Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

Archive pour 2008

Choron, le film.

lundi 22 décembre 2008

Choron Dernière le filmAvec ce texte sur le Pr Choron je vais sûrement casser un mythe. J’en prends le risque. Je n’ai rencontré le Professeur Choron que trois fois. La raison : autrefois directeur de collection chez un éditeur aussi près des alpages que de ses sous, il m’était venu la folle idée de publier dans le cadre d’une collection d’humour une réédition des Fiches bricolages du Pr Choron et Les jeux de con du Pr Choron.

Par l’entremise de Lefred Thouron la chose s’est conclue assez vite et nous sommes même allés lui rendre visite tous les trois, avec Kleude, dans sa maison familiale d’Aubréville dans la Meuse. Son accueil attentionné, le champagne, auquel malade il n’avait plus droit, et l’évocation des souvenirs firent de cette rencontre une journée inoubliable.

Bien sûr je connaissais tout de sa vie, en tout cas celle racontée par Odile, sa femme, la mère de son unique fille Michèle Bernier. Un livre qui reste encore à ce jour le meilleur témoignage sur l’épopée des éditions des Trois-Portes. Bien évidemment j’avais aussi en tête le récit épique de sa vie tel qu’il l’avait raconté à Jean-Marie Gourio dans Vous me croirez si vous voulez (Flammarion).

Mais mon idée était de rendre hommage à l’auteur qu’il était, au-delà de son rôle d’agitateur d’idées et de « patron » vibrionnant dans l’équipe d’Hara-Kiri.

Plus aucun matériel originel n’étant disponible, je me suis plongé dans une collection du mensuel Hara-Kiri qu’il avait fondé avec Cavanna en 1960. Un duo de personnalités à la puissance créatrice fusionnelle à ce jour encore inégalée.

choron-par-lefred-thouronEt là, en relisant avec attention tout ce qu’il avait imaginé, tout ce qu’il avait écrit, j’ai découvert, re-découvert, un auteur inventif, original, très attaché à la qualité de son expression, au sens des mots. Les légendes des Fiches bricolages sont concises, efficaces, pas une phrase de trop, et complètent parfaitement les images. Les textes courts des Jeux de con sont bourrés de trouvailles, drôles, et eux aussi finement ciselés. Il est d’ailleurs étonnant que personne n’ait encore eu l’idée de les mettre en scène. Rajoutez à cela les sujets et les paroles des chansons qu’il a écrites, et vous aurez un large aperçu du talent de ce bonhomme qui, faut-il le rappeler, est – entre autre – l’auteur de la célèbre Une de L’hebdo hara-Kiri : Bal tragique à Colombey – 1 mort.

Choron était un véritable artiste. Un artiste qui « a fourni de la matière à plagiats pour encore plusieurs générations » à écrit Delfeil de Ton dans Le Nouvel Observateur.

choron-photoLes albums parurent et l’éditeur les laissa se vendre. En 2004 Choron n’était pas encore célébré sauf par ses créanciers à qui il devait encore des millions depuis l’arrêt de Hara-Kiri. Il nous fit aussi la mauvaise blague de mourir le 10 janvier 2005. Contre toute attente l’enterrement fût triste, très triste, mais il y avait du monde. Forcément.

Voilà, c’est le Choron que j’ai connu, attentionné, perfectionniste, élégant. Je ne l’aurais donc jamais connu bourré, sortant sa bite pour la tremper dans une coupe de champagne ou vociférant les soirs de beuverie. Dommage, je n’ai peut-être pas connu le bon, mais celui que j’ai eu la chance de croiser me semble être le même que celui que tant de gens vénèrent pour ses extravagances. On retrouve les deux dans le film de Pierre Carles et Éric Martin, Choron dernière, qui sort dans les salles de cinéma le 7 janvier. Les réalisateurs retracent quelques-uns des grands moments de sa carrière, tous les journaux qu’il a permis de créer, et reviennent sur sa petite enfance en Lorraine. Surtout ils évoquent la grande blessure que fût pour lui la reparution de Charlie Hebdo, sans lui.

moi-odile-choronÀ voir aussi pour les témoignages de Vuillemin, de Marc-Édouard Nabe, de Cavanna, mais aussi de Philippe Val qui dit presque que Choron n’avait aucun talent.

Georges Bernier est mort, la vie du Professeur Choron continue.

ff

Illustrations :

L’affiche du film dessinée par Vuillemin.

Choron vu par Lefred Thouron.

Photo gag de René Maltête (avec la participation du Pr Choron)
parue dans l’album Des yeux plein la tête (Glénat Humour). © Maltête.

Moi, Odile, la femme à Choron,
écrit avec Christian Bobet. Éditions Mengès, 1983.

Dorothée Club

vendredi 19 décembre 2008

Dorothée reçoit Cabu sur IDF1Le site de Jean-Marc Morandini nous apprend que l’animatrice télé Dorothée reçoit Cabu, le dimanche 21 décembre 2008 à 19h30 sur IDF1, dans le cadre de son émission IDBD consacrée à la bande dessinée.

Après un rapide portrait du reporter-dessinateur « qui va partout où il y a à dessiner » tracé par Jacques Pessis, Cabu parle de ses livres récents sur les années 70 et 80 ainsi que du Grand Duduche dont l’intégrale vient de paraître (Vent d’Ouest).

IDF1 est disponible en Ile-de-France sur le canal 22 de la TNT gratuite.

L'observateur engagé, Cabu, TourneRegard de Cabu

Autre entretien, celui que Cabu a eu avec Patrice Tourne, journaliste et écrivain, directeur de la rédaction du magazine municipal À Paris*, et publié sous le titre L’observateur engagé par les éditions de L’aube.
112 pages. Collection Monde en cours.

* Cabu publie tous les mois une page dans ce journal sous le titre « Le regard de Cabu »

Riri, fifi.

vendredi 19 décembre 2008

Hara Kiri, les belles images

[…] « Le goût pour l’image peut être mis au service de l’esprit critique grâce à la satire et à l’impertinence. À condition de vouloir effectivement fortifier cet esprit critique et non conforter certaines pulsions infantiles, bêtes et méchantes. D’où la division au sein de la presse satirique, entre d’un côté, celle qui veut vivifier la démocratie et, de l’autre, celle qui s’en moque, voire celle qui la vomit. » […]  

Ces quelques lignes de Caroline Fourest publiées dans Le Monde (5.12.2008) ont suscité dans Charlie Hebdo (n°861), une vive réaction de Cavanna qui se sentait visé, et dans le même numéro, une réponse “spontanée” de Caroline Fourest. L’ire de Cavanna, très remonté, a également provoqué quelques réunions (tendues) de la rédaction – dont une exceptionnelle un samedi. Chaque fois Cavanna défend l’esprit du Charlie Hebdo originel qui lui semble très éloigné de ce qu’est devenu l’hebdomadaire.

Extrait : « Pourtant, en cet été 92, quand, dans l’enthousiasme, fut relancé Charlie Hebdo, l’accord était unanime, le propos clair et sans ambiguïté : l’esprit « bête et méchant » renaissait dans toute sa fougue, dans toute sa virulence, et s’interdisait, entre autres, toute complaisance envers quelque faction politique que ce fût.

L’ambition, cette gueuse papelarde, était tapie au cœur même de cette joie. Charlie Hebdo est aujourd’hui ce qu’il est. Sûrement pas un journal « bête et méchant ». Pas encore bon chic bon genre, mais déjà estimé des gens en place. Des gens qui placent.

La racaille rabelaisienne s’en est allée vers d’autres rivages.

Ce que je fous là, moi, dinosaure bouffé aux mites, sur mon tas de décombres ? On me le fera bientôt savoir, je pense. » Fin de citation.

Cavanna raconte CavannaCe nouveau coup de gueule de Cavanna – un premier avait été empêché de parution par une intervention de Wolinski – démontre que les retombées de l’affaire Siné sont loin d’avoir produit leurs effets au sein du journal. Les non-dits persistent et tendent à plomber l’ambiance. Ainsi personne n’oserait évoquer le pactole généré en 2006 par la publication des caricatures de Mahomet, pactole que ce sont partagé en grande partie les trois actionnaires principaux de l’hebdo.

D’autre part, comme il l’a déjà fait à plusieurs reprises Philippe Val tente de ressouder ses troupes en prenant la posture de la citadelle assiégée et dans un éditorial récent n’hésite pas à citer nommément tous ceux qu’il croit être « ces braves dont le seul plaisir semble être de taper sur Charlie Hebdo et Philippe Val » pour reprendre une expression de Caroline Fourest ; Daniel Mermet, Delfeil de Ton, Michel Onfray, Plantu, etc. Des adversaires qu’il amalgame à l’AGRIF association chrétienne qui intente un procès à Charlie et qu’il n’hésite pas à traiter de « vraiment cons », un mot qu’il « utilise rarement » et qu’il emploie « non comme une insulte, mais comme une information ».

À tout ceci il va falloir ajouter la plainte de Ph. Val, Cabu et Wolinski contre les réalisateurs du film Choron dernière (sortie le 7 janvier 2009) au motif que leurs noms figurent sur l’affiche sans leur accord. Sur le site Rue89.com, Pierre Carles, un des réalisateurs avec Éric Martin, commente ainsi cette plainte : “Ce qui est drôle dans cette affaire, c’est qu’il y a dix ans, j’ai pu sortir mon film Pas vu, pas pris, grâce à une souscription lancée par Charlie Hebdo, que dirigeait déjà Philippe Val. Sur l’affiche se trouvait une quinzaine de noms de personnes sans leur autorisation, dont PPDA, Étienne Mougeotte, Patrick de Carolis, ce que cautionnait Charlie Hebdo.”
Ph. Val n’en a pas fini de dénombrer les « cons » qui ne l’aiment pas.

Illustrations : Cultivons le mauvais esprit. Deux ouvrages à offrir à Noël.

Tribunal Hebdo

mercredi 17 décembre 2008

Choron Dernière le filmSelon nos informations, Wolinski, Cabu, Philippe Val, membres de la rédaction de Charlie Hebdo, porteraient plainte contre Pierre Carles et Martin, réalisateurs du film Choron dernière qui doit sortir dans les salles de cinéma le 7 janvier 2009.

Pour l’instant, Cavanna qui lui aussi est interviewé dans le film et rend un vibrant hommage à Choron, ne s’est pas joint à la plainte.

Dans un flyer annonçant la sortie du film la production présente ainsi le film : « Vie et mort du Professeur Choron et de Charlie Hebdo ». En tout cas, les plaignants assurent une grande publicité à ce film sur lequel nous reviendrons.

Illustration : L’affiche du film “Choron dernière”.

Une plume à mon cerveau

lundi 15 décembre 2008

Qu’arrive-t-il lorsqu’un dessinateur perd brutalement l’usage de son cerveau et de sa main ? C’est le drame vécu par Sabadel victime d’un accident vasculaire cérébral massif à 40 ans, en 1977, alors qu’il démarre une prometteuse carrière professionnelle.

Aphasique, hémiplégique, il semble condamné à rester dans cet état, mais avec l’aide d’une équipe médicale « hors normes » il va entamer un long combat qui lui permettra de s’exprimer à nouveau, grâce au dessin.

Aujourd’hui, Sabadel (Claude Blanc) publie aux éditions Fabert, Une plume à mon cerveau, livre poignant qui raconte en images, et avec des mots, le regard qu’il porte sur son « aventure » véritable leçon de vie.

La préface du livre et la postface donnent la parole à Philippe Van Eeckhout, attaché d’orthophonie à la fédération de neurologie, et à Yves Samson, chef de service des Urgences cérébro-vasculaires de La Pitié Salpêtrière, chacun revient sur les différentes étapes de cette longue reconquête basée sur une ré acquisition du dessin. Ces pages sont illustrées par les croquis de Sabadel qui lui ont permis à l’époque de communiquer avec ses médecins. Un livre optimiste et passionnant pour tous ceux qui s’interrogent sur les mystères de la vie et de la création artistique.

Extrait du texte d’Yves Samson : […] « Le cerveau fonctionne en créant de fragiles assemblées de régions qui se synchronisent et se désynchronisent sans cesse, créant des réseaux fugaces et changeants, d’où émergent nos comportements, nos pensées, nos émotions et notre langage. Chez Sabadel, contrairement à ce qu’on avait pu redouter, l’AVC n’avait pas détruit toutes les zones du langage, mais la capacité à synchroniser leur fonctionnement. Il a retrouvé la clef par le chemin détourné du dessin, peut-être parce que son métier de caricaturiste avait favorisé d’étranges interconnexions entre certains réseaux du dessin et du langage. À moins que ces interconnexions ne soient la base même de son talent. Tout ceci ne s’explique ni par les théories cognitives actuelles du langage, ni par les modèles d’aphasiologie, mais les orthophonistes savent depuis longtemps qu’on ne rééduque pas une aphasie, mais un aphasique et qu’il est essentiel de s’appuyer sur sa motivation et ses centres d’intérêt. » […]

Illustration : Sabadel vu par lui-même.

Maja à la galerie An-Girard

vendredi 12 décembre 2008

 

(Voir blog du 3.12.2008) 

Quelques images du vernissage de cette exposition où l’on a pu apercevoir les dessinateurs Desclozeaux, Henri Galeron, Nicollet, Michel Galvin, Yves Got, Rousso, Thierry Alba, Soulas, Claire Bretécher, Brito, Haddad, Jean-Denys Philippe, Honoré, Bridenne, Danièle Costes-Lombard organisatrice d’Humour à Trouville, et l’équipe au grand complet d’Iconovox, site internet dédié au dessin de presse.

À noter que la galerie propose à cette occasion un second lieu d’exposition « Les 2 Andrés » où sera enregistré en public le 17 décembre un entretien-portrait de Daniel Maja (places limitées, inscription auprès de l’Atelier An-Girard au 01.43.22.01.16)

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