Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

Archive pour le mot-clef ‘Bernard Bouton’

L’invité sulfureux de la BnF

mardi 20 mars 2018

Qui est Bernard Bouton ou Bernie, dessinateur dont l’existence a été mise en lumière en 2016 avec sa participation au concours Iranien antisémite « Holocaust International Cartoons Contest », et invité de la Bibliothèque nationale de France le 22 mars pour la Journée d’études Dessin satirique et bande dessinée ?

Si il se présente comme dessinateur à L’Express en 1974, il n’est pas facile ensuite de suivre ses activités, en dehors de concours internationaux de dessins ou de quelques conférences, ici ou là. Sur Internet on apprend qu’il est membre de l’EIRIS (Equipe Interdisciplinaire de Recherche sur l’Image Satirique) dont il a d’ailleurs dessiné le logo. L’EIRIS est partenaire de la journée.

On le trouve aussi sur le site de la FECO (Fedération of Cartoonists Organisation) association internationale où l’on note que, après sa démission de la présidence suite à sa participation au concours Iranien, il en est toujours le vice-Président et le trésorier général. A l’époque il écrivait dans un mail adressé aux membres de la FECO : « No ! It is better that we avoid biased topics. I’d rather not publish these contests. Bernie » (Il vaut mieux éviter les sujets biaisés. Je préfère ne pas publier ces concours) avant qu’on ne découvre qu’il y participait.

FECO toujours, on voit aussi son nom associé à l’organisation de concours de dessins en Algérie, au Maroc, où il est présenté comme vice-président de FECO France… une association qui n’existe pas, l’ancienne FECO France s’étant muée en France Cartoon, toujours après l’esclandre provoqué par la participation de Bouton au concours Iranien. Son vice-président Pierre Ballouhey écrivait alors : « Ce Bouton est vraiment un problème : changer la loi sur le négationnisme, le révisionnisme, on rêve. Ce concours est une réplique au mouvement “Je suis Charlie”, comme le concours de 2006 était une réplique aux caricatures danoises. Les organisateurs sont anti-Charlie, c’est clair ça. Pour des dessinateurs français ça veut dire quelque chose. »

On notera juste que dans la FECO Maroc figure en tant que Vice-président Abdellah Derkaoui qui participa lui aussi à la 2ème édition de « Holocaust Cartoons Contest ».

En 2016 Bernard Bouton écrivait pour se justifier : « On a dit des dessinateurs participants au concours iranien qu’ils étaient naïfs et qu’ils seraient utilisés par Téhéran, mais mon dessin dont le sens est très clair, sera publié dans la galerie sur le website iranien et il ne pourra pas être détourné, ou interprété différemment. J’ajoute que j’ai déclaré que si je gagne le prix de 12 000$ j’en verserai la moitié à une organisation humanitaire pour venir en aide aux enfants palestiniens et l’autre moitié à une organisation humanitaire pour enfants israéliens, et je le ferai savoir en lui donnant le maximum de publicité ; il sera alors cocasse que l’argent de Téhéran serve aux enfants israéliens ; parlera-t-on alors de détournement ? Il est exclu pour moi de boycotter les concours iraniens. »

Aujourd’hui Bernard Bouton reçoit même le soutien de l’historien de la caricature Guillaume Doizy qui plaide pour sa présence à la Journée d’étude à la BnF estimant qu’il doit être invité au même titre que Vuillemin (qui signera son dernier livre). Pourquoi Vuillemin ? Le créateur du site Caricatures & Caricature pour appuyer sa démonstration, met sur le même plan les deux dessinateurs rappellant que Vuillemin a été condamné pour antisémitisme lors de la parution de Hitler = SS en 1990 (une BD dont il était le co-auteur). Un amalgame surprenant pour celui qui en 2015 donnait la parole au dessinateur iranien Kianoush Ramezani. Kianoush déclarait à propos de Bernard Bouton « Je vous dévoile tous ces faits pour vous montrer qu’il est un menteur ! Il joue un double jeu. Je vois qu’il n’a même pas hésité à remettre en question mon exil et mon statut de réfugié… »

Journée d’études Dessin satirique et bande dessinée organisée par la BnF en collaboration avec l’EIRIS et La Brèche. Jeudi 22 mars, petit auditorium de la BnF (Site Tolbiac), 10h-17h. L’intervention de Bernard Bouton est à 11h 15. En principe…

BnF, un journée d’étude sans doute animée

mercredi 14 mars 2018

La BnF offre une tribune au dessinateur Bernard Bouton dans le cadre de la Journée d’étude Dessin satirique et bande dessinée qui se déroulera le jeudi 22 mars 2018 (9h 30 – 17h – Petit auditorium). Seul « problème » ce dessinateur, a défrayé la chronique en 2015 pour avoir participé au concours International Holocaust Cartoon Contest manifestation antisémite et négationniste organisée par l’Iran en riposte aux caricatures de Mahomet publiées par Charlie Hebdo, comme l’a raconté ce blog : http://www.iconovox.com/blog/2015/06/08/le-president-de-la-feco-dessine-aussi-pour-liran/, http://www.iconovox.com/blog/2015/06/09/communique-de-la-feco-france/, http://www.iconovox.com/blog/2015/06/22/le-n-60-de-feco-news/

Suite à cette polémique, Bernard Bouton avait annoncé sa démission de la FECO, association internationale de dessinateurs qu’il présidait alors.

Le programme complet de la journée :

9h30 Accueil
10h : Introduction – Image satirique et bande dessinée à la BnF : des collections différentes et complémentaires
Martine Mauvieux, BnF, département Estampes et photographie et Carine Picaud, BnF, Réserve des Livres rares.
10h30 : Caricature et bande dessinée: historisation et fonctionnement de l’image
Jean-Claude Gardes, Eiris-HCTI, Université de Brest et Alain Deligne, Université de Münster.
11h15 : Un récit dans un dessin
Bernie (Bernard Bouton), dessinateur indépendant, L’Express, 1974
11h45 : Débat
14h : Lièvre et/ou tortue : regards croisés sur l’image satirique et la bande dessinée
Aline Dell’Orto, Doctorante et  Brigitte Friant-Kessler, Maître de conférences, Université de Valenciennes
14h 30 : Le satellite satirique
Agnès Lanchon, dessinatrice de presse pour Solidays, Bayard Press ; BD « Brèves de Nuages » et « Maudite Charade ».
15h : Un fil conducteur dans l’imagerie satirique
Michel Coste, collectionneur, expert en 9ème art.

15h30 : Quitter la bande dessinée …
Vuillemin, dessinateur de presse, L’Écho des Savanes, Charlie Hebdo ; BD « Les sales blagues de l’Écho » (1987-2013, 17 vol.)
De 16h30 à 17h30, Vuillemin dédicacera l’album qui lui est consacré Vuillemin, beau et méchant, texte de Virginia Ennor – Critères éditions, 2017, coll. Les Iconovores n° 8.

Dessin d’illustration de Vuillemin diffusé par la BnF.

Le dessinateur négationniste Zéon primé à Téhéran

jeudi 2 juin 2016

ZEON 2016Lu sur le Facebook du journaliste et écrivain Guy Konopnicki a propos des résultats du 4ème Concours international de caricatures sur l’Holocauste dévoilés à la mi-mai à Téhéran :

“Il y a des jours où l’on est fier d’être Français ! Car c’est un dessinateur français, Zéon, qui a remporté le concours de caricatures antisémites de la République Islamique d’Iran. Pour découvrir la finesse de l’humour et l’originalité du trait de Zéon, il faut se rendre sur les sites de ses amis, Alain Soral et Dieudonné. Zéon représente le juif maître du monde, reconnaissable à son nez crochu, ses lèvres charnues et ses oreilles. Comme c’est original ! Ce dessin ” ne risque pas d’être poursuivit pour plagiat : le détenteur des droits sur une caricature quasi identique a été pendu à Nuremberg en 1946. Car Zéon copie purement et simplement les images de juifs parues dans le Stürmer, journal du nazi Julius Streicher . Aucun talent, aucune originalité, seulement de la haine. Assez de haine pour baver sur Charlie dès le 7 janvier 2015… La récompense s’imposait : le concours de caricatures négationnistes a été fondé à Téhéran pour répondre aux images blasphématoires que publiait alors Charlie Hebdo. Les dessinateurs de Charlie assassinés, Zéon primé à Téhéran, tout est en ordre.”

Massoud Shojaei Tabatabaei, secrétaire du concours a déclaré sur le site resistart.ir que « Zéon n’est que le pseudo de l’artiste français », et expliqué que celui-ci ne peut utiliser son vrai nom car « celui qui menace le régime sioniste reçoit, en France, une peine de six mois à six ans de prison. » Zéon est un proche d’Alain Soral avec qui il a publié de nombreux albums de BD.

En illustration, le dessin primé.

Cet article est dédié à Bernard Bouton, dessinateur français, qui a longtemps participé et défendu ce concours et qui – malgré l’annonce de sa démission en 2015 -, semble toujours présider l’association de dessinateurs FECO International.

Le président de la FECO dessine aussi pour l’Iran

lundi 8 juin 2015

Bernard Bouton, président général de la FECO (FEderation of Cartoonists Organisation) International, est un des 16 participants français* au concours International Holocaust Cartoon Contest organisé début 2015 par l’Iran en riposte aux caricatures de Mahomet publiées par Charlie Hebdo. Un premier concours du même type, antisémite et négationniste, avait déjà été organisé en 2006. Celui-ci avait été condamné par le secrétaire général des Nations unies de l’époque, Kofi Annan (co-fondateur de Cartooning for Peace).

FECO

Quelques 312 dessinateurs du monde entier ont envoyé 839 dessins qui devraient être prochainement exposés à Théhéran. Les trois premiers prix sont dotés d’une somme de 12 000, 8 000, et 5 000 dollars.

75APour sa part, Bernard Bouton justifie sa participation dans un entretien accordé à Guillaume Doizy sur son site Caricatures & caricature. Extrait :

« J’ai participé plusieurs fois à des concours iraniens, sur des sujets différents. De même j’ai participé à des concours israéliens (j’y ai été primé) et j’ai été membre de jurys en Israël, personne ne m’a jamais reproché de soutenir le régime d’Israël. On a dit des dessinateurs participants au concours iranien qu’ils étaient naïfs et qu’ils seraient utilisés par Téhéran, mais mon dessin dont le sens est très clair, sera publié dans la galerie sur le website iranien et il ne pourra pas être détourné, ou interprété différemment. J’ajoute que j’ai déclaré que si je gagne le prix de 12 000$ j’en verserai la moitié à une organisation humanitaire pour venir en aide aux enfants palestiniens et l’autre moitié à une organisation humanitaire pour enfants israéliens, et je le ferai savoir en lui donnant le maximum de publicité ; il sera alors cocasse que l’argent de Téhéran serve aux enfants israéliens ; parlera-t-on alors de détournement ? Il est exclu pour moi de boycotter les concours iraniens. En Iran vivent de nombreux dessinateurs de qualité, et c’est un plaisir enrichissant que de les rencontrer. »

Bernard BoutonBernard Bouton dont on sait peu de chose (il signe aussi Bernie), aurait publié dans L’Express et Le Progrès de Lyon, et est présenté comme « un cartooniste et un collectionneur de dessins français ». Il a dessiné le logo de l’EIRIS (Equipe Interdisciplinaire de Recherche sur l’Image Satirique) dont il semble être membre.

A noter que Pierre Ballouhey, vice-président de la FECO France, a écrit dans les commentaires de l’article :

« Guillaume, il fallait lui demander ce qu’il pensait de l’emprisonnement, de 12 ans, d’Atena Farghadani qui a représenté des politiques iraniens avec des têtes d’animaux et de lui montrer ton beau livre sur les hommes politiques représentés de la même façon depuis des siècles en Occident. Ce Bouton est vraiment un problème : changer la loi sur le négationnisme, le révisionnisme, on rêve. Ce concours est une réplique au mouvement “Je suis Charlie”, comme le concours de 2006 était une réplique aux caricatures danoises. Les organisateurs sont anti-Charlie, c’est clair ça. Pour des dessinateurs français ça veut dire quelque chose. »

Bouton AshgarOn en saura peut-être plus dans le prochain numéro du magazine Fecocorico à propos de celui que P. Ballouhey qualifie de “furoncle” (jeu de mot).

Toujours sur Caricatures & caricature le dessinateur iranien en exil Kianoush Ramezani réagit également à cette affaire (questions en français, réponses en anglais).

Illustrations : Le dessin de Bernard Bouton et une caricature de lui publiée sur le site Cartoon movement. Photo : le dessinateur Iranien Rahim Bagal Ashgar et Daniel Bouton.

*Abderrazak Slim, Bernard Bouton, Charly Billaud Dedko, Depre Patrice, Emile Pradier, Jack Exily, Jean Celestin, Julien Schutz, Krapo Kibave, Nicolas, Pablo Utiel, Ramo, Sani , Thomas Losfeld, Vincent Bachelot, et Zeon (proche d’Alain Soral).

Le dessin de presse, moins on en publie plus on en parle

lundi 22 octobre 2012

Le vendredi 9 novembre 2012 se dérouleront les « Rencontres autour du dessin de presse », journée d’étude organisée par l’EIRIS (Equipe Interdisciplinaire de Recherche sur l’Image Satirique – logo en illustration, dessin de Bernard Bouton) à l’occasion de ses 20 ans. L’EIRIS est invitée par la BnF pour « permettre au monde de la recherche scientifique de rencontrer celui des dessinateurs de presse. Expérience inédite et originale porteuse de perspectives enrichissantes pour tous. »

Selon la BnF « L’objectif de la journée d’étude est de balayer quelques aspects du vaste champ iconographique engendré par l’idée de crise. La matinée permettra à cinq spécialistes de l’image satirique d’approcher le thème par des biais différents : analyses générales et synthétiques ou comment faire rire de la triste crise, gros plan sur des images symboles d’espoir et de rêve comme le « Père Noël » ou la « Colombe de la paix », approche d’œuvres de dessinateurs particuliers comme les Espagnols El Roto et Aleix Salo ou Georges Wolinski. L’après-midi donnera la parole à des dessinateurs venus d’horizons divers : Coco, Dominique Lemarié, Ramezani Kianoush, Nicolas Vadot, Nono, Pakman. »

Programme de la journée :

Précision : contrairement à ce qui a été publié sur ce blog, la dessinatrice Coco ne pourra pas participer aux “Rencontres autour du dessin de presse” organisées par l’EIRIS.

9h30 : Présentation de la journée par Sylvie Aubenas, Martine Mauvieux (BnF), Le temps des crises – Caricatures et crises actuelles : regards croisés,

9 h45 : Ursula E. Koch (Munich), Jean-Claude Gardes (Brest) Caricature, caricaturistes et recherche universitaire : Les vingt ans de l’EIRIS,

10h15 : Introduction à la thématique, Alain Deligne (Münster)  Crise(s), critique et Europe,

11h : Réflexions sur la caricature et les crises  Bernard Bouton (Lyon)  Comment les dessins d’actualité rendent-ils compte de la crise ?,

11h15 : Margarethe Potocki (Clermont-Ferrand) Le Père Noël est une ordure : à propos de quelques dessins d’Angel Boligan,

11h30 : Angelika Schober (Limoges) La colombe de la paix, un signe de crise,

11h45 : Discussion,

12h : Isabelle Mornat (Paris XII) : Regards croisés de Salo et El Roto sur la crise espagnole,

12h15 : Martine Mauvieux (BnF) La crise vue par Wolinski,

12h30 : Discussion,

14h30-16h30 : Témoignages de dessinateurs sur leurs œuvres (modérateur Alban Poirier) : Coco, Dominique Lemarié « Arrêt sur image dans le prétoire »  (modératrice : M. Mauvieux) – Ramezani Kianoush (modérateur : B. Bouton) « La corde et les ailes », Nicolas Vadot « Regard d’un dessinateur globe-trotteur sur la crise » (modératrice : E. Leverrier), Nono (modérateur : Jean-Claude Gardes) « Crises, presse, dessin et région ».

16h45 – 18h : Table ronde Animée par Martine Mauvieux et des membres de l’EIRIS, avec notamment Coco, D. Lemarié, R. Kinaoush, Nicolas Vadot, Nono, Pinatel, Pakman.

BNF-François-Mitterrand, Petit auditorium, Quai François-Mauriac – Paris 13e. Entrée libre.

Des images et des mots

mercredi 4 février 2009

Eiris LogoQui a dit que personne ne s’intéressait au dessin de presse et à la caricature ? En tout cas, c’est un domaine que l’EIRIS (Équipe Interdisciplinaire de Recherche sur l’Image Satirique) créée en 1992 étudie sérieusement (trop ?).

L’EIRIS s’est fixé plusieurs objectifs : analyser la genèse du rire, du sourire, des pleurs, des grincements des dents ; étudier le fonctionnement de la communication par le biais de l’image satirique en faisant appel à différents schémas d’analyse ; retracer l’histoire de la satire imagée ; évaluer l’influence de la satire imagée sur les cultures et les représentations collectives selon les époques.

Le site de l’EREIS rend compte de toutes ses activités et recense plusieurs sites de dessinateurs ou consacrés à des dessinateurs : Jossot, Daumier, Töpffer, Plantu,  Glen Baxter, Gus Bofa, Saül Steinberg, Bosc, Maja, etc.

Revue Ridiculosa n°15

Parmi les liens utiles on trouve aussi les adresses des sites des musées et la liste des festivals  consacrés dans le monde au dessin d’humour et à la caricature. 

L’EIRIS publie également une revue, Ridiculosa, dont le dernier numéro paru est consacré aux caricatures et à la religion. Ce numéro spécial de 572 pages réunit les actes du colloque de Brest des 22, 23 et 24 mai 2008. 27 €. 

 

Illustration : le logo de l’EIRIS dessiné par Bernard Bouton
et la couverture du n°15 de la revue Ridiculosa.