Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

Dessins de Charlie Hebdo qui va payer les droits ?

13 février 2015 à 14 h 56

707192-une-charlieLes dessins de Cabu, Charb, Honoré, Tignous, Wolinski, ont été repris par de très nombreux médias, télévisions, journaux, éditeurs, souvent sans l’accord ni de Charlie Hebdo, ni des ayants-droits.
Le fait que ces images soient utilisées pour leur rendre hommage n’exonère pas les diffuseurs de payer les droits sur ces dessins.

Etre dessinateur de presse est un métier et ceux qui le pratiquent vivent des droits de reproduction que leur versent les journaux, soit de façon forfaitaire avec un salaire, soit à travers les piges occasionnelles ou régulières.
Tout comme les photos, l’utilisation et la diffusion n’est pas gratuite et l’argument comme quoi « les droits seront reversés aux victimes des attentats » n’est pas recevable. D’autant plus que l’intitulé souvent utilisé est « l’intégralité des bénéfices seront reversés aux victimes des attentats », les « bénéfices » seulement !

En Italie, un cabinet d’avocats tente de contacter les dizaines d’auteurs européens dont les dessins ont été repris – sans leur accord – dans un supplément du Corriere della Sera intitulé « Je suis Charlie – Matite in difesa della libertà di stampa », diffusé dans les kiosques italiens. Dans leur courrier aux auteurs ils expliquent « La publication du volume viole de manière grave et évidente non seulement les droits patrimoniaux des auteurs, la publication de leurs œuvres sans leur autorisation les ayant de fait privé de l’éventuelle rémunération auxquels ils pouvaient prétendre en application du droit d’auteur, mais elle pourrait également constituer une violation du droit moral des auteurs, dans la mesure où ceux-ci se trouvent associés sans leur accord à une initiative éditoriale qui choisit de présenter une version « édulcorée » de Charlie. »

En France, le pool d’avocats qui gère les suites administratives du massacre et la situation financière de Charlie, trouvera certainement là une nouvelle source de revenus (il n’en manque pas avec un pactole de soutien annoncé de 30 millions d’euros), d’autant plus qu’il vient de mandater, Dominique Burdot, ex-éditeur (Vent d’Ouest, 12Bis), et ami de Richard Malka, comme mandataire pour les dessins.