Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

Archive pour le mot-clef ‘Tardi’

Siné (1928-2016) in memoriam

jeudi 12 mai 2016

Le Monde a annoncé la mort de Siné dans sa rubrique Culture.

En revanche aucun communiqué du ministère de la Culture et de la Communication qui doit mal connaître l’œuvre de Siné. Il leur faudra attendre la parution en septembre de “Siné graphiste” (La Martinière) pour en mesurer l’ampleur. D’après nos infos la ministre avait piscine le jour de la mort de Siné.

Hommages dessinés (entre autres) de Willem dans Libération, Camille Besse (Causette – sur Facebook), Vuillemin (Charlie Hebdo – mais vu sur Facebook) :

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Man (Midi Libre), dessin proposé et dessin publié :

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Autre « hommage » sur Facebook, celui de Ranson (Le Parisien) qui apparemment ne portait pas Siné dans son cœur.

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Dessin de Plantu (Le Monde, l’Express) :

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« Patron comme rédacteur en chef, il était formidable, il a jusqu’au bout gardé son verbe, ses idées, sa force d’inventivité. Il avait un jugement d’une grande sûreté. Il ne faut pas oublier que c’était un grand dessinateur, mais aussi un grand graphiste. » Geluck, collaborateur de Siné mensuel dans Libération.

« Siné, c’était mon maître, il m’a beaucoup appris. Il a toujours été plus direct qu’un caricaturiste politique normal. Il était dans le rentre-dedans, jamais dans la complaisance. Il dessinait des cons comme des cons, et ça m’attirait beaucoup. Je ne sais pas comment dire, mais on ne pouvait pas se tromper avec ses dessins. » Willem, dessinateur à Charlie Hebdo et à Siné mensuel dans Libération.

Coïncidence, Fluide glacial publie dans son dernier numéro la page de la série Revue de presse, consacrée à Jean-Jacques Pauvert éditeur historique de Siné. Dessin de Romain Dutreix.

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Belle nécro d’Eric Favereau dans Libération : […] « Siné est ainsi, toujours les mots sont les plus forts. « Mourir ? Jamais ! Plutôt crever », disait-il. Ce n’était pas l’outrance qui le maintenait, c’était la vie, la belle et grosse vie, celle qui déborde de tous côtés. »

[…] « On a, ici, sur ce site, une petite histoire avec Siné. D’abord, l’affaire fut, tout l’été 2008, notre première « affaire », une de celles qu’on doit suivre heure par heure, minute par minute, avec pétitions, attaques, soutiens. A la rentrée, Siné était sur le plateau, émission qui me valut par la suite de m’entendre hurler au téléphone par Val  : « désormais, vous avez en moi un ennemi personnel » […] Daniel Schneidermann sur ArretsurImages.net et L’Obs avec Rue89.

[…] « Tous les dessinateurs de presse d’aujourd’hui te doivent quelque chose. Tu as été un des pionniers qui leur ont montré le chemin de la liberté. Tu étais un maître. Exigeant envers toi-même. Tes affiches, tes illustrations, ton autobiographie dont tu étais en train de peaufiner le dernier tome («Ma vie, mon œuvre, mon cul»), tu n’as rien fait qui ne fût du genre parfait. » […] Delfeil de Ton sur Bibliobs

Tout comme pour le cercueil de Tignous en janvier 2015, le cercueil de Siné a été « décoré » par les dessinateurs, notamment ceux de Siné mensuel.

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De nombreux dessinateurs étaient présents au cimetière Montmartre : Tardi, Jiho, Berth, Lacombe, Eric Martin, Desclozeaux, Puig Rosado, Willem, Jul, Krokus, Camille Besse, Marine, Nadia Khiari, Faujour, Gros, Mric, Lasserpe, Plantu, Lindingre, Rémi Malingrëy, Bridenne, Geluck, Pakman, Avoine, Jy, Gondot, Poussin, Carali, Solé, Aranega, Hugot, Kianoush Ramezani (entre autres sans doute).

Charlie Hebdo a envoyé une couronne au cimetière Montmarte, publié un petit encadré sur Siné signé de son directeur Riss, et des dessins de Foolz, Willem, Vuillemin. Coco sur Twitter à écrit : « Que cette pute de mort aille se faire foutre et que @sinemensuel continue ! BANZAï ».

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Guy Bedos a regretté publiquement l’absence de Philippe Val à l’enterrement. C’était de l’humour.

Le Huffington Post, Le Parisien, on publié sur leur site Internet des images de la journée du 11 mai et des obsèques de Siné.

Un numéro spécial de Siné mensuel retraçant sur 40 pages les grands moments de la vie de Siné paraîtra le 18 mai 2016. C’est lui-même qui en avait préparé la couverture quelques jours avant sa mort le 5 mai 2016.

Vendredi 13 mai 2016, le film “Mourir Plutôt crever !” de Stéphane Mercurio, sera projeté à 21h 30, Place de la République dans le cadre de Nuit debout.

Angoulême se termine aujourd’hui (la 41ème édition)

dimanche 2 février 2014

Dernière journée pour le festival de la bande dessinée d’Angoulême avec une visite au « Monde des bulles » et ses files d’attente interminables chez les « grands » éditeurs pour obtenir une dédicace personnalisée sur un album, et une visite à la bulle « Le nouveau monde » où son regroupés tous les « petits » éditeurs et les nombreux journaux et fanzines qui ne demandent qu’à grandir.

Un festival et ses polémiques, avec l’ambassadeur du Japon en France qui proteste contre les œuvres d’un collectif d’artistes sud-coréens ayant pour thème les  “femmes de réconfort” enrôlées de force par l’armée japonaise pour satisfaire les besoins sexuels des militaires lors de la Seconde guerre mondiale (à lire sur le sujet « Angoulême : l’expo qui fâche le Japon » sur le site du Nouvel Observateur ). Mais aussi avec la société israélienne Sodastream, sponsor de l’exposition « Les légendaires », dont une trentaine de dessinateurs ont dénoncé la présence dans une lettre ouverte (à lire sur le sujet « Le soutien de SodaStream au Festival d’Angoulême fait polémique » dans Le Monde ). Sans oublier celle qui concerne la désignation du grand prix de la ville d’Angoulême dont le lauréat présidera le prochain festival (à lire sur le sujet « BD : le Grand Prix d’Angoulême est-il obsolète ? » dans Le Nouvel Observateur ).
A noter que l’exposition en plein air sur les 80 ans du Journal de Mickey n’a suscité aucune contreverse.

Le bilan global de cette édition reste à faire, notamment sur l’affluence du grand public, mais on peut d’ors et déjà saluer cette 41ème édition par la cohérence de la programmation autour du dessin (Willem, Bofa, Tardi, Jean-Marc Rochette, dont les expositions sont visibles à Angoulême jusqu’au 8 mars 2014) et de l’ouverture, le thème de 2014 était « les différents regards sur le monde », une approche qui doit beaucoup à la présidence exceptionnelle à tous points de vue de Willem (à lire son portrait dans Télérama).

Reste à s’interroger, comme l’a déjà fait Didier Pasamonik (Lettre ouverte au ministre de la culture, Aurélie Filippetti), sur l’avenir de cette manifestation et de son évolution au service du 9ème art, des éditeurs, et surtout des centaines d’auteurs qui essaient de vivre de ce métier.
A suivre…

Angoulême comme si vous y étiez (ou presque) 2

samedi 1 février 2014

La presse régionale titre sur  la disparition de Cavanna. La Charente libre titre en Une “La BD sans Cavanna” ou “Le festival pleure Cavanna” sur ses affichettes. Cela aurait surement amusé Cavanna lui qui aurait aimé faire une carrière de dessinateur qu’il a débutée sous le nom de Sépia et qui n’a jamais écrit de scénarios de BD. Il a quand même été avec son compère Choron l’éditeur de Charlie mensuel, de l’hebdomadaire BD, et ils ont publié de nombreuses bandes dessinées y compris dans Hara-Kiri, signées entre autres Gébé, Reiser, Cabu, Willem, Tardi, Schlingo, Poussin, Alex Barbier, etc., etc. Ceci explique peut-être cela.

Suite de la visite des expositions proposées à Angoulême  :

L’exposition Tardi est une des plus importantes par la qualité des images proposées et par la mise en scène. Si on peut apprécier le talent du dessinateur à travers de nombreux originaux et ses mises en couleurs, la profusion très répétitive des images donne un sentiment de trop plein. D’autant plus que la scénographie à base d’ampoules éblouissantes et de cadres à vitres brillantes ne facilitent pas la lecture. A voir malgré tout, Tardi est un grand dessinateur.

Déception pour l’exposition Gus Bofa qui ne présente que des reproductions (phototypies, eaux-fortes) ce qui heureusement ne gâche pas le plaisir d’apprécier le talent graphique de ce dessinateur. La proximité avec l’exposition Tardi permet aussi de mesurer l’influence qu’a eu cet artiste sur de nombreux auteurs contemporains. Rappel les éditions Cornélius ont publié “Gus Bofa, l’enchanteur désenchanté“.

Beaucoup de monde pour l’exposition Willem, avec de très nombreux originaux que le dessinateur a conservé depuis ses débuts en Hollande et les années 1970, date de son apparition dans la presse française notamment dans L’Enragé. La présentation sobre et commentée par des panneaux de l’auteur permet de parcourir la carrière de celui qui est devenu un de nos plus grand dessinateurs actuels. A ne pas rater. L’exposition ne fermera ses portes que le 9 mars 2014. Un 4 pages a été édité à cette occasion par le quotidien Libération.

Mauvaise surprise en revanche pour “l’exposition”  sur les violences faites aux femmes “En chemin, elle rencontre…” présentée dans le hall du Palais de Justice. Si le sujet est hautement important il est regrettable qu’une mise en page confuse des panneaux noie graphiquement le contenu et les dessins censés nous sensibiliser aux thèmes abordés. A chacun cependant de se faire une idée.

En attendant, dimanche, l’annonce du nom du lauréat du Grand prix de la ville d’Angoulême (soit Bill Watterson (Calvin & Hobbes), ou le mangaka Katsuhiro Otomo (Akira) , ou Alan Moore, auteur de “From Hell”), Yves Frémion a dévoilé celui du 18ème Prix Tournesol qui récompense la BD “la plus écolo de l’année” et qui a été attribué à “Plogoff” d’Alexis Horebellou et Delphine Le Lay (éditions Delcourt).

A suivre.

(Le logotype interdit de manger dans l’exposition n’est pas de Gus Bofa)

Angoulême 2014 le sacre de Willem président

jeudi 30 janvier 2014

Désigné à la surprise générale (surtout celle du petit milieu de la BD) grand prix d’Angoulême, le dessinateur Willem marque de son empreinte la 41ème édition du festival de la bande dessinée qui se déroule du 30 janvier au 3 février 2014.
Au programme une exposition consacrée au dessinateur Gus Bofa, une autre à Tardi, sans oublier Willem, ça c’est de la bande dessinée ! qui lui est consacrée.
D’autres événements sont plus tournés vers le grand public, on pourra ainsi célébrer les 50 ans de Mafalda personnage créé par le dessinateur argentin Quino, ou… les 80 ans du Journal de Mickey.

Cette édition sera aussi celle de toutes les polémiques, au sujet de l’attribution du Grand prix de la ville d’Angoulême (qui désigne le président suivant), mais aussi sur l’avenir de la manifestation si l’on en croit la lettre ouverte de Didier Pasamonik au ministre de la culture, Aurélie Filippetti publiée par Le Figaro le 25 janvier (reprise sur le site ActuaBD).

En tout état de cause, il faut savourer la consécration du talent iconoclaste de Willem, dessinateur de Libération, Charlie Hebdo, Siné mensuel, et qui signe la couverture du dernier numéro de Télérama (qui l’aurait cru il y a deux ans).
A lire l’interview de Willem sur le site officiel du festival.

Willem à Angoulême

jeudi 28 novembre 2013

Une affiche vivante et dynamique de Willem pour le prochain festival de la BD d’Angoulême dont il sera le président (en illustration). Dans le quotidien 20 minutes Olivier Mimran présente le programme de cette 41ème édition :

« Cette année, il s’agira de compatriotes du Président Willem (un atelier composé d’auteurs Hollandais, dont le grand Joost Swarte, viendront imprimer des affichettes sur les temps forts de l’actualité) et de Coréens à travers l’exposition « Fleurs qui ne se fanent pas », qui revient sur la tragédie des « femmes de confort » durant l’occupation japonaise. Mais l’étranger sera aussi représenté par Quino, l’auteur argentin de la malicieuse Mafalda : on fêtera les 50 ans de la brunette, et les 60 ans de carrière de son créateur!

Aussi tourné qu’il soit vers l’avenir (et la mondialisation qui n’épargnera certainement pas la BD), le festival n’oublie pas que 2014 lancera les célébrations du centenaire de la Première guerre mondiale. L’ambitieuse exposition « Tardi et la Grande Guerre » rendra donc hommage aux poilus et à aux exceptionnels talents – graphique, mais aussi documentaire – du Grand prix d’Angoulême 1985. Lui fera écho l’expo « Gus Bofa, l’adieu aux armes », qui devrait compiler des dizaines de témoignages dessinés relatifs au conflit et réalisés par celui dont de nombreux auteurs contemporains revendiquent l’influence… »

A noter l’exposition «  Willem, ça c’est de la bande dessinée ! » qui semble vouloir répondre à ceux qui l’an dernier contestaient l’attribution du Grand prix d’Angoulême au dessinateur à la « carrière protéiforme » et  « artiste radical » qui collabore à  Libération, Charlie Hebdo et Siné mensuel. Cette édition n’a pas fini de nous surprendre.

Tout le contenu du 41ème Festival international de la bande dessinée d’Angoulême.

La bd en crise mais rapporte encore… aux éditeurs

mercredi 29 mai 2013

« La bande dessinée en crise, vend moins mais gagne plus, grâce à des prix de vente en hausse » titrait Le Monde (26-27 mai 2013) en consacrant un article à l’édition 2012 de Numérologie, « une copieuse étude annuelle sur le marché de la bande dessinée, publiée jeudi 23 mai par le collectif « du9 », un espace de réflexion critique sur la BD. » Extrait :

« Crise, ou pas crise ? Depuis quelques années, la question reste en suspens au sujet du marché de la bande dessinée qui réussit encore en 2012 cet étrange paradoxe de reculer tout en continuant sa progression. Cependant, l’augmentation du chiffre d’affaires due à une forte appréciation des prix moyens ne saurait occulter l’érosion des ventes en volume. Alors que l’on constate la désaffection progressive d’un lectorat qui, globalement, se montre relativement peu attaché à cette pratique culturelle, le portrait qui s’en dégage n’est pas particulièrement encourageant pour les années à venir. »

Ce constat  industriel occulte le fait que la création de bande dessinée a toujours été un métier artisanal et que ses problèmes viennent de son “évolution” en produit commercial vendu en palettes dans les hypermarchés. Heureusement, on ne peut pas élever des auteurs en batterie juste pour alimenter le chiffre d’affaire des éditeurs (même si parfois à Angoulême on peut se poser la question). Ces dernières années, ceux-ci ont privilégié la quantité à la qualité, publiant des albums vite faits, mal vendus, et vite oubliés, laissant sur le carreau des dizaines de dessinateurs. Sans compter que les lecteurs, (clients), ne sont pas dupes de ce qu’on leur propose. Certains éditeurs ont même délocalisé dans les pays de l’Est ou en Amérique du Sud pour faire baisser les coûts de « production ».

Il faut 10 à 15 ans pour qu’un auteur qui a quelque chose à dire arrive à maturité, et encore l’expérience n’implique pas forcément le talent. Il serait peut-être temps tant de revenir à un mode de création bio et durable qui respecte les auteurs et qui pérennise leur travail, et tant pis pour les quelques éditeurs qui ne voient plus leurs pieds tellement ils ont exploité le système.

Le rapport est à téléchargeable au format Pdf

Tout ceux qui veulent voir de la “vrai” bande dessinée peuvent se rendre à Paris à la galerie Oblique, c’est au fin fond du Village Saint-Paul, 17, rue Saint-Paul, 75004. Jusqu’au 8 juin on peut y voir (et acheter) des planches et des dessins originaux de Tardi. De quoi se réconcilier avec le dessin, le travail d’auteur, …et la bande dessinée.

Le site internet de la galerie Oblique