Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

Archive pour le mot-clef ‘Cathia Engelbach’

Aurel signe une fiction très réaliste

mercredi 23 avril 2014

Le dessinateur Aurel publie « Clandestino » (Glénat), une fiction sur l’immigration clandestine basée sur des faits réels.

Extrait de l’entretien qu’il a accordé au site Bande dessinée Info :

[…] Cathia Engelbach : Que pensez-vous de l’émergence de la « BD reportage », initiée par Cabu ou encore Teulé, et qui fait aujourd’hui les beaux jours de quelques titres de presse ( avec des séries « feuilletons » publiées dans Le Monde diplomatique, Libération, la revue XXI…). Certains titres ou auteurs vous ont-ils influencé ? Pourquoi avoir fait le choix, en incluant une grande part fictionnelle dans Clandestino, de vous en tenir éloigné ?

Aurel : Je n’aime pas du tout le terme « BD reportage ». C’est un label commercial sous lequel on met un peu tout et n’importe quoi. Plein de BD de très grande qualité sont présentées comme de la BD reportage mais ne sont pas du tout du reportage. Cabu n’a jamais fait de la BD reportage. Il fait du reportage dessiné. C’est un de mes modèles dans le genre, au même titre que Tignous, Luz ou bien évidemment Joe Sacco ou Chappatte. J’irai même plus loin en disant que je pense que la BD n’est absolument pas le bon format pour le reportage au sens journalistique du terme. J’y oppose le reportage graphique qui s’émancipe du carcan de la BD.
Le reportage est contradictoire au carcan de la narration graphique, du système de case, de la maquette « imposée », de l’ellipse. Une BD est aussi éloignée d’un reportage graphique qu’un essai ou un documentaire le sont d’un reportage écrit ou audiovisuel. Les exemples que vous citez (hormis Le Monde diplomatique pour lequel j’ai réalisé des reportages graphiques) publient des BD qui traitent de sujet d’actualité, mais ce ne sont pas des reportages, à mon sens. Des documentaires éventuellement. C’est une question de vocabulaire, je le concède, mais c’est important.
Si j’ai choisi de mon côté la fiction, c’est pour pouvoir mieux coller aux impératifs de la BD, d’une part, et pour éliminer tout égotisme ou questionnement narcissique d’autre part. Ce n’est pas ma petite vie de reporter que je veux raconter, c’est tout ce qui se passe autour. Mon vécu me permet juste d’insuffler à Hubert Paris quelques touches de vérité, de réalisme. […]