Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

L’illusionniste 2011

16 février 2011 à 0 h 02

« En France, à la télévision, c’est bloqué. Il y a encore des gens qui ont de toutes petites idées vis-à-vis de l’animation »

Grand entretien de Yannick Vely avec le réalisateur Sylvain Chomet à lire sur le site Parismatch.com à propos de la nomination aux « Oscars 2011 » de son film « L’illusionniste » dans la catégorie du meilleur film d’animation (voir blog 15.6.2010).

À noter que le film vient de paraître en DVD et Blu-ray (Pathé).

Extrait :

[…] « Un autre Français, Bastien Dubois, est également cité parmi les nominations. Existe-t-il une spécificité française dans l’animation ?
Sylvain Chomet : Pour le dessin, oui. A part Luc Besson qui fait de la 3D, en France, tout passe par le dessin. On a quand même un terreau graphique très fertile grâce à la bande-dessinée. Je viens personnellement de la bande-dessinée et tous les gens que je connais dans l’animation viennent de là. Cela permet à des gens avec très peu de moyens de pouvoir être publiés. A chaque fois, il faut se démarquer, avoir son propre style, ce qui permet d’avoir ensuite une originalité dans le monde de l’animation. Alors que les Etats-Unis sont plus formatés en termes de dessin. Ils ont Walt Disney qui se copie, s’auto-digère. Ils n’ont plus vraiment de création. Les seuls qui réellement font des choses intéressantes sur le plan du dessin, ce sont les artistes qui travaillent pour la télévision, comme les créateurs des «Simpson», de «South Park», ces séries avec encore du dessin. En France, c’est plutôt le contraire. A la télévision, c’est bloqué. Il y a encore des gens qui ont de toutes petites idées vis-à-vis de l’animation. Pour eux, c’est fait pour les enfants, cela accompagne les céréales le matin… En France, on a toujours eu une tradition de dessins animés pour adulte, avec les films de René Laloux («La planète sauvage») ou Picha («La Honte de la jungle»). Depuis la fin des années 60, la bande-dessinée s’est séparée de la bande-dessinée enfantine, avec la création de «Pilote». Nous n’avons pas de complexe par rapport aux sujets. Cela reste néanmoins très compliqué de faire un court métrage. » […]