Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

Archive pour la catégorie ‘affaire des caricatures’

“Charpie Hebdo” ne devrait pas paraître

mercredi 18 février 2015

Un titre approximatif « Le Monde des médias », des titres accrocheurs, des articles souvent creux, les éditeurs de ce journal créé en 2009 publient aussi des journaux parodiques comme « Le Monte » et « Le Connard ». En 2010, le bimestriel « Le Monte » avait été condamné pour la publication de plusieurs photomontages de Nicolas Sarkozy “utilisant sans autorisation l’image de son visage” .

Les mêmes avaient donc l’intention de lancer en février 2015 un nouveau titre « Charpie Hebdo », mais, nous apprend Le Figaro (et L’Obs): « Dans un courrier recommandé daté du 30 janvier, Richard Malka, l’avocat de Charlie Hebdo a enjoint Sonora Média de renoncer avant le 8 février à cette publication prévue, selon lui, le 11 février 2015, soit “quelques semaines après les attentats terroristes qui ont été perpétrés le 7 et 9 janvier derniers (…) et qui ont causé la mort de dix-sept personnes”. Selon l’avocat : « Dans ce contexte, le titre Charpie Hebdo évoque évidemment de manière directe ces événements et les victimes, ce qui nous semble parfaitement indécent, étant précisé qu’il ne saurait revêtir un quelconque caractère humoristique, dépassant largement « les lois du genre » de l’humour satirique acceptable ».

Si le comportement nécrophage des éditeurs – qui publient en mars 2015 un nouveau titre racoleur « La presse satirique » consacré à Charlie Hebdo – est à dénoncer, on peut s’interroger sur les arguments assez étonnants de « lois du genre » et « humour satirique acceptable » utilisés par un des avocats de Charlie Hebdo.

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Cabu en juin 2014

mardi 17 février 2015

Une video de Cabu à France 3 pour la présentation d’un de ses derniers livres, “Dessins cruels” (Cherche midi) et où il parle de son métier de dessinateur  (cliquez sur l’image pour la regarder) :

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“Ne pas céder à la peur”

mardi 17 février 2015

charlie-hebdo-0532-diaporamaExtrait de l’interview de Laurent Légér, journaliste à Charlie Hebdo, publiée par Libération :

” […] ce combat-là ne concerne pas que Charlie Hebdo, tous les médias doivent le mener et tous les citoyens aussi. La liberté d’expression, ça concerne tout le monde. On doit expliquer partout où on le peut, dans les écoles notamment, à quel point la liberté d’expression est un droit important dans une démocratie, expliquer qu’en France on a le droit de critiquer les religions, et toutes les religions: musulmane, chrétienne, juive. Et si ça ne plaît pas à certains, qu’ils intentent des procès!

Le problème de ces fanatiques et de ceux qui les envoient, c’est qu’ils refusent l’expression libre dans le cadre de la loi. Ces massacres procèdent de pratiques du Moyen-Age. On est dans le totalitarisme, le fascisme. Il ne faut pas avoir peur d’une poignée de fous, ils n’agissent évidemment pas au nom de l’Islam, ce sont des escrocs à la religion, des pauvres types. Face à cela, l’équipe de Charlie Hebdo ne doit surtout pas rester seule, tout le monde doit s’approprier cette lutte. […]

 

“Certains disent non car ils ont peur” Riss

lundi 16 février 2015

Inrocks-CharlieRiss dans Les Inrocks :

« Pour recruter, ce n’est pas évident. On commence à chercher des gens pour travailler avec nous, certains disent non car ils ont peur. Ils demandent : “Est-ce que je serai obligé d’aller au journal ? Est-ce que je serai obligé de signer de mon vrai nom ?” Ils ont la trouille. En interne, Charlie est un journal qui fout la trouille. Il y a un vrai enjeu de vie et de mort. Des gens sont morts dans des conditions démentielles. En plus de supporter la disparition des morts, il faut refaire un journal marrant et léger dans des conditions très difficiles. Il faudrait presque le faire dans un blockhaus, à un mètre de profondeur. Certains ne veulent pas travailler dans un lieu super sécurisé, d’autres au contraire l’exigent. On a visité des locaux avec des spécialistes de la protection, des trucs comme dans les films. Après, on se dit que c’est possible, que ça peut recommencer. »

L’intégralité de l’entretien de Riss avec Anne Laffeter et Mathieu Dejean dans Les Inrocks.

 

Lars Vilks à nouveau visé par des terroristes

samedi 14 février 2015

220px-Lars_Vilks_20050722La fusillade au centre culturel Krudttønden à Copenhague dans l’après-midi du  14 février 2015, visait les participants d’un débat sur l’art, le blasphème et la liberté d’expression en hommage à Charlie Hebdo. L’ambassadeur de France et le caricaturiste suédois Lars Vilks y assistaient. Les tirs auraient fait un mort et blessé trois policiers qui assuraient la protection des lieux.

Lars Vilks avait défrayé la chronique en 2007 pour avoir dessiné un chien avec la tête de Mahomet. A l’époque Al-Qaeda avait promis 100.000 dollars à celui qui assassinerait Lars Vilks, et 50.000 dollars pour le propriétaire du journal suédois Nerikes Allehanda qui avait publié le dessin.

Protégé par la police, sa maison en Suède avait été l’objet d’une tentative d’incendie en 2010. L’artiste et polémiste Lars Vilks est aussi le créateur du prix le “Chien d’Or” qu’il a attribué en octobre 2014 à Charlie Hebdo.

En illustration, photo de Lars Vilks (Wikipedia).

Dessins de Charlie Hebdo qui va payer les droits ?

vendredi 13 février 2015

707192-une-charlieLes dessins de Cabu, Charb, Honoré, Tignous, Wolinski, ont été repris par de très nombreux médias, télévisions, journaux, éditeurs, souvent sans l’accord ni de Charlie Hebdo, ni des ayants-droits.
Le fait que ces images soient utilisées pour leur rendre hommage n’exonère pas les diffuseurs de payer les droits sur ces dessins.

Etre dessinateur de presse est un métier et ceux qui le pratiquent vivent des droits de reproduction que leur versent les journaux, soit de façon forfaitaire avec un salaire, soit à travers les piges occasionnelles ou régulières.
Tout comme les photos, l’utilisation et la diffusion n’est pas gratuite et l’argument comme quoi « les droits seront reversés aux victimes des attentats » n’est pas recevable. D’autant plus que l’intitulé souvent utilisé est « l’intégralité des bénéfices seront reversés aux victimes des attentats », les « bénéfices » seulement !

En Italie, un cabinet d’avocats tente de contacter les dizaines d’auteurs européens dont les dessins ont été repris – sans leur accord – dans un supplément du Corriere della Sera intitulé « Je suis Charlie – Matite in difesa della libertà di stampa », diffusé dans les kiosques italiens. Dans leur courrier aux auteurs ils expliquent « La publication du volume viole de manière grave et évidente non seulement les droits patrimoniaux des auteurs, la publication de leurs œuvres sans leur autorisation les ayant de fait privé de l’éventuelle rémunération auxquels ils pouvaient prétendre en application du droit d’auteur, mais elle pourrait également constituer une violation du droit moral des auteurs, dans la mesure où ceux-ci se trouvent associés sans leur accord à une initiative éditoriale qui choisit de présenter une version « édulcorée » de Charlie. »

En France, le pool d’avocats qui gère les suites administratives du massacre et la situation financière de Charlie, trouvera certainement là une nouvelle source de revenus (il n’en manque pas avec un pactole de soutien annoncé de 30 millions d’euros), d’autant plus qu’il vient de mandater, Dominique Burdot, ex-éditeur (Vent d’Ouest, 12Bis), et ami de Richard Malka, comme mandataire pour les dessins.