Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

Archive pour le mot-clef ‘Willem’

Note de lecture : Charlie Hebdo, l’original

jeudi 12 février 2009

Bête, méchant et hebdomadaire. un livre de Stéphane MazurierCréer et faire vivre un journal est une aventure formidable. Créer et faire vivre un journal comme Charlie Hebdo est une aventure « extraordinaire » comme le dit Sylvie Caster. Pour s’en convaincre il suffit de lire l’imposant – 512 pages – Bête, méchant et hebdomadaire de Stéphane Mazurier (Buchet Chastel) qui retrace les grands et les petits moments de Charlie Hebdo, titre satirique légendaire, anticonformiste, aujourd’hui usurpé par un propriétaire qui s’affiche comme « éditorialiste » sur les plateaux télé entre Alain Duhamel et Catherine Nay.

Un livre très documenté et très complet sur la vie de ce journal de 1969 à 1982, mais aussi sur son époque qui joua un rôle non négligeable dans son succès (et son déclin) : « Expérience unique dans l’histoire récente de la presse française, Charlie Hebdo se révèle finalement la meilleure expression journalistique de l’esprit de mai 68 ». Bénéficiant des témoignages de nombre des collaborateurs, l’auteur évoque les multiples péripéties des titres, le mensuel Hara-Kiri, L’hebdo Hara-Kiri Charlie Hebdo, l’éphémère Charlie matin, La semaine de Charlie, et la cohabitation – souvent conflictuelle (p. 150) – entre des personnalités aussi fortes que celles de Gébé, Reiser, Delfeil de Ton, Fournier, Wolinski, Siné, Willem, Cabu, Nicoulaud, Berroyer, Carali, Arthur, Sylvie Caster. Le tour de force a été d’additionner tous ses talents chaque semaine, mais avec une règle : « même si les collaborateurs du journal s’apprécient profondément, ils se fréquentent très peu en dehors du journal. Certes Reiser dîne quelquefois chez Wolinski, mais la règle est de ne se voir que pour le travail ». 

Ce livre ne dévoile hélas aucun secret permettant de renouveler cette aventure, mais donne quelques clés qui permettraient à une équipe de se lancer dans un tel projet. Cavanna : « C’est très simple, la formule c’était : tu as une page, tu t’en démerdes, tu mets ce que tu veux dedans, pourvu que ce soit génial »

Autre intérêt de l’ouvrage, c’est qu’il confirme, s’il en était besoin, que sans le duo passionnel Cavanna-Bernier cette aventure fulgurante n’aurait jamais pu exister : « Cavanna est, sans aucun doute, le « concepteur en chef » du journal. C’est lui qui a su imaginer une formule originale et viable, mais aussi la maquette, autrement dit la marque de fabrique, le « visage rédactionnel » de Charlie Hebdo. Le deuxième personnage clé dans l’élaboration du journal est , bien sûr, son directeur, Georges Bernier. Si Cavanna est le concepteur du journal, Bernier en est l’administrateur ; un administrateur volontiers fantasque et téméraire, qui s’acharne à faire vivre Charlie Hebdo. Bernier a, en quelque sorte, mis en place sa propre méthode, fondée sur l’optimisme et la ténacité. »

Un Bernier incontournable, au point même qu’il semble aujourd’hui étonnant qu’un dessinateur comme Cabu, qui a vécu et profité (p. 110) de toutes ces années tumultueuses, retrouve subitement la mémoire pour accabler et dénoncer le Pr. Choron comme il l’a fait dans un récent de Charlie Hebdo (14.1.2009). Il est vrai que le Charlie Hebdo de l’époque est très éloigné de celui qu’il fait aujourd’hui et dont il est curieusement l’actionnaire principal avec Philippe Val. Rien à voir donc, avec le titre d’origine où le rédacteur en chef était « toute la bande ». On en est loin en effet et on se demande même pourquoi dans ce livre Philippe Val donne son avis sur la première version de Charlie Hebdo alors qu’il n’y a jamais participé et qu’il ne reconnaît aucun talent à Choron.

Au final, ce livre pourrait apparaître comme une sorte de pierre tombale, une fresque gravée dans le marbre, qui célèbre le souvenir, la nostalgie d’une époque révolue où l’on osait tout et où tout était possible. Mais c’est une fausse impression, puisqu’encore récemment avec l’arrivée dans les kiosques de Siné Hebdo, journal conçu en quelques semaines, il semble que l’esprit de provocation reste vivace. Il suffit juste de le cultiver. Bête, méchant et hebdomadaire de Stéphane Mazurier peut donner cette envie. ff

Bonus à savourer également, le cahier spécial des photos d’époque d’Arnaud Baumann qui signe aussi la photo de couverture.

Interdiction Suisse

samedi 7 février 2009

dessin de Willem interdit en SuisseLe site ActuaBD.com nous apprend que le numéro de février de L’Écho des Savanes (Glénat) ne sera pas distribué en Suisse en raison de la publication du dessin de Willem ci-contre (âmes sensibles s’abstenir. À lire également sur ActuaBD.com les réactions des Internautes). On découvre aussi à cette occasion les particularités du Code Pénal Suisse et de son article 197.

Ce n’est pas la première fois qu’un dessin de Willem provoque des remous. Pour la petite histoire, c’est déjà plusieurs de ses dessins (avec un dessin de Cabu) qui ont servi de prétexte « officiel » en 1970 à l’interdiction de l’hebdo Hara-Kiri pour « pornographie » car on apercevait des sexes dans ses pages.

Le parcours éditorial et artistique de Willem est d’ailleurs jalonné de multiples réactions indignées, d’interdictions en tous genres, dues à la diffusion de ses dessins. Les atteintes à la religion sont d’ailleurs les motifs les plus souvent invoqués dans les nombreux procès intentés à cet immense dessinateur. 

Illustration : © Willem / L’Écho des Savanes.

Honoré Willem

samedi 17 janvier 2009

Dessin de Willem dans Liberation n°8613 du 15 janvier 2009Encore un excellent dessin de Willem paru dans le quotidien Libération n°8613 du 15 janvier 2009. Un bon dessin, quelques mots, tout est dit en image. Le lecteur n’a plus qu’à apprécier.

Illustration © Willem

Soulas c’est cadeau !

vendredi 14 novembre 2008

soulasSoulas a commencé tardivement dans le dessin de presse et ce doit être pour cela qu’il a toujours su manifester une certaine jouissance dans l’exercice de son métier.

S’amusant avec le trait et la couleur il a su s’écarter de la routine pour collaborer à Hara-Kiri mensuel, La Gueule ouverte, créer son propre journal Zinc avec son ami Nicoulaud, vivre les grandes heures des H.A (Humoristes Associés) et collaborer de longues années à Libération.

Après le départ de ce quotidien, où il a hélas été submergé par le groupe Bazooka et l’arrivée de Willem, ce jeune retraité s’est consacré à la peinture et à la création de bois chantournés. Des œuvres très originales qui mettent en valeur tous les talents de Soulas, ses idées, son humour, son graphisme inventif et ses couleurs joyeuses.

Du 3 décembre 2008 au 10 janvier 2009, Soulas exposera à L’espace culturel André Malraux, 2 place Victor Hugo 94270 Le Kremlin-Bîcetre. Tél. : 01 49 60 69 42. (Fermeture pendant les congés scolaires)

Clics claque

jeudi 13 novembre 2008

clicTout a commencé par un écho dans Libération (12.11.2008) titré « Le bordel des dessinatrices ». Le terme dessinatrice a tout de suite attiré mon attention et je suis allé voir le site mentioné.

J’y ai trouvé cette explication d’Astrid Girardeau : « L’année dernière, à l’occasion du festival d’Angoulême, Florent Ruppert et Jérôme Mulot organisaient un championnat au monde de bras de fer en ligne entre seize auteurs de bande dessinée (Lewis Trondheim, Frédéric Poincelet, Killofer, Lisa Mandel, Boulet, etc.). En sortait un joli bazar, entre joyeuse malhonnêteté et sacrés coups bas sur et sous la table. » et d’apprendre que cette année les présidents de la 36ème édition, Dupuy & Berberian leur donnent à nouveau carte blanche.

L’idée de Florent Ruppert et Jérôme Mulot est d’ « Ouvrir une maison close (ndlr : sur Internet) avec plein d’auteurs de sexe féminin dedans, et finalement les départager. »

Le site de La Maison Close devrait accueillir d’ici fin janvier les contributions d’auteures qui feront l’objet d’une exposition-installation à l’occasion du festival.

J’avoue ne pas avoir tout saisi (notamment le truc de l’œil de bœuf pour les spectateurs) mais vous pouvez vous faire une idée du projet sur le site et y lire les réactions de Lisa Mandel, Anna Sommer, Aude Picault, Florence Cestac, Nadja, Anouk Ricard, Lucie Durbiano, Catherine Meurisse, Caroline Sury, Pauline Martin, Fanny Dalle Rive, etc.

À noter que le lettrage des textes ressemble curieusement à celui de Willem ou de Kamagurka.

À suivre, comme on dit dans la bande dessinée…

Illustration : extrait de la participation de Catherine Meurisse.

Cavanna François

samedi 8 novembre 2008

cavanna1On s’arrache Cavanna. 86 ans le 22 février 2009. Il y a quelques semaines il co-signait avec Stéphane Mazurier et Delfeil de Ton (de Siné Hebdo) Les belles images d’Hara-Kiri (Hoëbeke), aujourd’hui paraît en kiosque un hors-série exceptionnel de Charlie 6€ Hebdo qui lui est entièrement consacré.

Cavanna raconte Cavanna est un document formidable (en dehors de la préface de Philippe Val qui ne glorifie que ses moustaches ?!) car il retrace une vie riche des multiples talents de Cavanna : journaliste, âme des éditions Hara-Kiri, dessinateur (on découvre ses premiers dessins), rédacteur-en-chef inventif et rigoureux, découvreur de talents (il nous offre des portraits de Fred, Choron, Cabu, Gébé, Wolinski, Willem), écrivain à succès, préfacier universel, et encore aujourd’hui chroniqueur à Charlie Hebdo.

Avec le Pr Choron, autre monument dont un film célébrera le 7 janvier la mémoire, il a su inculquer à des milliers de lecteurs un mauvais esprit et un humour indispensable à toute intelligence humaine.

Il est aussi heureux que cet hommage lui soit rendu de son vivant. D’ailleurs, la publication de ce hors-série accompagne l’exposition éponyme qui sera présentée à Nogent-sur-Marne, sa ville natale, du 15 novembre au 31 mai 2009.