Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

Archive pour le mot-clef ‘Riss’

Rien n’échappait à Cabu

jeudi 15 septembre 2016

9782357661264Sans conteste, Cabu est un des plus grands dessinateurs de presse français du 20ème siècle. Caricature, reportage, dessin d’humour, bande dessinée, la palette de ses talents est très large. On peut encore le constater avec la parution de « Cabu s’est échappé ! » (Les Echappés), un album qui rassemble plus de 1000 esquisses de dessins réalisées de 1969 à 2015 pour la rubrique de Charlie Hebdo, « Les couvertures auxquelles vous avez échappé ».

Extrait du texte de présentation de Riss :

 […] « Pendant des années, tous les lundis, Cabu a été présent à la table de la salle de rédaction. Sa place était toujours la même, facile à identifier puisqu’à l’endroit où il s’asseyait, les traits noirs de ses feutres avaient traversé les feuilles et s’étaient incrustés dans le bois de la table. L’odeur de ses feutres était si forte qu’on la sentait jusqu’à l’autre bout du bureau. Cabu avait toujours un petit carton à dessins qu’il sortait de sa musette, posait sur ses genoux, entrouvrait et duquel il sortait des feuilles pliées en deux où il avait noté des informations glanées dans les médias durant la semaine écoulée, ainsi que les idées qu’elles lui avaient suggérées. Quand on était un peu à sec, on se tournait vers Cabu pour lui demander s’il n’avait pas dans sa musette magique des trucs qu’il avait repérés, qui nous avaient échappé, et qui auraient pu nous inspirer une « bonne » couverture. Car Cabu était à la fois un formidable dessinateur et un vrai journaliste. »  […]

Une exposition consacrée à cet album sera présentée dans le cadre du 35ème Festival international de la caricature et du dessin de presse et d’humour de St Just-le-Martel, du 1er au 9 octobre 2016.

Des nouvelles du “collectif” Charlie Hebdo dans Libé

mercredi 22 juin 2016

Tiens, deux pages sur Charlie Hebdo aujourd’hui dans Libération ? Quoi de nouveau ? Pas grand chose « le journal peut penser plus sereinement à l’avenir ». Sans faire de mauvais esprit, on notera juste que ce type d’article paraît à chaque fois que le journal est mis en cause (en ce moment par la femme de Michel Renaud mort dans les locaux de Charlie le 7 janvier 2015) et il faut bien que Anne Hommel, communiquante de crise (Cahuzac, DSK, Bongo) justifie son omniprésence au sein de la rédaction.

Donc, d’après Libé « l’entreprise Charlie n’appartient plus seulement à elle-même. Symbole ballotté d’injonction en injonction, au gré de ce que chaque Français voudrait qu’il devienne, le journal continue pourtant de se reconstruire dans un climat toujours lourd, mais qui semble plus serein. ». Le journal dévoile que Charlie compte encore 60 000 abonnés et qu’il se vend, d’après le directeur financier Eric Portheault, 60 000 exemplaires en kiosques chaque semaine.

ClhvGAhVAAAIEDmCôté rédaction, on lit que certains « reprochent à Riss son emprise sur l’hebdo » (il est actionnaire à 67%) et son « hommage très nuancé » à Siné, mais la vie continue, «Il y a moins de dessins tristes, constate Portheault. La preuve, on est à nouveau cités chez Ruquier le samedi soir…» Riss abonde : «Toute l’année 2015, on était sous la chape de plomb. On a dû gérer des traumatismes graves, trouver des locaux, gérer la sécurité, les dons… Tout nous renvoyait à l’attentat. En plus, on regardait arriver l’anniversaire de l’attaque avec appréhension… On a rongé notre frein pendant un an et on a vidé notre sac dans le numéro anniversaire début janvier. En franchissant ce cap, on s’est un peu libérés, le ciel s’est dégagé. Notre horizon, maintenant, c’est le journal. On a l’esprit concentré là-dessus.»

Libération constate aussi « la montée en puissance des trois dessinateurs – Juin, Foolz, Vuillemin » qui ont « pris plus de place après la tuerie, aux côtés des deux historiques, Coco et Riss. « On a retrouvé une équipe de dessinateurs à peu près potable, avec des gens qui savent tout faire, du reportage, de la satire, de l’actu, estime le directeur de la rédaction. Désormais, on n’est plus deux autour de la table le lundi [jour de bouclage du journal, ndlr], mais cinq. On a recréé du collectif. Quand on est plusieurs autour de la table, on a plus d’idées, on fait un meilleur journal. On notera seulement que Willem, présent depuis 1969 dans L’hebdo Hara-Kiri devenu Charlie Hebdo, n’est pas cité par Libé comme faisant partie des « historiques ».

Le quotidien nous apprend également que « Riss, qui travaille à une BD sur Marine Le Pen avec Richard Malka – avocat proche du journal » (sic) et « qu’il ne l’avoue pas facilement » mais « il aimerait faire revenir Luz et Catherine Meurisse, qui ont pris leurs distances avec Charlie – la seconde a seulement conservé une chronique. »

Sinon, à propos de l’ouverture du capital aux membres de la rédaction, Eric Portheault (qui en détient 23%) déclare « Dans notre réflexion, ça avance tout doucement. Il est impossible de fonctionner à deux, ce n’est pas viable. Il y a une masse d’argent considérable et la renommée à gérer. Mais ne rentreront dans le capital que des gens en qui il y a une confiance totale et réciproque. On ne veut pas transposer le bordel d’une rédaction dans l’actionnariat.» Expliquer la “confiance totale et réciproque” ce sera sans doute une nouvelle occasion pour Libération de consacrer un énième article à Charlie Hebdo.

En illustration, la Une du Charlie Hebdo n°1248, dessinée par Vuillemin.

Merci à M. C.

Siné (1928-2016) in memoriam

jeudi 12 mai 2016

Le Monde a annoncé la mort de Siné dans sa rubrique Culture.

En revanche aucun communiqué du ministère de la Culture et de la Communication qui doit mal connaître l’œuvre de Siné. Il leur faudra attendre la parution en septembre de “Siné graphiste” (La Martinière) pour en mesurer l’ampleur. D’après nos infos la ministre avait piscine le jour de la mort de Siné.

Hommages dessinés (entre autres) de Willem dans Libération, Camille Besse (Causette – sur Facebook), Vuillemin (Charlie Hebdo – mais vu sur Facebook) :

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Man (Midi Libre), dessin proposé et dessin publié :

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Autre « hommage » sur Facebook, celui de Ranson (Le Parisien) qui apparemment ne portait pas Siné dans son cœur.

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Dessin de Plantu (Le Monde, l’Express) :

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« Patron comme rédacteur en chef, il était formidable, il a jusqu’au bout gardé son verbe, ses idées, sa force d’inventivité. Il avait un jugement d’une grande sûreté. Il ne faut pas oublier que c’était un grand dessinateur, mais aussi un grand graphiste. » Geluck, collaborateur de Siné mensuel dans Libération.

« Siné, c’était mon maître, il m’a beaucoup appris. Il a toujours été plus direct qu’un caricaturiste politique normal. Il était dans le rentre-dedans, jamais dans la complaisance. Il dessinait des cons comme des cons, et ça m’attirait beaucoup. Je ne sais pas comment dire, mais on ne pouvait pas se tromper avec ses dessins. » Willem, dessinateur à Charlie Hebdo et à Siné mensuel dans Libération.

Coïncidence, Fluide glacial publie dans son dernier numéro la page de la série Revue de presse, consacrée à Jean-Jacques Pauvert éditeur historique de Siné. Dessin de Romain Dutreix.

Pauvert 6

Belle nécro d’Eric Favereau dans Libération : […] « Siné est ainsi, toujours les mots sont les plus forts. « Mourir ? Jamais ! Plutôt crever », disait-il. Ce n’était pas l’outrance qui le maintenait, c’était la vie, la belle et grosse vie, celle qui déborde de tous côtés. »

[…] « On a, ici, sur ce site, une petite histoire avec Siné. D’abord, l’affaire fut, tout l’été 2008, notre première « affaire », une de celles qu’on doit suivre heure par heure, minute par minute, avec pétitions, attaques, soutiens. A la rentrée, Siné était sur le plateau, émission qui me valut par la suite de m’entendre hurler au téléphone par Val  : « désormais, vous avez en moi un ennemi personnel » […] Daniel Schneidermann sur ArretsurImages.net et L’Obs avec Rue89.

[…] « Tous les dessinateurs de presse d’aujourd’hui te doivent quelque chose. Tu as été un des pionniers qui leur ont montré le chemin de la liberté. Tu étais un maître. Exigeant envers toi-même. Tes affiches, tes illustrations, ton autobiographie dont tu étais en train de peaufiner le dernier tome («Ma vie, mon œuvre, mon cul»), tu n’as rien fait qui ne fût du genre parfait. » […] Delfeil de Ton sur Bibliobs

Tout comme pour le cercueil de Tignous en janvier 2015, le cercueil de Siné a été « décoré » par les dessinateurs, notamment ceux de Siné mensuel.

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De nombreux dessinateurs étaient présents au cimetière Montmartre : Tardi, Jiho, Berth, Lacombe, Eric Martin, Desclozeaux, Puig Rosado, Willem, Jul, Krokus, Camille Besse, Marine, Nadia Khiari, Faujour, Gros, Mric, Lasserpe, Plantu, Lindingre, Rémi Malingrëy, Bridenne, Geluck, Pakman, Avoine, Jy, Gondot, Poussin, Carali, Solé, Aranega, Hugot, Kianoush Ramezani (entre autres sans doute).

Charlie Hebdo a envoyé une couronne au cimetière Montmarte, publié un petit encadré sur Siné signé de son directeur Riss, et des dessins de Foolz, Willem, Vuillemin. Coco sur Twitter à écrit : « Que cette pute de mort aille se faire foutre et que @sinemensuel continue ! BANZAï ».

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Guy Bedos a regretté publiquement l’absence de Philippe Val à l’enterrement. C’était de l’humour.

Le Huffington Post, Le Parisien, on publié sur leur site Internet des images de la journée du 11 mai et des obsèques de Siné.

Un numéro spécial de Siné mensuel retraçant sur 40 pages les grands moments de la vie de Siné paraîtra le 18 mai 2016. C’est lui-même qui en avait préparé la couverture quelques jours avant sa mort le 5 mai 2016.

Vendredi 13 mai 2016, le film “Mourir Plutôt crever !” de Stéphane Mercurio, sera projeté à 21h 30, Place de la République dans le cadre de Nuit debout.

Dessine-moi les attentats (en Belgique)

mardi 29 mars 2016

Un dessin de Théophile Peuplier diffusé sur Facebook et la Une de 12885859_751321555002086_4913290782531335532_o Charlie Hebdo n°1236 signée Riss (cliquer sur l’image pour l’agrandir).

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“Souris et tais-toi !” de Plantu

mardi 22 décembre 2015

9782021288155De la création de Cartooning for Peace à l’attentat de Charlie Hebdo en passant par sa rencontre historique avec Arafat ou l’explication de la présence d ‘une souris dans ses dessins, le lexique qui ouvre le dernier album de dessins de Plantu semble préfigurer un bilan de sa carrière de dessinateur.

Truffé d’anecdotes autour de son travail au quotidien Le Monde et à L’Express, Plantu évoque de nombreux cas de censure de ses dessins et pour illustrer les débats sur la liberté d’expression qu’il va mener, notamment dans les écoles avec l’appui de Riss de Charlie Hebdo, le lexique se termine par une pleine-page au sens énigmatique : « Que les choses soient bien claires : aucun dessinateur n’a le droit de dire à un autre dessinateur ce qu’il doit ou ne doit pas dessiner. A partir de là, tous les débats sont possibles. » (Sic).

Plantu « Souris et tais-toi ! » Petit lexique de l’autocensure. Seuil.

Cabu pour toujours

vendredi 20 novembre 2015

9782749148052Extrait de la préface de Riss :

[…] Cabu était la référence de tous les caricaturistes. Quand un nouvel homme politique émergeait dans l’actualité, les autres dessinateurs de presses étaient curieux de voir comment Cabu allait le traiter. Ils attendaient de découvrir ce que le regard de Cabu avait remarqué et qui leur avait échappé. Ils attendaient l’œil de Cabu. Les centaines et centaines de caricatures qu’il a réalisées durant toutes ces décennies lui avaient donné une expérience sans comparaison dans l’art de croquer en quelques traits les visages les plus divers et les plus complexes.

Pour Cabu, le dessin de presse était un dessin vengeur, un dessin qui permettait de régler leur compte à ceux qui l’énervaient et le révoltaient. Un bon dessin ne vaut pas mieux qu’un long discours, mais vaut toujours mieux qu’une bonne baffe dans la figure. Cabu le non-violent ne s’autorisait d’exprimer ses colères et ses révoltes qu’avec son crayon. Voilà pourquoi son trait était si précis et ses caricatures si fines : une bonne caricature est celle qui révèle la personnalité véritable du sujet, ses tares, ses petitesses, ses bassesses. Quand il parvenait à transmettre cela, Cabu avait le sentiment d’avoir vengé le lecteur. […]

Cabu, “Toujours aussi cons !”, 300 dessins toujours d’actualité, Cherche-midi.