Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

Archive pour le mot-clef ‘La Grosse Bertha’

Les 30 ans de la création de La Grosse Bertha

dimanche 17 janvier 2021
C’était un 17 janvier, il y a tout juste 30 ans. Grâce à Cabu et l’éditeur Jean-Cyrille Godefroy, je réalisais un rêve de gamin, créer un journal satirique.
Encore merci aux dessinateurs qui m’ont suivi dans les débuts de cette drôle d’aventure : Cabu, Willem, Gébé, Lefred-Thouron, Cardon, Siné, Loup, Konk, Bernar, Honoré, Kafka, Vuillemin, Nicoulaud, Kerleroux, Plantu, Chenez, Pessin, Wolinski, Tignous, Faujour, Charb, Soulas. D’autres arriveront par la suite, je raconterai tout ça bientôt, dans le détail.

L’histoire de Charlie, énième épisode

lundi 14 décembre 2020

Courrier reçu du dessinateur Lefred-Thouron à propos  du livre Charlie Hebdo La folle histoire d’un journal pas comme les autres de Christian Delporte qui vient de paraître (Flammarion). Pour ma part je ne l’ai pas lu mais ça ne saurait tarder car il paraît que l’auteur y présente La Grosse Bertha comme un projet de Cabu et Val ce qui est assez loin de la réalité. Je n’ai pas touché à la forme du texte de Lefred-Thouron :

je rappelle, ou j’informe , que le dénommé delporte christian  est un historien, et pas des moindres, chpétzialiste d’histoire contemporaine, des medias et de l’image. on est donc en droit d’attendre d’une telle épée quelque rigueur dans un récit concernant une “affaire“ contemporaine, sur un sujet dont il est expert.

en toute discipline, on peut juger la qualité, la pertinence, l’honnêteté d’un propos lorsqu’il évoque un thème qu’on connait bien. personne ou presque ne connaissant ledit thème aussi bien que moi, j’affirme que ce type est au mieux un paresseux, au pire un faisan.

car dans son bouquin il n’y a pas que la description erronée d’un dessin pourtant maintes fois reproduit depuis.

il y a aussi le récit de pas mal de choses, comptes rendus de conversations, prises de position.

à chaque fois, delporte mélange du vrai, de l’approximatif, du toc.

il y a quelques années, j’ai été témoin de l’avancement du livre de denis robert consacré à charlie. c’était autrement rigoureux. certes, c’était un livre à charge. mais je le lisais au fur et à mesure,

denis me sollicitait pour des faits que j’avais vécus, à confirmer ou infirmer, je l’orientais sur d’autres témoins, et pas mal de faits dont on était pourtant sûrs n’ont pas été repris dans son livre, faute d’avoir pu être assez recoupés.

c’était un bouquin de journaliste, nous parlons ici de celui d’un historien!!! pourquoi ne m‘a-t-il pas contacté, pour avoir ma version?

je lui aurais envoyé cette itw que j’avais donnée au journal DBD en 2015, alors soigneusement relue et amendée pour qu’elle constitue ma version définitive. il ne l’a pas fait.

résultat, un tissu d’approximations, à commencer par la description de ce dessin, qu’on voit pourtant facilement sur internet (plus que l’intégral de la colonne, car j’insiste à chaque fois qu’on me parle de cette histoire, pour dire que le dessin sur font faisait partie d’une chronique).

des copains ayant comme moi lu (en diagonale) le bouquin à sa sortie, on fait le même constat : amalgames, confusions. boulot de feignasse opportuniste torchant un travail insuffisant pour sortir son machin en même temps que se tient le procès .

un seul et dernier exemple? l’affaire siné. delporte dit qu’une pétition a été « lancée par les dessinateurs rémi malingrëy et lefred-thouron ». on était en effet dans le coup, mais l’initiative en avait été prise par éric martin, benoît delépine et jean-pierre bouyxou, gendre de siné. le chiffre des signatures récoltées est (évidemment) fantaisiste.

pour terminer, ceci. le texte accompagnant la publication du dessin, la semaine suivante, est signé “la rédaction”.

une source au journal m’a affirmé ce jour là qu’il était de charb. une autre me dit quelques temps plus tard que ça ressemblait à du val. bah. à l’époque, ils étaient cul et chemise. peu importe: ce texte est ignoble.

à l’époque j’ai été encouragé porter plainte. avec la carte de presse, je pouvais prendre un paquet de pognon pour licenciement abusif.  j’ai laissé pisser, je ne regrette pas.

L

Illustration, double-page sur Lefred-Thouron parue dans le magazine DBD Hors-série de mars 2015.

 

Non, ni Cabu, ni Val n’ont créé La Grosse Bertha

mercredi 30 octobre 2019

Contrairement aux très bonnes relations que j’avais avec Charb, j’en ai eu très peu avec Riss, et cela ne risque pas de changer. Dans son dernier livre* il utilise les méthodes de son mentor Philippe Val pour réécrire l’histoire en laissant croire que Cabu serait à l’origine de La Grosse Bertha (p 169, « une opportunité »).

Avec tout le respect que je continue, malgré tout, à avoir pour le talent de dessinateur de Cabu, je tiens à préciser – une fois de plus – qu’il n’est pour rien dans la conception et la réalisation de cet hebdomadaire. Son apport initial a été de m’avoir présenté l’éditeur Jean-Cyrille Godefroy et d’y avoir dessiné dès les débuts. Ce projet éditorial je le portais depuis plusieurs années avec le soutien des dessinateurs qui m’ont suivi et fait confiance dans cette aventure.

Sans les dernières 54 heures de bouclage passées quasiment seul, à mettre en page, choisir les dessins, les textes, les corriger, il n’y aurait jamais eu de n°1 dans les kiosques le mercredi 17 janvier 1991. Après les 6 mois de préparation et trois mois bien chargés de rédaction-en-chef, j’ai quitté le journal en conflit ouvert avec Cabu, soutenu par Val qui manœuvrait déjà pour prendre la tête de la rédaction.

La Grosse Bertha vendait près de 18 000 exemplaires et payait tous ses collaborateurs. L’hebdo a survécu ensuite jusqu’à ce que Cabu et Val trahissent l’éditeur pour partir refonder Charlie Hebdo.

Voilà ce que je tenais à préciser à nouveau. françois forcadell

P.S : En 2020, Charlie Hebdo va fêter ses 50 ans (sic) en s’octroyant la période 1969 à 1981. Autant dire que ni le Charlie 10F Hebdo de Philippe Val, ni celui d’aujourd’hui, ne sont dans l’esprit du titre fondé par Cavanna et Choron, et que ce détournement d’héritage semble là aussi très abusif.

* Riss, Une minute quarante-neuf secondes. Actes Sud – Les Echappés.

 

Luz, le dessin et Charlie Hebdo

lundi 5 novembre 2018

 

Maintes fois je l’ai écrit, la création, la vie d’un journal est une aventure extraordinaire. Sa conception, la constitution d’une équipe, la rencontre avec le lecteur. Une aventure collective, mais aussi personnelle. Celle de Luz est racontée dans Les indélébiles (excellent titre) paru aux fidèles éditions Futuropolis. 23 ans passés au sein de la rédaction de Charlie Hebdo, titre mythique ressuscité en 1992. Son arrivée à Paris, sa rencontre à 20 ans avec Cabu, ses potes, Charb, Tignous, Riss, Catherine Meurisse, Honoré, d’autres, et toujours l’omniprésent Gébé en filigrane.

Des souvenirs heureux, amusés, d’un temps où « on a fait un journal marrant », et au sein duquel il a appris son métier entouré de ses « références : Gébé, Cabu, Willem, Wolinski ». Un idéal brutalement interrompu par le massacre d’une partie de la rédaction le 7 anvier 2015.

« Luz raconte Charlie » titre l’hebdomadaire qui dans son numéro 1371 lui consacre un supplément promotionnel de 16 pages. A la vérité Luz raconte « son » Charlie, celui des moments qui ont imprimé sa mémoire. Pas tous. Luz à choisi de ne pas attiser l’évocation des conflits internes qui ont émaillé cette période, exit le départ de Lefred-Thouron, suite à l’affaire Font, rien sur la dévastatrice affaire Siné, encore moins sur le patron carriériste Philippe Val et les dommages qu’il a infligé au titre. Luz n’a semble-t-il pas voulu abimer ses souvenirs, il le reconnaît « Je ne parle pas des engueulades, parce que ça a été suffisamment abordé dans d’autres bouquins ». A noter que l’ancien directeur est totalement absent du bouleversant dernier chapitre.

Eloigné de la presse mais pas du dessin, sujet essentiel de cet album (l’épisode de l’iPad de Tignous est hilarant), Luz, Renald Luzier, a besoin de se reconstruire, moralement, psychologiquement, lui qui a échappé fortuitement à une mort terrible. Après Catharsis, ce livre est une avancée supplémentaire. Ce sera sans doute encore long, mais si chaque étape nous offre un livre aussi fort que Les indélébiles il est sur le bon chemin. f.f.

Une petite histoire de La Grosse Bertha

Beaucoup de ceux qui me fréquentent depuis longtemps savent que je n’ai pas l’habitude de me mettre en avant dans ce que j’entreprends avec les dessinateurs. Mais il y a une chose que je ne laisserai pas dire, et encore moins laisser croire, c’est que Philippe Val a eu une quelconque part dans la création en 1991 de l’hebdomadaire La Grosse Bertha. Ce projet de journal satirique je le portais depuis plusieurs années et il a pris forme avec l’appui de Cabu et de l’éditeur Jean-Cyrille Godefroy.

Nos moyens étaient dérisoires, des photocopies pour la photogravure, mon ordinateur personnel, un Mac Plus, pour les textes, mon fax pour recevoir les dessins, et pendant plusieurs semaines, outre ma fonction de rédacteur en chef, j’ai fait office de secrétaire de rédaction, et j’ai composé moi-même tous les titres des 12 pages à l’aide de lettres transfert. Avant l’envoi du n°1 chez l’imprimeur j’ai passé une longue nuit blanche seul à relire les textes, maquetter les dessins, faire les corrections. J’étais déjà depuis plus de 24 heures dans cette cave de la rue Quincampoix qui faisait office de bureaux. Seul, à m’assurer que le journal était tel qu’il devait paraître.

Je rêvais de faire un journal de dessinateurs et il était là. J’en ai choisi la mise en page, le papier, et l’équipe de dessinateurs. Il suffit de feuilleter les premiers numéros pour voir que tous ceux que j’avais contactés avaient répondu présent, Cabu bien sûr, mais aussi Gébé, Willem, Siné, Nicoulaud, Cardon, Wolinski, Kerleroux, Vuillemin, Loup, et même Bernar, Honoré, Lefred-Thouron, Tignous, Berth, Kafka, Plantu, Pessin, Faujour et Charb aussi. J’avais même demandé que les dessinateurs mensualisés soient mieux payés que les rédacteurs. C’est dire l’importance que je leur accordais.

Pendant les trois premiers mois où j’ai été à la tête du journal il m’est souvent arrivé de privilégier des dessins en grand format plutôt que des articles pas drôles. Parmi ceux-là il y avait bien évidemment ceux de Philippe Val (arrivé là dans la besace de Cabu) – la guerre c’est mal -, que je coupais de moitié ou qui se perdait opportunément dans les entrailles de l’unique ordinateur. Très vite La Grosse Bertha – dont le n°1 ne devait être qu’un one shot pour tester notre capacité à faire un journal – a rassemblé suffisamment de lecteurs pour continuer à paraître.

Un succès qui a du donner à Philippe Val l’idée de le diriger. Il a d’ailleurs très vite tenté de le faire, mutique ou absent des comités de rédaction, il contactait dans mon dos les membres de l’équipe, flattant les uns, encourageant les autres (qui me le racontaient). Jusqu’au jour où sans doute lassé de voir ses textes brillants, ne pas faire office d’éditorial, ou relégués au fond du journal, il a convaincu son indéfectible ami Cabu que l’hebdomadaire se devait d’avoir deux rédacteurs en chef. Dont un dédié aux textes, devinez qui était pressenti ? Une tentative de putsch assez désagréable, le journal continuait à bien se vendre, une situation intenable pour moi qui m’a valu (après, je l’avoue aujourd’hui, une remarque insolente de ma part) une colère mémorable – dixit Gébé – du gentil Cabu.

J’ai alors donné ma démission et je suis parti – épuisé par trois mois sous pression –mais laissant un journal en état de marche et dont tous les collaborateurs étaient payés. Il m’était impossible de continuer sans avoir la confiance de Cabu – mon idole depuis l’âge de 15 ans – sachant de surcroit qu’il soutenait hélas l’ambition démesurée de Val. Cet arrivisme sera contrecarré par le reste de l’équipe, Henri Montant (Arthur) en tête, qui pendant plusieurs mois l’empêchera d’accéder aux commandes. Lorsqu’il les obtiendra enfin, les ventes de La Grosse Bertha dégringoleront et Jean-Cyrille Godefroy cherchera à reprendre la main sur son journal. La suite on la connaît avec la reparution de Charlie Hebdo.

Voilà, c’est juste une mise au point, Philippe Val a toujours fait carrière en manipulant, en trompant, en volant, en trahissant, tous ceux qui ont servi sa carrière, autant il a réussi à faire revivre Charlie Hebdo et à piller ses caisses, autant une chose est incontestable, il n’est pour rien, vraiment rien, dans la création de La Grosse Bertha et je tenais à l’écrire.

Les dessins ci-dessous qui illustrent ce texte sont extraits de Indélébiles le dernier livre de Luz paru chez Futuropolis.

Berth à Paris

mercredi 15 mars 2017

Berth ProfondBerth poursuit inexorablement sa carrière de dessinateur et publie “Profond” un recueil des ses meilleurs dessins récents. J’ai toujours aimé son humour à nul autre pareil selon la formue consacrée, même lorsque à ses débuts il essayait de faire exister ses gags dans des mises en images inextricables. Depuis cette lointaine époque, il a énormément gagné en lisibilité ce qui lui a permis de publier dans nombre de journaux (La Grosse Bertha, Fluide Glacial, L’Écho des Savanes, L’Humanité, Psikopat, Zoo, Urtikan.net) et d’affirmer son style très original. Aujourd’hui on peut voir ses dessins dans Siné mensuel, Mon Quotidien et même Spirou, en passant par Zélium et Reporterre. Il est un des rares dessinateurs à faire des dessins drôles, y compris sur l’actualité, et à s’en contenter. “Profond” est le sixième livre de Berth. ff

Berth sera présent à Paris le 18 mars pour une série de signatures : de 11h à 13h à la librairie Le Monte en l’air  (20ème), de 15h à 18h à la Boutique Ulule (4ème), et de 18h 30 à 20h à la librairie Barberousse (9ème)

Le blog officiel de Berth C’est facile de se moquer

RifoCette parution permet d’attirer l’attention sur les éditions Rouquemoute créées par Maël Nonet, un des fondateurs de Zélium, désormais installé à Bordeaux. Parmi les premiers titres publiés on peut également citer “L’intégrale d’Hiroshiman, vol.1” une bande dessinée de Rifo. Ces ouvrages sont édités avec le concours d’Ulule, site de financement participatif.

islam-arts-Berth-sine-mensuel

Quand Charlie réécrit l’histoire

samedi 16 janvier 2016

Nouveau site Internet pour Charlie Hebdo, réalisé avec semble-t-il les moyens qui manquaient aux éditions précédentes. Cependant dans l’histoire du journal on peut lire :

HistoireCharlie

Etant à l’origine de ce projet je peux certifier que Philippe Val n’en a jamais été le rédacteur en chef à ses débuts, et que, en aucune façon, il n’a été à l’initiative de ce titre.

C’est Cabu et son biographe Jean-Paul Tiberi qui ont soufflé mon nom à l’éditeur Jean-Cyrille Godefroy sachant que j’étais porteur d’un projet de journal satirique depuis plusieurs années et que nombre de dessinateurs, qui seront présents dès les premiers numéros, me soutenaient.

Non seulement j’ai préparé durant plusieurs mois la sortie du journal, mais j’en ai aussi assuré pleinement la rédaction en chef et le secrétariat de rédaction pendant les trois premiers mois. J’ai démissionné à ce moment là, ne voulant pas entrer en conflit avec Cabu qui souhaitait imposer Philippe Val comme rédacteur en chef “pour les textes”. L’hebdomadaire La Grosse Bertha vendait alors entre 18 000 et 20 000 exemplaires.

En raison de l’opposition d’une grande partie de la rédaction, Philippe Val n’a pu accéder au poste de rédacteur en chef que dans les derniers mois d’existence du titre. En désaccord avec l’éditeur il a alors démissionné brutalement pour refonder Charlie Hebdo, emportant avec lui une partie de l’équipe.

Je n’ai pas pour habitude d’utiliser ce blog pour évoquer mes activités professionnelles, ni même personnelles, mais après la parution du livre révisionniste C’était Charlie, dans lequel Philippe Val réécrit l’histoire à l’aune de sa prétention, je ne pouvais pas laisser raconter n’importe quoi à propos de La Grosse Bertha et de sa courte histoire sur le site d’un journal dont une partie de l’équipe semble, hélas, toujours inféodé à son ancien directeur mythomane.

J’espère vivement que le site de Charlie sera modifié en ce sens. f.f.

Pour compléter cette mise au point (définitive) je vous recommande la lecture de Mohicans de Denis Robert (Julliard) et la lettre ouverte collective envoyée à l’éditeur de Philippe Val rectifiant les allégations et mensonges contenus dans C’était Charlie (Grasset).

En illustration, 3 pages du n°1, avec des dessins de Willem (qui redessinera le logo du titre), Siné, Cabu, Willem.

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