Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

Archive pour la catégorie ‘Presse’

L’enquête Gorce (jeu de mots)

mardi 26 janvier 2021

Le dessinateur Xavier Gorce publie un dessin dans la news-letter du Monde diffusée uniquement sur Internet et aux abonnés.

Devant les premières remarques concernant son contenu jugé ambigu, la rédaction en interne lui demande de s’expliquer sur le sens qu’il a voulu donner à son dessin traitant de l’inceste.

Désormais accessible au public le dessin commence à susciter des réactions sur les réseaux sociaux.

La rédaction du Monde publie à posteriori des excuses pour avoir diffusé ce dessin.

La polémique continue à monter sur les réseaux sociaux et la rédaction du Monde propose au dessinateur un nouveau processus de validation de ses dessins avant parution, ce que Xavier Gorce n’accepte pas et décide de quitter le journal. Il le fait savoir sur Twitter.

S’ensuit alors une polémique publique alimentée par les tenants de la liberté d’expression alors que le dessin litigieux n’a jamais été censuré et est toujours accessible sur le site du journal.

Toujours au nom de la défense de la liberté d’expression Xavier Gorce est sollicité et parfois soutenu par nombre de médias. Libération consacrera 3 pleines pages et un portrait à « l’affaire » et il sera reçu dans plusieurs émissions télé dont On est en direct de Laurent Ruquier.

Pendant tout ce temps il ne sera jamais question des conditions déplorables de travail communes à nombre de dessinateurs de presse : contrôle et modifications des contenus avant parution, sujets interdits, tarifs de piges dérisoires, de moins en moins de protection sociale, pas de respect de la loi Cressard, etc. Le site Arrêt sur Images détaillera les habitudes de travail au Monde, conditions que Xavier Gorce avait acceptées jusque-là. Pour la petite histoire, Gorce avait déjà eu en 2018 un dessin refusé et ceci n’avait provoqué aucune campagne pour la liberté d’expression.

La plupart des dessinateurs qui exercent ce métier connaissent ce manque de respect des rédactions vis-à-vis d’eux et acceptent souvent à contrecœur cette situation pour essayer de continuer à vivre de leur métier. Il est là le vrai débat pour la liberté d’expression.

Et si Le Monde après avoir publié le dessin n’avait pas à s’en excuser, invoquer à grands cris la défense de la liberté d’expression pour un dessin équivoque, et un conflit de travail assez courant dans ce métier, tout cela semble disproportionné.

Le combat pour la liberté d’expression est vital pour tous, autant veiller à ce qu’il soit mené à bon escient.

La polémique vue en vidéo par Le Point qui devrait, dit-on, accueillir les pingouins de Xavier Gorce : https://www.lepoint.fr/video/l-essentiel-de-l-affaire-xavier-gorce-27-01-2021-2411518_738.php#xtmc=xavier-gorce&xtnp=1&xtcr=1

Pour ceux qui s’intéressent vraiment au dessin de presse

dimanche 8 décembre 2019

Enfin un livre sur l’envers du décor du métier de dessinateur de presse. Loin des « fantassins  de la démocratie » et des dessinateurs auto-proclamés qui hantent depuis le 7 janvier 2015 les manifestations supposées valoriser ce moyen d’expression, Fabienne Desseux a rassemblé des témoignages de professionnels qui tous exercent leur passion sur divers supports et de façons différentes, une pluralité qui donne tout son intérêt à ce livre. Atout supplémentaire les textes sont accompagnés d’une bonne sélection de dessins.

Précision : même si le site Iconovox héberge depuis 2006 mon blog Fait d’Images, je suis totalement indépendant du remarquable travail que mène James Tanay notamment avec les éditions Iconovox.

Le livre est disponible sur le site des éditions Iconovox

Non, ni Cabu, ni Val n’ont créé La Grosse Bertha

mercredi 30 octobre 2019

Contrairement aux très bonnes relations que j’avais avec Charb, j’en ai eu très peu avec Riss, et cela ne risque pas de changer. Dans son dernier livre* il utilise les méthodes de son mentor Philippe Val pour réécrire l’histoire en laissant croire que Cabu serait à l’origine de La Grosse Bertha (p 169, « une opportunité »).

Avec tout le respect que je continue, malgré tout, à avoir pour le talent de dessinateur de Cabu, je tiens à préciser – une fois de plus – qu’il n’est pour rien dans la conception et la réalisation de cet hebdomadaire. Son apport initial a été de m’avoir présenté l’éditeur Jean-Cyrille Godefroy et d’y avoir dessiné dès les débuts. Ce projet éditorial je le portais depuis plusieurs années avec le soutien des dessinateurs qui m’ont suivi et fait confiance dans cette aventure.

Sans les dernières 54 heures de bouclage passées quasiment seul, à mettre en page, choisir les dessins, les textes, les corriger, il n’y aurait jamais eu de n°1 dans les kiosques le mercredi 17 janvier 1991. Après les 6 mois de préparation et trois mois bien chargés de rédaction-en-chef, j’ai quitté le journal en conflit ouvert avec Cabu, soutenu par Val qui manœuvrait déjà pour prendre la tête de la rédaction.

La Grosse Bertha vendait près de 18 000 exemplaires et payait tous ses collaborateurs. L’hebdo a survécu ensuite jusqu’à ce que Cabu et Val trahissent l’éditeur pour partir refonder Charlie Hebdo.

Voilà ce que je tenais à préciser à nouveau. françois forcadell

P.S : En 2020, Charlie Hebdo va fêter ses 50 ans (sic) en s’octroyant la période 1969 à 1981. Autant dire que ni le Charlie 10F Hebdo de Philippe Val, ni celui d’aujourd’hui, ne sont dans l’esprit du titre fondé par Cavanna et Choron, et que ce détournement d’héritage semble là aussi très abusif.

* Riss, Une minute quarante-neuf secondes. Actes Sud – Les Echappés.

 

Charlie Hebo “à visage découvert”

lundi 21 octobre 2019

Selon les Dernières Nouvelles d’Alsace, l’équipe de Charlie Hebdo sera le 2 novembre « au grand complet » (sic) « à visage découvert, y compris les toutes dernières recrues », à l’Opéra de Strasbourg pour participer au Forum mondial de la démocratie, (6-8 novembre) organisé sous le thème « « L’information : démocratie en péril ? »

Un joli coup médiatique pour les organisateurs mais aussi la preuve que le journal reste lié à Anne Hommel, communicante de crise dont les clients dans le passé furent DSK, Cahuzac, Bongo (entre autres crapules) car « l’attaché de presse » qui cornaque cette apparition publique n’est autre que Apolline Thomasset collaboratrice de la société Majorelle de… Anne Hommel (un temps « Directrice de la communication » de l’hebdo). On espère en tout cas que cette prestation de Majorelle est gratuite, Charlie qui se bat déjà pour garder ses lecteurs doit déjà faire face aux lourdes dépenses de protection de son équipe et de ses locaux.

Autre annonce d’Apolline Thomasset dans l’article ; « Charlie Hebdo fêtera bientôt ses 50 ans », une information qui fleure bon la captation d’héritage, le Charlie des origines de Cavanna et Choron, n’ayant rien à voir avec le Charlie de l’année 1992 et celui d’aujourd’hui.

A signaler également la présence à ce Forum de l’association Cartooning for Peace avec une exposition de dessins, et le 8 novembre avec intervention de Plantu sur le thème « Le dessin de presse, l’art du politiquement incorrect. »

Le Canard enchaîné va former ses dessinateurs

lundi 1 avril 2019

Avec les disparitions des dessinateurs Cabu et Pétillon, l’hebdomadaire satirique a perdu ses dernières années deux de ses plus grands pourvoyeurs de dessins. Or depuis le journal a du mal à recruter de nouvelles signatures. Si Lefred-Thouron, Mougey, Wozniak, Escaro, forment le dernier carré d’anciens, le Canard continue à faire appel aux vétérans Delambre, Potus, Kerleroux, Pancho, Ghertman, ou même Kiro, dont certains sont en principe à la retraite. La présence des nouveaux est quelquefois aléatoire, Aranega, Aurel, Bouzard, depuis peu, Dutreix, Lindingre, et Urbs, Sans oublier les deux dessinatrices, Adelinaa et Vera Makina qui elle illustre régulièrement la chronique Plouf ! de Jean-luc Porquet.

Cette multiplicité de signatures dénote les difficultés à constituer une équipe régulière. On voit bien que la rédaction tâtonne encore avec l’arrivée récente et inopinée de Chappatte,.

D’où l’idée de la création d’un atelier formation au sein du journal où les dessinateurs (y compris de jeunes débutants) pourraient échanger avec les rédacteurs des idées, ces derniers pouvant également orienter le style graphique pour obtenir le résultat souhaité, ce qui, il faut le dire, est déjà parfois le cas. Ainsi Lindingre a du abandonner ses nez de personnages en forme de groin qui faisaient l’originalité de ses caricatures, mais il n’est pas le seul a avoir bénéficié de conseils avisés de la rédaction.

Les surtitres, autre tradition de l’hebdomadaire feraient aussi l’objet d’un travail en commun. Il faut aussi savoir qu’au Canard ce sont les rédacteurs qui sélectionnent les dessins à paraître. Situé au dernier étage du journal cet atelier de formation rentrerait en activité au tout début avril 2019. Le 1er avril pour être précis.

Dessin de Pétillon et inédit de Cardon en retrait du Canard depuis quelques années.

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vendredi 15 février 2019

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