Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

Archive pour le mot-clef ‘Terreur graphique’

Que peut la satire ?

mercredi 23 mai 2018

Depuis le massacre du 7 janvier 2015 à Charlie Hebdo on ne s’est jamais autant intéressé à la caricature et au dessin de presse, même si on constate à regret qu’il n’y a pas plus de place pour ce moyen d’expression dans les médias. Avec l’album de BD « Le pouvoir de la satire » (Dargaud) ce sont deux dessinateurs qui s’y collent, Fabrice Erre et Terreur Graphique (Georges Boissier).

Historique (deux siècles), liberté d’expression, censure, presse (« racine de la démocratie »), analyse de la satire, tout les thèmes y sont passés en revue et on peut juste regretter que ne soit pas abordé le statut économique et social des dessinateurs. C’est dense (pré-publié en chapitres dans l’excellente Revue dessinée), illustré par pas mal d’anecdotes, on y cite beaucoup Charlie Hebdo, et surtout les auteurs se posent beaucoup de questions sur ce qui est encore aujourd’hui un métier. L’album se termine par ces constats « la satire prend de nouvelles formes, surgit à d’autres endroits : elle est toujours là ! », et « Ce n’est pas sûr qu’elle puisse sauver le monde, mais au moins le rendre plus libre (Et plus drôle !)». Drôle, c’est une des qualités de l’album à défaut de nous convaincre totalement que la satire (et son « esprit frondeur ») a un réel pouvoir.

Emmanuel Macron en caricature

mercredi 17 mai 2017

Libération a interrogé plusieurs dessinateurs – Joann Sfar, Coco, Mathieu Sapin, Pétillon, Terreur Graphique, pour savoir comment ils caricaturent le nouveau président de la République Emmanuel Macron. Titre de l’article de Sabrina Champenois “Emmanuel Macron, obscur objet du dessin ?

Extraits :

15355740_886134258196037_2855857820399430695_nJoann Sfar : […] Moi, je ne suis pas dans la caricature politique, je fais du portrait de caractère, basé sur l’observation – d’un comportement, d’attitudes – et ce sont les accrocs, les faux pas qui m’intéressent, quand ils se prennent les pieds dans le tapis. Alors, peut-être que ça va venir, et ça va être intéressant de le regarder, des choses vont forcément émerger. […]

Coco : […] On peut dessiner tout le monde. Les moches et les autres. Le tout, c’est de bien interpréter, de trouver un point de vue. Quand on a trouvé le regard, on a fait 50% du dessin (C’est Cabu qui disait souvent ça, il avait raison). Et les aspérités, ça va venir. Par son couple, peut-être. Pas la différence d’âge, ça, je m’en fous, mais plutôt cette relation prof-élève que j’ai perçue dans le documentaire les Coulisses d’une victoire et qui m’a surprise. Macron, j’ai confiance, ce sera un bon client comme les autres, même si pas aussi physique qu’un Sarkozy. […]

Mathieu Sapin : […] Ce qui est certain, c’est que comme tous les beaux gosses, il pose problème, ceux qui ont des aspérités sont plus intéressants. Mais bon, il y a quelques éléments auxquels on peut s’accrocher : le front haut, la petite coupe de cheveux d’enfant sage, les pattes post-étudiant, un long nez, une forme de menton très anguleux alors que celui de Hollande par exemple, est beaucoup plus fuyant. Et puis il y a sa dentition : il n’a pas les dents en avant mais légèrement écartées et bien visibles alors que celles de Hollande, personne ne les voit ; en fait Macron a quelque chose de carnassier.” […]

Terreur Graphique : «Macron est super compliqué à dessiner, d’ailleurs je n’ai pas trouvé le truc, je ne le dessine jamais de la même façon. Même avec ses dents, petites et légèrement écartées, des dents d’enfant, il garde un côté Ken (de Barbie). Comme je ne fais pas les yeux mais plutôt les traits, son regard ou son nez ne m’aident pas. Je trouve que Mathieu Sapin et Pétillon s’en sortent bien, sinon je vois bien que mes collègues galèrent aussi. Mais bon, on a le temps pour le choper, cinq ans…”

En illustration, dessin de Man (Midi libre) et de Glez qui n’ont pas été interrogés par Libération. A noter que le dessin de Glez à été entrevu dans un reportage de Paris Match sur le QG de campagne du candidat d’En Marche ! Un présence à l’insu de son auteur.

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Le 7 janvier 2015 à Charlie Hebdo vu par La Revue dessinée

samedi 26 décembre 2015

jpg-90808Le dernier numéro (10) de La Revue dessinée entame le déferlement d’articles et de reportages qui, début janvier, vont nous replonger dans les attentats de janvier 2015.

Le magazine publie les témoignages poignants des policiers mobilisés sur le massacre de Charlie Hebdo, ceux qui ont pénétré les premiers dans les locaux de l’hebdomadaire satirique et participé aux enquêtes après la tuerie.

Au total 28 pages, illustrées par Titwane, complétées par un entretien avec Laurent Léger, journaliste à Charlie Hebdo, qui a échappé le 7 janvier aux balles des tueurs.

A la question « C’est lourd à porter, toute cette histoire », il répond : « C’est très lourd, parfois. Mais nous ne sommes pas un symbole, le symbole, c’est le journal. Ce que je ne supporte pas, ce sont les gens ou les confrères qui disent : « Continuez ! » Mais eux, alors, que font-ils ?

Dans le même numéro, d’autres reportages toujours aussi intéressants et six pages qui retracent l’histoire de la presse satirique en France (note aux auteurs : Terreur Graphique et Fabrice Erre, Charlie Hebdo n’est réapparu qu’en 1992).

A noter que le quotidien Libération a publié des extraits du reportage sur Charlie Hebdo dans son édition du 25 décembre 2015.

“Dessinateur, un métier d’avenir”

mardi 3 mars 2015

Nouveau blog sur le site Internet de Libération :

125f0edb12b47b22264569f7c6c3e12337474986fde90d9d3b90123e9c7f165fLe dessinateur Terreur graphique (c’est sa signature), de son vrai nom Fred Lassagne, est présenté ainsi : ” Terreur Graphique est né en 1977, il dessine pour Fluide Glacial, Dargaud, 6 Pieds Sour Terre, Même Pas Mal, Vraoum, Vide Cocagne… derniers livres parus : Le Petit Livre de la Bande Dessinée (avec Hervé Bourhis – Dargaud) et Le F. I. S. T. (avec Jorge Bernstein – Fluide Glacial). “

Dans un article de Libération il a déclaré en janvier 2015 : ” Est-ce qu’on rit encore d’un dessin politique ? Oui, quand il est bon. Un dessin politique réussi, ce n’est pas un dessin militant, c’est un dessin sur le fil. Reiser et Charlie sont sur l’ambiguïté. Ce qui est drôle c’est d’être à la frontière entre le bon goût et le mauvais. Du coup, forcément, cela arrive, et ça m’est arrivé plein de fois, de ne pas être compris. Pour moi, la grille d’analyse doit être de savoir si le dessin est réussi ou non, pas militant ou non. […]”