Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

Archive pour le mot-clef ‘Festival de la BD d’Angoulême’

Faut-il boycotter le festival BD d’Angoulême ?

mercredi 24 février 2016

Affiche-Salon-bande-dessinee-angoulemes-1974-Hugo-PrattEn quelques décennies l’univers de la BD est passé du stade artisanal à un monde industriel porté par la médiatisation et le succès de quelques titres emblématiques. La principale vitrine de cette évolution a longtemps été le festival de la bande dessinée d’Angoulême, point de rencontre annuel entre les lecteurs et les professionnels du milieu, auteurs, éditeurs.

Créée en 1973 par une équipe d’amateurs passionnés réunis en association à but non lucratif, la manifestation a été ensuite reprise en main par une société de droit privé 9ème Art+ dirigée par Franck Bondoux. Longtemps, pouvoirs publics, éditeurs, auteurs, et public, ont trouvé leur compte dans cette formule clés en mains et ne se posaient pas de questions.

Mais voilà, l’usure (43 éditions) et la volonté de 9ème Art+ de vouloir s’accaparer sournoisement toutes les commandes a commencé à être problématique. En 2015, le festival a été « sauvé » par un hommage circonstancié à Charlie Hebdo, mais en 2016, plusieurs faux-pas importants ont entaché l’organisation de l’événement – « oubli » des auteures dans la sélection du grand prix, fausse remise des prix.

Des dérapages qui ont même fait les titres de la presse internationale et aujourd’hui suscitent une bronca de nombreux éditeurs menaçant dans un communiqué de ne plus participer à ce rassemblement.

Affiche-Salon-bande-dessinee-angoulemes-2014-Willem Les jours de la société commerciale 9ème Art+ à la tête de l’organisation semblent comptés, cependant cette éviction nécessaire ne résoudra aucun des problèmes en suspens et il faudra avoir beaucoup d’imagination pour sauver le festival (sans oublier toutes les activités parallèles que le festival a fédéré à Angoulême, Musée, production de dessins animés, etc.).

Si l’art de la bande dessinée a gagné la reconnaissance du public et des médias, il n’en reste pas moins un univers fragile avec une surabondance de parution d’albums, et surtout la paupérisation des auteurs soulignée par les récents Etats généraux de la BD.

Retrouver une dimension humaine, basée sur la création et les auteurs plus que sur le tiroir-caisse, est le principal défi qu’auront à affronter les prochains organisateurs. ff

La première affiche du « salon » de la BD d’Angoulême (dessin d’Hugo Pratt) et l’affiche de 2014 signée Willem.

Comment Charlie va (peut-être) sauver Angoulême

jeudi 29 janvier 2015

9782344009345_1_75Dessin de presse, bande dessinée, dessin animé, pour le grand public, aidé en cela par des médias peu scrupuleux, c’est souvent le même métier.

Festival de la bande dessinée d’Angoulême ou Charlie Hebdo, cette année ce sera la même chose. Ce blog l’a déjà écrit reprenant les informations du site ActuaBD, l’édition 2015 se présentait assez mal ; grève des dédicaces, dénonciation publique des conditions de travail des auteurs, mode de désignation du Grand Prix, absence de Bill Watterson qui aurait du présider cette 42ème édition, etc., etc.

Et puis la tuerie de Charlie a mis tout cela, pour l’instant, au second plan.

Le FIDB et 9ème Art, la société commerciale qui co-organise la manifestation, se sont empressés d’introduire dans le programme un hommage à Charlie Hebdo.

Là-dessus, les éditeurs de BD, réunis au sein du Syndicat National de l’Edition, ont eu l’idée de boucler en quelques jours « La BD est Charlie », un livre collectif de dessins réunissant plus de 173 auteurs parmi lesquels, Pétillon, Zep, Larcenet, Trondheim, Blutch, Crumb. L’album imprimé à 100 000 exemplaires sera présenté en avant-première pendant le festival et disponible en librairie le 5 février au prix unique de 10 euros, bien évidemment « l’intégralité des bénéfices sera reversée aux familles des victimes. »
psiko2015A noter que les noms de Cavanna, Choron, Gébé, fondateurs de l’hebdomadaire, rarement cités depuis le 7 janvier, figurent dans l’ouvrage.

Special-CharUn livre collector, mais aussi des revues de BD collector. Après Spirou, Casemate « L’esprit BD » propose un hors-série spécial « 277 dessinateurs sont Charlie », avec 32 pages de dessins hélas pas toujours très inspirés de « dessinateurs se sentant un peu Charlie », et « un peu Cabu, Charb, Honoré, Tignous, Wolinski,… » etc..
Autre magazine, le Psikopat de Carali, qui lui mêle depuis longtemps dessins sur l’actualité et bandes dessinées, et dont le numéro de février est dédié au victimes de Charlie Hebdo avec un dessin de couverture signé Coco (en illustration).

« La Bd solidaire » titre Le Monde dans son édition du 28 janvier 2015, oubliant que le milieu de la BD et celui du dessin de presse n’ont jamais fait bon ménage. Qui se souvient des articles de Charlie Hebdo dénonçant les dérives mercantiles du festival, il est vrai sponsorisé à l’époque par les hypermarchés Leclerc ? Aujourd’hui, c’est Cultura, la Caisse d’Epargne, la SNCF, Sodastream, GDF Suez, qui participent à la glorification de Charlie Hebdo. Il n’est pas sûr que Cabu, Charb, Tignous, Honoré, et même Wolinski, Grand Prix 2005 à l’usure, auraient vraiment apprécié cette récupération posthume.

Les dessinateurs solidaires entre eux, faudrait-il plutôt écrire, car vivre de ce métier est déjà difficile, en mourir encore plus. f.f.

Angoulême rend hommage à Charlie Hebdo

mardi 20 janvier 2015

affiche_angouleme_jesuischarlieLes organisateurs du prochain festival de la BD d’Angoulême sortent de leur chapeau promotionnel la création d’un prix intitulé “Le prix Charlie de la liberté d’expression” qui sera remis pour sa première édition aux dessinateurs Cabu, Charb, Honoré, Tignous et Wolinski, exécutés par des terroristes le 7 janvier dans les locaux de Charlie.

Il n’est pas dit que cette récupération fédératrice efface les problèmes internes entre les organisateurs du festival qui trouvent dans cet hommage éploré au dessin de presse un échappatoire à leurs conflits éthiques et commerciaux.

Il n’est pas dit non plus que cette initiative « solidaire », ainsi que celle des éditeurs avec la publication de l’album hommage collectif « La BD est Charlie », occulte les Etats généraux de la BD et la grève des signatures contre la paupérisation du métier, qui se dérouleront pendant le festival.

Enfin, Charb, Cabu, Honoré, Tignous, Wolinski, ne seront plus là pour expliquer que, même s’ils en faisaient parfois, leur métier n’était celui de dessinateur de bandes dessinées comme le grand public, et hélas les professionnels, le catégorise trop souvent dans un raccourci simplificateur. On se souvient du tollé provoqué en 2013 par le grand prix remis à Willem, dessinateur pas tout à fait estampillé 100% BD.

Il paraît que des Unes de Charlie Hebdo seront affichées dans toute la ville, une bonne idée qui aurait pu être complétée par l’affichage de Unes de Siné mensuel, Zélium, Fakir, Le Ravi, etc. …

Et tant qu’ils y sont ils pourraient rendre un hommage à Gébé avant qu’on ne l’oublie encore.

Ce sera –  sûrement – pour les prochaines éditions du festival de la bande dessinée. f.f.

En illustration, affiche dessinée par Lewis Trondheim.

Multiplication des hommages aux dessinateurs de Charlie Hebdo

vendredi 9 janvier 2015

TignousCastelnaudary

Les Croquignous organisateurs du Festival du dessin de presse et de la caricature de Castelnaudary, ont décidé de rendre un hommage à leurs amis dessinateurs lâchement assassinés et en particulier à Tignous.
Ils vont organiser une exposition de ses derniers dessins, des hommages rendus par les dessinateurs qui sont déjà venus à Castelnaudary, et des photos des festivals auquel il a participé. Le titre de cette exposition sera : Merci Tignous ! Nous sommes Charlie.
Cela se passera samedi 10 et dimanche 11 janvier de 10h à 12h et de 15h à 18h et lundi 12 de 10h à12h à la galerie Paul Sibra.
L’hommage avec la municipalité de Castelnaudary sera rendu le samedi 10 janvier à 11h.

St Just-le-Martel

Le message “Un hommage aux dessinateurs samedi 10 janvier à 11h à l’espace Loup à St Just le Martel” accompagne les photos anonymes de Cabu, Charb, Tignous, Wolinski, Honoré, et le logo “Nous sommes Charlie”, sur le site Internet du Festival International de la Caricature, du Dessin de Presse et d’Humour.

Dans 20 minutes :

Strasbourg

“Le Musée Tomi Ungerer va rendre hommage pendant une semaine aux illustrateurs et aux victimes disparus dans l’attentat contre Charlie Hebdo, du 10 au 18 janvier. Des dessins originaux de Cabu, Tignous, Charb et Wolinski vont être présentés au public ainsi que des numéros historiques de Hara-Kiri et Charlie Hebdo et des documents audiovisuels.
L’accès au musée sera gratuit le samedi 10 et le dimanche 11 janvier «pour permettre au plus grand nombre de s’associer à l’hommage rendu par la Ville», indique un communiqué des musées de la ville de Strasbourg.”

648x415_fauve-angouleme-deuilAngoulême

“La bande dessinée est en deuil alors même qu’elle s’apprêtait à «être en fête» à l’occasion du prochain festival d’Angoulême (du 29 janvier au 1er février), les dessinateurs de presse œuvrant souvent également dans le 9e art. Georges Wolinski, une des victimes de Charlie Hebdo, avait d’ailleurs reçu le Grand Prix du festival en 2005.
Dès jeudi, l’organisation du festival a réagi et témoigné de son émotion, de sa solidarité et de son engagement dans un communiqué de presse s’achevant par un émouvant : «Le dessin est éternel, et les dessinateurs disparus de Charlie Hebdo le seront toujours dans nos cœurs».
Le FIBD (Festival International de la Bande Dessinée) ouvrait alors une page Facebook sur laquelle il invitait les dessinateurs du monde entier à rendre hommage à leurs collègues disparus.Ce vendredi soir, plus de 400 dessins ont été recueillis.

Bill Watterson signe l’affiche d’Angoulême 2015

mercredi 5 novembre 2014

B1qqXW4IEAA4gZIOn connaît déjà l’affiche (en illustration) du prochain festival de la BD d’Angoulême dessinée par Bill Watterson, créateur de la série « Calvin et Hobbes » et Grand prix 2014.

Le Monde, écrivait lors de l’annonce de cette distinction surprise : « Aspirant à mener la « fameuse vie tranquille » à laquelle il a toujours rêvée, Bill Watterson s’est, depuis, totalement retiré du monde de la bande dessinée et même de la vie publique. Il se consacre à la peinture chez lui, dans la banlieue de Cleveland (Ohio), et n’a donné que deux interviews à des médias américains depuis la fin de Calvin et Hobbes. » (en 1995…). (Voir blog du 2.2.2014).

A lire dans 20 minutes une interview exclusive de Bill Watterson par Olivier Mimran sur cette affiche.

L’affaire Gilles Ciment empoisonne Angoulême

jeudi 2 octobre 2014

191656-ouverture-du-34e-festival-international-d-angoulemeL’ambiance du prochain festival de la BD d’Angoulême risque d’être très effervescente si d’ici là, fin janvier 2015, le « problème » Gilles Ciment n’est pas résolu.
En effet, la mobilisation du milieu de la bande dessinée est forte pour défendre le travail, unanimement reconnu, de Gilles Ciment directeur général de la Cité de la BD à Angoulême depuis trois mandats, débarqué sans aucune justification – et illégalement – de son poste.

Une lettre pétition adressée à Madame Fleur Pellerin, Ministre de la Culture, est en ligne demandant à ce que Gilles Ciment soit rétabli dans ses droits par Michel Boutant, président du Conseil général de la Charente (PS), du conseil d’administration de la Cité, et responsable de l’éviction. A ce jour, elle a déjà signée par plus de 1300 professionnels, auteurs et éditeurs.
Conséquence de cette situation, Gilles Ciment se retrouve également dans une situation personnelle et financière inextricable comme il l’explique dans une courrier publié par ActuaBD.

Depuis plusieurs années le festival d’Angoulême vit des luttes intestines qui opposent pêle-mêle, les municipalités qui se succèdent, la DRAC, le Conseil général, la Cité de la BD, et surtout Neuvième Art+ une société privée qui a obtenu jusqu’en 2017 et sans appel d’offre, une concession de 10 ans sur l’organisation exclusive de l’évènement.

En illustration l’affiche du festival d’Angoulême 2007.