Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

Archive pour le mot-clef ‘Siné’

Claude Askolovitch et l’antisémitisme

mardi 3 mars 2009

Sine Hebdo n°1Le dessinateur Siné, a été débouté aujourd’hui par la 17e chambre du  tribunal correctionnel de Paris de l’action en diffamation qu’il avait intentée contre le journaliste Claude Askolovitch. Les juges ont indiqué que les propos du journaliste n’étaient pas diffamatoires, mais “participaient au débat d’idées, consubstantiel à toute société démocratique”.

C’est l’épilogue peut-être provisoire d’une affaire qui a débuté en juillet 2008 après la publication d’une chronique de Siné dans Charlie 2€ Hebdo et dénoncée comme étant antisémite  par Claude Askolovitch sur RTL*.

Philippe Val directeur et propriétaire de Charlie 2€ hebdo avait alors licencié Siné provoquant tout l’été une énorme polémique dans la presse et sur Internet entre partisans de Ph. Val et ceux de Siné. Le 10 septembre de la même année, Siné lançait son propre journal Siné Hebdo dont les ventes font aujourd’hui jeu égal – dit-on –  avec celles de Charlie.

* Dans cette affaire Siné a été relaxé le 24 février par le Tribunal de grande instance de Lyon de l’accusation de soupçon d’antisémitisme.

Bizarre, vous avez lu Bizarre

vendredi 27 février 2009

Anthologie BizarreL’excellent site Actuabd.com publie un article annonçant  la parution de l’anthologie de Jean-Marie Lhôte  consacrée à la revue Bizarre

Extraits de la présentation de l’auteur sur le site de l’éditeur, Berg international :

« La revue Bizarre, « revue littéraire et artistique » fortement influencée par le surréalisme, donne, de 1953 à 1968, 48 livraisons. Fondée par Michel Laclos, éditée par Éric Losfeld puis, à partir de 1955, par Jean-Jacques Pauvert elle annonce, par son titre même, ses ambitions et son contenu. Laclos et ses auteurs se passionnent pour les sujets les plus étranges et affichent des goûts éclectiques. Grands amateurs de littérature, ils consacrent le premier numéro à Gaston Leroux et au roman policier, un autre – dirigé par Raymond Queneau – aux fous littéraires, un autre encore à Raymond Roussel. Ils sont parmi les premiers à parler de science fiction et abordent également la question des « monstres » qui nous entourent. Raymond Queneau, mais aussi Jean-Christophe Averty, Michel Leiris, Jean-Marie Lhôte ou François Caradec contribuent à la revue. Bizarre accueille également de nombreux dessinateurs refusés par les grands organes de presse. Annonciatrice des bouleversements de Mai 68, la revue Bizarre a occupé une place considérable dans le paysage culturel français.

[…] Bizarre était vraiment la revue de l’époque. Les numéros spéciaux, particulièrement, attiraient l’attention. Nous avions fait ‘‘Les Fous littéraires’’, ‘‘La Joconde’’, ‘‘Les Dessins inavouables’’, ‘‘Les Mystères de Rembrandt’’, ‘‘Les Monstres’’.

Les dessinateurs que nous révélions depuis Siné renouvelaient le genre. […]. Début 1960 déjà, nous avions publié coup sur coup deux numéros : ‘‘Dessins inavouables’’ et ‘‘Supplément aux dessins inavouables’’. Fort bien présentés par Michel Laclos, ils rassemblaient les dessins refusés par la presse française, encore bien conventionnelle. Folon, Chaval, Gébé, Topor, Cardon, Le Foll, Siné bien sûr, Maurice Henry, Trez, Mose, André François (je ne peux pas les citer tous), y installaient le dessin d’humour moderne. C’était le début d’une époque…

La nouvelle génération de dessinateurs se met à graviter autour de Bizarre et porte au cœur, sous diverses formes, l’explosion du printemps 1968. Siné est le chef de file, il apparaît dès 1955, avec des dessins anticléricaux qui sont dans les sommets du genre, cruels et drôles. » (Jean-Jacques Pauvert, Mémoires). 672 pages, 45 € (quand même).

Siné n’a jamais été antisémite

mercredi 25 février 2009

Sine hebdo - mal élevé

L’ambiance du prochain comité de rédaction de Charlie 2€ Hebdo risque d’être pesante après la relaxe du dessinateur Siné prononcée le 24 février par le Tribunal de grande instance de Lyon qui le disculpe de l’accusation de soupçon d’antisémitisme soufflée par Claude Askolovitch, portée par Philippe Val, et relayée devant les tribunaux par la LICRA*.

Philippe Val avait ainsi justifié le licenciement de Siné du journal dont il est le directeur et le propriétaire avec Cabu. Un licenciement, qui se révèle aujourd’hui sans motif réel et sérieux, et qui avait jeté le trouble au sein de la rédaction, divisée sur cette décision, mais aussi au sein des lecteurs.

Bilan de l’affaire, Charlie 2€ Hebdo a perdu plusieurs milliers de lecteurs, Siné a créé avec succès un journal concurrent, Cavanna soutient publiquement Siné, et, dernier rebondissement, deux collaborateurs de Charlie, pour l’instant, viennent de rejoindre  la rédaction de Siné HebdoSiné et ses avocats s’interrogeraient actuellement sur les suites à donner à cette relaxe.

* Siné était«  Prévenu de provocation à la discrimination nationale, raciale, religieuse par parole, écrit, image ou moyen de communication au public par voie électronique  » pour des extraits de ses chroniques concernant la tenue vestimentaire d’intégristes musulmans et les conditions du mariage de Jean Sarkozy.

Extrait du témoignage de Guy Bedos en faveur de Siné lors du procès  :

«  Il faut savoir lire, écouter les humoristes. Siné est un humoriste ! L’humour est une langue étrangère et parfois il faut des sous-titres. Siné est un provocateur, un malade de la provocation.
Je suis étonné, ayant lu les phrases incriminées. Ce sont les phrases d’un athée, je ne savais pas que c’était un délit, Siné s’amuse, il ne les attaque pas sérieusement. Il interprète un personnage. J’ai l’impression qu’on pourchasse l’antisémitisme comme le faisait Mac Carthy avec les pseudo communistes.

Cela devient fou, cela banalise l’antisémitisme. Qu’on cherche les vrais, qu’on arrête les procès d’intention. Je n’ai vu qu’une certaine forme d’athéisme superficiel dans ses propos. Siné, c’est tout sauf un raciste.  »

Siné procès Hebdo nº 5

mardi 24 février 2009

Une Siné hebdo n°25Siné n’est pas antisémite, pas grand monde en doutait à part Philippe Val, Bernard Henri Levy, Cabu, Wolinski, et la LICRA qui en prennent pour leur grade dans les 73 pages de l’attendu du jugement rendu aujourd’hui 24 février dans l’affaire qui opposait la LICRA au dessinateur Siné.

Siné est donc relaxé par la sixième chambre du tribunal correctionnel de Lyon des accusations d’antisémitisme et « incitation à la haine raciale » portées contre lui.

La rédaction de Siné Hebdo a prévu de fêter le jugement au cours d’un comité de rédaction exceptionnel. Question rigolote Siné sera-t-il réintégré à Charlie Hebdo ?

En illustration :
Couverture de Siné Hebdo n°25 à paraître demain
© Loup et Siné  

Note de lecture : Charlie Hebdo, l’original

jeudi 12 février 2009

Bête, méchant et hebdomadaire. un livre de Stéphane MazurierCréer et faire vivre un journal est une aventure formidable. Créer et faire vivre un journal comme Charlie Hebdo est une aventure « extraordinaire » comme le dit Sylvie Caster. Pour s’en convaincre il suffit de lire l’imposant – 512 pages – Bête, méchant et hebdomadaire de Stéphane Mazurier (Buchet Chastel) qui retrace les grands et les petits moments de Charlie Hebdo, titre satirique légendaire, anticonformiste, aujourd’hui usurpé par un propriétaire qui s’affiche comme « éditorialiste » sur les plateaux télé entre Alain Duhamel et Catherine Nay.

Un livre très documenté et très complet sur la vie de ce journal de 1969 à 1982, mais aussi sur son époque qui joua un rôle non négligeable dans son succès (et son déclin) : « Expérience unique dans l’histoire récente de la presse française, Charlie Hebdo se révèle finalement la meilleure expression journalistique de l’esprit de mai 68 ». Bénéficiant des témoignages de nombre des collaborateurs, l’auteur évoque les multiples péripéties des titres, le mensuel Hara-Kiri, L’hebdo Hara-Kiri Charlie Hebdo, l’éphémère Charlie matin, La semaine de Charlie, et la cohabitation – souvent conflictuelle (p. 150) – entre des personnalités aussi fortes que celles de Gébé, Reiser, Delfeil de Ton, Fournier, Wolinski, Siné, Willem, Cabu, Nicoulaud, Berroyer, Carali, Arthur, Sylvie Caster. Le tour de force a été d’additionner tous ses talents chaque semaine, mais avec une règle : « même si les collaborateurs du journal s’apprécient profondément, ils se fréquentent très peu en dehors du journal. Certes Reiser dîne quelquefois chez Wolinski, mais la règle est de ne se voir que pour le travail ». 

Ce livre ne dévoile hélas aucun secret permettant de renouveler cette aventure, mais donne quelques clés qui permettraient à une équipe de se lancer dans un tel projet. Cavanna : « C’est très simple, la formule c’était : tu as une page, tu t’en démerdes, tu mets ce que tu veux dedans, pourvu que ce soit génial »

Autre intérêt de l’ouvrage, c’est qu’il confirme, s’il en était besoin, que sans le duo passionnel Cavanna-Bernier cette aventure fulgurante n’aurait jamais pu exister : « Cavanna est, sans aucun doute, le « concepteur en chef » du journal. C’est lui qui a su imaginer une formule originale et viable, mais aussi la maquette, autrement dit la marque de fabrique, le « visage rédactionnel » de Charlie Hebdo. Le deuxième personnage clé dans l’élaboration du journal est , bien sûr, son directeur, Georges Bernier. Si Cavanna est le concepteur du journal, Bernier en est l’administrateur ; un administrateur volontiers fantasque et téméraire, qui s’acharne à faire vivre Charlie Hebdo. Bernier a, en quelque sorte, mis en place sa propre méthode, fondée sur l’optimisme et la ténacité. »

Un Bernier incontournable, au point même qu’il semble aujourd’hui étonnant qu’un dessinateur comme Cabu, qui a vécu et profité (p. 110) de toutes ces années tumultueuses, retrouve subitement la mémoire pour accabler et dénoncer le Pr. Choron comme il l’a fait dans un récent de Charlie Hebdo (14.1.2009). Il est vrai que le Charlie Hebdo de l’époque est très éloigné de celui qu’il fait aujourd’hui et dont il est curieusement l’actionnaire principal avec Philippe Val. Rien à voir donc, avec le titre d’origine où le rédacteur en chef était « toute la bande ». On en est loin en effet et on se demande même pourquoi dans ce livre Philippe Val donne son avis sur la première version de Charlie Hebdo alors qu’il n’y a jamais participé et qu’il ne reconnaît aucun talent à Choron.

Au final, ce livre pourrait apparaître comme une sorte de pierre tombale, une fresque gravée dans le marbre, qui célèbre le souvenir, la nostalgie d’une époque révolue où l’on osait tout et où tout était possible. Mais c’est une fausse impression, puisqu’encore récemment avec l’arrivée dans les kiosques de Siné Hebdo, journal conçu en quelques semaines, il semble que l’esprit de provocation reste vivace. Il suffit juste de le cultiver. Bête, méchant et hebdomadaire de Stéphane Mazurier peut donner cette envie. ff

Bonus à savourer également, le cahier spécial des photos d’époque d’Arnaud Baumann qui signe aussi la photo de couverture.

SPÉCIAL BD ANGOULÊME 2009 : Bernard-Henri Siné

vendredi 30 janvier 2009

Sine et les makizars

Un peu de piment dans le festival de la BD avec l’exposition Siné et les Makizards et la Soirée Grolandaise.

Au MAKI (Musée d’Art Kontemporain Insolite, 15 rue des Marais de Grelet, Angoulême) : Exposition samedi 31 janvier de 14h à 23h,  vernissage à 17h en présence des auteurs. Dimanche 1er février de 14h à 17h. Entrée gratuite.

D’autres événements accompagnent l’expo : dessins érotiques, chroniques politique et unes de Siné + vidéos, réalisation d’une fresque par Vuillemin, Denis Robert qui complétera ses toiles sur place, expositions de Diantre éditions, fresque, happening, vidéo son, etc.

À noter qu’à cette occasion sera réalisé le moulage de la stèle funéraire de Siné, dessinée par lui, pour un futur caveau qui devrait accueillir une soixantaine d’urnes, dont celles de Siné et de Benoît Delépine.

À la NEF : Soirée Grolandaise Samedi 31 Janvier de 20h 30 à 4h du matin. 12 €.

Une navette gratuite à partir de 17h sera mise en place au départ de l’hôtel Mercure place des halles en centre ville en direction du MAKI et de la NEF

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