Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

Archive pour le mot-clef ‘Philippe Val’

Mahomet de choix

mercredi 7 mai 2008

Affiche du film de Daniel Leconte "C'est dur d'être aimé par des cons"L’excellent site Actuabd annonce que le film de Daniel Leconte « C’est dur d’être aimé par des cons », consacré à l’affaire des caricatures de Mahomet et à la position courageuse de l’hebdomadaire Charlie hebdo, a été sélectionné pour être présenté dans le cadre du prochain festival de Cannes.

Le film sera diffusé dans les salles en fin d’année. Philippe Val n’en a pas fini de vivre sous protection policière

Charlie hebdo s’édite

mercredi 2 avril 2008

Fini la dispersion des auteurs de Charlie hebdo dans plusieurs maisons d’édition ? L’hebdomadaire satirique a enfin eu l’idée de créer sa propre structure éditoriale, sous la houlette de Riss et avec une participation financière de la société de Philippe Val, les éditions Rotative.

Le succès phénoménal de Les années Charlie (Hoëbeke) et de La face karchée de Sarkozy (Vent d’Ouest) a peut-être accéléré le projet et dégrippé le tiroir caisse. Mais quid des auteurs de Charlie hebdo qui dessine déjà pour Hoëbeke, Vent des savanes, et ceux qui sont annoncés chez 12bis ?

En tout cas, cette bonne idée tardive permettra peut-être aussi de voir naître des albums de dessins de Willem ou Honoré, attendus depuis longtemps. Une initiative à suivre.

Charlie hebdo 1 – Mahomet 0.

dimanche 25 mars 2007

Charlie hebdo en procèsUn procès pour rien, celui des organisations musulmans représentatives contre Charlie hebdo, qui avait publié des caricatures jugées offensantes pour cette religion.

En effet, le 22 mars 2007, le tribunal n’a pu que prononcer la relaxe au vu du peu d’arguments que développaient les plaignants. Seule l’Union des organisations islamiques de France a fait appel.

Un verdict attendu mais qui risque de brider encore plus la liberté d’expression des caricaturistes qui sont quand même soumis à la bonne volonté et au courage éditorial de leur directeur de publication et rédacteurs en chef, il ne faut jamais l’oublier.

Aujourd’hui, hélas, la liberté d’expression s’arrête là où commence les intérêts politiques ou économique d’une entreprise de presse, et peu de titres peuvent revendiquer une liberté quasi totale.

Apartés

Ce procès de Charlie a été une bonne affaire pour certains. Libération d’abord, qui, avec son numéro de soutien consacré au procès a vu augmenter ses ventes de 40%. Sans compter que les nombreuses prestations des journalistes de Charlie n’ont pas été rémunérées.

Les ventes de Charlie hebdo, elles, ont quasiment doublées pour le numéro annonçant le procès (115 000 ex), mais sont retombées à 75 000 ex. pour le numéro suivant qui rendait compte du procès.

A noter que tous les autres journaux qui avaient publiés, en soutien à Charlie, les dessins du quotidien danois Jyllands-Posten, n’ont, eux, pas été poursuivis, Le Nouvel Observateur, France Soir et Libération (qui les a republiées le 7 février 2007).

Comme argument de défense, les avocats de Charlie ont montré à l’audience des dessins qui s’attaquaient également au Pape, provoquant alors l’hilarité publique du camp adverse. Un argument qui a fait mouche.

Richard Malka, l’avocat de Charlie hebdo qui défendait dans ce procès la liberté d’expression, accable par ailleurs de poursuites judiciaires le journaliste Denis Robert dans l’affaire Clearstream, firme Luxembourgeoise dont R. Malka est l’avocat en France pour les affaires de presse.

Joli coup médiatique de Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur mais aussi candidat à l’élection présidentielle qui, avec une lettre envoyée à Philippe Val et lue à l’audience, a apporté son soutien à Charlie hebdo (“Je préfère un excès de caricature à une absence de caricature”). Il faut préciser que l’avocat des organisations musulmanes, Me Szpiner, est aussi celui de Jacques Chirac, avec qui N. Sarkozy semble vouloir régler quelques comptes.

Johan Sfar qui, dans la foulée, a publié ses croquis d’audience sous le titre «Greffier » (collection Shampoing des éditions Delcourt) a bénéficié d’un publicité à la Une du Figaro et du soutien de Libération. Le gros album réalisé rapidement, trop rapidement, la plupart des textes manuscrits sont illisibles et Philippe Val a des cheveux, rassemble aussi les chroniques que Sfar a publié dans l’hebdo lorsqu’il y collaborait.

Des lettres de menaces arriveraient à Charlie hebdo au nom de Plantu qui ne collabore pas au journal.

En parallèle de cette affaire, Plantu le dessinateur du Monde et de L’Express défend dans les médias la position selon laquelle :

« les dessinateurs doivent continuer a être irrespectueux tout en défendant les croyants ».

Extraits du chat organisé par LeMonde.fr le 22 mars 2007. Dans sa dernière réponse à un internaute, Plantu annonce une initiative le 11 avril 2007 (voir ci-dessous) :

[…]

Question : Jérémie Fontanieu : Ne pensez-vous pas normal, dans le monde au sein duquel nous vivons aujourd’hui, qu’une certaine forme de retenue s’impose à l’égard des communautés qui constituent notre pays ?

Plantu : J’ai toujours pensé que les dessinateurs de presse se devaient d’être impertinents, mais devaient être aussi pertinents dans leur rigueur journalistique. Cela veut dire que depuis que je fais ce travail, au Monde, j’ai toujours trouvé normal de pratiquer l’autocensure. Il est particulièrement démagogique depuis des dizaines d’années de faire croire aux lecteurs qu’un dessinateur a le droit de tout se permettre. En me rendant au procès de Charlie Hebdo le mois passé, une des collaboratrices de Charlie qui témoignait nous disait : “En tant qu’homosexuelle, je suis souvent choquée par les dessins de mes petits camarades de Charlie, qui nous traitent dans leurs dessins de pédés et de gouines. Et d’ailleurs, il n’est pas rare que certains dessins trop outrés soient écartés.” J’appelle ça de l’autocensure, et c’est bien normal.

Il faut en finir avec cette idée que les journalistes libres ne pratiqueraient jamais l’autocensure. Cela m’énerve prodigieusement, et je trouve très démagogique de faire croire à des jeunes qu’on peut tout se permettre. Cela étant, il n’est pas question qu’une seule idée politique ou éditoriale ne soit pas exprimée dans un journal, que ce soit en texte ou en images. Rien ne doit être caché dans les opinions, encore faut-il être malin au moment où on les exprime.

[…]

Juliette D : Allez-vous vous y prendre à deux fois la prochaine fois que vous voudrez dessiner une caricature où figure Mahomet ?

Plantu : Je vous le répète, l’urgence n’est pas de dessiner Mahomet. L’urgence, c’est de réaliser des images dérangeantes sur les religions, et non pas sur les croyants. C’est la raison pour laquelle je fais revenir plusieurs dessinateurs laïques, chrétiens, juifs et musulmans à Paris le 11 avril au ministère de la culture, rue Saint-Honoré, et nous aurons la grande chance de pouvoir débattre sur l’avenir de la caricature. Seront présents Ali Dilem (Algérie), Kichka (Israël), Ranan Lurie (Etats-Unis), Ramize Erer (elle travaille à Istanbul, et ce sera passionnant d’écouter une dessinatrice nous raconter comment, en toute liberté, elle peut faire des dessins rigolos sur les femmes en Turquie et sur l’islam).

Sarko chaud

mercredi 8 novembre 2006

Coup éditorial opportuniste ?, l’album de bandes dessinées La face karchée de Sarkozy est présenté comme un événement par les éditions Vent d’ouest (groupe Glénat) associées à Fayard qui annoncent un tirage de 100 000 exemplaires.

La face karchee de sarkozyLes auteurs de cet album, – « première BD-enquête » – sont Philippe Cohen journaliste à Marianne, Richard Malka, avocat de Clearstream, Charlie hebdo et Glénat, et Riss, dessinateur à Charlie hebdo. A noter que les bonnes feuilles sont parues dans Marianne (n°497), qui lui consacre pas moins de neuf pages, et non dans l’hebdo satirique de Philippe Val.

Encore aurait-il fallu pour la qualité de l’ouvrage que le dessin et la mise en page soit à la hauteur du pamphlet. Or, (hélas pour Riss qui a du travailler dans l’urgence), cet aspect des choses est bâclé et le seul intérêt de l’album est d’essayer de deviner quels sont les personnages que Riss a dessiné à partir de photos anciennes (rassurez-vous les noms sont indiqués ce qui rend le jeu encore plus drôle). On imagine le même ouvrage dessiné par Cabu, Luz, ou même Maëster, mais il ne se serait sans doute pas vendu dans les « hypers » (marchés), cible favorite de certains éditeurs aujourd’hui.

Plantu sur tous les fronts

vendredi 13 octobre 2006

C’est Plantu, dessinateur au Monde et à L’Express qui a obtenu le Grand prix de l’humour vache 2006 décerné par le 25ème salon international du dessin de presse et d’humour de St Just-le-Martel.

Plantu a aussi posé la première pierre du futur centre du dessin de presse qui devrait voir le jour à St Just-le-Martel en 2008, mais dont les premières esquisses ont été publiées dans la presse régionale.

plantu colombePlantu est également l’initiateur de la manifestation Cartooning for Peace qui se déroulera le 16 octobre 2006 à New-York au siège de l’O.N.U. 
Dans le document préparatoire de 9 pages, Plantu s’interroge sur le rôle du dessinateur de presse et raconte la génèse de se projet qui rassemblera à des dessinateurs de presse de plusieurs pays : Tom Toles (Etats-Unis), Michel Kichka (Israël), Baha Boukhari (Palestine), Moustafa Hussein (Égypte), Hassan Karimzadeh (Iran), Jeff Danziger (Etats-Unis), Gado (Kenya), Carsten Graabaek (Danemark), No-Rio (Japon), et Ann Telnaes (Etats-Unis) et Plantu (France).

Toujours Plantu, mais cette fois-ci dans L’Express, où il accorde un long entretien à Dominique Simonnet. Le dessinateur de l’hebdomadaire parle de son métier et y dévoile que Reiser et Hergé sont ses « dieux » À la question « Qu’est-ce qu’un dessin réussi ? », Plantu répond : « Un dessin qui éveille quelque chose chez le lecteur. Mais cela m’échappe totalement. Il n’y a pas de recettes. Je crois juste qu’il faut aimer ses lecteurs, et avoir confiance dans ses rédacteurs en chef. Un dessin, c’est une traduction. J’ai la chance de parler une langue – celle de l’image – que peu de gens pratiquent. En France, les profs de dessin font ce qu’ils peuvent, mais ils ne sont pas soutenus par l’Education nationale et, au bout du compte, les enfants, en majorité, ne savent pas dessiner. Pourtant, cette langue-là, tout le monde peut la comprendre. Ma syntaxe, ce sont mes formes, mes images. Je les articule pour former une phrase. »
Dans cet article, on apprend également que Plantu participera au débat « Peut-on rire et parler de tout ? » dans le cadre de la manifestation Les rendez-vous de l’histoire qui se déroule à Blois du 12 au 15 octobre 2006. Autres spécialistes invités à débattre : Jacques Andreani (ancien ambassadeur de France à Washington), Anthony Bellanger (de Courrier international), Philippe Val (rédacteur en chef de Charlie Hebdo), Mohamed Sifaoui (journaliste et écrivain).

Illustration : dessin de Plantu

Caricatures de Mahomet (suites)

vendredi 15 septembre 2006

Mahomet, couverture de Charlie HebdoIls y ont mis le temps, mais l’Union des organisations islamiques de France poursuit finalement Charlie Hebdo pour un dessin de Cabu et la reproduction de deux caricatures danoises.

La citation pour “injure publique à l’égard d’un groupe de personnes à raison de la religion” fera l’objet d’une première audience le 22 septembre et fixera une date pour l’examen du fond de l’affaire. A cette audience sera également fixée une date pour une procédure enclenchée en juillet par la Grande Mosquée de Paris (GMP).

L’UOIF demande la publication du jugement en Une de Charlie Hebdo, avec une astreinte de 50.000 euros par semaine de retard et dans cinq autre journaux de son choix et 30.000 euros de dommages et intérêts.

Trois dessins, un de Cabu publié en une avec la légende “c’est dur d’être aimé par des cons” et deux dessins déjà publiés dans le journal danois Jyllands-Posten en septembre 2005.

Interrogé par Didier Pasamonik pour l’excellent site internet ActuaBD.com, Philippe Val, responsable de Charlie Hebdo constate : « La loi de 1881 sur [la liberté de] la presse prévoit un délai de prescription de trois mois pour éviter que les journaux ne vivent pendant un an avec des épées de Damoclès au dessus de la tête. Or, les députés de la majorité ont modifié la loi, et inventé une nouvelle exception étendant le délai de prescription à un an pour les délits de presse à caractère raciste. Et nous sommes attaqués pour injure à caractère raciste, c’est-à-dire pour avoir « insulté la religion musulmane. » et Philippe Val de préciser : « Il s’agira donc d’un procès purement politique, ce qui est une nouveauté dans un État de droit. Qui plus est, ce sera le seul procès en Europe sur la publication des caricatures. Il est donc essentiel. C’est un enjeu de civilisation. »

Holocaust Memorial, dessin de Maziyar Bizhani, IranCartoon.irEn riposte à cette affaire de caricatures du prophète Mahomet, l’Iran de son côté, avait lancé un concours qui a abouti à l’organisation du Holocaust International Cartoon Contest Manifestation inaugurée à Téhéran à la mi-août et qui a fermé ses portes le 13 septembre.

Plus de 204 caricatures y étaient exposées, après avoir été sélectionnées sur un total d’environ 1.100, envoyées de quelque 60 pays, à la suite d’un concours lancé en février par Iran Cartoon et le quotidien conservateur Hamshahri.

Statue, Dessin de Tommy ThomdeanL’affiche de l’exposition représentait – en photo – un casque avec une étoile de David, reposant sur un autre casque avec le sigle nazi.

On peut voir quelques-uns des dessins exposés et des photos de l’exposition sur ce site.

A la veille de l’inauguration, le mémorial de l’Holocauste de Yad Vashem, à Jérusalem, a demandé à la communauté internationale de réagir : “L’exposition de caricatures sur l’Holocauste à Téhéran, en Iran, un pays qui veut se doter de capacités nucléaires et dont le président s’est prononcé pour un génocide d’Israël, doit mettre les voyants au rouge, non seulement pour Israël mais pour toutes les nations éclairées.”

Illustrations : en noir & blanc dessin du dessinateur iranien Maziyar Bizhani et en couleurs dessin de l’indonésien Tommy Thomdean.