Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

Archive pour la catégorie ‘Presse’

Tout Cardon ou presque

lundi 8 novembre 2010

Cardon est un des rares dessinateurs de presse à cultiver sa propre « petite musique » : un regard décalé sur l’actualité, des personnages souvent caricaturés de dos, une vision sans concession du monde politique, un trait qui va à l’essentiel. De ses premiers dessins parus en 1961 dans Bizarre au Canard enchaîné aujourd’hui, en passant par L’Enragé, Politique hebdo, L’Humanité dimanche, Satirix, ou Le Père Denis, mensuel qu’il créa avec Kerleroux, Vazquez de Sola et Alain Grandremy, Cardon a toujours privilégié l’expression pure et dure de sa vision du monde

Depuis 2002 et le magnifique coffret édité par les éditions du Héron, Cardon n’avait rien publié et son dernier recueil réunissant ses dessins du Canard « Y’a de la joie ! » (La Découverte) date de 1988 .

Voilà pourquoi le livre « Vue de dos » que Cardon vient de publier (éditions L’échappée) est un évènement, et un album que tout véritable amateur de dessin de presse se doit d’avoir dans sa bibliothèque.

D’accord, je suis de parti pris mais j’ai toujours considéré Cardon comme l’un de nos meilleurs auteurs actuels. C’est dit. ff

L’humour sans-culotte

vendredi 5 novembre 2010

Les lecteurs qui faisaient la fine bouche à certains dessins de Siné Hebdo, ou moins systématiquement à ceux de Charlie Hebdo ou de La Mèche, constateront à la lecture  du n° 361 des « Annales (si, si,…) historiques de la Révolution française » intitulé « Entre scatologie et fantasmes sexuels, le cul et son imaginaire », que ces journaux s’inscrivent dans une tradition très ancienne du dessin satirique.

Au sommaire de cet ouvrage dont les sites Internet Caricatures & caricature.com et EIRIS.eu annoncent  concomitamment la parution :
– Michel Biard et Pascal Dupuy, «Introduction» (si, si, les chercheurs ont aussi de l’humour)…
– Wolfgang Cillessen et Rolf Reichardt, « Matières scatologiques dans la caricature politique, de la Réforme à la Révolution ».
– Michel Biard et Jacques Guilhaumou, « La « pelle au cul » et autres joyeusetés langagières au temps du carnaval proscrit ».
– Annie Duprat, « La trésorière des Miramionnes n’avait qu’une fesse… ».
– Philippe Bourdin, « Le son du corps, ou l’âme en pet ».
– Thierry Pastorello, « La sodomie masculine dans les pamphlets révolutionnaires ».
– Emmanuel Fureix, « La porte de derrière ». Sodomie et incrimination politique : des caricatures contre Cambacérès (1814-1815) ».
– Michel Delon, « L’obsession anale de Sade ».
– Stéphanie Genand, « L’infâme derrière des ci-devants. Le cul aristocrate et la contre-révolution ».
– Pascal Dupuy, « trône adoré de l’impudeur » : cul et caricatures en Grande-Bretagne au XVIIIe siècle.

En illustration :

la couverture du n°361 des Annales historiques de la Révolution française,

le n°132 de Charlie Hebdo (4.1.1995) dessin de Willem

et le n°68 de Siné Hebdo (23.12.2009) dessin de Geluck.

La satire du vendredi

jeudi 28 octobre 2010

Désormais deux hebdomadaires satiriques illustrés paraissent le vendredi, La Mèche et Bakchich. Un jour de parution différent de celui de Charlie Hebdo et du Canard enchaîné qui arrivent dans les kiosques le mercredi. Si ces nouveaux titres évitent la concurrence frontale avec leurs aînés ce positionnement décalé ne leur garantit pas pour autant un lectorat suffisant.

Totalement indépendant et avec un capital de lancement limité, La Mèche publie demain son huitième numéro. Une performance éditoriale obtenue notamment grâce à l’abnégation financière de la plupart de ses collaborateurs.

L’hebdomadaire Bakchich lui, publie son n°44 et doit sa survie au fait d’être adossé au site Internet Bakchich.info qui annonce une prochaine recapitalisation à hauteur de 1 millions d’euros.

L’équilibre de ces deux journaux reste malgré tout fragile surtout lorsqu’on sait que la diffusion ne rapporte aux journaux que 50% du prix de vente, 1 euro pour La Mèche, 0,75 centimes pour Bakchich. En général tout juste de quoi payer l’imprimeur lorsque les ventes atteignent les 6 000 exemplaires.

Ces ventes seraient d’environ 9 000 exemplaires pour Bakchich et celles de La Mèche ne sont pas encore connues.

Le site de La Mèche avec tous les points de vente et celui de Bakchich

En illustration : la Une de La Mèche (dessin de Decressac)
et la Une de Bakchich (dessin de Nardo).

Le point G de la BD

vendredi 8 octobre 2010

Dans la bande dessinée, il faut croire que la pornographie a touché le fond, puisqu’on en revient dans ce domaine à un bon vieil érotisme des familles.

Autres temps, autres mœurs, de nombreuses dessinatrices ont investi le métier et il s’avère aussi que les femmes sont désormais des consommatrices assidues de BD. D’où l’idée du mensuel « Fluide glacial » de lancer un hors série qui leur est exclusivement dédié.

Le n° 1 s’appelle « Fluide.G » et se veut avec beaucoup d’humour, de provocation, et de dessins, un magazine féminin différent.

La dessinatrice Margaux Motin signe la couverture et on la retrouve dans les pages intérieures avec les signatures de Anne Rouquette, Diglee, Emmanuelle Walker, Madeleine Martin, auxquelles s’ajoutent celles de quelques hommes, Arthur de Pins, Thiriet, Dupuy & Berberian, entres autres.

Le magazine a aussi son blog.

Les couvertures de Charlie Hebdo

mercredi 6 octobre 2010

Après le dessinateur Jul qui signait la couverture du n°948, c’est au tour de Tignous de dessiner celle du n°955 de Charlie Hebdo.

Oui je sais ce n’est pas un scoop, mais comme pour celle du n°923 (Honoré) je trouve ça intéressant à souligner. ff

Jean Giraud – Gir – Moebius, l’art du dessin

mardi 5 octobre 2010

Grande exposition consacrée au dessinateur Jean Giraud-Gir-Moebius à la Fondation Cartier pour l’art contemporain à Paris, du 12 octobre 2010 au 13 mars 2011. Le site Bodoï.info donne des détails :

« l’exposition présentera des carnets, des planches originales, des peintures ainsi que des dessins inédits (plus de 300 oeuvres seront accrochées dans une mise en scène promise comme « spectaculaire »). On y découvrira aussi deux films en avant-première. Un film d’animation 3D, réalisé par Moebius et BUF Compagnie, inspiré de l’histoire courte « La Planète Encore ». Et un documentaire de 52 minutes, signé Damian Pettigrew et Olivier Gal, dressant le portrait de cet auteur incontournable et touche-à-tout, aujourd’hui âgé de 72 ans. Par ailleurs, un livre sera publié à cette occasion par la Fondation Cartier et Actes Sud. Une somme de 250 pages, comprenant environ 150 reproductions et une anthologie de textes sur la métamorphose réunis par Alberto Manguel. »

À noter aussi que, à l’occasion de cet événement, le dessinateur Jean Giraud-Gir-Moebius a investi le magazine Télérama (n°3168) dont il a illustré la couverture et plusieurs articles (video de 10 mn sur Télérama.fr).

L’hebdomadaire publie aussi un long entretien accordé à Stéphane Jarno. Extrait à propos du processus de création :

« Vous avez eu longtemps recours au cannabis pour nourrir votre inspiration, pourquoi avez-vous arrêté ?
– Pour ne pas tomber dans la dépendance. J’ai découvert l’herbe lors de mon premier séjour au Mexique en 1955. Ça a ouvert pas mal de cadenas en moi et cela s’est avéré une formidable béquille pour ma perception. Pour créer, tout artiste doit se mettre dans une transe légère, sortir de lui-même. Evidemment, il ne s’agit pas de sortir d’un kilomètre, quelques millimètres suffisent, mais les enjeux sont de taille. C’est ce petit déplacement qui va différencier la répétition de formes ou d’idées prédigérées d’une véritable création. Pendant longtemps, l’herbe m’a aidé à atteindre cet état, mais à la longue, tout cela devenait trop systématique, trop habituel. Alors j’ai arrêté, je me suis servi de ma frustration pour faire Inside Mœbius, une série plus autobiographique. Je me suis aperçu depuis que je pouvais atteindre ce satori artificiel sans recourir à des substances, juste par une écoute attentive du monde, un état de conscience, une forme de sagesse. Mais pas une sagesse étriquée avec morale et barbe blanche, une sagesse ouverte… »

Exposition Moebius-Transe-Forme. Fondation Cartier, 261, bd Raspail, Paris 75014.
Catalogue de l’exposition, 304 p. 250 reproductions couleur et noir et blanc.
Séance de dédicaces à la Fondation Cartier, le mardi 30 novembre.

Réédition : « Arzak », tome 1, L’Arpenteur, Mœbius Productions/Glénat.
Exposition et vente des planches originales de ce nouvel album,
galerie Slomka, 3, rue Dante, Paris 5e. Tél : 01-43-29-43-29.

En illustration : autoportrait de l’artiste publié en page 18 du n°3168 de Télérama.