Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

Daumier est mort

4 décembre 2008 à 11 h 42

Daumier par-ci, Daumier par-là. Plusieurs initiatives organisées en 2008 à l’occasion de la célébration du 200ème anniversaire de la naissance d’Honoré Daumier ont donné lieu à un déferlement d’articles, d’émissions, d’exposition, d’ouvrages et de commentaires divers sur cette figure historique du dessin de presse.

daumierEt tous de s’extasier sur sa force créatrice, la qualité de son trait, son esprit polémique et de gloser sur le beau métier de dessinateur de presse. A l’époque.

À les lire et à les entendre, on pourrait croire que depuis plus de deux cents ans il n’y a rien eu de nouveau dans ce domaine. 

Pire, ceux qui s’enthousiasment sur l’œuvre de Daumier* sont les mêmes qui actuellement accordent une portion congrue aux dessinateurs dans les colonnes de leurs journaux ou sur les nouveaux supports éditoriaux.

Que serait Daumier aujourd’hui s’il devait soumettre plusieurs projets de dessins à son rédacteur en chef, ou au maquettiste de service, avant de le réaliser ?

Que serait Daumier aujourd’hui s’il devait se plier aux formats imposés aux dessinateurs en fonction de la mise en page ou des délais rapides résultant en général d’un trou inopiné dans la maquette ou d’une illustration photo finalement introuvable ?

Autant de contraintes qui brident aujourd’hui l’exercice de ce métier. Or celui-ci demande essentiellement une grande confiance envers le créateur et une liberté d’expression totale. On en est loin.

En janvier, le Nouvel Observateur écrivait «Du Sarkoland, il aurait fait un tableau brillant et accablant ». Mais voilà, Daumier est mort et ne risque plus de déranger grand monde.

En 2008, nombre de dessinateurs voudraient bien pouvoir pratiquer le métier comme le faisait Daumier. 

Ce sont eux qu’il faut célébrer. ff

En illustration : lithographie de d’Honoré Daumier (1848)

* Faut-il rappeler que les nombreux ouvrages consacrés au Daumier dessinateur, sculpteur, peintre sont plus souvent disponibles dans les bacs des soldeurs que chez les libraires.

Le très intéressant site Caricatures & Caricature signale également la parution d’un numéro spécial des Cahiers Daumier avec des contributions de Guy Canivet, Hélène Carrère d’Encausse, Noëlle Chatelet, Xavier Darcos Claude Évin , René Frydman Anne-Marie Idrac, Jean-Noël Jeanneney, Jean Lacouture, Marc Lambron , Noëlle Lenoir, etc.

article nouvel observateur

Les célébrations du bicentaire annoncées par Le Nouvel Observateur en janvier 2008

Dessins universels

3 décembre 2008 à 11 h 56

 

plantuPlantu est le co-commissaire de l’exposition Permis de croquer, un tour du monde du dessin de presse, conçue avec la bibliothèque Forney dans le cadre de la célébration du 60ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’homme.

L’exposition sera inaugurée par Bertrand Delanoë, maire de Paris, en présence de Kofi Annan, prix Nobel de la Pais 2001 et ancien secrétaire général de l’ONU.

Permis de croquer, du 6 décembre 2008 au 8 mars 2009, Bibliothèque Forney. 22, rue Malher Paris 75004. Du mardi au dimanche de 11h à 19h. Plantu signe l’affiche et la couverture du catalogue co-édité avec le Seuil.

Illustration : Auto-caricature de Plantu dénichée sur le site de France 5 qui parraine l’événement.

La vraie face cachée des dessinateurs satiriques

25 novembre 2008 à 12 h 34

Après La face cachée du Monde (Mille et une nuits) paraît Le vrai Canard (Stock) livre documentaire qui dévoile les dessous de la rédaction du Canard enchaîné. Charlie hebdo devrait lui aussi faire prochainement l’objet d’un livre sous le titre La face couchée de Charlie hebdo rédigé par des journalistes du mensuel CQFD.

le-vrai-canardPoint commun entre tous ces journaux, ils utilisent pas mal de dessinateurs pour illustrer leurs pages. Des dessinateurs nombreux, mais pas forcément épanouis dans leur travail. Ainsi Pancho ne dessine plus dans Le Monde depuis quelques semaines victime du couperet de l’âge de la retraite. Autre départ, mais « volontaire » cette fois-ci, celui de Pessin en 2009 (d’après Marianne 2). On remarquera cependant que dans les deux cas le journal ne semble pas s’émouvoir – restrictions budgétaires exigent – de la disparition de ses colonnes de deux signatures de grand talent.

Au Canard, si la situation des dessinateurs est très enviable financièrement puisqu’au bout de dix ans de collaboration ils sont associés aux importants bénéfices du journal, elle l’est moins pour ce qui est de la reconnaissance de leur travail. En effet, ils n’ont aucun droit de regard sur le choix des dessins publiés puisqu’ils le découvrent le mardi, jour de l’impression de l’hebdo. Il en va de même pour les tarifs, acceptés, mais longtemps calculés à la surface. Un problème désormais résolu, car tous les dessins ont quasiment le même format, idéal pour boucher les trous de la maquette.

À Charlie hebdo Cabu est (pour l’instant ?) le seul dessinateur actionnaire de l’hebdomadaire et les disparités de salaires existent. On l’a découvert lors de « l’affaire Siné » où Wolinski s’est aperçu incidemment que Siné gagnait plus que lui, et que les dessinateurs n’étaient pas toujours associés aux bénéfices des ventes. Point positif dans cet hebdomadaire, un dessinateur, Charb, est rédacteur en chef adjoint et participe à la sélection des dessins à paraître.

En fait, on parle assez peu des dessinateurs dans ces livres-enquête sur le fonctionnement des journaux. Ils sont rarement intégrés aux rédactions et leur rôle y est annexe même s’ils occupent une importante surface rédactionnelle. Décidément, ce métier, déjà en perte de vitesse faute de supports suffisants, n’est pas près d’être reconnu à sa juste valeur.

On s’intéresse au dessin de presse

24 novembre 2008 à 13 h 32

Exposition De la censure d’État à la censure privée ? du 18 novembre au 18 décembre 2008 au Centre d’animation Pôle Simon Lefranc, 9 rue Simon Lefranc 75004 Paris.

Tous les jours, sauf dimanche, de 10h à 12h et de 14h à 20h. Tél. : 01 44 78 20 75.

À noter que le jeudi 27 novembre à 20h un débat est organisé autour du thème : Pourquoi publie-t-on ou ne publie-t-on pas un dessin de presse aujourd’hui ? Avec la participation du dessinateur Honoré de Charlie hebdo.

Infos trouvées sur le site Caricatures & Caricature :

castelnaudaryridep11e Festival de Castelnaudary (France) du 21 au 30 novembre 2008. Les dessinateurs invités sont : Antonelli, Aurel, Batti, Biz, Deligne, Gibo, Giemsi, Hours, Iturria, Jiho, Lerouge, Moine, Mric, Pichon, Raynal, Rousso, Solé, Tignous, entre autres. 

Galerie Paul Sibra (mairie), jusqu’au 30 novembre, de 14 h à 17 h.

10èmes Rencontres Internationales de Dessin de Presse (RIDEP) qui se tiendront à Carquefou près de Nantes (France) les 16, 17 et 18 janvier 2009. Le thème de cette édition sera « Un monde de dessins de presse » Affiche signée Plantu. Compte-rendu des éditions précédentes sur ce site.

Disparition de Guy Peellaert

19 novembre 2008 à 13 h 49

pravdaDécidément il ne restera bientôt plus grand monde pour raconter l’épopée Hara-Kiri. Guy Peellaert qui y participa avec des planches composées de montages photos et de dessins (entre autres, She and the green Rairs avec Roger Wolfs) est décédé le 17 novembre à Paris.

Né à Bruxelles en 1934, il se fit connaître avec deux bandes dessinées de style « pop art » Jodelle (1966) et Pravda la survireuse (1968) dont les héroïnes étaient inspirées graphiquement de Sylvie Vartan et de Françoise Hardy.

peellaertIl sera ensuite décorateur de cinéma et de théatre avant de se dédier totalement à la peinture et au pastel en s’inspirant de photos des grands mythes américains. Guy Peellaert est également l’auteur d’affiches de films : Taxi Driver, Short Cuts, L’Argent, Paris, Texas, Les Ailes du désir.

C’est lui aussi qui signa les images du générique de l’émission de télévision, Cinéma, cinémas sur Antenne 2, en 1982. Ses œuvres étaient connues dans le monde entier et ont été réunies dans des albums aujourd’hui introuvables : Rock Dreams, Albin Michel 1974, réédité chez Taschen en 2003, The Big Room, Albin Michel, 1986. Le dernier Rêves du 20e siècle, Grasset, a été publié en 1999. En 2004, Claude Ventura lui a consacré un film.

Un aperçu de son travail est visible sur son site officiel

Pellaert disparaît quelques jours avant la réédition au Seuil de l’album Pravda la survireuse (source : Actua BD).

Sajtinac : dessein animé

19 novembre 2008 à 13 h 13

sajtinacDessinateur pour Stern, Frankfurter Allgemeine Zeitung, Die Zeit, Sajtinac n’a hélas jamais trouvé en France, où il est désormais installé, une place dans la presse (même si Hara-Kiri, L’Événement du Jeudi, Le Point et Le Monde ont publié épisodiquement ses dessins).

Il faut dire aussi que rares sont les titres dignes d’accueillir un travail d’une telle qualité. Aussi il est revenu à ses premières amours le cinéma d’animation (une quinzaine de films primés dans le monde entier).

Grâce à une féroce obstination et aux possibilités qu’offre désormais la technologie numérique, il a entièrement réalisé seul un long métrage Le tueur de Montmartre. Celui-ci sera projeté le vendredi 28 novembre au Studio 28, 10 rue Tholozé 75018. Séance à 21h 30, prix d’entrée 8 €.

À noter que les dessins du film seront exposés au même endroit les samedi 29 et dimanche 30 novembre de 15h à 21h.

Sajtinac a publié Tango d’enfer (Fluide glacial) et Peinture fraîche (Glénat).