La rédaction de Charlie (toujours 2€) Hebdo l’a échappé belle, en effet le Point.fr, pourtant souvent bien informé, annonçait la nomination de Caroline Fourest comme directrice du journal après l’annonce du départ de Philippe Val de ce poste. Finalement, ce sont Charb et Riss qui prennent les commandes (texte d’adieu en illustration).
17 ans de trop
Encore aujourd’hui, beaucoup ne comprennent pas comment Philippe Val a pu se retrouver à la tête d’un titre comme Charlie Hebdo et y rester 17 ans. Rien en dehors d’une farouche ambition et une soif de pouvoir absolu, ne le prédisposait à ce rôle et au fil des ans on a bien vu (pour la rédaction et Cavanna, trop tard), que sa stratégie « éditoriale » n’avait rien à voir avec la perpétuation de la tradition iconoclaste de ce titre mythique.
Certes il en a fait une entreprise rentable, mais on l’a découvert lors de la polémique avec Siné, surtout à son profit et à celui de quelques amis. Riche, mais aussi célèbre, privilégiant dans la ligne éditoriale du journal ses propres intérêts médiatico-politiques qui ont abouti à sa nomination auprès de Jean-Luc Hees PDG de Radio France, lui-même nommé par Nicolas Sarkozy.
Les mauvais esprits diront que Philippe Val a ainsi reçu la récompense à son soutien à Jean Sarkozy lors de l’affaire Siné. Mais ce serait trop réducteur en regard des efforts besogneux déployés depuis très longtemps par «l’ami de Carla Bruni» pour se bâtir une stature médiatique nationale.
Une chance pour Charlie
Les comités de rédaction de Charlie vont sans doute retrouver la bonne humeur qui régnait lors des absences multiples de leur patron parti dans sa maison du Var, écrire, des chansons ou un livre. Il paraît que dans ces moments-là on voyait même parfois un Cabu très détendu riant aux plaisanteries irrévérencieuses faites sur son directeur.
Cette nouvelle atmosphère va peut-être aussi donner un nouvel élan au contenu du journal qui ces dernières années s’était organisé dans un mode de fonctionnement sclérosé où chacun tentait de préserver sa surface rédactionnelle. Il en résultait que les bons textes ou les bons dessins étaient englués dans une maquette proche de l’apoplexie.
D’autant plus que l’apparition de Siné Hebdo avec une maquette vivante et un contenu plus incisif donnait à Charlie des allures de pensum politique.
Autre chance en mettant deux dessinateurs à sa tête, Charlie renoue avec le journal d’origine, créé par et pour des dessinateurs. Cela risque de redonner au dessin une efficacité qu’il n’aurait jamais du abandonner au profit du texte. Il faut dire que même Cabu plaidait pour un bourrage du journal en textes afin d’accroître le temps de lecture. Siné Hebdo prouve le contraire avec succès.
Siné, que l’équipe de Charlie devrait remercier, car son licenciement a créé une situation ingérable aboutissant au départ de Philippe Val qui n’aime pas les situations susceptibles de nuire à son parcours.
En créant un autre journal satirique, Siné a aussi installé une concurrence entre les titres qui ne peut que bénéficier à une liberté d’expression de qualité.
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Corollaire
Il est loin le temps où Libération publiait une photo de Philippe Val en l’appelant Patrick Font. Aujourd’hui, 13 mai 2009, le quotidien lui consacre la Une et trois pleines pages à propos de son éventuelle arrivée à la tête de France Inter. Il faut dire que c’est la première fois qu’un directeur de journal satirique accède à un poste de responsabilité dans une radio publique et que sa réputation d’idéologue qui le précède semble déjà provoquer quelques remous.
Réunion
Ce blog confirme aux collaborateurs de Charlie Hebdo la réunion ce matin au journal (13 mai), dont ils ont appris l’existence à la lecture de Libération.