Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

Archive pour le mot-clef ‘Cavanna’

Quand un fait divers croise l’histoire de la presse satirique 

lundi 6 juillet 2009

Hara Kiri, les belles imagesLe Dr Daniel Cosculluela, psychiatre de Bergerac accusé de viols par quatre de ses patientes, et condamné le 4 juillet 2009 par la cour d’assises de la Dordogne à une peine de 12 ans de réclusion criminelle assortie d’une interdiction définitive d’exercer, a été pendant quelques années le propriétaire du titre Hara-Kiri. Ce titre mythique, il l’avait acheté en 1990 lors d’une vente aux enchères « à la bougie » et, après avoir envisagé de le relancer, il le louait à qui le voulait bien.

Stéphane Mazurier raconte dans « Bête, méchant, et hebdomadaire » (Buchet-Chastel) que en 1992, lorsque Philippe Val relança Charlie Hebdo, le Professeur Choron, pour le contrer publia « avec l’autorisation de Daniel Coscullela, propriétaire de la marque « Hara-Kiri » un Hara-Kiri Hebdo, sous-titré « le journal de l’Europe à feu et à sang ». la première page était signée Vuillemin.

En 1996, le titre fut utilisé par Michel Buh de la Société Française de Revue qui édita lui aussi un Hara-Kiri hebdo. Cette version n’eut que quatre numéros. On pouvait y voir des dessins de Nicoulaud, Berth, Jiho, Soulas, Lécroart, El Diablo, Coutelis, Loup, et Samson.

Depuis, le titre appartient désormais à Charlie Hebdo qui le fait figurer dans ses pages pour ne pas en perdre la propriété. Il se dit même que Cavanna en butte à Philippe Val, avait songé un temps à relancer le titre.

À noter que le titre revit aussi en librairie et après le succès de « Hara-Kiri les belles images » paru en 2008, les éditions Hoëbeke s’apprêtent à publier un agenda Hara-Kiri pour la fin de l’année 2009.

Cavanna Hebdo

mercredi 20 mai 2009

Au plus fort de l’affaire Siné, Cavanna écrivit un texte qui ne fut jamais publié, Wolinski lui ayant fait entendre que s’il le publiait il allait « mettre quarante personnes au chômage ». 

Dans ce texte Cavanna s’adressait à Philippe Val qui avait écrit :

« Lorsque nous avons relevé le journal, il y a seize ans, nous avons hérité de collaborateurs historiques…»

Et lui répondait :

« Ce « nous » sonne plutôt comme un «nous » en majesté  que comme un « nous » collectif, mais bon… Cet « héritage », c’est tout bonnement l’équipe fondatrice du journal, celle qui l’a hissé au succès et a fait sa renommée et dont le prestige attaché à son nom a assuré le succès du relancement. En parler ainsi, c’est bien de la condescendance. 

L’équipe « historique » n’était pas un ramassis de ratés, de vieux pots-de-chambre et autres laissés-pour-compte qu’on est obligés de reprendre pour avoir l’appartement. C’est le travail de ceux-là, leur talent, leur enthousiasme qui ont porté Charlie Hebdo au degré de popularité, d’admiration, je peux dire de vénération où tu l’as trouvé. »

Dans le Charlie de cette semaine enfin débarrassé de Philippe Val, Cavanna publie ses « Vœux » (encadré) et prône à nouveau pour une aventure collective qui ferait la part belle au talent de chacun et à la liberté de tous. 

En tout cas la figure tutélaire de Cavanna semble le seul élément susceptible de maintenir la cohésion de la rédaction de Charlie Hebdo entre ceux, qui, comme Charb, rêvent d’un rapprochement illusoire avec la rédaction de Siné Hebdo, et les fidèles de Val, détenteurs d’une partie du capital et qui accablent depuis plusieurs semaines Cavanna de leurs sarcasmes.

Les vœux de Cavanna pour Charlie Hebdo 3

Cavanna vu par wiaz


En illustration :

Dessin de Wiaz dans Le Nouvel Observateur (21-27 mai 2009), à propos de la nomination de Philippe Val à Radio France et de son départ de Charlie 2€ Hebdo.

À noter que l’hebdomadaire consacre un article vachard de deux pages à l’ex-directeur de Charlie.

Vive le départ de Philippe Val !

mercredi 13 mai 2009

La rédaction de Charlie (toujours 2€) Hebdo l’a échappé belle, en effet le Point.fr, pourtant souvent bien informé, annonçait la nomination de Caroline Fourest comme directrice du journal après l’annonce du départ de Philippe Val de ce poste. Finalement, ce sont Charb et Riss qui prennent les commandes (texte d’adieu en illustration).

17 ans de trop

charlie : texte de Sylvie Coma, Charb, Riss

Encore aujourd’hui, beaucoup ne comprennent pas comment Philippe Val a pu se retrouver à la tête d’un titre comme Charlie Hebdo et y rester 17 ans. Rien en dehors  d’une farouche ambition et une soif de pouvoir absolu, ne le prédisposait à ce rôle et au fil des ans on a bien vu (pour la rédaction et Cavanna, trop tard), que sa stratégie « éditoriale » n’avait rien à voir avec la perpétuation de la tradition iconoclaste de ce titre mythique. 

Certes il en a fait une entreprise rentable, mais on l’a découvert lors de la polémique avec Siné, surtout à son profit et à celui de quelques amis. Riche, mais aussi célèbre, privilégiant dans la ligne éditoriale du journal ses propres intérêts médiatico-politiques qui ont abouti à sa nomination auprès de Jean-Luc Hees PDG de Radio France, lui-même nommé par Nicolas Sarkozy.

Les mauvais esprits diront que Philippe Val a ainsi reçu la récompense à son soutien à Jean Sarkozy lors de l’affaire Siné. Mais ce serait trop réducteur en regard des efforts besogneux déployés depuis très longtemps par «l’ami de Carla Bruni» pour se bâtir une stature médiatique nationale.

Une chance pour Charlie

Les comités de rédaction de Charlie vont sans doute retrouver la bonne humeur qui régnait lors des absences multiples de leur patron parti dans sa maison du Var, écrire, des chansons ou un livre. Il paraît que dans ces moments-là on voyait même parfois un Cabu très détendu riant aux plaisanteries irrévérencieuses faites sur son directeur.

Cette nouvelle atmosphère va peut-être aussi donner un nouvel élan au contenu du journal qui ces dernières années s’était organisé dans un mode de fonctionnement sclérosé où chacun tentait de préserver sa surface rédactionnelle. Il en résultait que les bons textes ou les bons dessins étaient englués dans une maquette proche de l’apoplexie.

D’autant plus que l’apparition de Siné Hebdo avec une maquette vivante et un contenu plus incisif donnait à Charlie des allures de pensum politique.

Autre chance en mettant deux dessinateurs à sa tête, Charlie renoue avec le journal d’origine, créé par et pour des dessinateurs. Cela risque de redonner au dessin une efficacité qu’il n’aurait jamais du abandonner au profit du texte. Il faut dire que même Cabu plaidait pour un bourrage du journal en textes afin d’accroître le temps de lecture. Siné Hebdo prouve le contraire avec succès.

Siné, que l’équipe de Charlie devrait remercier, car son licenciement a créé une situation ingérable aboutissant au départ de Philippe Val qui n’aime pas les situations susceptibles de nuire à son parcours. 

En créant un autre journal satirique, Siné a aussi installé une concurrence entre les titres qui ne peut que bénéficier à une liberté d’expression de qualité.

ff

Liberation - Val en une : Friture à Radio FranceCorollaire

Il est loin le temps où Libération publiait une photo de Philippe Val en l’appelant Patrick Font. Aujourd’hui, 13 mai 2009, le quotidien lui consacre la Une et trois pleines pages à propos de son éventuelle arrivée à la tête de France Inter. Il faut dire que c’est la première fois qu’un directeur de journal satirique accède à un poste de responsabilité dans une radio publique et que sa réputation d’idéologue qui le précède semble déjà provoquer quelques remous.

Réunion

Ce blog confirme aux collaborateurs de Charlie Hebdo la réunion ce matin au journal (13 mai), dont ils ont appris l’existence à la lecture de Libération.

Charlie Hebdo et Siné Hebdo, c’est fusionnel

jeudi 7 mai 2009

une-sine-hebdo-35Sans doute pour faire oublier le mauvais tour que Charlie avait joué la semaine dernière à Siné Hebdo en court-circuitant le manifeste qu’il allait publier, Cavanna, Tignous, Willem, et Antonio Fischetti, de Charlie, ont signé le Manifeste des 144 de Siné Hebdo contre le délit de solidarité. Il ne manque plus que la signature de Charb qui avait publié sur le site de Charlie le texte suivant :

« Charlie Hebdo, Siné Hebdo, même combat ! (Pour une fois…). Ce coup-ci, selon la presse bourgeoise, Charlie Hebdo est accusé par Siné Hebdo d’avoir «volé» sa pétition réclamant l’abrogation du délit de solidarité… À Charlie, on n’ose pas croire que Siné Hebdo envisage de privatiser la défense des sans-papiers…

Siné Hebdo, qui a déjà inventé le concept d’un journal satirique qui paraît le mercredi, qui fait 16 pages, qui coûte 2 euros, qui publie beaucoup de dessins et dont le nom finit par « hebdo », aurait aussi inventé… la pétition ! Comment peut-on voler une pétition ? Comment peut-on voler une cause ? Police ! Au vol !

charb

 

Ça fait plus d’un an que Charlie publie toutes les semaines une rubrique de RESF, dix-sept ans que Charlie Hebdo est engagé aux côtés des sans-papiers. Cette semaine, notre journal publie l’enquête de Sylvie Coma prouvant que Besson ment quand il dit qu’il n’y a pas de délit de solidarité en France. Nous nous réjouissons que Siné Hebdo soit engagé lui aussi aux côtés des sans-papiers. Nous nous réjouissons que Siné Hebdo lance une pétition réclamant la fin du délit de solidarité. La preuve ? Nous la signons ! Oui, Charlie Hebdo signe la pétition de Siné Hebdo ! Mieux, nous proposons à notre aimable confrère de mettre nos moyens en commun pour populariser cet appel. Parce qu’il n’est pas question de se comporter en boutiquier lorsqu’il s’agit de défendre les sans-papiers et ceux qui leur viennent en aide, nous invitons nos lecteurs à signer les deux pétitions en attendant qu’elles n’en fassent plus qu’une. Que cette cause serve de prétexte aux deux journaux pour sortir de la cour de récré dans laquelle ils pataugent depuis plus de six mois. On peut ne pas être d’accord sur plein de choses, on peut être concurrents dans les kiosques et on peut être alliés dans la lutte contre le menteur Besson. Ne faisons pas rire la droite avec nos divisions, faisons-la chier ! Charb  »

À noter que Charb interrogé par Didier Pasamonik journaliste de l’excellent site Actuabd.com déclare ne rien savoir des futurs projets professionnels de son patron Philippe Val, pressenti pour diriger France Inter.

Cavanna rejoindrait Siné et Delfeil de Ton

mercredi 1 avril 2009

ATTENTION article périmé. Date limite de consommation : 1er avril.


Dessin de Rémi MalinGrëyCoup de théâtre dans le duel que se livrent les journaux satiriques Siné Hebdo et Charlie 2€ Hebdo. Selon nos informations une partie de l’équipe de Charlie, Cavanna, deux rédacteurs et six dessinateurs, rejoindraient la rédaction de Siné Hebdo. Si cette nouvelle se confirmait ce serait un nouveau coup dur pour Charlie qui connaît en ce moment – dit-on – des difficultés financières en raison de la baisse des ventes – actuellement à 38 000 ex.– mais surtout parce que Cavanna est le propriétaire du titre. Ce départ était redouté depuis quelques semaines par Philippe Val et Cabu, qui voyaient d’un assez mauvais œil les prises de positions publiques de Cavanna en faveur de Siné. À court terme ils risquent de devoir trouver un autre nom pour le journal. Pourquoi pas « Val Hebdo » comme l’avait suggéré Charb dans Marianne. Charlie devrait toutefois paraître la semaine prochaine avec de nouvelles signatures, on parle de Wozniak, Pancho, Pétillon et Catherine Beaunez pour les dessins, et de BHL, François Bégaudeau, Laurent Joffrin et Bertrand Delanoë (le maire de Paris) pour les textes. Siné, actuellement en cure, n’a, pour l’instant, fait aucune déclaration.

Décidément le licenciement de Siné au mois d’août 2008 n’en a pas fini de faire des vagues.

Une autre rumeur qui circule aussi, serait que Siné réintègrerait la rédaction de Charlie grâce à la médiation de Richard Malka, le redoutable avocat multicartes du journal et de Gérard Biard, son rédacteur en chef. Mais tout semble imaginable en ce premier jour d’avril.

Illustration : Cavanna, Choron et Delfeil de Ton,
vus par Rémi Malingrëy dans Siné Hebdo.

Cabu et Val écrivent au Nouvel Obs

mercredi 25 mars 2009

Les polémiques nées du licenciement du dessinateur Siné de Charlie 2€ Hebdo ne sont pas près de s’apaiser. Dernière en date, après Charb qui précise son point de vue dans Marianne, c’est au tour de Cabu et Val  d’exprimer le leur en publiant dans Charlie (25.3.2009) un « Droit de réponse » qu’ils avaient envoyé au Nouvel Observateur qui ne l’a pas publié. Tout est expliqué dans le texte d’introduction mais Philippe Val n’a semble-t-il toujours pas compris que les critiques qui viennent de toutes parts ne visent pas Charlie 2€ Hebdo et sa rédaction, mais bien lui-même et ses agissements. À noter aussi que si le droit de réponse est signé par ordre alphabétique Cabu et Val, il n’y figure pas la mention habituelle « toute la rédaction », ni même le nom de Wolinski ou Cavanna. À suivre donc.

droit-de-reponse-val-cabu

« Droit de réponse » de Cabu et Val publié dans Charlie (25/03/2009)