Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

Archive pour le mot-clef ‘Gébé’

Charlie Hebdo, le témoignage d’Angélique

jeudi 18 juin 2015

Charlie N1Extrait du témoignage d’Angélique responsable des abonnements à Charlie Hebdo depuis 19 ans, recueilli par Liliane Roudière pour le magazine Causette :

[…] « Tout a explosé. Notre travail n’est plus le même. Riss et Éric doivent apprendre à gérer autant d’argent et autant de médiatisation. Avant, les journaux ne parlaient pas de Charlie. Pendant la première affaire des caricatures, ils n’étaient pas là, ils ont couvert le procès l’année suivante. N’ont pris aucun risque. Ensuite, quand il y a eu l’incendie, ils ont titré : “Charlie met de l’huile sur le feu ?” Mais c’est eux, l’huile sur le feu. J’y vois une sorte de jalousie morbide. Sinon pourquoi s’acharner autant ? Pour faire du buzz et vendre sur le chagrin. Laissez-nous du temps, du silence, du recueillement, de la paix. Nous ne sommes que des êtres humains, nous ne sommes pas des symboles, nos vies ont été détruites et chacun a ses méthodes pour survivre et reprendre. Certains ont besoin de prendre la parole, d’autres préfèrent le silence. Certains préfèrent travailler, d’autres prendre du recul. […]

A lire tous les témoignages de ceux qui ont vécu la tragédie de Charlie Hebdo, sur place, ou pas très loin, on se demande comment des personnes qui racontent, expliquent, analysent ce qui s’est passé avec autant de lucidité et d’humanité peuvent ne pas trouver – ensemble – une solution à la situation actuelle ?

CH 1195 2015Certes la vie d’un journal n’est pas toujours un fleuve tranquille surtout lorsque tout l’intérêt de ce type de rédaction est de réunir des caractères atypiques, mais comment un journal qui a une histoire, est porteur d’un esprit libertaire, a-t-il pu confier son devenir à un avocat arriviste, envoyer une lettre de licenciement, embaucher une communicante de crise (elle était celle de DSK, de Cahuzac, Le Canard enchaîné cette semaine nous apprend qu’elle est aussi celle d’Ali Bongo) ?

Au moment où l’on célèbre Cavanna, co-fondateur de Charlie Hebdo avec le film de Denis Robert, l’hebdomadaire devrait peut-être se ressourcer dans son adn pour trouver un nouveau chemin. Charlie Hebdo n’a jamais été un journal comme les autres, c’est la part de l’héritage léguée par Cavanna, Choron, Gébé, Cabu, Wolinski, Fournier, Reiser, … (oublions la sinistre période Val) Ils en ont fait un espace de création et de grande liberté. Pour sa rédaction et surtout pour ses lecteurs, l’idéal serait qu’il le reste… ff.

En illustration : la Une du n°1 (1970) dessin de Gébé et celle du n°1195 signée Coco.

Affiches de cinéma dessinées à Toulouse

lundi 4 mai 2015

Lu dans Toulouse Infos :

“Le cinéma à souvent fait appel aux caricaturistes de Charlie Hebdo dans son histoire. La cinémathèque rend hommage à ces derniers à travers une exposition qui met en exergue ce mariage entre l’affiche et le 7 e art… histoire de rire encore.

2015-04-15 11.00.57« C’est une façon pour nous de montrer notre solidarité, de rappeler aussi que ces caricaturistes tombés sous les balles étaient des artistes, qu’ils ont dessiné pour d’autres supports que Charlie Hebdo et qu’ils ont aussi servi la cause de certains films par leur talent », explique Natacha Laurent, directrice artistique de la cinémathèque. Inscrites dans l’inconscient collectif du 7e art certaines affiches exposées nous sautent aux yeux d’emblée. « On voulait évoquer des cinémas différents, aussi bien La Grande bouffe de Marco Ferreri illustré par Reiser que Le Roi des cons de Claude Confortès par Wolinski ou encore Les Espions de Clouzot, l’affiche la plus ancienne de 1957 dessiné par Siné », détaille la directrice. Entre toutes ses pépites à découvrir sans mesure, l’affiche du film Draquila par Tignous avec un Berlusconi paré de dents de vampires. Natacha Laurent évoque le fil qui relie l’actualité avec le dessin. « Ce sont des affiches qui nous parlent, elles sont graphiquement magnifiques et elles restent très en phase avec l’actualité et avec notre métier qui est le patrimoine de cinéma » .

Jusqu’au 31 mai 2015 dans le hall de la Cinémathèque de Toulouse, 69 Rue du Taur, affiches dessinées de Wolinski, Charb, Siné, Tignous, Gébé, Cabu, Reiser, etc. Entrée libre.

Photo : Jacques Olivier Jardin

Le dessin se fait des films

jeudi 26 mars 2015

carton-cahierBAf-1En complément de l’exposition organisée par les Cahiers dessinés à la Halle St Pierre à Paris, la Maison des Cultures du Monde présente les 28 et 29 mars 2015, une série de films à base de dessins ou sur des dessinateurs. Parmi eux, le mythique “Les oiseaux sont des cons” de Chaval, mais aussi  “La planète sauvage” de René Laloux et Roland Topor, 1973, “L’An 01” de Jacques Doillon”, Gébé, Alain Resnais et Jean Rouch, 1973.

Les documentaires sur les dessinateurs sont aussi à l’honneur avec “La Ligne de Steinberg” de Thierry Fontaine et Daniela Roman, 2008, “Tomi Ungerer, l’esprit frappeur“, de Brad Bernstein, 2012, “Mourir ? Plutôt crever !” sur Siné, de Stéphane Mercurio, 2009, “Sempé, rêver pour dessiner” de Françoise Gallo, 2003, “Voix au chapitre – spécial Chaval “, 1976, et “Colère froide de Bernhard Willem Holtrop“, de Cinta Forger et Walther Grotenhuis, 2007, Pays-Bas, ou “L’œil de Willem” de Pierre-André Sauvageot, 2006,

Programme détaillé et horaires sur le site de la Maison des Cultures du Monde.

Dessin de l’affiche en illustration : Frédéric Pajak.

Angoulême rend hommage à Charlie Hebdo

mardi 20 janvier 2015

affiche_angouleme_jesuischarlieLes organisateurs du prochain festival de la BD d’Angoulême sortent de leur chapeau promotionnel la création d’un prix intitulé “Le prix Charlie de la liberté d’expression” qui sera remis pour sa première édition aux dessinateurs Cabu, Charb, Honoré, Tignous et Wolinski, exécutés par des terroristes le 7 janvier dans les locaux de Charlie.

Il n’est pas dit que cette récupération fédératrice efface les problèmes internes entre les organisateurs du festival qui trouvent dans cet hommage éploré au dessin de presse un échappatoire à leurs conflits éthiques et commerciaux.

Il n’est pas dit non plus que cette initiative « solidaire », ainsi que celle des éditeurs avec la publication de l’album hommage collectif « La BD est Charlie », occulte les Etats généraux de la BD et la grève des signatures contre la paupérisation du métier, qui se dérouleront pendant le festival.

Enfin, Charb, Cabu, Honoré, Tignous, Wolinski, ne seront plus là pour expliquer que, même s’ils en faisaient parfois, leur métier n’était celui de dessinateur de bandes dessinées comme le grand public, et hélas les professionnels, le catégorise trop souvent dans un raccourci simplificateur. On se souvient du tollé provoqué en 2013 par le grand prix remis à Willem, dessinateur pas tout à fait estampillé 100% BD.

Il paraît que des Unes de Charlie Hebdo seront affichées dans toute la ville, une bonne idée qui aurait pu être complétée par l’affichage de Unes de Siné mensuel, Zélium, Fakir, Le Ravi, etc. …

Et tant qu’ils y sont ils pourraient rendre un hommage à Gébé avant qu’on ne l’oublie encore.

Ce sera –  sûrement – pour les prochaines éditions du festival de la bande dessinée. f.f.

En illustration, affiche dessinée par Lewis Trondheim.

Noël approche / 2

mardi 16 décembre 2014

quand-l-ecologie-politique-s-affiche-9782366720648_0Les combats écologiques en images : « Quand l’écologie politique s’affiche », éditions plume de carotte.

Très bel album sous titré “40 ans de militantisme graphique”. Des affiches, des dessins, des Unes de journaux précurseurs, La Gueule Ouverte, de Pierre Fournier et Isabelle Cabu, Le Sauvage d’Alain Hervé, des documents qui pour certains datent des années 1970, une époque où les écologistes ne cherchaient pas encore à créer des partis ingouvernables dans le but d’obtenir des postes ministériels inefficients dans ce domaine.

L’ouvrage de 140 pages présente des créations graphiques d’ Alain Le Quernec, mais aussi des dessins signés Ron Cobb, Brice Lalonde, Reiser, Andrevon, Fournier, Gilbert Shelton, Sempé, Hugot, Batellier, Granger, Plantu, Barbe, Blachon, Soulas, Tanxxx, Gébé.

Les textes sont signés Dominique Bourg.

 

Du dessin en voici, en voilà ( 500 à la Halle St Pierre à Paris )

vendredi 14 novembre 2014

Halle-St-Pierre

On connaît désormais la liste des artistes qui participeront à la grande exposition présentée par Martine Lusardy, directrice de la Halle St Pierre et Frédéric Pajak, commissaire invité, créateur et directeur des éditions Les Cahiers dessinés, à la Halle St Pierre (Paris) du 21 janvier au 14 août 2015 :

Pierre Alechinsky, François Aubrun, Marcel Bascoulard, Bosc, Alejandro Cananles Saenz, James Castle, Chaval, Copi, Comte de Tromelin, Mélanie Delattre-Vogt, Fred Deux, Christian Dotremont, El Roto, Sylvie Fajfrowska, Anne Gorouben, Pierre Fournier, Gébé, Pascale Hemery, Victor Hugo, Jean-Michel Jacquet, George Grösz, Kamagurka, Marcel Katuchevski, Guillaume Lebelle, Leiter, Raphaël Lonne, Michel Macreau, Stéphane Mandelbaum, Micaël, Mix & Remix, Noyau, Olivier O. Olivier, Joël Person, Chantal Petit, Laure Pigeon, Louis Pons, Edmond Quinche, Jean Raine, Hans-Georg Rauch, Reiser, Olivier Saudan, Jean Scheurer, Bruno Schultz, Sempé, Francine Simonin, Siné, Kiki Smith, Anna Sommer, Louis Soutter, Saül Steinberg, Daniel Stotzky, Pierre Tal Coat, Tetsu, Gaston Teuscher, Josefa Tolra, Roland Topor, Tomi Ungerer, Félix Vallotton, Patrick Van Ginneken dit Rommen, Corinne Veret-Collin, Vuillemin, Lin Wei-Hsuan, Willem, Otto Wols, Albert-Edgar Yersin, Unica Zürn.

On pourra juste regretter que André François, Cardon, Lionel Koechlin, Gourmelin, Desclozeaux, Ronald Searle, Maja, Claire Bretécher, Cabu, Wolinski, entre autres, ne figurent pas dans le panthéon graphique de Frédéric Pajak qui présente ainsi l’évènement :

OEILbd « L’exposition est présentée en trois parties : dessins d’artistes, dessins d’humour, dessins d’art brut. Pour la première fois à Paris, ce « mélange des genres » est rendu possible. D’étranges liens se nouent entre des œuvres que tout semble opposer. Ils disent à quel point le dessin, longtemps considéré comme le parent pauvre de la peinture, est un langage essentiel, capable de révéler nos sentiments les plus communs, comme les plus inavoués. Nous passons du portrait le plus expressif à la figure presque abstraite, de l’allégorie foisonnante à l’esquisse d’une attitude, du trait d’esprit le plus drôle ou le plus provoquant au rêve le plus doux, avec chaque fois le peu d’outils que réclame cet art :un crayon, une plume, un pinceau, de l’encre, de la couleur, du papier. »

 Le directeur des Cahiers dessinés signale par ailleurs que « Un important catalogue, reproduisant près de 500 œuvres, accompagne cette exposition. Il s’intitule tout simplement Le Cahier dessiné n°10. »

A noter que Frédéric Pajak vient de se voir attribuer le prix Médicis Essai pour « Manifeste incertain » (éditions Noir & Blanc) qualifié de « troisième tome d’une série éminemment bizarroïde » par L’Obs. Les dessins de ce livre sont exposés jusqu’au 27 novembre à la Galerie Martine Gossieaux, 56, rue de l’université 75007 Paris.

Illustrations : le bandeau de la page d’accueil du site de la Halle St Pierre et un dessin de Pajak qui illustre l’annonce de l’exposition.