Fait d'images

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Une plume à mon cerveau

lundi 15 décembre 2008

Qu’arrive-t-il lorsqu’un dessinateur perd brutalement l’usage de son cerveau et de sa main ? C’est le drame vécu par Sabadel victime d’un accident vasculaire cérébral massif à 40 ans, en 1977, alors qu’il démarre une prometteuse carrière professionnelle.

Aphasique, hémiplégique, il semble condamné à rester dans cet état, mais avec l’aide d’une équipe médicale « hors normes » il va entamer un long combat qui lui permettra de s’exprimer à nouveau, grâce au dessin.

Aujourd’hui, Sabadel (Claude Blanc) publie aux éditions Fabert, Une plume à mon cerveau, livre poignant qui raconte en images, et avec des mots, le regard qu’il porte sur son « aventure » véritable leçon de vie.

La préface du livre et la postface donnent la parole à Philippe Van Eeckhout, attaché d’orthophonie à la fédération de neurologie, et à Yves Samson, chef de service des Urgences cérébro-vasculaires de La Pitié Salpêtrière, chacun revient sur les différentes étapes de cette longue reconquête basée sur une ré acquisition du dessin. Ces pages sont illustrées par les croquis de Sabadel qui lui ont permis à l’époque de communiquer avec ses médecins. Un livre optimiste et passionnant pour tous ceux qui s’interrogent sur les mystères de la vie et de la création artistique.

Extrait du texte d’Yves Samson : […] « Le cerveau fonctionne en créant de fragiles assemblées de régions qui se synchronisent et se désynchronisent sans cesse, créant des réseaux fugaces et changeants, d’où émergent nos comportements, nos pensées, nos émotions et notre langage. Chez Sabadel, contrairement à ce qu’on avait pu redouter, l’AVC n’avait pas détruit toutes les zones du langage, mais la capacité à synchroniser leur fonctionnement. Il a retrouvé la clef par le chemin détourné du dessin, peut-être parce que son métier de caricaturiste avait favorisé d’étranges interconnexions entre certains réseaux du dessin et du langage. À moins que ces interconnexions ne soient la base même de son talent. Tout ceci ne s’explique ni par les théories cognitives actuelles du langage, ni par les modèles d’aphasiologie, mais les orthophonistes savent depuis longtemps qu’on ne rééduque pas une aphasie, mais un aphasique et qu’il est essentiel de s’appuyer sur sa motivation et ses centres d’intérêt. » […]

Illustration : Sabadel vu par lui-même.