Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

Archive pour le mot-clef ‘Luz’

Post-trauma

mardi 11 octobre 2016

calme-et-tranquilleNe pas se fier au titre. « Calme et tranquille » (Le Tripode), parle de proches disparus, de suicide, d’amour, d’amants, d’escapades stambouliotes passionnées, de mort.

Certains traduisent leurs émotions et leur désarroi par le dessin, d’autres optent pour le silence ou la psychanalyse, Valérie Manteau a choisi l’écriture. Une écriture sensible pour exprimer l’indicible, apaiser le chagrin. Des mots pour circonscrire le « sentiment de douleur ».

L’auteure en est sûrement consciente, on lui parlera inévitablement (ce que je fais) de Cabu, Wolinski, Laurent Léger, Charb, Gébé, Riss, Tignous, Catherine, Bernard Maris, Patrick Pelloux, Mustapha Ourrad, Luz, Honoré, que l’on croise dans ces pages. Autant de personnages de cette « fraternité » qui a embellit sa vie à Charlie Hebdo. Mais, il ne faut pas se méprendre, ce beau texte est avant tout l’histoire d’une jeune femme brillante confrontée à « l’universelle douleur humaine ».

Extrait :

[…] Je voudrais que vous sachiez que ce que vous avez vécu, tout ça… C’est pas ça la vie.

Je grince des dents. Mais qu’est-ce qu’elle raconte. Qu’elle se taise. Qu’elle se taise j’ai trop besoin d’elle pour qu’elle ruine tout avec des mots trop légers à la surface de la réalité brute, violente, la réalité qui n’a demandé l’avis de personne pour être la simple et idiote réalité de la vie, quoi qu’elle en dise.

Il faut vous dire qu’ils sont morts comme ils ont voulu vivre, libres… […]

Humour, stupeur et tremblements

samedi 3 septembre 2016

Charlie-Hebdo-vignetta-terremoto-ItaliaLes médias italiens et français se font largement l’écho des réactions suscitées par un dessin publié par Charlie Hebdo sur le dernier tremblement de terre en Italie. Félix, son auteur, se fait d’ailleurs un malin plaisir de les recenser sur son compte Facebook.

Charlie Hebdo déjà sous protection policière permanente depuis janvier 2015, est aussi désormais scruté par des milliers de personnes qui sous prétexte d’avoir arboré le slogan à géométrie variable « Je suis Charlie » s’arrogent aujourd’hui le droit de déterminer son contenu éditorial.

Oui on peut rire de tout, et depuis des siècles le malheur a toujours été un terreau favorable à l’humour, l’humour noir, la satire, la caricature. La liberté d’expression doit rester pleine et entière, et pour l’humour, chacun a toute liberté de l’apprécier, ou pas. ff

Ci-dessous une page de Luz publiée dans le Charlie Hebdo n°1209 du 23 septembre 2015.

1209-02-Luz-DessinsatiriqueWeb

Des nouvelles du “collectif” Charlie Hebdo dans Libé

mercredi 22 juin 2016

Tiens, deux pages sur Charlie Hebdo aujourd’hui dans Libération ? Quoi de nouveau ? Pas grand chose « le journal peut penser plus sereinement à l’avenir ». Sans faire de mauvais esprit, on notera juste que ce type d’article paraît à chaque fois que le journal est mis en cause (en ce moment par la femme de Michel Renaud mort dans les locaux de Charlie le 7 janvier 2015) et il faut bien que Anne Hommel, communiquante de crise (Cahuzac, DSK, Bongo) justifie son omniprésence au sein de la rédaction.

Donc, d’après Libé « l’entreprise Charlie n’appartient plus seulement à elle-même. Symbole ballotté d’injonction en injonction, au gré de ce que chaque Français voudrait qu’il devienne, le journal continue pourtant de se reconstruire dans un climat toujours lourd, mais qui semble plus serein. ». Le journal dévoile que Charlie compte encore 60 000 abonnés et qu’il se vend, d’après le directeur financier Eric Portheault, 60 000 exemplaires en kiosques chaque semaine.

ClhvGAhVAAAIEDmCôté rédaction, on lit que certains « reprochent à Riss son emprise sur l’hebdo » (il est actionnaire à 67%) et son « hommage très nuancé » à Siné, mais la vie continue, «Il y a moins de dessins tristes, constate Portheault. La preuve, on est à nouveau cités chez Ruquier le samedi soir…» Riss abonde : «Toute l’année 2015, on était sous la chape de plomb. On a dû gérer des traumatismes graves, trouver des locaux, gérer la sécurité, les dons… Tout nous renvoyait à l’attentat. En plus, on regardait arriver l’anniversaire de l’attaque avec appréhension… On a rongé notre frein pendant un an et on a vidé notre sac dans le numéro anniversaire début janvier. En franchissant ce cap, on s’est un peu libérés, le ciel s’est dégagé. Notre horizon, maintenant, c’est le journal. On a l’esprit concentré là-dessus.»

Libération constate aussi « la montée en puissance des trois dessinateurs – Juin, Foolz, Vuillemin » qui ont « pris plus de place après la tuerie, aux côtés des deux historiques, Coco et Riss. « On a retrouvé une équipe de dessinateurs à peu près potable, avec des gens qui savent tout faire, du reportage, de la satire, de l’actu, estime le directeur de la rédaction. Désormais, on n’est plus deux autour de la table le lundi [jour de bouclage du journal, ndlr], mais cinq. On a recréé du collectif. Quand on est plusieurs autour de la table, on a plus d’idées, on fait un meilleur journal. On notera seulement que Willem, présent depuis 1969 dans L’hebdo Hara-Kiri devenu Charlie Hebdo, n’est pas cité par Libé comme faisant partie des « historiques ».

Le quotidien nous apprend également que « Riss, qui travaille à une BD sur Marine Le Pen avec Richard Malka – avocat proche du journal » (sic) et « qu’il ne l’avoue pas facilement » mais « il aimerait faire revenir Luz et Catherine Meurisse, qui ont pris leurs distances avec Charlie – la seconde a seulement conservé une chronique. »

Sinon, à propos de l’ouverture du capital aux membres de la rédaction, Eric Portheault (qui en détient 23%) déclare « Dans notre réflexion, ça avance tout doucement. Il est impossible de fonctionner à deux, ce n’est pas viable. Il y a une masse d’argent considérable et la renommée à gérer. Mais ne rentreront dans le capital que des gens en qui il y a une confiance totale et réciproque. On ne veut pas transposer le bordel d’une rédaction dans l’actionnariat.» Expliquer la “confiance totale et réciproque” ce sera sans doute une nouvelle occasion pour Libération de consacrer un énième article à Charlie Hebdo.

En illustration, la Une du Charlie Hebdo n°1248, dessinée par Vuillemin.

Merci à M. C.

L’émotion de Catherine Meurisse

mercredi 27 avril 2016

CMEurisseCouvertureNous avons été quelques-uns à entrevoir le livre « La Légèreté » de Catherine Meurisse bien avant sa sortie en librairie. C’était le soir de la présentation en avant-première du livre d’Honoré « Petite anthologie du dessin politique » (La Martinière). « Lisez la préface de Philippe Lançon elle est formidable », nous conseillait alors Catherine Meurisse, comme si les mots pouvaient être plus forts que les dessins, ses dessins. Le texte de Lançon est puissant, qui s’en étonnerait, mais comment rester insensible au récit que la dessinatrice fait sur plus de 130 pages du funeste jour où fut massacrée une partie de la rédaction de Charlie Hebdo et surtout, des longs mois de désespoir qui suivirent.

Ce 7 janvier, beaucoup d’entre nous intègreront le mot sidération dans leur vocabulaire face à l’incompréhension de cette tragédie. Ceux qui l’ont vécue au plus près tentent depuis de se reconstruire, physiquement, psychologiquement, professionnellement. Certains ont choisi les mots ou le silence, d’autres comme Luz avec Catharsis (Futuropolis) ont opté pour le dessin. On savait à la lecture de Charlie Hebdo que le dessin pouvait être cruel, goguenard, cynique, iconoclaste, virulent, on découvre avec le talent de Catherine Meurisse qu’il peut aussi émouvoir. ff

La légèreté de Catherine Meurisse paraît le 29 avril 2016 (éditions Dargaud).

A lire aussi, à propos de cet album l’interview de Catherine Meurisse sur le site de l’éditeur. A noter également que le magazine Kaboom publie dans son numéro daté mai-juillet sous le titre « L’après Charlie » une contribution de Blutch sur Catherine Meurisse, et une de Jean-Christophe Menu sur Luz.

Un nouveau livre de Luz

jeudi 31 mars 2016

Présentation de “Ô vous, frères humains” de Luz, d’après le livre d’Albert Cohen, par l’éditeur Futuropolis :

“« Un enfant juif rencontre la haine le jour de ses dix ans. J’ai été cet enfant » En deux courtes phrases, Albert Cohen livre l’essentiel de son propos. Un texte uppercut qui revit aujourd’hui sous la plume de Luz, né l’année de publication chez Gallimard de ce court récit moins connu que Belle du seigneur ou Solal, lus de générations en générations. Après son album très personnel, Catharsis, Luz s’attèle à nouveau sur un sujet qui l’habite ; la perte de l’innocence. Il s’affirme ici comme un dessinateur humaniste incontournable.”

En illustration la couverture et deux pages du livre à paraître le 8 avril 2016.

790548_01790548_03790548_06

 

 

Catharsis de Luz, Prix France Info de la BD d’actualité

vendredi 15 janvier 2016

CatharsisLe Prix France Info 2016  de la BD d’actualité a été attribué à l’album “Catharsis” de Luz (Futuropolis). “Murs murs” de Tignous (Glénat) figurait également dans la sélection.

Réaction de Luz au micro de France Info :  “beaucoup de joie et en même temps c’est très étrange parce que c’est un bouquin qui a été fait depuis le désespoir, pour s’en sortir, et qui aurait pu ne jamais exister”.

“C’est un bouquin qui est derrière moi depuis un petit moment. Je ne peux plus le relire. Je pense qu’il est utile et cela me fait plaisir que le Prix France Info incite des gens à le lire, sachant que la France est dans un post-trauma général”.

“Cela ne pouvait pas attendre. C’était un regard sur l’actualité. J’avais la nécessité de regarder ce qu’il se passait à l’intérieur de ma tête et aussi de parler de manière universelle de ce qu’est le traumatisme.”

Luz