Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

Archive pour la catégorie ‘Hommage’

Jacques Faizant ressucité (ou presque)

mardi 15 mars 2011

Caricatures & caricature.com annonce un site Internet dédié au dessinateur Jacques Faizant (1918-2006). Créé par Guillaume Doizy, qui a eu accés à de nombreux originaux, il passe en revue les différentes facettes de la carrière du dessinateur, des premiers dessins aux dessins politiques en passant par les dessins d’humour. Le site propose aussi une video sur Faizant et divers courriers qui lui ont été adressés (Jean-Luc Godard, Gébé, le général de Gaulle). Seul regret les légendes des dessins d’humour qui ne sont pas toujours lisibles.

Sa biographie rappelle sa collaboration au Figaro et les circonstances de son « départ » :

« À partir du 1er septembre 1960, il devient dessinateur politique dans Le Figaro dont son trait ne tarde pas à devenir un des emblèmes. Quarante ans plus tard (29 novembre 1999), il est relégué aux pages intérieures du journal, puis est définitivement écarté du quotidien le 3 octobre 2005 à l’occasion d’un changement de formule et de format. « [Il] avait du mal à dessiner parce qu’il était fatigué et malade […] C’est à ce moment qu’on a décidé d’un commun accord de mettre un terme à sa collaboration, ce qui pour nous était une perte immense » (Yves Thréard, directeur adjoint de la rédaction, cité par le Nouvel Observateur en ligne). »

Jacques Faizant est décédé quatre mois après avoir cessé de dessiner pour Le Figaro.

Dans le livre autobiographique « L’œil à la main » (Stock, 1977) il répondait à Gilles Plazy qui l’interrogeait :

« Je ne veux qu’écrire et dessiner, écrire et dessiner, écrire et dessiner. Jusqu’à ce que ma main tremble trop. Je n’ai encore jamais connu un dessinateur de presse qui prenne sa retraite. »

En illustration dessin couleurs de Jacques Faizant © (cliquer sur l’image pour l’agrandir).

Pierre Fournier pour mémoire

lundi 28 février 2011

Le 15 février 1973 décédait brutalement à 35 ans, Pierre Fournier, dessinateur et journaliste à Hara-Kiri puis à Charlie Hebdo, et fondateur en 1972 du mensuel écologique La Gueule Ouverte. Une vie trop courte mais qu’il mettra, encouragé par Cavanna et Georges Bernier, au service du dessin et de l’écologie politique dont il sera un des pionniers en France.

Des dessins de Pierre Fournier, seront exposés à Paris du 10 mars au 27 mars 2011, dans le cadre d’une exposition-rencontre avec les œuvres des céramistes Serge et Renée Pillard et les dessins de presse de Pierre Bouillé.

Galerie terres d’Aligre
5, rue de Prague
75012 Paris.

Du mercredi au vendredi de 18h à 21h.
Samedi de 10h à 14h et de 15h à 21h.
Dimanche de 10h à 14h.
Vernissage le 10 mars à partir de 18h.

À visiter : La Gueule Ouverte site Internet réalisé en 2003 par Daniel Josserand, qui publie un biographie de Pierre Fournier, les six premières couvertures du journal, l’éditorial du n°1, et les recherches pour trouver le titre.

À lire : « Carnets d’avant la fin du monde », publiés en 2003 par Frédéric Pajak dans la collection des « Cahiers dessinés » (Buchet-Chastel), avec des textes de sa femme Danielle Fournier, et plus de 200 dessins.

Sans oublier la fiche biographique sur Wikipedia.

Patrick Couratin

lundi 31 janvier 2011

Le dessinateur, graphiste, directeur artistique, éditeur, Patrick Couratin est décédé le 29 janvier 2011 à l’âge de 62 ans. Le grand public connaît son travail puisqu’il fût ces dernières années le créateur de nombreuses affiches de spectacles, souvent sur fond noir, et que son studio avait signé les visuels de la dernière campagne de publicité pour la Matmut, avec Chevalier et Laspalès (en illustration).

Longtemps illustrateur, c’est aussi en tant que directeur artistique qu’il affirma son goût des belles images en mettant en valeur le travail de grands créateurs.

Biographie publiée par le site Internet « La joie par les livres »  :

Patrick Couratin est né en 1948 en Touraine. Après des études à l’école des Beaux-Arts de Bayonne, puis en Pologne, Patrick Couratin a publié ses premières illustrations dans l’édition et la presse française et américaine en 1971. Il publie quelques albums chez Harlin Quist, éditeur pour lequel il devient directeur artistique entre 1974 et 1982 (année qui marque la fin de la maison d’édition, avec une reprise entre 1997 et 2000).

Il devient ensuite conseiller artistique de la maison de disques Le Chant du Monde, entre 1980 et 1995, et chez Bayard Presse de 1982 à 1993. Sous le label « Crapule ! », studio de création graphique créé en 1984, il créé une collection d’albums illustrés pour adultes (diffusion Futuropolis) et de romans policiers « Sombre Crapule ! » (diffusion Harmonia Mundi).

En 2002 commence une nouvelle collaboration  éditoriale au Seuil Jeunesse / Crapule ! Productions (avec les livres de Gilles Bachelet ou de Marie-Ange Guillaume par exemple), au Seuil Jeunesse / Scéren-CNDP (Jean-Pierre Siméon) et, à partir de 2005, aux éditions du Panama (Blachon).

Patrick Couratin, a également créé une librairie « Quist » à Paris en 1979, a collaboré à de nombreux journaux et magazines, et réalisé, en particulier avec le photographe Jean Tholance, de nombreuses affiches. Il a aussi été directeur artistique du film « Bus 24 », tiré du livre de Guy Billout (Harlin Quist 1973) produit par Label Frères.

Patrick Couratin connaît et aime le travail des peintres comme Claude Lorrain, Holbein le Jeune, Caspar David Friedrich, Nicolas Poussin, Hendrick Terbrugghen, René Magritte… dont on peut reconnaître des traces dans ses œuvres.

Également sur Internet sur le site Ricochet-jeunes.org des extraits du livre d’entretien « graphique » qu’il a eu avec Étienne Delessert (couverture en illustration).

LE Cavanna

mercredi 19 janvier 2011

Désolé, je vais parler de moi.

Il y a quelques années je me suis permis d’écrire à Cavanna pour lui expliquer que je faisais partie de cette génération qui avait biberonné à l’esprit libertaire de Charlie Hebdo et que je ne comprenais pas comment lui, Cavanna, LE Cavanna, l’anticonformiste, le pourfendeur d’idées toutes faites, pouvait céder en viager à Philippe Val, arriviste patenté et boursouflé de lui-même, un titre aussi mythique.

Cette missive impudente ne me valut aucune réponse mais une sévère réprimande de Cabu offusqué que je puisse m’adresser en ces termes à son père spirituel.

Le temps m’a donné raison, et Val, celui que j’ai toujours considéré – dès 1992 -, comme un usurpateur à la tête de Charlie Hebdo, a poursuivi son ascension sociale et médiatique. La seule bonne nouvelle de sa nomination à France Inter c’est qu’il a du restituer aux dessinateurs les commandes de l’hebdomadaire. Il en reste cependant actionnaire de la société éditrice et de la société immobilière qui héberge le journal (merci de me démentir si ce n’est plus le cas). Le bel hold-up.

Pour la défense de Cavanna, il n’est pas le seul a s’être fait gruger par l’ancien comique de variétés et même si beaucoup dans l’équipe continuent à vouer à Philippe Val une admiration sans bornes, c’est Cavanna qui a sauvé l’honneur d’une rédaction tétanisée par les choix à faire lors du licenciement de Siné en 2009.

Cavanna a pris position, nettement, publiquement, et il aura fallu, « l’affaire Siné », pour que je retrouve MON Cavanna. Optant résolument pour la défense de Siné, malgré les sarcasmes de Cabu et de Wolinski qui lui reprocheront par son attitude de mettre en péril le journal. Cavanna en appellera à l’esprit de Charlie, celui d’antan. Celui dans lequel Reiser, Choron, Gébé, Wolinski, Cabu, Delfeil de Ton, Willem, ne se fixaient comme limites que celles de leur talent. À l’époque les rédacteurs en-chef (c’était imprimé « rédacteur-en-chef : toute l’équipe ») ne cherchaient pas l’adoubement de leurs collègues parisiens, ne se vantaient pas de déjeuner avec Laurent Joffrin, ne pontifiaient pas dans les médias, ne fricotaient pas avec le Verts, ne voulaient pas faire de livre avec Jean-Pierre Chevènement, n’interviewaient pas les grands pontes de l’industrie comme Jean-Marie Messier, ne se faisaient pas éditer par BHL, et ne se servaient pas du journal pour favoriser une carrière de chanteur de bluettes en publiant les dates de ses spectacles.

L’audace de cette équipe historique était alors de « chier dans la colle et dans les bégonias » en toutes libertés comme le revendiquera plus tard Siné.

Cavanna est redevenu Cavanna, à mon sens.

C’est lui qui publie aujourd’hui « Lune de miel », un livre témoignage sur sa vie, sur la maladie de Parkinson qui le frappe et la mort qui rôde. Il revient aussi sur les « vingt-cinq ans merveilleux » passés à Hara-Kiri, puis à Charlie Hebdo, l’original, et sur les derniers mois, constatant que ces dernières années le « fabuleux journal de Reiser n’avait existé que pour assurer la promotion sociale d’un ambitieux ».

On a tout juste eu le temps de le faire avec Choron, Georges Bernier, de son vivant, alors n’attendons pas pour célébrer François Cavanna et le remercier de tout ce qu’il a apporté à la liberté de pensée, à l’écriture, et à l’humour. ff

À lire aussi : « Bête et méchant » (livre de poche), pour ceux qui rêvent de vivre l’aventure exaltante de la création d’un journal, et « Cavanna raconte Cavanna », le hors-série de Charlie-Hebdo, pour comprendre pourquoi Philippe Val n’avait aucune chance de devenir Cavanna.

Illustrations, dessin de Charb, Willem et d’Honoré parus dans « Cavanna raconte Cavanna », hors-série de Charlie, toujours en vente.

Yves-Marie Labé

lundi 3 janvier 2011

Triste début d’année 2011 avec l’annonce du décès du journaliste Yves-Marie Labé. Spécialiste BD pour Le Monde, il était également un grand connaisseur du dessin de presse qu’il suivait avec attention, répercutant dans les colonnes de son journal l’annonce des évènements et des parutions dans ce domaine.

En 1990, il avait préfacé le livre « Traits, portraits » édité dans le cadre du festival « Images de la caricature » à Épinal, qui rassemblait des photos de dessinateurs réalisées par Tristan Siegmann. Yves-Marie Labé avait 56 ans.

Mulatier à nul autre pareil

mercredi 1 décembre 2010

Jean Mulatier a porté l’art de la caricature à un niveau de qualité et de perfection que aucun de ses confrères n’a encore jamais atteint. Si lui aussi joue de l’exagération des traits, son style se démarque par une apparente simplicité du dessin final. Pas de fioritures, pas d’esbroufe graphique, mais un travail minutieux et subtil au service d’une homologie imparable.

Le secret de Mulatier ce sont les yeux. Alors que d’autres caricaturistes mettront en avant, les systèmes pileux, l’appendice nasal, les oreilles paraboliques, les mentons prognathes, ou tout autre caractéristique faciale, lui approche la ressemblance de ses victimes par une remarquable traduction de leur regard. Autre signe de qualité, il est un des rares à caricaturer les femmes sans les rendre forcément ridicules. Du grand art.

Cette ode à Jean Mulatier pour signaler deux entretiens qu’il a accordé à Nicolas Anspach et que l’on peut lire sur l’excellent site ActuaBD.com.

Très présent, notamment à travers deux expositions et un débat avec le talentueux Maëster, au dernier festival « Quai des bulles » de St Malo, il faut espérer qu’un éditeur aura la bonne idée de réunir les dessins de Mulatier dans un prochain album.

Illustration, Bourvil par Mulatier © (cliquer sur l’image pour l’agrandir).