Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

Archive pour le mot-clef ‘Hara-Kiri hebdo’

Sortie de Coma

mardi 28 avril 2009

Extrait de l’article d’ Emmanuelle Anizon sur le site Telerama.fr à propos de la nouvelle affaire Siné Hebdo / Charlie 

Charlie-Hebdo ...comme Besson« Chez Siné, c’est la consternation : « comment ont-ils pu faire ça, sur le dos des clandestins en plus ! J’ai honte pour eux, ça donne envie de vomir ! », nous souffle la malheureuse expéditrice de l’e-mail, la voix coupée. A Charlie, on avoue, sans trop de mal, avoir « bien rigolé » en recevant le fameux mail : « J’avais justement une enquête prête sur le sujet, et cette idée de pétition nous a semblé cohérente, explique Sylvie Coma, rédactrice en chef. S’ils le veulent, on veut bien faire pétition commune ! Et puis c’est de bonne guerre : Siné nous a piqué notre maquette, notre listing… Il nous cherche ? La guerre, c’est des deux côtés ! ». Ça ne rigole pas, chez les satiriques. »

À noter que la toute nouvelle rédactrice-en-chef de Charlie (conjointement avec Gérard Biard), et qui indique que Siné « nous a piqué notre maquette », semble oublier que c’est le même Siné qui avait créé Siné Massacre, puis L’Enragé, journal dont ce sont inspirés les fondateurs de L’Hebdo Hara-Kiri puis de Charlie Hebdo, l’original. Wolinski, Cabu, Willem qui y ont collaboré s’en souviennent peut-être. En tout cas la « baroudeuse » telle qu’elle se présente sur le site de Charlie devrait peut-être s’intéresser à l’histoire de son journal avant de déclarer la « guerre » comme elle le fait. 

En illustration : La Une de Charlie 2€ Hebdo  
« improvisée » par Cabu (voir articles précédents).

« Bête, méchant et hebdomadaire » : une suite

vendredi 13 février 2009

Stéphane Mazurier - Des cadres noirs dans son livreLes lecteurs de l’énorme pavé de Stéphane Mazurier sur l’histoire de Charlie Hebdo (1969 – 1982) – voir note de lecture sur ce blog -, ont du être intrigués par les pavés noirs qui figurent sur la reproduction des pages du journal. En fait, se sont les dessinateurs Cabu et Wolinski qui se sont opposés à la publication de leurs œuvres dans un livre qui fait un portrait trop flatteur – à leur goût – de Georges Bernier, alias Pr. Choron.

Quand on voit la couverture du livre, avec Cavanna et Choron photographiés amicalement enlacés par Arnaud Baumann, on se dit qu’il doit régner un certain malaise dans la rédaction de Charlie Hebdo (celui de 2009).

Extrait du livre :

« Des fois, j’envie Reiser. Il ne nous a pas vus devenir moches et cons. Il ne l’est pas devenu non plus. Il a tracé sa trajectoire d’angelot bouclé, frrrt, il n’a pas vu le monde vieillir, il n’a pas vu sa gueule grimacer dans la gueule des copains ».

Ces lignes ont été écrites par Cavanna en 2004.

Autre chose, la mention d’un copyright « Glénat Éditions – Drugstore 2008 », sur la reproduction de Unes de L’hebdo Hara-Kiri et de Charlie Hebdo dessinées par Reiser. Une réappropriation étonnante de la part d’un éditeur, en effet si le copyright peut s’appliquer sur le dessin de Reiser, il ne peut en aucun cas concerner la Une qui est une œuvre collective appartenant au journal.

Interdiction Suisse

samedi 7 février 2009

dessin de Willem interdit en SuisseLe site ActuaBD.com nous apprend que le numéro de février de L’Écho des Savanes (Glénat) ne sera pas distribué en Suisse en raison de la publication du dessin de Willem ci-contre (âmes sensibles s’abstenir. À lire également sur ActuaBD.com les réactions des Internautes). On découvre aussi à cette occasion les particularités du Code Pénal Suisse et de son article 197.

Ce n’est pas la première fois qu’un dessin de Willem provoque des remous. Pour la petite histoire, c’est déjà plusieurs de ses dessins (avec un dessin de Cabu) qui ont servi de prétexte « officiel » en 1970 à l’interdiction de l’hebdo Hara-Kiri pour « pornographie » car on apercevait des sexes dans ses pages.

Le parcours éditorial et artistique de Willem est d’ailleurs jalonné de multiples réactions indignées, d’interdictions en tous genres, dues à la diffusion de ses dessins. Les atteintes à la religion sont d’ailleurs les motifs les plus souvent invoqués dans les nombreux procès intentés à cet immense dessinateur. 

Illustration : © Willem / L’Écho des Savanes.

Choron, le film.

lundi 22 décembre 2008

Choron Dernière le filmAvec ce texte sur le Pr Choron je vais sûrement casser un mythe. J’en prends le risque. Je n’ai rencontré le Professeur Choron que trois fois. La raison : autrefois directeur de collection chez un éditeur aussi près des alpages que de ses sous, il m’était venu la folle idée de publier dans le cadre d’une collection d’humour une réédition des Fiches bricolages du Pr Choron et Les jeux de con du Pr Choron.

Par l’entremise de Lefred Thouron la chose s’est conclue assez vite et nous sommes même allés lui rendre visite tous les trois, avec Kleude, dans sa maison familiale d’Aubréville dans la Meuse. Son accueil attentionné, le champagne, auquel malade il n’avait plus droit, et l’évocation des souvenirs firent de cette rencontre une journée inoubliable.

Bien sûr je connaissais tout de sa vie, en tout cas celle racontée par Odile, sa femme, la mère de son unique fille Michèle Bernier. Un livre qui reste encore à ce jour le meilleur témoignage sur l’épopée des éditions des Trois-Portes. Bien évidemment j’avais aussi en tête le récit épique de sa vie tel qu’il l’avait raconté à Jean-Marie Gourio dans Vous me croirez si vous voulez (Flammarion).

Mais mon idée était de rendre hommage à l’auteur qu’il était, au-delà de son rôle d’agitateur d’idées et de « patron » vibrionnant dans l’équipe d’Hara-Kiri.

Plus aucun matériel originel n’étant disponible, je me suis plongé dans une collection du mensuel Hara-Kiri qu’il avait fondé avec Cavanna en 1960. Un duo de personnalités à la puissance créatrice fusionnelle à ce jour encore inégalée.

choron-par-lefred-thouronEt là, en relisant avec attention tout ce qu’il avait imaginé, tout ce qu’il avait écrit, j’ai découvert, re-découvert, un auteur inventif, original, très attaché à la qualité de son expression, au sens des mots. Les légendes des Fiches bricolages sont concises, efficaces, pas une phrase de trop, et complètent parfaitement les images. Les textes courts des Jeux de con sont bourrés de trouvailles, drôles, et eux aussi finement ciselés. Il est d’ailleurs étonnant que personne n’ait encore eu l’idée de les mettre en scène. Rajoutez à cela les sujets et les paroles des chansons qu’il a écrites, et vous aurez un large aperçu du talent de ce bonhomme qui, faut-il le rappeler, est – entre autre – l’auteur de la célèbre Une de L’hebdo hara-Kiri : Bal tragique à Colombey – 1 mort.

Choron était un véritable artiste. Un artiste qui « a fourni de la matière à plagiats pour encore plusieurs générations » à écrit Delfeil de Ton dans Le Nouvel Observateur.

choron-photoLes albums parurent et l’éditeur les laissa se vendre. En 2004 Choron n’était pas encore célébré sauf par ses créanciers à qui il devait encore des millions depuis l’arrêt de Hara-Kiri. Il nous fit aussi la mauvaise blague de mourir le 10 janvier 2005. Contre toute attente l’enterrement fût triste, très triste, mais il y avait du monde. Forcément.

Voilà, c’est le Choron que j’ai connu, attentionné, perfectionniste, élégant. Je ne l’aurais donc jamais connu bourré, sortant sa bite pour la tremper dans une coupe de champagne ou vociférant les soirs de beuverie. Dommage, je n’ai peut-être pas connu le bon, mais celui que j’ai eu la chance de croiser me semble être le même que celui que tant de gens vénèrent pour ses extravagances. On retrouve les deux dans le film de Pierre Carles et Éric Martin, Choron dernière, qui sort dans les salles de cinéma le 7 janvier. Les réalisateurs retracent quelques-uns des grands moments de sa carrière, tous les journaux qu’il a permis de créer, et reviennent sur sa petite enfance en Lorraine. Surtout ils évoquent la grande blessure que fût pour lui la reparution de Charlie Hebdo, sans lui.

moi-odile-choronÀ voir aussi pour les témoignages de Vuillemin, de Marc-Édouard Nabe, de Cavanna, mais aussi de Philippe Val qui dit presque que Choron n’avait aucun talent.

Georges Bernier est mort, la vie du Professeur Choron continue.

ff

Illustrations :

L’affiche du film dessinée par Vuillemin.

Choron vu par Lefred Thouron.

Photo gag de René Maltête (avec la participation du Pr Choron)
parue dans l’album Des yeux plein la tête (Glénat Humour). © Maltête.

Moi, Odile, la femme à Choron,
écrit avec Christian Bobet. Éditions Mengès, 1983.

Reiser revient !

dimanche 28 septembre 2008

Reiser à la uneDrugstore, nouveau label des éditions Glénat, annonce pour octobre 2008 la parution de Reiser à la Une, un album de 150 pages qui rassemble les couvertures dessinées par Reiser pour Hara-Kiri hebdo, Charlie Hebdo et L’Hebdo Hara-Kiri, de 1969 à 1981.

La préface et les légendes sont de Jean-Marc Parisis qui a déjà signé en 1995 une biographie de Reiser (Grasset).

Extrait de la présentation de l’éditeur :

« Moins star qu’étoile filante, Reiser s’est inscrit dans l’Histoire et plane encore dans l’air du temps. Son actualité est la nôtre. Il nous manque pour mieux résister à la bêtise et au sordide. Ce florilège irradiant marque le retour éditorial d’un génie, mort à 42 ans en 1983, qui a révolutionné le dessin d’humour. ».

Une Charlie hebdo de Reiser

Siné homme de presse

jeudi 28 août 2008

siné massacre n°9Siné Hebdo est le quatrième journal créé par Siné. Dessinateur rebelle, mais également graphiste émérite, son parcours professionnel est jalonné de lancement de titres qui font désormais parti de l’histoire de la presse.

Le premier est Siné Massacre qui voit le jour en 1962. À l’époque, il vient de quitter L’Express où ses dessins très anticolonialistes suscitent, en pleine guerre d’Algérie, de sérieux remous. Neuf numéros sont publiés autour de thèmes aussi variés que De Gaulle, les pieds noirs, la liberté de la presse, l’amour, le pape, le colonialisme.

L'enragéQuelques années plus tard naîtra L’Enragé, véritable brûlot éditorial publié au cœur des événements de 1968 et qui prend pour cible le pouvoir du général de Gaulle (L’Enragé est l’anagramme de général). L’Enragé publie les premiers dessins politiques de Cabu, Wolinski, Willem, Pétillon, Loup, Blachon, Topor, Cardon, Bosc, Soulas, Reiser. Lancé avec l’aide de l’éditeur Jean-Jacques Pauvert, il atteint les 100 000 exemplaires vendus à la criée.

Après les évènements, L’Enragé donne l’idée à l’équipe du mensuel Hara-Kiri de créer un hebdomadaire dédié à l’actualité. Ce sera L’hebdo Hara-Kiri qui devient après son interdiction Charlie hebdo. Siné y dessine et tient sa rubrique Siné sème sa zone jusqu’à la disparition du journal en 1981. C’est aussi au sein de cette équipe qu’il créera le titre Mords’y l’œil, véritable prouesse technique dont il assure lui-même la mise en page et la mise en couleur des dessins de Reiser, Cabu, Gébé, Willem, Wolinski.

Après la mort de Charlie, Siné se défoulera à Droit de réponse, l’émission de Michel Polac, dans l’hebdomadaire La Grosse Bertha, avant d’intégrer l’équipe de la nouvelle version de Charlie hebdo en 1992.

mors-y l'oeilIl faudra attendre son licenciement de Charlie hebdo pour soupçon de soupçon d’antisémitisme en juillet 2008 pour qu’il se lance, à 80 ans, dans une nouvelle aventure éditoriale.

Siné est un des rares dessinateurs à ériger la provocation en système de pensée, à cultiver l’irrespect absolu, le parti-pris, la mauvaise foi consciente, et surtout à ne faire aucune concession après plus de 60 ans de métier. En créant Siné hebdo il reste fidèle à lui-même. f.f.

Illustration : Dessin de Siné paru
dans Mords-y-l’oeil n° 3 en avril 1981.

Le site du journal Siné Hebdo