Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

Archive pour 2013

Mana Neyestani dessinateur iranien en exil

vendredi 14 juin 2013

Le quotidien 20 minutes a consacré un article au dessinateur iranien Mana Neyestani, emprisonné en 2006 dans son pays après la publication d’un de ses dessins pour enfants dont le sens a été mal interprété et qui a déclenché la fureur d’une minorité ethnique en Iran (à lire sur ce sujet un article du Monde). La journaliste Faustine Vincent précise que les manifestations qu’il a provoquées ont été réprimées dans le sang par le pouvoir et que Mana Neyestani est parvenu à s’échapper après deux mois de détention pour se réfugier en Malaisie. Il la quittera en 2010 avant d’arriver en France, où il vient d’obtenir le statut de réfugié politique.

Extrait de l’article : « Lecteur de presse assidu, Mana Neyestani s’informe aussi sur la situation en Iran via Facebook. Du moins autant que possible: «On ne peut pas facilement communiquer parce que le régime surveille tout sur internet. Beaucoup de messages sont filtrés et censurés». Il a tout de même appris que certains de ses dessins étaient placardés sur des murs d’universités. «Mais c’est dangereux, parce qu’ils n’ont pas le droit de le faire…», s’inquiète-t-il. Parfois, il reçoit des messages de ses amis qui s’excusent de ne pas commenter ou «liker» les dessins qu’il poste sur sa page Facebook. «Ils me disent que ma page est peut-être surveillée par le régime et qu’ils n’osent pas le faire parce qu’ils ont peur. »

Le dessinateur « admirateur de Sempé, Roland Topor et Claude Serre » est aussi membre de l’association Cartooning for Peace.

Le site Internet de 20 minutes présente également un diaporama de ses dessins à l’occasion de la parution de l’album «Tout va bien !»  qui rassemble 200 de ses dessins réalisés entre 2007 et 2013 (Arte Editions. Çà et Là).

En illustration : «Oppression», un dessin, indique 20 minutes, repris par le «mouvement vert» de contestation contre le régime en 2009.

Desclozeaux, l’homme à fables

mardi 11 juin 2013

Trop rare dans la presse et surtout depuis que Le Monde lui a supprimé brutalement en 2012 sa collaboration à la rubrique gastronomie (mais que l’on retrouve depuis quelques numéros dans Siné mensuel), Desclozeaux illustre « Fablerie », 34 fables de Jean du Frout (Jean-François Naquet-Radiguet).

A voir, quelques images du livre, sur une video réalisée à l’occasion d’une signature des auteurs à la librairie Le livre écarlate à Paris 75014 où l’on peut se le procurer. L’ouvrage est également disponible à la librairie du Théâtre du Rond-Point à Paris 75008 (où les dessins de Desclozeaux sont actuellement exposés), et sur le site de Jean du Frout, Artisan fabuliste : http://jeandufrout.wordpress.com/livres/

Un deuxième tome serait en préparation.

Avoine en exposition

lundi 10 juin 2013

Dans le « Dico Solo » on trouve cette citation du dessinateur Avoine qui déclarait déjà en 1981 «  Le dessin d’humour est un genre qui ne devrait pas être exclu de la presse et pourtant c’est ainsi. Le marché existant, c’est l’utilisation de mes dessins, en illustrations disons humoristiques. »

A la même époque les dessinateurs étaient pourtant invités dans les émissions littéraires comme en témoigne cet extrait d’Apostrophes de Bernard Pivot recevant une belle brochette de dessinateurs Reiser, Jean Effel, Siné, Tim, Laville, Barbe, et… Avoine, qui venait présenter son livre de dessins d’humour « Faites moi rire, je pars dans quatre minutes » (B.Diffusion).

Avoine a dessiné, entre autres dizaines de journaux, pour Paris Match, A suivre, Télérama, Le Monde, Elle, Le Point, L’Express, La Recherche, et même Le New-Yorker. Il a été membre des H.A. (Humoristes Associés) en compagnie de Laville, Fred, Mose, Serre, Siné, Soulas, Nicoulaud, Napo, Trez, Barbe, Blachon, Lacroix, Sabatier, Granger, Bridenne, Mordillo, Loup, et Jy.

Du 13 juin au 27 juin 2013, Avoine expose ses dessins sur l’actualité – publiés notamment dans Siné Hebdo, Siné mensuel ou Bakchich– à l’Espace Louise Michel, 42 ter, rue des Cascades, dans le 20ème arrondissement de Paris.

Margaux Motin dans Paris Match

jeudi 30 mai 2013

Comment trouver du boulot dans la presse ? La dessinatrice Margaux Motin, à qui Paris Match consacre un article pour la parution de son quatrième album « La tectonique des plaques » ( Delcourt – Collection Tapas BD), explique sa méthode (et bien d’autres choses) pour débuter dans le métier :

« J’ai eu un gros coup de cœur pour le magazine “Muteen”, qui m’a donné envie de me lancer. J’ai envoyé mes dessins avec des truffes maison dans un gros carton entouré d’un ruban rose.
J’y avais ajouté une lettre de menaces disant que, s’ils ne me répondaient pas, je camperais en bas de la rédaction et lancerais des boules puantes. Vingt minutes après on me rappelait ! »

Le site Internet de Margaux Motin.

Mariage pour tous mais pas à La Hune (Paris)

mercredi 29 mai 2013

La librairie La Hune à Paris, annule une séance de dédicace de l’album Mariage pour tous !, sixième tome des aventures de Maurice et Patapon (éditions Les échappés). Charb, son auteur explique sur le site de Charlie Hebdo :

[…] « Cécile Thomas, l’éditrice de la maison d’édition Les Échappés, a reçu un coup de fil du directeur de la librairie la semaine dernière : la séance de dédicace est annulée. Un mail est venu le confirmer. Ah. Problème technique ? Non, le directeur craint des incidents. Il ne prendra pas un tel risque. Bien sûr, si ça avait été sa librairie, il aurait foncé, mais il ne peut pas faire ce sale coup au groupe Flammarion, qui, jure-t-il, n’est au courant de rien et n’a rien demandé, vous comprenez… Non, on ne comprend pas. Que craint-il ? Une attaque des militants anti-mariage gay ! Quel rapport avec Maurice et Patapon ? Bah, le titre: Mariage pour tous ! Hein? Sérieusement? Ah, oui, ils cherchent toutes les cibles possibles, les anti-mariage gay, et la bédé de ce chien et de ce chat en est une potentielle… Rendez-vous compte ! Un chat qui épouse un chien! Aux abris! » […]

Conclusion du directeur de Charlie à qui on a demandé d’attendre un peu que la tension autour du mariage soit retombée : « Les librairies meurent, on comprend pourquoi… Oui, la Hune est une référence pour les intellectuels de Civitas et les artistes de Saint-Nicolas-du-Chardonnet. »

En illustration, la couverture et un strip extrait de l’album.

La bd en crise mais rapporte encore… aux éditeurs

mercredi 29 mai 2013

« La bande dessinée en crise, vend moins mais gagne plus, grâce à des prix de vente en hausse » titrait Le Monde (26-27 mai 2013) en consacrant un article à l’édition 2012 de Numérologie, « une copieuse étude annuelle sur le marché de la bande dessinée, publiée jeudi 23 mai par le collectif « du9 », un espace de réflexion critique sur la BD. » Extrait :

« Crise, ou pas crise ? Depuis quelques années, la question reste en suspens au sujet du marché de la bande dessinée qui réussit encore en 2012 cet étrange paradoxe de reculer tout en continuant sa progression. Cependant, l’augmentation du chiffre d’affaires due à une forte appréciation des prix moyens ne saurait occulter l’érosion des ventes en volume. Alors que l’on constate la désaffection progressive d’un lectorat qui, globalement, se montre relativement peu attaché à cette pratique culturelle, le portrait qui s’en dégage n’est pas particulièrement encourageant pour les années à venir. »

Ce constat  industriel occulte le fait que la création de bande dessinée a toujours été un métier artisanal et que ses problèmes viennent de son “évolution” en produit commercial vendu en palettes dans les hypermarchés. Heureusement, on ne peut pas élever des auteurs en batterie juste pour alimenter le chiffre d’affaire des éditeurs (même si parfois à Angoulême on peut se poser la question). Ces dernières années, ceux-ci ont privilégié la quantité à la qualité, publiant des albums vite faits, mal vendus, et vite oubliés, laissant sur le carreau des dizaines de dessinateurs. Sans compter que les lecteurs, (clients), ne sont pas dupes de ce qu’on leur propose. Certains éditeurs ont même délocalisé dans les pays de l’Est ou en Amérique du Sud pour faire baisser les coûts de « production ».

Il faut 10 à 15 ans pour qu’un auteur qui a quelque chose à dire arrive à maturité, et encore l’expérience n’implique pas forcément le talent. Il serait peut-être temps tant de revenir à un mode de création bio et durable qui respecte les auteurs et qui pérennise leur travail, et tant pis pour les quelques éditeurs qui ne voient plus leurs pieds tellement ils ont exploité le système.

Le rapport est à téléchargeable au format Pdf

Tout ceux qui veulent voir de la “vrai” bande dessinée peuvent se rendre à Paris à la galerie Oblique, c’est au fin fond du Village Saint-Paul, 17, rue Saint-Paul, 75004. Jusqu’au 8 juin on peut y voir (et acheter) des planches et des dessins originaux de Tardi. De quoi se réconcilier avec le dessin, le travail d’auteur, …et la bande dessinée.

Le site internet de la galerie Oblique