Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

Archive pour octobre 2013

Le Monde soutient Plantu

mardi 8 octobre 2013

Après la polémique déclenchée par la publication d’un dessin de Plantu mettant en cause la CGT, le journal Le Monde prend fait et cause pour son dessinateur. Dans un article “Les intouchables” consacré à cette affaire, le médiateur du journal, Pascal Galinier, cite les témoignages de soutien :

Nathalie Nougarède, directrice du Monde : “Un dessin peut peut-être choquer, heuter, des sensibilités. Mais sa publication relève d’un principe que nous entendons défendre avec vigueur : l’indépendance éditoriale absolue, cela passe aussi par l’humour. Il est important que Le Monde offre à ses lecteurs la liberté de ton et l’indépendance d’esprit qui sont les caractéristiques et les valeurs du dessinateur de presse.”

Xavier Gorce, dessinateur des Indégivrables : “Quand on fait râler les cons, c’est que le dessin est bon”.

Matthieu Tracol, lecteur, enseignant-chercheur à la Sorbonne et à l’université d’Artois (Nord – Pas-de-Calais) : Une démocratie digne de ce nom ne doit pas se soucier du talent du caricaturiste, et doit même se glorifier de laisser publier des caricatures bêtes et méchantes. Elle doit se féliciter de voir publier des dessins étant une insulte à la fois à l’intelligence et à l’humour, car c’est précisément là la condition pour que d’autres dessins puissent atteindre à l’idéal, à la drôlerie, à la finesse, et finalement toucher  juste”.

Plantu également cité déclare : “Quelle chance de pouvoir s’exprimer dans une caricature chaque jour à la “une” du Monde, et quel privilège d’être protégé par des rédacteurs en chef qui donnent leur feu vert au dessin choisi. Le dessin est un excellent moyen pour animer les débats et les opinions.”, “Le dessin fait dire des choses qu’on n’aurait pas dites sans avoir vu l’image, et c’est parfait pour le débat”

En illustration, un dessin plus ancien de Plantu sur la CGT, le contentieux n’est pas nouveau.

Albert Uderzo dessinateur

lundi 7 octobre 2013

Avant la déferlante médiatique qui va accompagner la parution le 24 octobre dans 23 pays des 50 millions d’exemplaires de l’album “Astérix et les Pictes”, (scénario Jean-Yves Ferri et dessin Didier Conrad), quelques lignes pour annoncer l’exposition «  Astérix à la BNF » qui sera présentée à la Bibliothèque Nationale de France du 16 octobre 2013 au 19 janvier 2014.

Au départ de cette initiative le don à la BNF en 2011 par Uderzo des planches originales de trois albums de la série “Astérix le Gaulois”, “La Serpe d’or”, et “Astérix chez les Belges”.

Cet évènement sera l’occasion de rendre hommage non seulement à l’immense créateur que fut René Goscinny mais aussi à un des plus grands dessinateurs de BD actuels Albert Uderzo, 86 ans, dont on ne compte plus les séries qu’il a dessinées de Tanguy et Laverdure à Astérix en passant par Belloy, Jehan Pistolet ou Oumpah-Pah.

Avec Franquin, Uderzo a introduit le mouvement dans les images fixes de la bande dessinée. Il suffit de regarder chacune de ses cases pour s’en apercevoir, non seulement à travers la composition extrêmement lisible mais aussi par l’agilité et la précision du trait (pinceau). Comme celles du créateur de Gaston Lagaffe, les images d’Uderzo semblent animées. Une virtuosité naturelle que la réédition des albums de la série re colorisés (La Grande Collection) permet de constater.

Loin de la machine à sous que représente aujourd’hui la saga Astérix, la reconnaissance de la réussite d’un auteur permet aussi de rappeler que son travail est à la base artisanal, fait de passion, de création et de talent.

Quelques ouvrages :

L’intégrale Uderzo dont le premier tome 1941-1951 (424 pages) est paru en 2012. Un travail colossal mené par Philippe Cauvin et Alain Duchêne avec l’assentiment de l’auteur et qui devrait compter au moins 5 volumes. Hors Collection.

Astérix de A à Z, le catalogue de la rétrospective de la BNF publié sous la direction de Carine Picaud.

Uderzo se raconte. Stock. 2008.

Uderzo. Alain Duchêne. 2003. Editions du Chêne.

 De Flamberge à Astérix. Editions Albert-René. 1985.

Daryl Cagle primé à St Just-le-Martel

samedi 5 octobre 2013

L’américain Daryl Cagle, a reçu le Prix de l’Humour Vache 2013 qui lui a été décerné par le 32ème salon international du dessin de presse d’humour et de la caricature de St Just-le-Martel.

Pour ceux qui ne connaitraient pas ce dessinateur, une biographie de 2011 extraite du site du RIDEP à Carquefou, et une autocaricature et un dessin publiés sur le site de Cartooning for Peace :

Daryl Cagle est le dessinateur éditorialiste de MSNBC.com qu’il a lui-même créé et qui est le site de dessin de presse le plus populaire d’internet.
Au cours des trente dernières années, Daryl a été l’un des dessinateurs les plus prolifiques des Etats-Unis. Elevé en Californie, Daryl alla à l’université UC de Santa Barbara puis il déménagea pour New York où il travailla dix ans avec les marionnettes de Jim Henson, illustrant de très nombreux livres, magazines, calendriers et toutes sortes de produits. Lorsqu’il ferme les yeux, Daryl voit encore des cochons, des grenouilles et les personnages de 1 Rue Sésame et de Fraggle Rock.
Daryl a longtemps travaillé comme illustrateur publicitaire, faisant des dessins pour des clients comme Discover card, McDonalds, Sega et Genral Foods Post Cereals. Daryl a créé une bande dessinée intitulée “Vrai !” dans les années 90 pour Tribune Media Services. Il a travaillé comme dessinateur éditorialiste pour le journal le plus distribué d’Hawai, The Midweek, a ensuite dessiné pour le journal Gannett’s Honolulu Advertiser en 2000, et puis pour le site Slate.com du Washington Post, avant de devenir le dessinateur de MSNBC.com.
En 2000, Daryl a créé un nouveau consortium, Cagle Cartoons, Inc. (www.caglecartoons.com), qui distribue les dessins de soixante dessinateurs éditoriaux à plus de 850 journaux aux Etats-Unis, au Canada et en Amérique latine. Daryl est actuellement le dessinateur éditorial des Etats-Unis ayant le plus d’associés. Il a été président de la Société Nationale des Dessinateurs et de la Fondation de la Société Nationale des Dessinateurs.

Le site Internet de Daryl Cagle http://www.cagle.com/

Un article sur Daryl Cagle dans Le Populaire.fr

Plantu contre la CGT / Charb contre Plantu

vendredi 4 octobre 2013

La polémique sur le dessin de Plantu assimilant la CGT à des intégristes religieux prend de l’ampleur. Sur Europe 1, le vendredi 4 octobre Plantu a déclaré  “Le boulot du dessinateur est de faire parler ! Il n’y a rien de pire qu’un dessin qui ne fait réagir ! J’ai été gâté à ce niveau-là ! On se rend bien compte que je défendais les gens qui veulent travailler le dimanche et ils ont bien le droit, sinon les hôtesses de l’air ou les ouvreuses de théâtre peuvent rester à la maison…”, et  “Le fait de voir toute la polémique autour… C’est une autre fatwa ! C’est la fatwa de la CGT ! Il faut savoir que tous les dessinateurs de presse depuis 1945 n’ont jamais le droit de critiquer le syndicat du Livre-CGT. Les dessinateurs danois n’ont pas le droit de dessiner Mahomet, les dessinateurs français n’ont pas le droit de critiquer la CGT !”

De son côté, le dessinateur Charb a publié dans L’Humanité (illustration ci-contre – cliquez sur le dessin pour agrandir) un dessin où l’on voit Plantu affublé d’un uniforme brûler le code du travail.

Sur cette “affaire” à lire et à voir également “Plantu meilleur ennemi de la gauche ?” sur le site Agoravox.tv

A suivre (sûrement)…

(Merci à Cambon et à ses lectures).

Haro sur le dessin de presse (3856 ème épisode)

jeudi 3 octobre 2013

Décidément le périmètre éditorial du dessin de presse se réduit de jour en jour. Faut-il rappeler que si la caricature ne peut pas exprimer en toute liberté créative, une idée, un point de vue, avec ou sans humour parfois, elle devient incolore et sans saveur.

Actuellement ce sont deux dessins, un de Plantu sur la CGT et un de Wolinski sur la retraite à 60 ans qui créent la polémique.

Les démêlés de Plantu avec la CGT ne sont pas nouveaux mais le dessin publié à la Une du Monde (ci-contre) n’a pas vraiment plu au syndicat dont le secrétaire général Thierry Lepaon a déclaré « Que la posture de la CGT soit remise en cause, moquée, voire ridiculisée ne nous a jamais choqué, c’est la règle du jeu de la presse dans une société démocratique. Le miroir que celle-ci nous renvoie parfois peut même s’avérer salutaire. Nous le prenons comme un élément du débat, de la confrontation des idées, des points de vue et des convictions », « Mais le parallèle que fait le dessin de Plantu entre la CGT et la face la plus violente d’un extrémisme politique liberticide ne relève pas de ce registre- là », « Il est non seulement indécent mais également antirépublicain. Il nous déshonore tous. » (source L’Express).

Les commentaires de la presse : Le Nouvel Observateur, L’Humanité (qui reproduit le dessin), Médiapart.

Pour Wolinski c’est un dessin choisi par le Parti Communiste Français et le Front de Gauche en illustration d’une campagne pour la retraite à 60 ans qui est qualifié de « sexiste » par les internautes (dixit Le Figaro qui relate l’affaire).

A lire aussi sur le sujet l’article du site Arrêt sur Images.

A noter que l’original de ce dessin est actuellement exposé à la Galerie Glénat à Paris.

Un bon dessin (qui vaut toujours mieux qu’un trop long discours), s’adresse à l’intelligence du lecteur. Il peut aimer ou détester, mais il peut aussi essayer de comprendre ce qu’a voulu dire le dessinateur et en débattre. D’ailleurs Thierry Lepaon le dit lui-même « l’objectif et le ressort du dessin de presse sont de susciter la réflexion et la réaction du lecteur sur un registre décalé de l’argumentation ou du raisonnement ». Peut-être faudrait-il rajouter en toute indépendance.

Exposition Félix Vallotton à Paris

mercredi 2 octobre 2013

« Félix Vallotton* est l’un des artistes majeurs de sa génération. Lausannois de naissance, Français d’adoption, il a créé une œuvre qui appartient au patrimoine commun des deux pays et à celui de l’histoire de l’art européen. Portraitiste remarqué à ses débuts, il s’engage après 1890 dans la gravure sur bois. Le renouveau qu’il insuffle à cette technique ancestrale lui vaut rapidement une notoriété internationale d’artiste à la pointe de la modernité. Lié d’amitié avec Vuillard, Bonnard et Maurice Denis, il rejoint le groupe des nabis et devient le principal illustrateur de La Revue blanche. »*

Le Nouvel Observateur consacre un article à ce « peintre singulier » , un « anarchiste embourgeoisé », « volcan sous la glace » et « ses atmosphères étranges à redécouvrir avec jubilation », à l’occasion de l’exposition de 170 de ses œuvres que le Grand Palais à Paris présente du 1er octobre 2013 au 20 janvier 2014.

*(1865-1925)

*Texte de présentation extrait du site de la Fondation Félix Vallotton

En illustration : Femme couchée dormant. 1899. Autoportraits.

Félix Vallotton sur Google images.