Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

Archive pour le mot-clef ‘Caricatures & Caricature’

Marine Le Pen et l’étron satirique

lundi 26 mai 2014

Laurent Ruquier qui en 2011 dans son émission de France 2 « On n’est pas couché » avait montré un dessin représentant Marine Le Pen au centre d’un arbre généalogique en forme de croix gammée a été condamné par la 17e chambre du tribunal correctionnel à 1.000 euros d’amende. Le PDG de France Télévisions Rémy Pflimlin, directeur de la publication, a lui été condamné à la même peine pour injure publique. Tous deux ont été condamnés solidairement à verser 2.000 euros de dommages et intérêts à la présidente du Front national, et la même somme au titre des frais de justice. Laurent Ruquier a déclaré sur Europe 1 qu’il allait faire appel.
Marine Le Pen a par contre été déboutée dans une autre plainte contre  Laurent Ruquier qui avait montré en 2012, parmi d’autres affiches « électorales » parues dans un cahier spécial de Charlie Hebdo, un dessin de Charb représentant un étron fumant avec le slogan « Le Pen, la candidate qui vous ressemble» (en illustration). Le tribunal a estimé que l’animateur s’est contenté de montrer l’ensemble des affiches en précisant qu’elles provenaient de l’hebdomadaire, « sans les reprendre à son compte et en marquant au contraire une certaine distance » avec cet avertissement « c’est satirique, c’est Charlie Hebdo ». L’hebdomadaire n’a jamais été poursuivi pour cette publication.

A propos de cette polémique, le site Caricatures & caricature a publié une série de dessins d’étrons dessinés parus dans les journaux depuis plusieurs siècles.

Quand Poulbot défendait le droit d’auteur

mardi 8 avril 2014

Un article intéressant sur le site Caricatures & caricature qui raconte comment le dessinateur Poulbot a, en 1923, attaqué en justice le journal L’Humanité pour avoir réutilisé un de ses dessins sans son autorisation et en changeant la légende.

Si le dessinateur précise qu’il « n’engage pas cette affaire sur un point de vue politique. Il ne s’agit pas ici de la couleur de L’Humanité », il  explique  dans Le Gaulois « Si chaque journal, à qui, dans ma vie, j’ai cédé le droit d’imprimer un jour un dessin, pouvait user du droit de le reproduire indéfiniment, ma production ancienne suffirait et je n’aurais plus qu’à poser mes crayons et mourir de faim. »

L’occasion de rappeler sur ce blog que les journaux qui publient un dessin ne rémunèrent (bien ou mal) le droit de reproduction que pour une seule parution. Toute republication ou reprise, y compris sur le site Internet du journal, doit faire l’objet d’une nouvelle rémunération (sauf en cas de contrat spécifique avec la publication).

Les originaux restent la propriété de l’auteur qui peut en disposer sur d’autres supports (sauf en cas de contrat d’exclusivité).

En illustration une photo de Francisque Poulbot (1879- 1946) en 1913.

Biennale, Trophée, citron, et dessin de presse

jeudi 6 mars 2014

La BNF ayant visiblement perdu les coordonnées de ce blog il faudra que ses lecteurs aillent sur le site rénové de Caricatures & caricature ou sur celui de la revue Humoresques (« Recherches sur l’humour, le comique et le rire » (sic)), pour connaître le programme de la demi-journée pompeusement intitulée 3ème Biennale du dessin de presse qui se déroulera le samedi 29 mars 2014 de 13h 30 à 18H au Foyer du Petit auditorium, BNF- Site François Mitterrand – Hall EST. Entrée libre.

L’affiche est signée Nicolas Pinet lauréat de la Bourse du Jeune talent 2012, initiative liée depuis la première édition à la Biennale et qui n’a semble-t-il pas été renouvelée cette année. La dotation de 2000 euros sera sûrement reversée au Trophée Presse-citron qui s’associe en 2014 à la BNF peut-être pour prendre (un peu) ses distances avec l’école Estienne où il a été créé en 1993.

Deux trophées seront décernés, l’un attribué à un professionnel par un jury d’étudiants, l’autre à un étudiant d’école d’art graphique attribué par un jury de dessinateurs professionnels. Date limite des envois de dessins le 17 mars.

Le Monde licencie le dessinateur Nicolas Vial

mardi 4 février 2014

Caricatures & caricature signale un article paru dans le n°10 du magazine Causeur (février 2014) sur le dessinateur Nicolas Vial licencié du journal Le Monde après 32 ans de collaboration. L’affaire est passée aux Prud’hommes le 30 janvier et il faut espérer que Nicolas Vial aura autant de chance que Jean-Pierre Desclozeaux, licencié lui aussi de façon aussi désinvolte après 25 ans de collaboration dans le même journal, et qui a gagné en 2013 son procès en dommages et intérêts contre le quotidien.

Extrait du texte de Nastia Houdiakova et Elisabeth Lévy :

[…] « Depuis cinq ans, Vial illustrait chaque semaine la double page de la rubrique « Débats Opinions », aujourd’hui dirigée par Nicolas Truong. Celui-ci n’ayant pas jugé utile de répondre, fût-ce par un refus, à plusieurs sollicitations, on ne pourra donner sa version de la rupture. D’après le dessinateur, leurs relations se sont tendues après la publication, en avril et mai 2013, de deux dessins plutôt vachards sur François Hollande. « Truong ne voulait pas de vagues »,dit-il. Difficile de savoir si cette interprétation est juste. En tout cas, l’affaire était suffisamment sensible pour que David Kessler, conseiller du Président de la République, accepte de le recevoir et de s’intéresser à son cas.
Vial affirme avoir été ensuite congédié de la rubrique par un simple coup de fil de la direction artistique. Après une collaboration chaotique avec d’autres rubriques, il a cessé de recevoir des commandes (et d’être payé) en octobre. Sans avoir reçu la moindre lettre ni obtenu le rendez-vous qu’il demandait à la direction. Laquelle s’est contentée de nous faire savoir, dans un mail lapidaire, que Vial n’avait pas été licencié. Peut-être, mais c’était bien imité. On comprend que Natalie Nougayrède, qui venait d’être nommée à la tête du quotidien, ait eu d’autres chats à fouetter, d’autant qu’elle ne portait aucune responsabilité dans le conflit. Mais qu’un collaborateur d’aussi longue date soit remercié sans que qui que ce soit, en particulier son supérieur hiérarchique direct, prenne la peine de l’en informer ou de le recevoir témoigne d’une gestion humaine pour le moins cavalière. » […]

En illustration un dessin de Nicolas Vial publié par Causeur.

BNF : Astérix et la guerre des sexes

mercredi 16 octobre 2013

D’un côté, la BNF inaugure aujourd’hui une grande exposition consacrée à Astérix, phénomène mondial de la bande dessinée, de l’autre, elle organise le 18 novembre 2013 une journée autour du dessin de presse intitulée « La guerre des sexes et le dessin de presse ».

Certes on peut se réjouir qu’un tel établissement n’oublie pas le dessin de presse, mais on peut aussi s’interroger sur le choix du thème de cette journée, les organisateurs pensent-ils que les mots guerre et sexe accouplés attireront le chaland, en tout cas ils présentent ainsi le sujet :

« Le mariage. Le mariage des contraires. Le mariage des semblables. Le mariage pour tous… C’est parce que l’union des êtres humains scelle leur ancrage dans la société et confirme leur promesse de bonheur qu’elle génère passions et émotions vives. Fusion des esprits et des corps, confusion et tension quand vient l’heure des compromis, lutte pour l’existence de chacun et chacune. De cette problématique existentielle et universelle, la mythologie populaire française a fait surgir des figures emblématiques, Bigorne, Chicheface, Lustucru, qui, jouant comme catharsis, ont permis de dépasser, en riant, les conflits et contradictions pulsionnels. Le XIXe siècle a progressivement abandonné ces scènes allégoriques pour une représentation plus réaliste et feutrée des émois de la discrète bourgeoisie. Le XXe siècle, durement griffé par les guerres, les révolutions et évolutions des mentalités, a fait naître, autour de ce sujet, une iconographie délibérément libre et provocatrice, sans tabous. Ainsi, la journée d’étude se propose de montrer comment l’image satirique a traduit ce thème, hautement sensible, au fil du temps. Et comment les dessinateurs d’aujourd’hui s’emparent graphiquement de ce sujet, devenu d’une cuisante actualité, quand choisir son genre apparaît la solution pour oublier la guerre. »

D’après le programme publié par le site Caricatures & caricature la matinée sera consacrée aux interventions des spécialistes de l’EIRIS (Equipe Interdisciplinaire de Recherche sur l’Image Satirique), et l’après-midi aux témoignages de dessinateurs sur le sujet.

Les auteurs présents sont Thibault Soulcié (Télérama, Mauvais Esprit, Fakir, CQFD), Coco (Inrocks, Charlie Hebdo, l’Humanité), Wolinski (Charlie Hebdo, Paris Match, Journal du Dimanche), Catherine Beaunez (Le Monde, l’Humanité, Le Point, Le Nouvel Observateur), Aurel (Le Monde, Politis, CQFD, Yahoo ! actualités).

Un débat est prévu autour de la question essentielle « Comment les dessinateurs envisagent-ils l’évolution de ce thème ? Par rapport au passé, par rapport au futur ? »

La guerre des sexes et le dessin de presse. BNF, petit auditorium – hall Est – Quai François-Mauriac, 75013 Paris. De 9h 30 à 18h. Entrée libre.

Mahomet le retour

mercredi 19 juin 2013

Le dessinateur Charb est-il en train de gagner sa place au paradis d’Allah ? Après avoir défrayé la chronique en consacrant plusieurs couvertures et suppléments iconoclastes de Charlie Hebdo à l’Islam et à ses intégristes religieux, il publie le 26 juin le deuxième tome de La vie de Mahomet, hors-série de l’hebdomadaire co-écrit avec la journaliste Zineb El Rhazoui.

Extrait d’un entretien accordé en février au site Caricatures & caricature.com :

Charlie Hebdo a publié début janvier un hors-série signé Charb et Zineb, intitulé « La Vie de Mahomet » : les ventes sont au rendez-vous ?
Je ne sais pas ce qu’on entend par “au rendez-vous”. On va probablement en avoir vendu un peu plus de 50 000. ça représente la deuxième meilleure vente de hors-série depuis le début de Charlie (les meilleures, c’était “les Mégret gèrent la ville” de Luz.).

Cette vie de Mahomet est bien plus sérieuse qu’on aurait pu s’y attendre, venant du directeur de Charlie Hebdo. Pourquoi cette retenue ?
On aurait pu faire une vie de Mahomet parodique, mais pour apprécier la parodie, il faut connaître un minimum la “réalité”. La Vie de Brian n’est drôle que parce que tout le monde voit le rapport avec la vie de Jésus. La vie de Mahomet, en France, pas grand monde la connaît.