Les Etats généraux du dessin de presse ou Cartooning Global Forum qui se sont déroulés dans l’enceinte de l’Unesco à Paris le 3 octobre ont réussi le tour de force de parler du dessin de presse pendant toute une journée sans en montrer un seul.
L’agence de communication Si/Studio Irresistible qui les organisait sous le parrainage de Chloé Verlhac-Tignous, avait pourtant réuni des dizaines de dessinateurs venant du monde entier, des Etats-Unis, à la Lituanie, en passant par le Tchad, le Maroc, la Syrie, la Malaisie, l’Iran, le Portugal, l’Afrique du Sud, la Russie, l’Algérie, le Mexique, etc.
Etaient également présents des représentants d’organismes officiels comme la BnF, le Clemi, ou la Maison du dessin de presse de Morges, des associations ; Le Crayon, Crayons Solidaires, Les Humoristes, France Cartoons, United Sketches, Cartoonists Rights Network International, National Cartoonists Society, Carton Club, Professionnal Cartoonists’ Organisation, Israeli cartoon association, Xindex, Culture Papier, des journaux ; Courrier International, Papiers Nickelés, Vigousse, Heb’di, Siné mensuel.
Beaucoup de monde, mais une liberté d’expression « chronométrée » à une minute (sic) pour chaque intervenant. En revanche pas mal de temps passé à présenter les invités, aux applaudissements qui les saluaient, et aux remerciements aux sponsors. Pas de débats approfondis, mais une succession de prises de paroles trop courtes, les longues pauses café étant censées selon les organisateurs favoriser les échanges et discussions libres. Dommage, car nombre de ceux qui avaient fait le déplacement auraient pu témoigner plus longuement des conditions d’exercice de leur métier dans leur pays. A noter la très faible présence de dessinateurs professionnels français.
Deux thèmes de travail étaient proposés « Le dessin de presse comme outil vecteur de paix et de justice, pour aider à l’efficacité des institutions et outils de promotion de l’égalité », et « Action et politique d’éducation dans les pays démocratique, action de sensibilisation, pédagogies et actions de terrain dans les situations de conflits sociaux ou politiques », mais rien sur la situation professionnelle ou économique des dessinateurs, sujets en principe évoqués dans des états généraux.
Au final, les organisateurs ont annoncé que cette rencontre serait reconduite pour deux ans encore, toujours au moment du festival de St Just le Martel partenaire de l’opération, avec l’appui de la Mairie de Paris qui recevait les participants en fin d’après-midi, et de l’Unesco. Parmi les bonnes idées émises, la demande de classement du dessin de presse au patrimoine immatériel de l’Unesco et la rédaction d’une charte du dessinateur de presse. Le contenu et les conclusions de cette journée devraient être mises en avant le 3 mai 2019 lors de la Journée Internationale de la liberté de la presse.
A suivre donc, l’année prochaine.
En illustration : dessin de Pétillon (1945-2018) publié dans Casemate n°99 – janvier 2017.