rachat du groupe Flammarion, c’était bien aussi pour conforter la place de Casterman, et donc celle de ses auteurs, parmi les éditeurs de bande dessinée. J’y ai consacré toute mon énergie pendant neuf mois, jusqu’à ce que l’affaire soit signée le 5 septembre dernier, il y a tout juste deux mois.

Une proposition m’a été faite par L’Ecole des loisirs, propriété de la famille Delas, de racheter la moitié des parts de Casterman. Ce projet était motivé  par le souhait de Louis Delas de conserver la direction de Casterman, tout en prenant la présidence et la direction de son groupe familial. Il s’agissait donc pour Louis Delas, de résoudre un problème de succession, étant appelé de longue date à prendre la suite de son père à la tête de l’Ecole des Loisirs. Je n’accepte pas de porter la responsabilité de la décision de Louis Delas de rejoindre le groupe de son père. Cette décision était prise depuis longtemps.

Vous me reprochez de ne pas être venu vous voir plus tôt pour vous rassurer sur le devenir de Casterman. Mais c’est précisément par respect pour la direction éditoriale de Casterman, et donc de Louis Delas, que je me suis abstenu de le faire.

 Je sais l’importance de la création éditoriale dans le secteur de la bande dessinée. C’est du reste ce qui m’a motivé à reprendre Futuropolis et à créer un secteur de bande dessinée chez Gallimard Jeunesse », notamment avec « Bayou ». Riche de cette expérience, souhaite continuer avec vous tous à faire vivre cette maison, qui est autant la mienne que la vôtre.

Bien sincèrement,

Antoine Gallimard

A suivre, comme on disait il y a quelques années chez Casterman.