Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

Archive pour le mot-clef ‘Willem’

Des nouvelles du “collectif” Charlie Hebdo dans Libé

mercredi 22 juin 2016

Tiens, deux pages sur Charlie Hebdo aujourd’hui dans Libération ? Quoi de nouveau ? Pas grand chose « le journal peut penser plus sereinement à l’avenir ». Sans faire de mauvais esprit, on notera juste que ce type d’article paraît à chaque fois que le journal est mis en cause (en ce moment par la femme de Michel Renaud mort dans les locaux de Charlie le 7 janvier 2015) et il faut bien que Anne Hommel, communiquante de crise (Cahuzac, DSK, Bongo) justifie son omniprésence au sein de la rédaction.

Donc, d’après Libé « l’entreprise Charlie n’appartient plus seulement à elle-même. Symbole ballotté d’injonction en injonction, au gré de ce que chaque Français voudrait qu’il devienne, le journal continue pourtant de se reconstruire dans un climat toujours lourd, mais qui semble plus serein. ». Le journal dévoile que Charlie compte encore 60 000 abonnés et qu’il se vend, d’après le directeur financier Eric Portheault, 60 000 exemplaires en kiosques chaque semaine.

ClhvGAhVAAAIEDmCôté rédaction, on lit que certains « reprochent à Riss son emprise sur l’hebdo » (il est actionnaire à 67%) et son « hommage très nuancé » à Siné, mais la vie continue, «Il y a moins de dessins tristes, constate Portheault. La preuve, on est à nouveau cités chez Ruquier le samedi soir…» Riss abonde : «Toute l’année 2015, on était sous la chape de plomb. On a dû gérer des traumatismes graves, trouver des locaux, gérer la sécurité, les dons… Tout nous renvoyait à l’attentat. En plus, on regardait arriver l’anniversaire de l’attaque avec appréhension… On a rongé notre frein pendant un an et on a vidé notre sac dans le numéro anniversaire début janvier. En franchissant ce cap, on s’est un peu libérés, le ciel s’est dégagé. Notre horizon, maintenant, c’est le journal. On a l’esprit concentré là-dessus.»

Libération constate aussi « la montée en puissance des trois dessinateurs – Juin, Foolz, Vuillemin » qui ont « pris plus de place après la tuerie, aux côtés des deux historiques, Coco et Riss. « On a retrouvé une équipe de dessinateurs à peu près potable, avec des gens qui savent tout faire, du reportage, de la satire, de l’actu, estime le directeur de la rédaction. Désormais, on n’est plus deux autour de la table le lundi [jour de bouclage du journal, ndlr], mais cinq. On a recréé du collectif. Quand on est plusieurs autour de la table, on a plus d’idées, on fait un meilleur journal. On notera seulement que Willem, présent depuis 1969 dans L’hebdo Hara-Kiri devenu Charlie Hebdo, n’est pas cité par Libé comme faisant partie des « historiques ».

Le quotidien nous apprend également que « Riss, qui travaille à une BD sur Marine Le Pen avec Richard Malka – avocat proche du journal » (sic) et « qu’il ne l’avoue pas facilement » mais « il aimerait faire revenir Luz et Catherine Meurisse, qui ont pris leurs distances avec Charlie – la seconde a seulement conservé une chronique. »

Sinon, à propos de l’ouverture du capital aux membres de la rédaction, Eric Portheault (qui en détient 23%) déclare « Dans notre réflexion, ça avance tout doucement. Il est impossible de fonctionner à deux, ce n’est pas viable. Il y a une masse d’argent considérable et la renommée à gérer. Mais ne rentreront dans le capital que des gens en qui il y a une confiance totale et réciproque. On ne veut pas transposer le bordel d’une rédaction dans l’actionnariat.» Expliquer la “confiance totale et réciproque” ce sera sans doute une nouvelle occasion pour Libération de consacrer un énième article à Charlie Hebdo.

En illustration, la Une du Charlie Hebdo n°1248, dessinée par Vuillemin.

Merci à M. C.

Une exposition Willem ET Vuillemin

vendredi 17 juin 2016

13411960_1080287108730753_3506019413730373333_oLe 25 juin sera inaugurée à La Louvière en Belgique une exposition Willem – Vuillemin. Même si on peut regretter cette nouvelle mode qui consiste à regrouper des dessinateurs qui mériteraient une exposition individuelle, il faut saluer l’événement (un peu moins l’affiche fourre-tout).

En complément de cette exposition proposée par le Musée Ianchelevici jusqu’au 4 septembre 2016, les amateurs de dessins pourront également visiter une exposition de dessins sur le thème « Le sport dans tous ses états », assister à une rencontre avec Nicolas Vadot qui évoquera le dessin de presse aujourd’hui, participer à un débat avec l’équipe du journal satirique El Batia moûrt soû, et visionner le film de 46 minutes réalisé par ACTV dans lequel Philippe Decressac s’entretient avec Willem (Libération, Charlie Hebdo, Siné mensuel) et Vuillemin (Charlie Hebdo, L’Echo des savanes, dBD).

A noter que les maîtres d’œuvre de cette exposition sont le dessinateur Philippe Decressac (Zélium, L’Echo des savanes), et Guillaume Doizy, l’historien bien connu de la caricature et du dessin de presse qui signe la préface du catalogue et présente son exposition “Le dessin de presse face à la censure”.

Musée Ianchelevici, place Communale 21, 7100 La Louvière, Belgique

Petite précision apportée par P. Decressac via Facebook : “Pour info, puisqu’il m’est permis de préciser deux ou trois couilles de mouche, l’idée finale d’exposer ensemble vient d’eux ! Et perso, je trouve particulièrement excitant cette “confrontation”… Quant à l’affiche, le côté foutraque est également une décision collective. Aucun des deux ne voulant un visuel avec deux dessins (un de chaque dessinateur) ni un seul qui “lèserait” le second, on a opté pour un beau bordel fait de détails de leurs travaux…”

Perso, je maintiens ce que j’ai écrit même si moi aussi je trouve excitante cette “confrontation” de deux de nos plus talentueux dessinateurs actuels. ff

Deuxième précision de Guillaume Doizy, reçue par mail : “Je me permets de rajouter que Philippe Decressac est le seul commissaire de l’exposition. On m’a juste demandé d’écrire des textes. Tout le mérite lui revient, ainsi bien sûr qu’aux deux dessinateurs. Le principe du dialogue entre ces deux géants si différents est je crois bien plus riche que deux expos en solo. Il y aurait eu par ailleurs peu de chance pour qu’un musée de La Louvière programme coup sur coup deux expos de dessin de presse. Pour le public belge, il y a là une très belle occasion de croiser ces DEUX dessinateurs, ce qui n’aurait pas été possible autrement.

Qui est qui, et qui fait quoi, dans le programme officiel :

Willem Vuillemin Louviere 2016

Siné (1928-2016) in memoriam

jeudi 12 mai 2016

Le Monde a annoncé la mort de Siné dans sa rubrique Culture.

En revanche aucun communiqué du ministère de la Culture et de la Communication qui doit mal connaître l’œuvre de Siné. Il leur faudra attendre la parution en septembre de “Siné graphiste” (La Martinière) pour en mesurer l’ampleur. D’après nos infos la ministre avait piscine le jour de la mort de Siné.

Hommages dessinés (entre autres) de Willem dans Libération, Camille Besse (Causette – sur Facebook), Vuillemin (Charlie Hebdo – mais vu sur Facebook) :

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Man (Midi Libre), dessin proposé et dessin publié :

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Autre « hommage » sur Facebook, celui de Ranson (Le Parisien) qui apparemment ne portait pas Siné dans son cœur.

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Dessin de Plantu (Le Monde, l’Express) :

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« Patron comme rédacteur en chef, il était formidable, il a jusqu’au bout gardé son verbe, ses idées, sa force d’inventivité. Il avait un jugement d’une grande sûreté. Il ne faut pas oublier que c’était un grand dessinateur, mais aussi un grand graphiste. » Geluck, collaborateur de Siné mensuel dans Libération.

« Siné, c’était mon maître, il m’a beaucoup appris. Il a toujours été plus direct qu’un caricaturiste politique normal. Il était dans le rentre-dedans, jamais dans la complaisance. Il dessinait des cons comme des cons, et ça m’attirait beaucoup. Je ne sais pas comment dire, mais on ne pouvait pas se tromper avec ses dessins. » Willem, dessinateur à Charlie Hebdo et à Siné mensuel dans Libération.

Coïncidence, Fluide glacial publie dans son dernier numéro la page de la série Revue de presse, consacrée à Jean-Jacques Pauvert éditeur historique de Siné. Dessin de Romain Dutreix.

Pauvert 6

Belle nécro d’Eric Favereau dans Libération : […] « Siné est ainsi, toujours les mots sont les plus forts. « Mourir ? Jamais ! Plutôt crever », disait-il. Ce n’était pas l’outrance qui le maintenait, c’était la vie, la belle et grosse vie, celle qui déborde de tous côtés. »

[…] « On a, ici, sur ce site, une petite histoire avec Siné. D’abord, l’affaire fut, tout l’été 2008, notre première « affaire », une de celles qu’on doit suivre heure par heure, minute par minute, avec pétitions, attaques, soutiens. A la rentrée, Siné était sur le plateau, émission qui me valut par la suite de m’entendre hurler au téléphone par Val  : « désormais, vous avez en moi un ennemi personnel » […] Daniel Schneidermann sur ArretsurImages.net et L’Obs avec Rue89.

[…] « Tous les dessinateurs de presse d’aujourd’hui te doivent quelque chose. Tu as été un des pionniers qui leur ont montré le chemin de la liberté. Tu étais un maître. Exigeant envers toi-même. Tes affiches, tes illustrations, ton autobiographie dont tu étais en train de peaufiner le dernier tome («Ma vie, mon œuvre, mon cul»), tu n’as rien fait qui ne fût du genre parfait. » […] Delfeil de Ton sur Bibliobs

Tout comme pour le cercueil de Tignous en janvier 2015, le cercueil de Siné a été « décoré » par les dessinateurs, notamment ceux de Siné mensuel.

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De nombreux dessinateurs étaient présents au cimetière Montmartre : Tardi, Jiho, Berth, Lacombe, Eric Martin, Desclozeaux, Puig Rosado, Willem, Jul, Krokus, Camille Besse, Marine, Nadia Khiari, Faujour, Gros, Mric, Lasserpe, Plantu, Lindingre, Rémi Malingrëy, Bridenne, Geluck, Pakman, Avoine, Jy, Gondot, Poussin, Carali, Solé, Aranega, Hugot, Kianoush Ramezani (entre autres sans doute).

Charlie Hebdo a envoyé une couronne au cimetière Montmarte, publié un petit encadré sur Siné signé de son directeur Riss, et des dessins de Foolz, Willem, Vuillemin. Coco sur Twitter à écrit : « Que cette pute de mort aille se faire foutre et que @sinemensuel continue ! BANZAï ».

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Guy Bedos a regretté publiquement l’absence de Philippe Val à l’enterrement. C’était de l’humour.

Le Huffington Post, Le Parisien, on publié sur leur site Internet des images de la journée du 11 mai et des obsèques de Siné.

Un numéro spécial de Siné mensuel retraçant sur 40 pages les grands moments de la vie de Siné paraîtra le 18 mai 2016. C’est lui-même qui en avait préparé la couverture quelques jours avant sa mort le 5 mai 2016.

Vendredi 13 mai 2016, le film “Mourir Plutôt crever !” de Stéphane Mercurio, sera projeté à 21h 30, Place de la République dans le cadre de Nuit debout.

Delfeil de Ton fait revivre Hara-Kiri hebdo

jeudi 21 avril 2016

Affiche_Delfeil_BlondeauxLongtemps, Moi, Odile, la femme à Choron (Mengès) et Bête et méchant de Cavanna (Livre de Poche), lus et relus, ont été mes livres de chevet. Ce sont ces récits qui m’ont donné envie de créer un journal, un journal satirique (et qui sait, de recommencer…). Aujourd’hui, je peux rajouter à ces deux titres Ma véritable histoire d’Hara-Kiri hebdo de Delfeil de Ton, publié par Les Cahiers dessinés.

Tous les noms qui ont fait la réussite de cette aventure éditoriale hors-normes, Cavanna, Choron, Reiser, Cabu, Wolinski, Gébé, Fred, Pellaert, Fournier, Topor, Siné, Willem, y sont. Et on se demande, une fois de plus, comment il a été possible de réunir tant de talents et les faire travailler ensemble sans la présence d’un directeur des ressources humaines ;-). Delfeil de Ton y parle aussi un peu de lui, normal, il y était, et franchement il l’écrit drôlement bien cette histoire. ff.

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Le 28 avril 2016, le Café Bête & Méchant à Paris organise une soirée exceptionnelle autour de trois livres édités par Les Cahiers dessinés, en présence de Delfeil de Ton, de Pascal Blondeaux pour Berck de Gébé, et de Alexandre Devaux pour Topor Voyageur du livre et Topor Dessinateur de Presse, qui nous parlera sans doute de l’exposition que la BnF consacrera en 2017 à ce dessinateur.

Café Bête et Méchant, 18, rue Montreuil 75011, Paris. A partir de 19 h.

Faut-il boycotter le festival BD d’Angoulême ?

mercredi 24 février 2016

Affiche-Salon-bande-dessinee-angoulemes-1974-Hugo-PrattEn quelques décennies l’univers de la BD est passé du stade artisanal à un monde industriel porté par la médiatisation et le succès de quelques titres emblématiques. La principale vitrine de cette évolution a longtemps été le festival de la bande dessinée d’Angoulême, point de rencontre annuel entre les lecteurs et les professionnels du milieu, auteurs, éditeurs.

Créée en 1973 par une équipe d’amateurs passionnés réunis en association à but non lucratif, la manifestation a été ensuite reprise en main par une société de droit privé 9ème Art+ dirigée par Franck Bondoux. Longtemps, pouvoirs publics, éditeurs, auteurs, et public, ont trouvé leur compte dans cette formule clés en mains et ne se posaient pas de questions.

Mais voilà, l’usure (43 éditions) et la volonté de 9ème Art+ de vouloir s’accaparer sournoisement toutes les commandes a commencé à être problématique. En 2015, le festival a été « sauvé » par un hommage circonstancié à Charlie Hebdo, mais en 2016, plusieurs faux-pas importants ont entaché l’organisation de l’événement – « oubli » des auteures dans la sélection du grand prix, fausse remise des prix.

Des dérapages qui ont même fait les titres de la presse internationale et aujourd’hui suscitent une bronca de nombreux éditeurs menaçant dans un communiqué de ne plus participer à ce rassemblement.

Affiche-Salon-bande-dessinee-angoulemes-2014-Willem Les jours de la société commerciale 9ème Art+ à la tête de l’organisation semblent comptés, cependant cette éviction nécessaire ne résoudra aucun des problèmes en suspens et il faudra avoir beaucoup d’imagination pour sauver le festival (sans oublier toutes les activités parallèles que le festival a fédéré à Angoulême, Musée, production de dessins animés, etc.).

Si l’art de la bande dessinée a gagné la reconnaissance du public et des médias, il n’en reste pas moins un univers fragile avec une surabondance de parution d’albums, et surtout la paupérisation des auteurs soulignée par les récents Etats généraux de la BD.

Retrouver une dimension humaine, basée sur la création et les auteurs plus que sur le tiroir-caisse, est le principal défi qu’auront à affronter les prochains organisateurs. ff

La première affiche du « salon » de la BD d’Angoulême (dessin d’Hugo Pratt) et l’affiche de 2014 signée Willem.

Quand Charlie réécrit l’histoire

samedi 16 janvier 2016

Nouveau site Internet pour Charlie Hebdo, réalisé avec semble-t-il les moyens qui manquaient aux éditions précédentes. Cependant dans l’histoire du journal on peut lire :

HistoireCharlie

Etant à l’origine de ce projet je peux certifier que Philippe Val n’en a jamais été le rédacteur en chef à ses débuts, et que, en aucune façon, il n’a été à l’initiative de ce titre.

C’est Cabu et son biographe Jean-Paul Tiberi qui ont soufflé mon nom à l’éditeur Jean-Cyrille Godefroy sachant que j’étais porteur d’un projet de journal satirique depuis plusieurs années et que nombre de dessinateurs, qui seront présents dès les premiers numéros, me soutenaient.

Non seulement j’ai préparé durant plusieurs mois la sortie du journal, mais j’en ai aussi assuré pleinement la rédaction en chef et le secrétariat de rédaction pendant les trois premiers mois. J’ai démissionné à ce moment là, ne voulant pas entrer en conflit avec Cabu qui souhaitait imposer Philippe Val comme rédacteur en chef “pour les textes”. L’hebdomadaire La Grosse Bertha vendait alors entre 18 000 et 20 000 exemplaires.

En raison de l’opposition d’une grande partie de la rédaction, Philippe Val n’a pu accéder au poste de rédacteur en chef que dans les derniers mois d’existence du titre. En désaccord avec l’éditeur il a alors démissionné brutalement pour refonder Charlie Hebdo, emportant avec lui une partie de l’équipe.

Je n’ai pas pour habitude d’utiliser ce blog pour évoquer mes activités professionnelles, ni même personnelles, mais après la parution du livre révisionniste C’était Charlie, dans lequel Philippe Val réécrit l’histoire à l’aune de sa prétention, je ne pouvais pas laisser raconter n’importe quoi à propos de La Grosse Bertha et de sa courte histoire sur le site d’un journal dont une partie de l’équipe semble, hélas, toujours inféodé à son ancien directeur mythomane.

J’espère vivement que le site de Charlie sera modifié en ce sens. f.f.

Pour compléter cette mise au point (définitive) je vous recommande la lecture de Mohicans de Denis Robert (Julliard) et la lettre ouverte collective envoyée à l’éditeur de Philippe Val rectifiant les allégations et mensonges contenus dans C’était Charlie (Grasset).

En illustration, 3 pages du n°1, avec des dessins de Willem (qui redessinera le logo du titre), Siné, Cabu, Willem.

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