Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

Archive pour 2018

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vendredi 14 décembre 2018

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jeudi 15 novembre 2018

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Luz, le dessin et Charlie Hebdo

lundi 5 novembre 2018

 

Maintes fois je l’ai écrit, la création, la vie d’un journal est une aventure extraordinaire. Sa conception, la constitution d’une équipe, la rencontre avec le lecteur. Une aventure collective, mais aussi personnelle. Celle de Luz est racontée dans Les indélébiles (excellent titre) paru aux fidèles éditions Futuropolis. 23 ans passés au sein de la rédaction de Charlie Hebdo, titre mythique ressuscité en 1992. Son arrivée à Paris, sa rencontre à 20 ans avec Cabu, ses potes, Charb, Tignous, Riss, Catherine Meurisse, Honoré, d’autres, et toujours l’omniprésent Gébé en filigrane.

Des souvenirs heureux, amusés, d’un temps où « on a fait un journal marrant », et au sein duquel il a appris son métier entouré de ses « références : Gébé, Cabu, Willem, Wolinski ». Un idéal brutalement interrompu par le massacre d’une partie de la rédaction le 7 anvier 2015.

« Luz raconte Charlie » titre l’hebdomadaire qui dans son numéro 1371 lui consacre un supplément promotionnel de 16 pages. A la vérité Luz raconte « son » Charlie, celui des moments qui ont imprimé sa mémoire. Pas tous. Luz à choisi de ne pas attiser l’évocation des conflits internes qui ont émaillé cette période, exit le départ de Lefred-Thouron, suite à l’affaire Font, rien sur la dévastatrice affaire Siné, encore moins sur le patron carriériste Philippe Val et les dommages qu’il a infligé au titre. Luz n’a semble-t-il pas voulu abimer ses souvenirs, il le reconnaît « Je ne parle pas des engueulades, parce que ça a été suffisamment abordé dans d’autres bouquins ». A noter que l’ancien directeur est totalement absent du bouleversant dernier chapitre.

Eloigné de la presse mais pas du dessin, sujet essentiel de cet album (l’épisode de l’iPad de Tignous est hilarant), Luz, Renald Luzier, a besoin de se reconstruire, moralement, psychologiquement, lui qui a échappé fortuitement à une mort terrible. Après Catharsis, ce livre est une avancée supplémentaire. Ce sera sans doute encore long, mais si chaque étape nous offre un livre aussi fort que Les indélébiles il est sur le bon chemin. f.f.

Une petite histoire de La Grosse Bertha

Beaucoup de ceux qui me fréquentent depuis longtemps savent que je n’ai pas l’habitude de me mettre en avant dans ce que j’entreprends avec les dessinateurs. Mais il y a une chose que je ne laisserai pas dire, et encore moins laisser croire, c’est que Philippe Val a eu une quelconque part dans la création en 1991 de l’hebdomadaire La Grosse Bertha. Ce projet de journal satirique je le portais depuis plusieurs années et il a pris forme avec l’appui de Cabu et de l’éditeur Jean-Cyrille Godefroy.

Nos moyens étaient dérisoires, des photocopies pour la photogravure, mon ordinateur personnel, un Mac Plus, pour les textes, mon fax pour recevoir les dessins, et pendant plusieurs semaines, outre ma fonction de rédacteur en chef, j’ai fait office de secrétaire de rédaction, et j’ai composé moi-même tous les titres des 12 pages à l’aide de lettres transfert. Avant l’envoi du n°1 chez l’imprimeur j’ai passé une longue nuit blanche seul à relire les textes, maquetter les dessins, faire les corrections. J’étais déjà depuis plus de 24 heures dans cette cave de la rue Quincampoix qui faisait office de bureaux. Seul, à m’assurer que le journal était tel qu’il devait paraître.

Je rêvais de faire un journal de dessinateurs et il était là. J’en ai choisi la mise en page, le papier, et l’équipe de dessinateurs. Il suffit de feuilleter les premiers numéros pour voir que tous ceux que j’avais contactés avaient répondu présent, Cabu bien sûr, mais aussi Gébé, Willem, Siné, Nicoulaud, Cardon, Wolinski, Kerleroux, Vuillemin, Loup, et même Bernar, Honoré, Lefred-Thouron, Tignous, Berth, Kafka, Plantu, Pessin, Faujour et Charb aussi. J’avais même demandé que les dessinateurs mensualisés soient mieux payés que les rédacteurs. C’est dire l’importance que je leur accordais.

Pendant les trois premiers mois où j’ai été à la tête du journal il m’est souvent arrivé de privilégier des dessins en grand format plutôt que des articles pas drôles. Parmi ceux-là il y avait bien évidemment ceux de Philippe Val (arrivé là dans la besace de Cabu) – la guerre c’est mal -, que je coupais de moitié ou qui se perdait opportunément dans les entrailles de l’unique ordinateur. Très vite La Grosse Bertha – dont le n°1 ne devait être qu’un one shot pour tester notre capacité à faire un journal – a rassemblé suffisamment de lecteurs pour continuer à paraître.

Un succès qui a du donner à Philippe Val l’idée de le diriger. Il a d’ailleurs très vite tenté de le faire, mutique ou absent des comités de rédaction, il contactait dans mon dos les membres de l’équipe, flattant les uns, encourageant les autres (qui me le racontaient). Jusqu’au jour où sans doute lassé de voir ses textes brillants, ne pas faire office d’éditorial, ou relégués au fond du journal, il a convaincu son indéfectible ami Cabu que l’hebdomadaire se devait d’avoir deux rédacteurs en chef. Dont un dédié aux textes, devinez qui était pressenti ? Une tentative de putsch assez désagréable, le journal continuait à bien se vendre, une situation intenable pour moi qui m’a valu (après, je l’avoue aujourd’hui, une remarque insolente de ma part) une colère mémorable – dixit Gébé – du gentil Cabu.

J’ai alors donné ma démission et je suis parti – épuisé par trois mois sous pression –mais laissant un journal en état de marche et dont tous les collaborateurs étaient payés. Il m’était impossible de continuer sans avoir la confiance de Cabu – mon idole depuis l’âge de 15 ans – sachant de surcroit qu’il soutenait hélas l’ambition démesurée de Val. Cet arrivisme sera contrecarré par le reste de l’équipe, Henri Montant (Arthur) en tête, qui pendant plusieurs mois l’empêchera d’accéder aux commandes. Lorsqu’il les obtiendra enfin, les ventes de La Grosse Bertha dégringoleront et Jean-Cyrille Godefroy cherchera à reprendre la main sur son journal. La suite on la connaît avec la reparution de Charlie Hebdo.

Voilà, c’est juste une mise au point, Philippe Val a toujours fait carrière en manipulant, en trompant, en volant, en trahissant, tous ceux qui ont servi sa carrière, autant il a réussi à faire revivre Charlie Hebdo et à piller ses caisses, autant une chose est incontestable, il n’est pour rien, vraiment rien, dans la création de La Grosse Bertha et je tenais à l’écrire.

Les dessins ci-dessous qui illustrent ce texte sont extraits de Indélébiles le dernier livre de Luz paru chez Futuropolis.

Les états en général du dessin de presse

vendredi 5 octobre 2018

Les Etats généraux du dessin de presse ou Cartooning Global Forum qui se sont déroulés dans l’enceinte de l’Unesco à Paris le 3 octobre ont réussi le tour de force de parler du dessin de presse pendant toute une journée sans en montrer un seul.

L’agence de communication Si/Studio Irresistible qui les organisait sous le parrainage de Chloé Verlhac-Tignous, avait pourtant réuni des dizaines de dessinateurs venant du monde entier, des Etats-Unis, à la Lituanie, en passant par le Tchad, le Maroc, la Syrie, la Malaisie, l’Iran, le Portugal, l’Afrique du Sud, la Russie, l’Algérie, le Mexique, etc.

Etaient également présents des représentants d’organismes officiels comme la BnF, le Clemi, ou la Maison du dessin de presse de Morges, des associations ; Le Crayon, Crayons Solidaires, Les Humoristes, France Cartoons, United Sketches, Cartoonists Rights Network International, National Cartoonists Society, Carton Club, Professionnal Cartoonists’ Organisation, Israeli cartoon association, Xindex, Culture Papier, des journaux ; Courrier International, Papiers Nickelés, Vigousse, Heb’di, Siné mensuel.

Beaucoup de monde, mais une liberté d’expression « chronométrée » à une minute (sic) pour chaque intervenant. En revanche pas mal de temps passé à présenter les invités, aux applaudissements qui les saluaient, et aux remerciements aux sponsors. Pas de débats approfondis, mais une succession de prises de paroles trop courtes, les longues pauses café étant censées selon les organisateurs favoriser les échanges et discussions libres. Dommage, car nombre de ceux qui avaient fait le déplacement auraient pu témoigner plus longuement des conditions d’exercice de leur métier dans leur pays. A noter la très faible présence de dessinateurs professionnels français.

Deux thèmes de travail étaient proposés « Le dessin de presse comme outil vecteur de paix et de justice, pour aider à l’efficacité des institutions et outils de promotion de l’égalité », et « Action et politique d’éducation dans les pays démocratique, action de sensibilisation, pédagogies et actions de terrain dans les situations de conflits sociaux ou politiques », mais rien sur la situation professionnelle ou économique des dessinateurs, sujets en principe évoqués dans des états généraux.

Au final, les organisateurs ont annoncé que cette rencontre serait reconduite pour deux ans encore, toujours au moment du festival de St Just le Martel partenaire de l’opération, avec l’appui de la Mairie de Paris qui recevait les participants en fin d’après-midi, et de l’Unesco. Parmi les bonnes idées émises, la demande de classement du dessin de presse au patrimoine immatériel de l’Unesco et la rédaction d’une charte du dessinateur de presse. Le contenu et les conclusions de cette journée devraient être mises en avant le 3 mai 2019 lors de la Journée Internationale de la liberté de la presse.

A suivre donc, l’année prochaine.

En illustration : dessin de Pétillon (1945-2018) publié dans Casemate n°99 – janvier 2017.

La mort de René Pétillon 1945-2018

dimanche 30 septembre 2018

Dessinateur de BD à succès (L’enquête Corse, entre autres albums), il a aussi été le scénariste du Baron noir, série dessinée par Yves Got et parue dans le quotidien Le Matin de Paris de 1976 à 1981. Pétillon était entré au Canard enchaîné en 1993 en même temps que Lefred-Thouron. Il avait quitté le journal à l’été 2017 officiellement pour cause de retraite mais surtout en raison d’un cancer qui l’a emporté. En novembre 2018 le festival BD Boom à Blois devait lui rendre hommage, ainsi qu’à son œuvre. Pétillon avait publié ses premiers dessins en 1968 dans L’enragé de Siné, en 2015 il avait apporté son soutien à Charlie Hebdo en dessinant pour l’hebdomadaire.

Son dernier livre de dessin de presse est “Un certain climat – 10 ans d’actu dans “Le Canard enchaîné” ” paru en 2017 aux éditions Dargaud.

Honoré revival

jeudi 27 septembre 2018

Parmi les innombrables regrets éternels que Honoré nous a laissé, il y a la solution à ce rébus dont personne jusqu’à présent a trouvé la solution. Celle ou celui qui trouvera la réponse ne gagnera rien si ce n’est d’avoir permis de se souvenir encore et toujours du talent de ce grand dessinateur.

En illustration, un extrait des quatre pages que Catherine Meurisse a consacré à Honoré dans le livre La Légèreté (Dargaud), et la couverture des 2 tomes de Rébus littéraires d’Honoré publiés par les éditions Arléa.