Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

Archive pour le mot-clef ‘Mohicans’

Charlie Hebdo et le bout du tunnel

jeudi 5 janvier 2017

c1p8bzhwiaesdc6A la veille du deuxième anniversaire du 7 janvier 2015, Le Point consacre cette semaine 3 pages au livre “Charlie Hebdo, le jour d’après”  de Marie Bordet du Point et Laurent Telo du Monde (Fayard), et l’AFP a diffusé un long article titré « Deux ans après les attaques, Charlie Hebdo repart à l’offensive ». Dans l’interview publiée par Sud Ouest et qui accompagne ce texte, Riss déclare « La ligne éditoriale (de 2017) sera dans la continuité de 1992 (date de la relance du journal), 1993 et ainsi de suite. 2015 a été l’année de la survie, 2016 celle de la stabilisation. En 2017, il faut peut-être qu’on soit plus incisifs et offensifs, politiquement. J’ai parfois l’impression que depuis deux ans les gens s’intéressent à Charlie Hebdo uniquement sous l’angle de l’émotion, du drame, plutôt que de voir les problèmes politiques très difficiles que posent tous ces attentats. C’est toujours la même histoire : l’intolérance religieuse, etc. Ce sont des sujets qui s’effacent du débat public. Est-ce qu’on n’a pas un peu oublié les raisons pour lesquelles ils se sont faits tuer le 7 janvier ?”

Libération du 5 janvier consacre lui aussi sa Une (dessin de Coco) et 3 pages à Charlie Hebdo avec un texte du réalisateur Francesco Mazza qui avait pris fait et cause pour le journal après un dessin de Félix sur le tremblement de terre en août dernier (le dessin est reproduit en grand par le quotidien). Ce texte paraîtra le 7 janvier dans l’hebdomadaire italien Oggi.

A propos du livre « Charlie Hebdo », le jour d’après » :

jour-dapresA quoi bon s’intéresser à un journal dont les ventes recommencent à baisser inexorablement mais qui survivra grâce à la cagnotte des ventes exceptionnelles de l’après 7 janvier 2015 ? A quoi bon publier des informations déjà diffusées dans la presse et qui consacrent les déchirements de la rédaction après le massacre des frères Kouachi ? A quoi bon raconter comment Riss et Eric Portheault ont manœuvré pour devenir les seuls maîtres à bord en roulant la rédaction et les familles en deuil ? A quoi bon espérer quoi que ce soit d’un journal “satirique” noyauté par Anne Hommel, conseillère en communication (DSK, Cahuzac,Bongo), elle même amie de l’entreprenant et omniprésent avocat Richard Malka, lui même « frère » de Philippe Val ex-patron de l’hebdo parti avec la caisse et qui continuerait à rôder autour des locaux de l’hebdo pourtant ultra-sécurisés ? Tout cela a déjà été dit sur ce blog ou raconté par Denis Robert dans “Mohicans” (Julliard).

Le massacre du 7 janvier 2015 a dramatiquement fini de vider de son esprit originel ce titre mythique qui n’est plus aujourd’hui, et après le passage dévastateur à sa tête de Philippe Val, que le lointain reflet de celui imaginé par ses fondateurs Cavanna et Georget Bernier.

Tant mieux si ce journal reste un symbole de la liberté d’expression, il en faut, tant mieux si quelques-uns y trouvent de quoi vivre, écrire, dessiner, mais s’acharner sur un journal qui aurait du changer de nom, qui visiblement n’a aucun projet (en dehors d’une version allemande), c’est lui donner une importance très grande, et franchement quel intérêt ? ff (chroniqueur peu clairvoyant)

En illustration la couverture signée Foolz du numéro de cette semaine.

Satire Hebdo, Hara Kiri, les faux semblants

jeudi 14 janvier 2016

L9886Pour faire un journal satirique, ou quelque chose qui y ressemble, c’est assez facile. On réunit quelques textes, une poignée de dessinateurs, on réalise une maquette, on l’imprime et on le diffuse avec la complicité de distributeurs pas très regardants.

Ce fut le cas en janvier 2015 après l’attentat contre Charlie Hebdo, avec des journaux vendus en kiosques qui reprenaient sans aucun scrupule des dessins de Tignous ou d’anciennes interviews de Charb ou de Wolinski.

C’est encore le cas aujourd’hui avec Satire Hebdo publication épisodique qui n’a d’hebdo que le titre, et depuis peu Hara Kiri (titre appartenant à Cavanna – cf. Mohicans de Denis Robert), tout deux ayant le même éditeur. Sans véritable rédaction, sans ligne éditoriale, ces titres surfent sur l’intérêt actuel pour Charlie Hebdo et le dessin de presse

Qui sont les éditeurs ?

En cherchant un peu, on trouve imprimé le nom des responsables et notamment celui de Catherine Gaigher, présidente de l’entreprise Oulala créée en 2015, mais également mandataire de 6 autres sociétés People Medias, Gossip People, Oops. A noter que c’est elle aussi qui a déposé en 2009 le titre L’Evènement du Jeudi à l’INPI.

Satire HebdoElle est très, très proche de Frédéric Truskolaski, avec qui elle a dirigé plusieurs magazines, et dont on retrouve le nom dans un article de Rue 89/L’Obs en 2013. Extrait : « C’est ainsi que, tous les mois, des dizaines de milliers de chalandes se font avoir dans les grandes largeurs. Car Frédéric Truskolaski n’est pas avare en papier glacé. Depuis 2009, il a fondé cinq Sarl spécialisées dans la vente de magazines : People Story, Miss, Lolie, 20 Ans et Medias People. Un fastidieux exercice de recensement permet d’estimer que ces sociétés abritent plus d’une trentaine de publications (certaines ont déjà disparu des kiosques), pour des tirages allant de 60 000 à 100 000 exemplaires. »

Le même a lancé le magazine féminin Bridget, « concurrent » de Causette, dont le créateur et directeur Grégory Lassus-Debat explique à Rue 89/L’Obs en 2013 qu’il s’agit d’un plagiat flagrant de son magazine : «  La maquette et la direction artistique ont été repompées à 100%. Et Bridget a le même positionnement éditorial, le même format, le même prix (4,90 €). Même le papier est proche du nôtre, si ce n’est identique. Certaines rubriques ont été clonées, seul le nom étant changé : “ On nous prend pour des quiches ” devient ainsi “ Au secours ”. ».

Dernier point, l’agence Iconovox.com, spécialisée dans le dessin de presse, qui héberge en toute indépendance ce blog, a été contacté pour participer aux deux premiers numéros de Satire Hebdo. Les dessins publiés ont été payés, mais depuis, Satire Hebdo et aujourd’hui Hara Kiri semblent faire appel aux dessinateurs qui les sollicitent.

Les dessinateurs de Satire Hebdo, Sondron et Glon, ont décliné l’invitation à participer au “nouveau” titre  Hara Kiri.

Merci à A. C. pour les liens et infos.