Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

Archive pour le mot-clef ‘Fluide glacial’

Yves Frémion quitte Fluide Glacial (ou l’inverse)

vendredi 14 février 2014

Ecrire un texte sur Yves Frémion qui vient d’organiser son pot de départ de Fluide Glacial (le 13 février) après presque 39 années de collaboration n’est pas une mince affaire. Et il ne faut surtout pas confondre les lignes qui vont suivre avec une nécro du personnage, haut-en-couleurs et omniprésent dans le milieu du dessin et de la bd, d’autant plus que parmi les innombrables pseudonymes qu’il a utilisé tout au long de sa carrière, il y en aura bien une qui lui permettra de se rappeler à notre bon souvenir : Art(h)ur Conan Doc, Batteste Monokini, Bethsabée Mouchot, Hassen Seffaf, Yvan E. Frémov, Jean-Edern Hyerestation-du-RER, Laurent Tharbes, Les Frères L. et D. Corson de Rojayheart, Max de Blé, Noël Hobalcon et Paco Tison, Théophraste Épistolier, Yves Frémion de la Fermez, Yves Mousse (source Wikipedia).

C’est avec son fanzine devenu mythique, Le Petit-Miquet qui n’a pas peur des gros, qui publie alors des dessins de Moebius, Gotlib, Mandryka, Bretécher, F’Murr, Tardi, qu’Yves Frémion fait son entrée dans le monde des spécialistes de la bande dessinée. Cette aventure se terminera en 1978 mais fera, en 1976, l’objet d’un best-of (Artefact). Il a aussi consacré plusieurs livres à ce moyen d’expression, « Reiser » une biographie du dessinateur d’Hara-Kiri et Charlie Hebdo (Albin Michel, 1974), « L’ABC de la BD », (Casterman, 1984), et « Le Guide de la bédé francophone » ( Syros Alternatives, 1989).

Ces dernières années, il a lancé la revue Barricade consacrée au dessin et à l’écriture (9 numéros), et il dirige toujours Papiers Nickelés, magazine de l’association qui milite pour la création d’un Centre international de l’Imagerie Populaire, du dessin imprimé et du patrimoine sur papier (CIP). Nul doute que l’on entendra bientôt reparler de ce jeune retraité.

SuperDupont récupéré par l’extrême droite

jeudi 9 janvier 2014

Alain Soral est un « essayiste d’extrême droite », soutien de Dieudonné, qui, parmi ses innombrables activités commerciales, édite un DVD sur la boxe française illustré par un dessin inspiré du personnage de SuperDupont créé par Lob et Gotlib pour Pilote, et repris ensuite dans Fluide Glacial. Cette utilisation étant faite sans l’accord des créateurs et du journal, Yan Lindingre, son rédacteur en chef, en dénonce la récupération et la violation des droits d’auteur, comme le raconte dans les détails le site de L’Express. Extrait :

[…] quand on lui demande quels sont ses désaccords avec Alain Soral, le rédacteur en chef de Fluide Glacial est direct. “Je suis contre tout ce qu’il représente. Ce type navigue aux confins de l’extrême droite, de l’antisémitisme car il faut appeler un chat un chat. Il est dans un délirium, comme Édouard Drumont (écrivain antisémite) dont il se revendique. Quand il fait une quenelle au mémorial de la Shoah à Berlin, c’est abject”, lance Yan Lindingre. « Je n’ai pas hésité à taper sur Philippe Val (actuel directeur de France Inter, ex-directeur de la publication de Charlie Hebdo) où Bernard-Henri Lévy quand ils accusaient à tout va d’antisémitisme, car je trouvais qu’ils nourrissaient justement l’antisémitisme. Mais aujourd’hui, ce que font Soral ou Dieudonné, c’est grave, d’autant qu’ils sont suivis par beaucoup de personnes. Ce sont des gens qui ont compris comment piéger le système médiatique, ils jouent sur les double-sens, comme les punks qui portent la croix gammée. Sauf que derrière, il y a une véritable idéologie ». […]

Lindingre rappelle aussi que Gotlib et Solé « dégoutés » par la récupération du personnage par Jean-Marie Le Pen en 1990 avaient abandonné la série. Elle avait été reprise ces dernières années toujours dessinée par Solé mais sur des scénarios de Lefred Thouron.

Une affaire qui tombe mal à quelques jours de la parution le 22 janvier du tome 7 de SuperDupont, In Vitro Veritas et d’un numéro spécial Superdupont de Fluide.

A lire sur SuperDupont la chronique d’Alain Korkos sur le site Arrêt sur images.

En illustration, le DVD du boxeur Alain Soral et le numéro de Pilote où est apparu pour la première fois le personnage de Gotlib et Lob.

Willem est dans Fluide glacial

jeudi 12 décembre 2013

Le magazine Fluide glacial consacre dans son numéro de janvier 2014, trois pages à Willem, président (c’est toujours étrange d’écrire ça pour lui) du prochain festival de la BD d’Angoulême. Phil Casoar retrace le parcours du dessinateur de la ville d’Ermelo aux Pays-Bas d’où il est originaire, à l’île de Groix dans le Morbihan, où il s’est définitivement installé avec sa femme Medi pour y vivre et y travailler. Dans le récit Willem évoque son père médecin, la guerre, le mouvement Provo à Amsterdam, et la censure. A propos de son travail il dit « Mes BD, j’ai eu le luxe de travailler pour des journaux où on me foutait une paix royale, et j’espère qu’un prix pareil donnera des idées aux éditeurs et rédacteurs pour laisser la main libre aux auteurs.”

Les photos de Willem qui accompagnent l’article ont été réalisées par Arnaud Baumann (en illustration), un des photographes « historiques » de l’aventure Hara-Kiri.

Ce n°451 de Fluide est un spécial Art contemporain qui propose également des BD de Diego Aranega, Goossens (qui signe aussi la couverture), Coutelis, Binet, Lindingre (rédacteur-en-chef), Piotr, Pixel Vengeur, Fayol, et des dessins de Berberian, Thiriet, Lefred Thouron, Larcenet, Cambon, Berth, Lasserpe, Decressac, Nicolas Pinet, et Vuillemin.

Pichon s’explose

mardi 3 décembre 2013

Pichon a dessiné pour Hara Kiri, L’Idiot International, Lui, Miroir du cyclisme, Fluide glacial, et aujourd’hui encore pour Le Télégramme (Griffonages), entre autres. Depuis le 20 novembre et jusqu’au 4 janvier 2004, la ville de Plérin-sur-mer où il réside depuis bientôt 13 ans présente « Explosition » une rétrospective de son parcours de dessinateur.

Extrait de l’article que lui a consacré Le Télégramme à l’occasion de cette exposition :

« Il a fallu sélectionner parmi des centaines de planches précieusement conservées par leur auteur depuis le milieu des années 60 », raconte Nelly Boufferon, directrice de la communication de Plérin. Au final, ce sont 360 planches qui ont été retenues pour illustrer la longue et prolifique carrière de Michel Pichon qui – le terme l’amuse beaucoup -, « grenouille » depuis près de 50 ans dans cette drôle de famille des dessinateurs de presse. Lui y est tombé tout petit. « J’ai toujours aimé dessiner. Nous n’avions pas de télé. J’ai commencé à croquer des personnages. Je les découpais ensuite pour jouer avec ». Pas fortiche à l’école, le fils d’écrivain opte pour une autre forme d’expression. Pour lui, ce sera définitivement le dessin d’humour. Après un passage aux Arts appliqués à Paris, où la famille Pichon, originaire de Redon (35), est installée depuis les années 50, le jeune Michel, tout juste âgé de 20 ans, décide de se lancer, comme on le faisait à l’époque, au culot. « Lors d’une permission, je suis allé rencontrer Cavana. Il m’a donné ma chance ». L’aventure Hara Kiri commence. « À cette époque, j’étais très inspiré par Ronald Searle. Il a fallu que j’affirme mon style », raconte-t-il. En collaborant à « Lui », « j’ai, par exemple, appris à faire des petites nanas plus mignonnes… ». Viennent ensuite les années 70 et leur bouillonnement créatif. « C’est l’âge d’or du dessin de presse. Il y avait énormément de titres et de la place pour tout le monde. En vendant un dessin, on pouvait vivre un mois ».

Centre culturel Le Cap, 6, rue de la Croix, 22190 Plérin-sur-Mer. 02 96 79 86 01.

Tout l’art de Loup

mercredi 27 novembre 2013

Un livre intelligent dans lequel on retrouve toute la virtuosité graphique du dessinateur Loup. On pourrait résumer ainsi « L’Art comptant pour rien » un album paru en 2003 et que les éditions du Cherche midi ont l’heureuse idée de rééditer (disponible en librairie à partir du 5 décembre).

Il y a bien longtemps qu’on ne voit plus les dessins de Loup dans la presse, pourtant il a régulièrement dessiné pour L’Express, Libération, l’Evénement du Jeudi, VSD, Marianne, et même Fluide glacial. Avec Cabu et Siné il a été un des « trois petits cochons » qui ont animé la séquence « Les rebuts de presse » de la mythique émission « Droit de réponse » de Michel Polac.

Ces dernières années, faute de support accueillant, il a redonné un peu d’éclat au sempiternel salon international de St Just le Martel qui l’a remercié en attribuant son nom à un de ses espaces d’exposition. En 2009, Loup a aussi apporté ses conseils artistiques au journal Siné Hebdo.

Dans un univers où la maîtrise de Photoshop et la mise en image de titres de journaux font office de création, les dessins de « L’Art comptant pour rien »  nous réconcilient avec le dessin et l’humour. Il faut espérer que d’autres albums suivront. Plusieurs expositions sont prévues.

Angoulême 2013 pour les « Nuls » en BD

mercredi 30 janvier 2013

Pour résumer la 40ème édition du festival international de la BD d’Angoulême qui se déroulera du 31 janvier au 3 février, on dira que la chaîne de magasins Cultura remplace la FNAC qui avait succédé à Leclerc, que Europe 1 est un des nouveaux partenaires et que la radio consacre plusieurs de ses émissions à l’évènement qui perd par ailleurs son directeur artistique Benoît Mouchart qui rejoint les éditions Casterman, que le festival célèbre à travers ses expositions son président Jean-Claude Denis, Mickey & Donald (dont Glénat est devenu l’éditeur en France), Jano, Comès, et Pénélope Bagieu, mais aussi Albert Uderzo à qui la ville aurait bien voulu donner le nom à son École Européenne Supérieure de l’Image (ÉESI) mais les élèves ont refusé prétextant qu’on n’y enseignait pas que de la bande dessinée.

On peut rajouter que cette année on va y parler de la bande dessinée algérienne, que 32 albums sont en compétition pour les 4 prix attribués par un Grand jury dont on a viré tous les anciens lauréats qui en faisaient partie.

On notera aussi qu’il y a toujours des tiraillements entre la société privée 9ème Art+ qui organise cette manifestation et son commanditaire l’Association du Festival international de la Bande Dessinée, et que Bertrand Morisset lui-même organisateur de divers salons est toujours en embuscade.

Enfin, il semblerait que le journaliste Didier Pasamonik un des plus fins connaisseurs actuels du monde de la BD soit cette année interdit de festival pour avoir publié sur le site ActuaBD.com des informations qui ont déplu aux organisateurs.

Donc rien de nouveau dans le domaine de la BD, ah, si, on apprend – entre autre – dans le très intéressant et détaillé bilan publié par l’ACBD, que 5665 livres, de, ou portant sur la BD, ont été publiés en 2012, et que « on peut estimer que 1 510 auteurs réussissent encore à vivre, souvent difficilement, de la création de bande dessinée (sur le territoire francophone européen).»

On se consolera de cet état des choses en constatant que la radio France info – évincée d’Angoulême – et son spécialiste Jean-Christophe Ogier continuent à décerner un Prix de la Bande dessinée d’actualité et de reportage et que celui-ci a été attribué à « La voiture d’Intisar » de Pedro Riera et Nacho Casanova, paru aux éditions Delcourt.

En marge du festival, le site Actualitté.com nous apprend la nomination du dessinateur Yan Lindingre au poste de rédacteur-en-chef du mensuel Fluide Glacial. Vincent Solé, qui était entré à Fluide en 1995 pour s’occuper du site Internet devient lui responsable éditorial des albums.

A noter aussi que Louis Delas (directeur général) qui avait quitté Casterman, appartenant à Flammarion, après son rachat par Gallimard pour rejoindre L’école des loisirs, la maison d’édition fondée par son arrière grand-père , annonce le lancement d’une collection de bandes dessinées.

En illustration, l’affiche de 2013 dessinée par Jean-Claude Denis.