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Archive pour le mot-clef ‘Gébé’
Les 30 ans de la création de La Grosse Bertha
dimanche 17 janvier 2021Luz, le dessin et Charlie Hebdo
lundi 5 novembre 2018
Maintes fois je l’ai écrit, la création, la vie d’un journal est une aventure extraordinaire. Sa conception, la constitution d’une équipe, la rencontre avec le lecteur. Une aventure collective, mais aussi personnelle. Celle de Luz est racontée dans Les indélébiles (excellent titre) paru aux fidèles éditions Futuropolis. 23 ans passés au sein de la rédaction de Charlie Hebdo, titre mythique ressuscité en 1992. Son arrivée à Paris, sa rencontre à 20 ans avec Cabu, ses potes, Charb, Tignous, Riss, Catherine Meurisse, Honoré, d’autres, et toujours l’omniprésent Gébé en filigrane.
Des souvenirs heureux, amusés, d’un temps où « on a fait un journal marrant », et au sein duquel il a appris son métier entouré de ses « références : Gébé, Cabu, Willem, Wolinski ». Un idéal brutalement interrompu par le massacre d’une partie de la rédaction le 7 anvier 2015.
« Luz raconte Charlie » titre l’hebdomadaire qui dans son numéro 1371 lui consacre un supplément promotionnel de 16 pages. A la vérité Luz raconte « son » Charlie, celui des moments qui ont imprimé sa mémoire. Pas tous. Luz à choisi de ne pas attiser l’évocation des conflits internes qui ont émaillé cette période, exit le départ de Lefred-Thouron, suite à l’affaire Font, rien sur la dévastatrice affaire Siné, encore moins sur le patron carriériste Philippe Val et les dommages qu’il a infligé au titre. Luz n’a semble-t-il pas voulu abimer ses souvenirs, il le reconnaît « Je ne parle pas des engueulades, parce que ça a été suffisamment abordé dans d’autres bouquins ». A noter que l’ancien directeur est totalement absent du bouleversant dernier chapitre.
Eloigné de la presse mais pas du dessin, sujet essentiel de cet album (l’épisode de l’iPad de Tignous est hilarant), Luz, Renald Luzier, a besoin de se reconstruire, moralement, psychologiquement, lui qui a échappé fortuitement à une mort terrible. Après Catharsis, ce livre est une avancée supplémentaire. Ce sera sans doute encore long, mais si chaque étape nous offre un livre aussi fort que Les indélébiles il est sur le bon chemin. f.f.
Une petite histoire de La Grosse Bertha
Beaucoup de ceux qui me fréquentent depuis longtemps savent que je n’ai pas l’habitude de me mettre en avant dans ce que j’entreprends avec les dessinateurs. Mais il y a une chose que je ne laisserai pas dire, et encore moins laisser croire, c’est que Philippe Val a eu une quelconque part dans la création en 1991 de l’hebdomadaire La Grosse Bertha. Ce projet de journal satirique je le portais depuis plusieurs années et il a pris forme avec l’appui de Cabu et de l’éditeur Jean-Cyrille Godefroy.
Nos moyens étaient dérisoires, des photocopies pour la photogravure, mon ordinateur personnel, un Mac Plus, pour les textes, mon fax pour recevoir les dessins, et pendant plusieurs semaines, outre ma fonction de rédacteur en chef, j’ai fait office de secrétaire de rédaction, et j’ai composé moi-même tous les titres des 12 pages à l’aide de lettres transfert. Avant l’envoi du n°1 chez l’imprimeur j’ai passé une longue nuit blanche seul à relire les textes, maquetter les dessins, faire les corrections. J’étais déjà depuis plus de 24 heures dans cette cave de la rue Quincampoix qui faisait office de bureaux. Seul, à m’assurer que le journal était tel qu’il devait paraître.
Je rêvais de faire un journal de dessinateurs et il était là. J’en ai choisi la mise en page, le papier, et l’équipe de dessinateurs. Il suffit de feuilleter les premiers numéros pour voir que tous ceux que j’avais contactés avaient répondu présent, Cabu bien sûr, mais aussi Gébé, Willem, Siné, Nicoulaud, Cardon, Wolinski, Kerleroux, Vuillemin, Loup, et même Bernar, Honoré, Lefred-Thouron, Tignous, Berth, Kafka, Plantu, Pessin, Faujour et Charb aussi. J’avais même demandé que les dessinateurs mensualisés soient mieux payés que les rédacteurs. C’est dire l’importance que je leur accordais.
Pendant les trois premiers mois où j’ai été à la tête du journal il m’est souvent arrivé de privilégier des dessins en grand format plutôt que des articles pas drôles. Parmi ceux-là il y avait bien évidemment ceux de Philippe Val (arrivé là dans la besace de Cabu) – la guerre c’est mal -, que je coupais de moitié ou qui se perdait opportunément dans les entrailles de l’unique ordinateur. Très vite La Grosse Bertha – dont le n°1 ne devait être qu’un one shot pour tester notre capacité à faire un journal – a rassemblé suffisamment de lecteurs pour continuer à paraître.
Un succès qui a du donner à Philippe Val l’idée de le diriger. Il a d’ailleurs très vite tenté de le faire, mutique ou absent des comités de rédaction, il contactait dans mon dos les membres de l’équipe, flattant les uns, encourageant les autres (qui me le racontaient). Jusqu’au jour où sans doute lassé de voir ses textes brillants, ne pas faire office d’éditorial, ou relégués au fond du journal, il a convaincu son indéfectible ami Cabu que l’hebdomadaire se devait d’avoir deux rédacteurs en chef. Dont un dédié aux textes, devinez qui était pressenti ? Une tentative de putsch assez désagréable, le journal continuait à bien se vendre, une situation intenable pour moi qui m’a valu (après, je l’avoue aujourd’hui, une remarque insolente de ma part) une colère mémorable – dixit Gébé – du gentil Cabu.
J’ai alors donné ma démission et je suis parti – épuisé par trois mois sous pression –mais laissant un journal en état de marche et dont tous les collaborateurs étaient payés. Il m’était impossible de continuer sans avoir la confiance de Cabu – mon idole depuis l’âge de 15 ans – sachant de surcroit qu’il soutenait hélas l’ambition démesurée de Val. Cet arrivisme sera contrecarré par le reste de l’équipe, Henri Montant (Arthur) en tête, qui pendant plusieurs mois l’empêchera d’accéder aux commandes. Lorsqu’il les obtiendra enfin, les ventes de La Grosse Bertha dégringoleront et Jean-Cyrille Godefroy cherchera à reprendre la main sur son journal. La suite on la connaît avec la reparution de Charlie Hebdo.
Voilà, c’est juste une mise au point, Philippe Val a toujours fait carrière en manipulant, en trompant, en volant, en trahissant, tous ceux qui ont servi sa carrière, autant il a réussi à faire revivre Charlie Hebdo et à piller ses caisses, autant une chose est incontestable, il n’est pour rien, vraiment rien, dans la création de La Grosse Bertha et je tenais à l’écrire.
Les dessins ci-dessous qui illustrent ce texte sont extraits de Indélébiles le dernier livre de Luz paru chez Futuropolis.
Quelques dessins d’humour
vendredi 19 mai 2017Autrefois, le dessin d’humour était un genre reconnu en tant que tel et une excellente école de concision (une idée, un dessin) pour ceux qui se sont ensuite dirigé vers le dessin politique ou satirique (on dit aujourd’hui “dessin de presse”) comme Siné, Reiser, Wolinski, Cardon, Gébé, Cabu (entre autres).
Aujourd’hui rares sont les dessinateurs qui choisissent cette voie unique et tentent de suivre les traces profondes des Sempé, Voutch, Desclozeaux, Bridenne, Kiraz, pour n’évoquer que quelques-uns encore vivants.
Parmi eux on peut cependant citer Olivier Tallec (éditeur Rue de Sèvres) et François Maumont. Ce dernier expose en ce moment et jusqu’au 31 mai 2017 à la Galerie Glénat, Carreau du Temple, 22, rue de Picardie 75003 Paris. A noter que le samedi 27 mai il y dédicacera de 15 à 18h son livre “ Le vin, petite cuvée illustrée”.
Remerciements à Gabs.
La mort de Gotlib
lundi 5 décembre 2016Marcel Gotlib, 1934-2016 : Gai Luron, Les Dingodossiers avec René Goscinny, La Rubrique à brac, L’Echo des savanes avec Mandryka et Claire Bretécher, Fluide glacial avec Jacques Diament, SuperDupont avec Alexis, Jacques Lob, Solé.
J’existe, je me suis rencontré. Flammarion 1993.
Pour plus de détails sur son œuvre : http://www.marcelgotlib.com/High/biblio.html
En illustrations, le dessin de l’affiche pour l’exposition du Musée d’art et d’histoire du Judaïsme qui a célébré en 2014 les 80 ans de Gotlib, la couverture du Hors-série Pilote et Fluide Glacial publié à cette occasion, et deux de ses personnages, le commissaire Bougret (Gébé) et son adjoint, l’inspecteur Charolles (Gotlib).
Frédérik Pajak à grands traits
jeudi 20 octobre 2016Le journal satirique Charlie Hebdo consacre une pleine page à Frédéric Pajak, écrivain, dessinateur, mais surtout un des meilleurs éditeurs spécialisés dans le dessin qui se donne les moyens de faire de beaux livres. Parmi les auteurs publiés on peut citer Topor, Siné, Noyau, Gébé, Mix & Remix, Ungerer, Cardon, Leiter, Pascal, Micaël, Muzo, Anna Sommer, sans oublier la revue Le Cahier dessiné dont le n°11 est paru en début d’année 2016..
Interviewé par Yann Diener, il parle des dessinateurs de presse actuels. Extrait :
« Aujourd’hui, la plupart d’entre eux se contentent de faire des petites blagues, en caricaturant à la va-vite tel ou tel homme politique. Ils ne dessinent plus : ils font des crobards. Ils sont souvent incultes, comme leurs rédacteurs en chef, et n’ont plus aucun sens de l’histoire : ils réagissent à l’actualité, ne s’émeuvent que dans l’urgence. Le dessin de presse devrait s’inspirer de Goya, de George Grosz ou de Saul Steinberg. »
Frédérik Pajak vient également de publier le Cinquième tome de son Manifeste incertain consacré à une biographie du peintre Van Gogh (éditions Noir sur Blanc).
En illustration, dessin de Vuillemin qui accompagne l’entretien.
Merci à Cyril Bosc.