Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

Archive pour le mot-clef ‘Charlie Hebdo’

Gébé nous écrit

mercredi 10 juin 2009

Gébé - Papier à lettres« Au raz de l’eau nous arrive, légère comme une brume, la musique du bal. »*

L’œuvre de Gébé nous arrive elle aussi, légère comme une brume, au fil des ans.

Après « Les colonnes de Gébé » publiées l’an dernier par L’Association, ce sont aujourd’hui les éditions Buchet-Chastel et Frédéric Pajak qui nous proposent « Papier à lettres » recueil des chroniques parues dans Charlie Hebdo du temps où Gébé était encore heureux de participer à la renaissance du titre. Tout Gébé se trouve dans ces pages, l’écrivain, le dessinateur, et surtout son art de nous entraîner dans sa folie douce.

Le livre tout en hauteur, qui respecte le format original des dessins, est préfacé par Jacques Doillon qui réalisa en 1973 le film « L’An 01 » inspiré de l’album éponyme de Gébé.

Il y a déjà cinq ans Gébé nous quittait, et il nous manque chaque jour un peu plus.

* Dernières lignes du roman de Gébé « Les résistants du square », Hors collection, 1991.

Vers Charlie 3

mercredi 3 juin 2009

Charlie Hebdo - Une du 3 juin 2009Après le départ de Philippe Val (que la « rumeur » voit aujourd’hui à la tête de… France Culture), l’équipe de Charlie semble renouer avec le mauvais esprit, longtemps associé à ce titre, avec la Une de son n°885 dessinée par Riss et qui traite à chaud d’un événement tragique.

Moins provocateur (quoique), mais plus rigolo, le T-shirt de Charb tiré de la une du n° 884 “Sarkozy je te vois”, et que l’on peut se procurer sur le site du journal où au journal à partir du 9 juin.

Charb- dessin du t-shirt

Enfin, l’Agrif, qui estimait que Charlie Hebdo a “incité à la haine” contre les Chrétiens dans son numéro Spécial Pape de septembre 2008, a perdu le procès qu’elle avait intenté à l’hebdomadaire satirique devant le tribunal correctionnel de Paris.

In memoriam

mercredi 27 mai 2009
Illustration : capture d’écran du site de Télérama.

Illustration : capture d’écran du site de Télérama.

En attendant celui à paraître dans Le Monde et après celui du Nouvel Observateur, Télérama sous la plume d’Emmanuelle Anizon , publie un portrait plus vrai que nature de Philippe Val, ex directeur mais toujours propriétaire de 40% du journal satirique Charlie 2€ Hebdo. À lire, juste pour essayer de comprendre comment autant de monde a pu se laisser subjuger pendant plus de 16 ans par cet ancien humoriste.

Autre portrait, celui de Charb, « Charlie en jeune », paru en dernière page de Libération (20 mai 2009)

Extrait :

« Charb n’a jamais caché son envie de se coltiner la responsabilité de Charlie. Il aime le pouvoir, la ponctualité et le respect de l’autre. Et son exercice de l’autorité pourrait réserver de sévères surprises. Charb est autant un bosseur qu’un farceur. Ce n’est pas un rebelle individualiste, une star à l’ego flamboyant. D’ailleurs, peut-on l’être quand on est né dans les années 68, en tête de pont de la désolation CDD ? Riss conclut la chose d’une double ponctuation : 1) “Avec Charb, on est du même milieu social, de la même génération. On a les mêmes codes, on se comprend.” 2) “Charb est déconneur et rigoureux. Marrant et lucide. Il est très structuré, il ne part pas dans tous les sens.” »

Charb et Riss vont piloter le futur « Charlie 3 » que beaucoup espèrent y compris au sein de la rédaction. Intégralité de l’article de Luc Le Vaillant sur le site Internet de Libération.

Cavanna Hebdo

mercredi 20 mai 2009

Au plus fort de l’affaire Siné, Cavanna écrivit un texte qui ne fut jamais publié, Wolinski lui ayant fait entendre que s’il le publiait il allait « mettre quarante personnes au chômage ». 

Dans ce texte Cavanna s’adressait à Philippe Val qui avait écrit :

« Lorsque nous avons relevé le journal, il y a seize ans, nous avons hérité de collaborateurs historiques…»

Et lui répondait :

« Ce « nous » sonne plutôt comme un «nous » en majesté  que comme un « nous » collectif, mais bon… Cet « héritage », c’est tout bonnement l’équipe fondatrice du journal, celle qui l’a hissé au succès et a fait sa renommée et dont le prestige attaché à son nom a assuré le succès du relancement. En parler ainsi, c’est bien de la condescendance. 

L’équipe « historique » n’était pas un ramassis de ratés, de vieux pots-de-chambre et autres laissés-pour-compte qu’on est obligés de reprendre pour avoir l’appartement. C’est le travail de ceux-là, leur talent, leur enthousiasme qui ont porté Charlie Hebdo au degré de popularité, d’admiration, je peux dire de vénération où tu l’as trouvé. »

Dans le Charlie de cette semaine enfin débarrassé de Philippe Val, Cavanna publie ses « Vœux » (encadré) et prône à nouveau pour une aventure collective qui ferait la part belle au talent de chacun et à la liberté de tous. 

En tout cas la figure tutélaire de Cavanna semble le seul élément susceptible de maintenir la cohésion de la rédaction de Charlie Hebdo entre ceux, qui, comme Charb, rêvent d’un rapprochement illusoire avec la rédaction de Siné Hebdo, et les fidèles de Val, détenteurs d’une partie du capital et qui accablent depuis plusieurs semaines Cavanna de leurs sarcasmes.

Les vœux de Cavanna pour Charlie Hebdo 3

Cavanna vu par wiaz


En illustration :

Dessin de Wiaz dans Le Nouvel Observateur (21-27 mai 2009), à propos de la nomination de Philippe Val à Radio France et de son départ de Charlie 2€ Hebdo.

À noter que l’hebdomadaire consacre un article vachard de deux pages à l’ex-directeur de Charlie.

Florilège

jeudi 14 mai 2009

Une charlie hebdo

À propos du départ de Philippe Val de Charlie 2€ Hebdo :

« Philippe, de ton côté : l’intelligence et l’humour. Par-ci, par-là : le mensonge et la jalousie. Laisse les crapauds ! Ils crèveront dans leur peau ! Ton ami Cabu »
Cabu dans Charlie (13.5.2009).

« Tu avais su, à Charlie Hebdo, t’entourer d’une bonne équipe, des femmes, des hommes, lorsque je les regarde à la réunion, je les aime. Je ne peux travailler qu’avec des gens que j’aime, que j’estime, que j’admire. » 
Wolinski dans Charlie (13.5.2009).

« Politiquement, je suis rarement sur les positions de Val. On s’est engueulés, on s’est réconciliés… »
Charb dans Le Monde (13.5.2009).

« Jean-Luc Hees est nommé par Sarkozy, ça contamine Val par ricochet. J’espère que l’ambiance va s’améliorer. » 
Willem dans 20 minutes (13.5.2009).

« Il faut faire Charlie 3 !, Il y a eu le premier “Charlie” du professeur Choron. Celui relancé par Philippe Val en 1992, qui a connu un âge d’or au moment de l’affaire des caricatures (de Mahomet), en 2006. Maintenant, il y a besoin d’un renouveau, un journal plus social et plus proche des gens. » 
Patrick Pelloux dans Le Monde (13.5.2009).

« C’est un type bourré d’humour, mais il oublie de l’utiliser. Il se sent investi de trop de responsabilités. Il a besoin d’être en confiance pour se lâcher. » 
Luz dans Libération (13.5.2009).

« Le départ de Val ? On l’a annoncé il y a un mois, c’était décidé depuis décembre. Il n’a jamais caché qu’il voulait faire une carrière. Au contraire, tout devient conséquent après l’histoire de l’été dernier. Sa menace perpétuelle, c’était : « Si vous n’êtes pas gentils avec moi, je m’en vais. Moi parti, le journal s’écroulera. »
Catherine Sinet dans Libération ((13.5.2009).

Vive le départ de Philippe Val !

mercredi 13 mai 2009

La rédaction de Charlie (toujours 2€) Hebdo l’a échappé belle, en effet le Point.fr, pourtant souvent bien informé, annonçait la nomination de Caroline Fourest comme directrice du journal après l’annonce du départ de Philippe Val de ce poste. Finalement, ce sont Charb et Riss qui prennent les commandes (texte d’adieu en illustration).

17 ans de trop

charlie : texte de Sylvie Coma, Charb, Riss

Encore aujourd’hui, beaucoup ne comprennent pas comment Philippe Val a pu se retrouver à la tête d’un titre comme Charlie Hebdo et y rester 17 ans. Rien en dehors  d’une farouche ambition et une soif de pouvoir absolu, ne le prédisposait à ce rôle et au fil des ans on a bien vu (pour la rédaction et Cavanna, trop tard), que sa stratégie « éditoriale » n’avait rien à voir avec la perpétuation de la tradition iconoclaste de ce titre mythique. 

Certes il en a fait une entreprise rentable, mais on l’a découvert lors de la polémique avec Siné, surtout à son profit et à celui de quelques amis. Riche, mais aussi célèbre, privilégiant dans la ligne éditoriale du journal ses propres intérêts médiatico-politiques qui ont abouti à sa nomination auprès de Jean-Luc Hees PDG de Radio France, lui-même nommé par Nicolas Sarkozy.

Les mauvais esprits diront que Philippe Val a ainsi reçu la récompense à son soutien à Jean Sarkozy lors de l’affaire Siné. Mais ce serait trop réducteur en regard des efforts besogneux déployés depuis très longtemps par «l’ami de Carla Bruni» pour se bâtir une stature médiatique nationale.

Une chance pour Charlie

Les comités de rédaction de Charlie vont sans doute retrouver la bonne humeur qui régnait lors des absences multiples de leur patron parti dans sa maison du Var, écrire, des chansons ou un livre. Il paraît que dans ces moments-là on voyait même parfois un Cabu très détendu riant aux plaisanteries irrévérencieuses faites sur son directeur.

Cette nouvelle atmosphère va peut-être aussi donner un nouvel élan au contenu du journal qui ces dernières années s’était organisé dans un mode de fonctionnement sclérosé où chacun tentait de préserver sa surface rédactionnelle. Il en résultait que les bons textes ou les bons dessins étaient englués dans une maquette proche de l’apoplexie.

D’autant plus que l’apparition de Siné Hebdo avec une maquette vivante et un contenu plus incisif donnait à Charlie des allures de pensum politique.

Autre chance en mettant deux dessinateurs à sa tête, Charlie renoue avec le journal d’origine, créé par et pour des dessinateurs. Cela risque de redonner au dessin une efficacité qu’il n’aurait jamais du abandonner au profit du texte. Il faut dire que même Cabu plaidait pour un bourrage du journal en textes afin d’accroître le temps de lecture. Siné Hebdo prouve le contraire avec succès.

Siné, que l’équipe de Charlie devrait remercier, car son licenciement a créé une situation ingérable aboutissant au départ de Philippe Val qui n’aime pas les situations susceptibles de nuire à son parcours. 

En créant un autre journal satirique, Siné a aussi installé une concurrence entre les titres qui ne peut que bénéficier à une liberté d’expression de qualité.

ff

Liberation - Val en une : Friture à Radio FranceCorollaire

Il est loin le temps où Libération publiait une photo de Philippe Val en l’appelant Patrick Font. Aujourd’hui, 13 mai 2009, le quotidien lui consacre la Une et trois pleines pages à propos de son éventuelle arrivée à la tête de France Inter. Il faut dire que c’est la première fois qu’un directeur de journal satirique accède à un poste de responsabilité dans une radio publique et que sa réputation d’idéologue qui le précède semble déjà provoquer quelques remous.

Réunion

Ce blog confirme aux collaborateurs de Charlie Hebdo la réunion ce matin au journal (13 mai), dont ils ont appris l’existence à la lecture de Libération.