Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

St Just le Martel c’est fini (pour 2014)

16 octobre 2014 à 9 h 07

St Just 6Avec l’élection de Gérard Vandenbroucke à la présidence du Conseil régional du Limousin, l’avenir du festival International de la caricature du dessin de presse et d’humour de St Just le Martel dont il est le fondateur et animateur depuis 33 ans risque d’être fortement compromis, tout comme le festival de la caricature d’Epinal n’avait pas survécu au départ du maire de la ville Philippe Seguin qui l’avait initié.

Il se dit même que Gérard Vandenbroucke dont la presse locale égrène les postes de responsabilité (Premier vice-président au conseil régional, premier vice-président à l’agglomération, président de Limoges Métropole depuis avril 2014), pourrait également abandonner son mandat de maire.

St Just 13 lrOmniprésent dans l’organisation, on voit difficilement, comment la petite équipe permanente de deux personnes – dont une à mi-temps – certes aidée par des centaines de bénévoles lors de l’évènement, tous très sympathiques -, pourrait continuer à gérer cette entreprise culturelle.

Depuis plusieurs années St Just le Martel montrait déjà des signes d’essoufflement, peinant à se renouveler et à innover, compensant la désertion des dessinateurs français par la venue de dessinateurs internationaux, louant des expositions, et organisant des journées d’études sans public. On rajoutera la flopée de prix hétéroclites attribués sur des critères très opportunistes.

16e Salon 1997Des efforts ont bien été faits sous la houlette de directeurs artistiques comme Patrick Di Méglio ou plus récemment du dessinateur Loup, remercié par un espace qui porte son nom, mais qui semble-t-il n’a pas vu l’exposition qui lui était dédiée cette année (et déjà présentée en 2003 à la Maison du Limousin).

Sans oublier le Centre (international) du dessin de presse inauguré en 2011. Trois ans après son ouverture celui-ci souffre d’un manque évident de programmation, de personnel, de moyens, de perspectives. Une belle coquille presque vide avec de beaux tiroirs pour conserver des originaux, heureusement pour la mairie une partie de sa surface est polyvalente.

L’autosatisfaction permanente des organisateurs dans leurs textes de présentation ne suffit plus à masquer leur méconnaissance du métier des dessinateurs réduits sur place à caricaturer les visiteurs à longueur de 22e Salon 2003journée comme cela se fait dans de nombreux lieux touristiques (mais à St Just ils le font gratuitement).

Les comptes rendus font plus de place aux personnalités publiques locales et à la jolie « Miss Cul noir » qu’aux interviews de dessinateurs s’exprimant sur leur travail et dont les noms sont rarement mentionnés sur les photos publiées dans le « Journal du salon ».

Pendant des années le festival de St Just-le-Martel a été pour nombre de dessinateurs une manifestation très conviviale où ils avaient plaisir à se retrouver, non pas pour les expositions longtemps foutraques, mais pour rencontrer des collègues dans un cadre convivial. En voulant devenir un festival « unique en Europe », et avec des yeux plus gros que le ventre, la manifestation est Salon St.Justdevenu une barnum médiatique et politique vide de sens au point que au fil des années nombre de dessinateurs – en dehors d’un Wolinski très fidèle – se demandent quel intérêt ils ont encore à s’y rendre.

Malgré tout, on peut toujours espérer que le festival continue vaille que vaille, non seulement parce que ça lui laisserait une chance de s’améliorer et de retrouver ses racines, mais aussi parce que maintenant il ne risque plus de manquer de subventions s’il continue. ff

Le palmarès 2014 du festival sur la page d’accueil de St Just-le-Martel.

Affiches du festival dessinées par Blachon (1987), Laville (1994), Willem (1997), et Pétillon (2003), Loup (2011).