Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

Archive pour le mot-clef ‘Daumier’

Gillray*, un espoir du dessin de presse

samedi 28 janvier 2012

Une bonne polémique est toujours intéressante, surtout lorsqu’elle touche un domaine aussi mal considéré que le dessin de presse. Pascal Dupuy et Guillaume Doizy ont été semble-t-il piqués au vif par l’article que j’ai consacré au numéro de la revue TDC dont ils sont les maîtres d’œuvres (voir blog du 26.1.2012). Pourtant l’article ne contenait aucune charge contre eux mais la simple constatation qu’il était plus facile à propos du dessin de presse, de publier des études sur son histoire que sur sa réalité d’aujourd’hui. Les raisons en sont simples les caricatures des siècles passés ne dérangent plus personne, elles ont beau être montrées en exemple, leur sens est rarement accessible aux publics d’aujourd’hui.

L’essence même de ce métier, qui allie réflexion et graphisme, est de stimuler l’esprit de chacun, voire de déranger parfois, en nous révélant par l’humour ou l’exagération du trait (la caricature), des choses que nous aurions mal perçues. Pour exister le dessin doit être en résonance avec ses lecteurs et son époque.

Contrairement au titre ambigüe du billet « Histoire et caricature : François Forcadell : le droit à l’oubli » (je suis à deux doigts du révisionnisme…), je considère que le travail des caricaturistes anciens est remarquable, d’ailleurs le dessinateur Solo a su montrer dans ses publications la continuité de ce métier à travers les siècles. Personne n’osera contredire le fait que des dessinateurs comme Cabu, Willem, Cardon, entre autres, sont les héritiers de Daumier, Gill, ou Jossot, mais force est de constater que le passé intéresse beaucoup plus les médias, les établissements culturels, et les spécialistes.

Pascal Dupuy  et Guillaume Doizy écrivent « Ce numéro de TDC ne se fixait pas pour but de « transmettre aux jeunes l’envie de s’intéresser au dessin satirique », mais justement, de montrer à ces jeunes comment, dans le passé, les générations précédentes se sont emparées de l’image satirique et se sont servies de sa puissance pour défendre des opinions, leurs opinions, leurs visions du monde, leurs idéaux. »

C’est, il me semble, ce que font nombre de dessinateurs en 2012, et parler de leur travail, me paraît bien plus passionnant, d’autant plus qu’ils sont encore là pour témoigner de leur rôle et de leurs difficultés.

A la fameuse tête en forme de poire de Louis-Philippe, je préfère ce dessin de Cabu tout aussi iconoclaste (ci-dessous, extrait de Sarko Circus – Le cherche midi). Mais on attendra qu’il entre dans l’histoire pour en parler. ff

*Sur James Gillray

Daumier, un espoir du dessin de presse

jeudi 26 janvier 2012

Il y aura bientôt plus de spécialistes du dessin de presse et de manifestations qui le célèbrent que de dessinateurs.

Ainsi on peut s’interroger lorsqu’on apprend (sur le site Caricatures & caricature) la parution d’un numéro de TDC (textes et documents pour la classe) consacré à « Histoire et caricature » (couverture en illustration).

Cette revue éditée par le CNDP-CRDP s’adresse aux enseignants et ce numéro a sans doute pour vocation de faire découvrir ce type de dessins aux jeunes élèves. Mais si la qualité des exemples cités n’est pas à mettre en cause, comment, en valorisant des images dont le contenu n’a plus aucune signification pour les générations d’aujourd’hui, peut-on transmettre aux jeunes l’envie de s’intéresser au dessin satirique ?

Si l’on excepte un entretien avec le dessinateur Riss de Charlie Hebdo, le sommaire de TDC nous propose des articles sur « Napoléon et la caricature », « L’Assiette au beurre », ou l’étude de documents comme la « célèbre » poire de Louis Philippe, ou la caricature sociale par Daumier.

Certes, ces exemples « historiques » constituent l’ADN de ce métier, mais force est de constater qu’à notre époque presque plus aucun journal n’accueillerait leur auteur dans ses pages.

Le ressassement permanent de cette histoire « glorieuse », dans TDC ou ailleurs, masque hélas la situation actuelle du dessin, dit de presse, et de la caricature : de moins en moins de supports qui en publient, des espaces confinés lorsque le journal leur fait une place, des conditions d’expression, de travail et de vie déplorables faites aux auteurs.

Et pourtant il y a à dire sur  tous ceux qui, en 2012, arrivent malgré tout à pratiquer ce métier formidable. Un métier qui allie le moyen d’expression, l’art du dessin, la recherche de la synthèse, l’humour, et surtout la volonté d’amener le lecteur, à s’interroger, à réfléchir, sur le monde qui l’entoure. Pour résumer, à cultiver son intelligence. Rien que pour cela il devrait être enseigné dans les écoles en tant que matière vivante. ff

La belle époque du dessin de presse

mardi 1 juin 2010

Du 5 juin au 30 septembre, la ville de St-Étienne-du-Rouvray présente dans le cadre du festival « Normandie impressionniste », une grande exposition intitulée « De Daumier à Toulouse-Lautrec : le dessin de presse à l’époque impressionniste ».

Celle-ci est constituée de 150 journaux d’époque (1863-1908), dont Le Rire, Le Charivari, Le Journal illustré, La Vie moderne, Le Petit journal, Le Mirliton, etc., issus de la collection particulière du peintre Gérard Gosselin.

Celui-ci indique :

« C’est la grande période des journaux, Napoléon III avait commencé à desserrer la censure et avec la République, la liberté d’opinion progresse. On y trouvait des dessins d’humour, des dessins d’actualité politique, des illustrations de textes, et des dessins qui seraient aujourd’hui des photos, des dessins de reportage. Vers 1900, ce sont parfois des photos qui sont reprises en dessin parce qu’on ne sait pas les reproduire. »

Gérard Gosselin, qui s’intéresse aux dessins de presse de peintres, rajoute :

« Quand c’est un peintre, il y a quelque chose en plus, et surtout il pense aussi à sa recherche, à sa peinture, et ça, c’est passionnant. Beaucoup dessinaient pour des raisons alimentaires, d’autres par conviction. »

Daumier, Monet, Renoir, Signac, Maximilien Luce, Charles Angrand, Félix Vallotton, Pierre Bonnard, Ibels, Van Dongen, Toulouse-Lautrec, sont présents dans cette exposition.

Insa, avenue de l’Université | ouverte du lundi au samedi, de  10 heures à 18 heures.
Renseignements tél. : 02 32 95 83 83 | réservations par courriel : accueil mairie
Entrée payante, voir conditions sur le site Internet de la ville. Catalogue 10 euros.

1ère Biennale du dessin de presse à la BnF (jusqu’au 25 avril)

mardi 23 mars 2010

Depuis le temps qu’on attendait à Paris, un grand événement autour du dessin de presse, on ne va pas faire la fine bouche, et regretter par exemple que dans l’exposition « Dessins de presse de Louis-Philippe à nos jours », présentée dans le cadre de la première  « Biennale du dessin de presse » organisée par la Bibliothèque de France, le dessin d’aujourd’hui ne soit pas autant mis en valeur que celui des vénérables anciens, Daumier, Jossot, Moisan, Faizant, etc.

Félicitons donc ce grand organisme culturel national, d’attirer l’attention sur ce moyen d’expression tout en espérant que cette approche « historique » ne constitue que le premier chapitre d’initiatives aboutissant réellement « à nos jours ».

D’autant plus que cette exposition est « complétée » par un très bel hommage au dessinateur Tim, avec beaucoup d’originaux et des carnets de croquis passionnants, et par l’attribution d’une bourse de 2 000 euros à un jeune dessinateur de moins de 35 ans.

À noter aussi, une initiative originale de dessins mis en relief et commentés en braille pour les non-voyants.

L’inauguration de la biennale a donc eu lieu le 22 mars en l’absence du ministre de la Culture, mais en présence de quelques dessinateurs, parmi lesquels on peut citer Desclozeaux, Puig Rosado, Rousso, Redon, Bridenne, Julien Revenu, Benoît Peyrucq, Philippe Bissières, et Willem.

Toujours dans le cadre de la biennale, la journée du 27 mars, réunira à la Bnf, de 14h à 20h, des associations de dessinateurs, des organisateurs de festivals et salons, des dessinateurs.

Ce même jour, à 18h, sera dévoilé le nom du lauréat de la première bourse « Jeune talent du dessin de presse ».

Toutes les informations sur les programmes, lieux et horaires sur le site de la BnF.

Photos :
1. Allée Julien Cain à la BnF
2. Une présentation sobre et chronologique des dessins
3. Une salle entière consacrée aux originaux de Tim légués par sa famille au département des Estampes et de la photographie en 2006.
4. Quand Tim se cherchait une signature en 1958.

Humour à Trouville : 13ème édition

lundi 20 avril 2009
Loup, Faujour, Danièle Costes-Lombard, Mix & Remix, Maja et Soulas, prennent la pose.

Loup, Faujour, Danièle Costes-Lombard, Mix & Remix, Maja et Soulas, prennent la pose.

Inauguration en fanfare (avec Le Piston Circus) pour la 13ème édition de la biennale Humour à Trouville. Parmi les invités présents on peut citer Faujour, dessinateur à Eurosport et Siné hebdo, entre autres, Daniel Maja, qui cherche un éditeur pour les dessins de son blog , Loup, dessinateur et conseiller artistique de Siné Hebdo, Mix & Remix venu spécialement de Lausanne et que tout le monde a couvert de louanges pour son travail, Soulas dont les bois chantournés  nous confirment qu’il y a bien une vie créative en dehors du dessin de presse, et le dessinateur belge Pascal Lemaître, une découverte pour beaucoup. À noter également la présence de Zuka Mitelberg, qui représentait Tim (Louis Mitelberg 1909-2002) dont plusieurs dessins étaient exposés. Dans l’assistance on a pu voir, Jean Giraud-Mœbius de passage à Trouville et qui a participé, avec beaucoup de plaisir semble-t-il, à toutes les réjouissances organisées autour de l’événement, les photographes Gaston Bergeret et Olivier Beytout, ainsi que Danièle Delorme et Marie-France Beaucourt de la Galerie An-Girard à Paris.

Un album catalogue sur le thème « À l’eau ! » est proposé au public (20€). Celui-ci comporte une biographie et deux créations inédites de chaque auteur invité, mais également cette année, un supplément consacré à l’exposition Rire aux bains de mer présentée par le Musée Villa Montebello avec des illustrations de Cham, Daumier, Gustave Doré, Gerbault, Grévin, Mars, Rio, Robida, Sem et Villemot

Comme à l’habitude, la simplicité et la qualité de l’organisation (Danièle Costes-Lombard avec la collaboration de la Maison des Jeunes de Trouville) ont conquis les participants et le public qui pourra visiter l’exposition Humour à Trouville jusqu’au 10 mai et Rire aux bains de merjusqu’au 1er juin 2009.

Aubade du Piston Circus devant la mairie où se tient l’exposition Humour à Trouville.

Aubade du Piston Circus devant la mairie où se tient l’exposition Humour à Trouville.

Humour à Trouville 2009

jeudi 5 mars 2009

humour-a-trouville-savignacFaujour, Loup, Maja, Mix & Remix, dessinateur Suisse, Soulas, qui exposera ses peintures et ses bois chantournés, Gleize, qui vit et dessine au Burkina Fasso, seront les invités de la 13ème édition de Humour à Trouville qui se déroulera du 18 avril au 10 mai 2009. Des dessins de Tim « prêtés » par la Bibliothèque Nationale seront également exposés.

Le musée de la villa Montebello à Trouville s’associe à la manifestation en présentant des gravures et estampes de Daumier, Doré, Cham, entre autres.

L’affiche d’Humour à Trouville est la première affiche réalisée pour cette ville par Savignac. Aujourd’hui ses dessins figurent sur de très nombreux murs peints et enseignes de la station balnéaire (une brochure « Sur les pas de Savignac » est disponible à l’Office de Tourisme). Depuis la disparition du célèbre affichiste en 2002, Trouville organise également « Les journées Savignac » qui voient la participation de graphistes du monde entier. En 2008, l’invité était le graphiste japonais, Shigeo Fukuda.

Illustration : une des rares affiches de Savignac qui ne figure pas dans l’album, pourtant très complet, Savignac s’affiche, de Ragnhild Olsen paru en 2008 aux éditions du Cherche midi.