Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

Archive pour février 2015

Lars Vilks à nouveau visé par des terroristes

samedi 14 février 2015

220px-Lars_Vilks_20050722La fusillade au centre culturel Krudttønden à Copenhague dans l’après-midi du  14 février 2015, visait les participants d’un débat sur l’art, le blasphème et la liberté d’expression en hommage à Charlie Hebdo. L’ambassadeur de France et le caricaturiste suédois Lars Vilks y assistaient. Les tirs auraient fait un mort et blessé trois policiers qui assuraient la protection des lieux.

Lars Vilks avait défrayé la chronique en 2007 pour avoir dessiné un chien avec la tête de Mahomet. A l’époque Al-Qaeda avait promis 100.000 dollars à celui qui assassinerait Lars Vilks, et 50.000 dollars pour le propriétaire du journal suédois Nerikes Allehanda qui avait publié le dessin.

Protégé par la police, sa maison en Suède avait été l’objet d’une tentative d’incendie en 2010. L’artiste et polémiste Lars Vilks est aussi le créateur du prix le “Chien d’Or” qu’il a attribué en octobre 2014 à Charlie Hebdo.

En illustration, photo de Lars Vilks (Wikipedia).

Dessins de Charlie Hebdo qui va payer les droits ?

vendredi 13 février 2015

707192-une-charlieLes dessins de Cabu, Charb, Honoré, Tignous, Wolinski, ont été repris par de très nombreux médias, télévisions, journaux, éditeurs, souvent sans l’accord ni de Charlie Hebdo, ni des ayants-droits.
Le fait que ces images soient utilisées pour leur rendre hommage n’exonère pas les diffuseurs de payer les droits sur ces dessins.

Etre dessinateur de presse est un métier et ceux qui le pratiquent vivent des droits de reproduction que leur versent les journaux, soit de façon forfaitaire avec un salaire, soit à travers les piges occasionnelles ou régulières.
Tout comme les photos, l’utilisation et la diffusion n’est pas gratuite et l’argument comme quoi « les droits seront reversés aux victimes des attentats » n’est pas recevable. D’autant plus que l’intitulé souvent utilisé est « l’intégralité des bénéfices seront reversés aux victimes des attentats », les « bénéfices » seulement !

En Italie, un cabinet d’avocats tente de contacter les dizaines d’auteurs européens dont les dessins ont été repris – sans leur accord – dans un supplément du Corriere della Sera intitulé « Je suis Charlie – Matite in difesa della libertà di stampa », diffusé dans les kiosques italiens. Dans leur courrier aux auteurs ils expliquent « La publication du volume viole de manière grave et évidente non seulement les droits patrimoniaux des auteurs, la publication de leurs œuvres sans leur autorisation les ayant de fait privé de l’éventuelle rémunération auxquels ils pouvaient prétendre en application du droit d’auteur, mais elle pourrait également constituer une violation du droit moral des auteurs, dans la mesure où ceux-ci se trouvent associés sans leur accord à une initiative éditoriale qui choisit de présenter une version « édulcorée » de Charlie. »

En France, le pool d’avocats qui gère les suites administratives du massacre et la situation financière de Charlie, trouvera certainement là une nouvelle source de revenus (il n’en manque pas avec un pactole de soutien annoncé de 30 millions d’euros), d’autant plus qu’il vient de mandater, Dominique Burdot, ex-éditeur (Vent d’Ouest, 12Bis), et ami de Richard Malka, comme mandataire pour les dessins.

Pur plaisir du dessin

vendredi 13 février 2015

Le dessinateur François Boucq suit pour Le Monde le procès DSK-Carlton à Lille.

BoucqDSK

Riss parle dans Les Inrocks

mercredi 11 février 2015

Inrocks-CharlieL’hebdomadaire Les Inrockuptibles publie un grand dossier intitulé « Un mois après qui est encore Charlie ? » La couverture est signé Dilem, dessinateur algérien menacé de mort dans son pays.

Riss successeur de Charb à la tête de Charlie a accordé un long entretien au journal. A la question de savoir s’il y aura de nouvelles caricatures, il répond :

[…] « On n’est pas des bêtes de foire, on n’est pas là pour faire le numéro que les gens attendent. Quand on fait ces caricatures, on revendique le droit à pouvoir le faire pour tous. Or personne ne fait usage de ce droit à part nous ! Parfois, on se demande pourquoi on s’emmerde à le faire si on est les seuls. Résultat : les attaques sont toujours concentrées sur nous, parce que personne d’autre n’en fait usage. Aujourd’hui beaucoup se revendiquent de Charlie, mais peu osent. A quoi bon se battre pour ce droit quand personne ne profite de cette liberté ? C’est bizarre. Un jour, on ne dessinera plus de caricatures dans Charlie parce que personne ne se sera battu, personne n’aura fait usage de ses droits. C’est une liberté qui deviendra caduque. Dans les journaux américains ils n’osent même pas publier ce qu’on a fait. […]

Les bonnes affaires de JeSuisCharlie

mercredi 11 février 2015

c-est-dur-d-etre-aime-par-des-cons-jeudi-a-cap-cinema_914366_500x280pAprès le massacre les affaires reprennent.

Le film “C’est dur d’être aimé par des cons” de Daniel Leconte énorme bide commercial lors de sa sortie en 2008 malgré sa présentation au festival de Cannes, est réapparu dans une centaine de salles de cinéma, et en DVD, après la tuerie  à Charlie Hebdo le 7 janvier 2015.

On apprend également que le film documentaire a été acheté par un distributeur américain pour une sortie aux Etats-Unis, que ses producteurs sont en discussion « avec des Suisses, des Italiens, des Allemands », et que le film a aussi été vendu à des distributeurs de télévision au Danemark et en Allemagne… L’occasion fait le producteur.
Bien évidemment, « La totalité des recettes salles et DVD en France sont reversées à Charlie Hebdo. »…

Le film qui raconte l’histoire de la publication des caricatures de Mahomet dans Charlie et les procès qui s’en suivirent, fait la part belle au directeur de l’époque Philippe Val et à l’avocat Richard Malka (immortalisé sur l’affiche par Cabu (en illustration), à gauche c’est Francis Szpiner).
Et qui revoilà dans le numéro de février du Causeur ? : Philippe Val et Daniel Leconte le réalisateur du film qui répondent aux questions d’Elisabeth Lévy, « Fondatrice et directrice de la rédaction de Causeur » (et ex-compagne de Richard Malka). Le monde est ridiculement petit.
10888483_870925702929682_8656228718654342741_nA noter que le film n’aborde pas la répartition des gros bénéfices de l’année 2006 dus à la vente record du numéro spécial de Charlie et que se partagèrent alors les principaux actionnaires de l’hebdomadaire : 330 000 euros chacun pour Philippe Val et Cabu, 110 000 euros pour Bernard Maris et 55 000 euros pour Eric Portheault (Le Monde 30.7.2008). Si les salariés touchèrent une prime, les collaborateurs payés en droits d’auteurs, eux, n’eurent droit à rien.

Pour la petite histoire, en même temps que Charlie Hebdo, un autre journal France Soir, consacra sa Une à l’affaire (En illustration – dessin de Delize) et publia dans ses pages toutes les caricatures de Mahomet sans que cela ne donne matière à film.

Luz : Dessiner pour Charlie Hebdo

mardi 10 février 2015

image003Texte extrait du livre Dessinateurs de presse de Numa Sadoul (Cabu, Charb, Kroll, Luz, Pétillon, Siné, Willem, Wolinski) (Glénat). L’entretien avec Luz date de 2007 – 2009 :

[…] « – Comment cela se passe-t-il pour les jeunes qui arrivent chez vous, comme Riad Sattouf et Catherine (Meurisse) ? Quelqu’un les présente ?

– Ce sont des gens qui proposent des dessins. Jul a proposé des dessins par fax, très longtemps. Moi j’aimais bien son boulot, Charb aussi, mais tout le monde n’était pas d’accord… Et puis un jour, un de ses dessins est passé ! On a tous débuté comme ça. A La Grosse Bertha, on a fait comme ça. Un qui passe, puis deux, trois, puis neuf, dix… Voilà comment ça marche en général. Catherine, elle était venue nous montrer des dessins, on avait tous trouvé ça plutôt bien. Après, il n’y a pas tant de jeunes que ça qui arrivent… Beaucoup viennent à Charlie sans savoir ce que c’est, sans l’avoir lu, en étant plutôt issus d’écoles de dessin et n’ayant donc pas forcément une vision politique, ou alors ayant une vision politique mais pas forcément le travail du dessinateur derrière. Pour Charlie, il faut avoir une vision un tout petit peu politique, savoir de quoi on parle, et il faut avoir un beau lettrage. » […]

En illustration : capture d’écran du Grand Journal de Canal+, la Une de Charlie non publiée après le massacre du 7 janvier dans les locaux du journal. Dessin de Luz.

Luz-Une-Charlie