Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

Archive pour la catégorie ‘Edition’

Wolinski pour ceux qui n’ont jamais osé l’aimer

jeudi 10 novembre 2016

15003221-1513091618707029-6356221017720288620-o« Le bonheur est un métier » (Glénat) est un des meilleurs livres de Wolinski. Georges Wolinski y raconte sa vie, son travail, on y croise Cavanna, Siné, Reiser, Choron, et c’est passionnant car cette autobiographie, composée de ses textes et de ses dessins mis en perspective par Virginie Vernay, révèle tout ce qui donne corps à l’œuvre d’un auteur.

Toute sa vie Wolinski en a agacé plus d’un avec sa fausse nonchalance et ses gros cigares, ce n’était pourtant qu’une carapace pudique derrière laquelle il s’amusait à observer en toute liberté ses contemporains. L’ensemble de ses dessins, et ce livre en particulier, traduisent parfaitement son plaisir à vivre son époque, et surtout son métier.

La postface du livre reprend le texte d’Elsa Wolinski, sa fille, paru dans le magazine Elle en janvier 2015.

A l’occasion de la parution de ce livre, Arte propose cinq petits films autour du livre avec la participation de sa femme Maryse Wolinski, de Martine Mauvieux de la Bnf, de Caroline Mangez, rédactrice en Chef “actualités” à Paris-Match, de Jacques Glénat éditeur, et de Joël Garestier, maire de la Commune de Saint-Just-Martel : http://info.arte.tv/fr/le-bonheur-est-un-metier-wolinski-raconte-wolinski

Ce beau métier qui est le notre (dessinateur)

mercredi 9 novembre 2016

mitraille-450« Pur produit de l’underground des années 90 », Matthias Lehmann et Nicolas Moog racontent dans « Qu’importe la mitraille » leur parcours de survie dans le monde supposé enchanté de la bande dessinée. Tout y est raconté, les débuts, les galères professionnelles, les refus, les frustrations, l’abnégation (vue par madame), les influences, les parutions. Un album que devraient lire tous les aspirants auteurs de BD avant de se lancer dans la carrière. C’est drôle, grinçant, mais surtout réaliste.

« Qu’importe la mitraille » est publié par 6 pieds sous terre, heureux éditeur de Fabcaro (Zaï, Zaï, Zaï, Zaï) mais également de Tanx, James, Rémy Cattelain, Fabrice Erre, Jampur Fraize, Joël Legars, Gilles Rochier (et bien d’autres), et de la revue Jade.

moog-et-lehmann

Rita Marshall à l’école Estienne

lundi 7 novembre 2016

rita-marshall« Le travail de Rita Marshall pour la maison d’édition américaine Creative Editions (au sein de Creative Company installée à Mankato dans le Minnesota et dirigée par Tom Peterson) démontre, s’il en était besoin, que le livre et l’édition restent nécessaires et bien vivants. Plus encore, Creative Editions fait la preuve que les contenus pédagogiques ou littéraires ont gardé puissance et beauté dans l’objet livre.

Pour Creative Company, Rita Marshall a construit les formes graphiques et défini les choix visuels des livres de Creative Editions pour la partie littéraire et de Creative Education pour la partie pédagogique. Par la qualité de son design graphique et typographique, sa sensibilité pour tous les domaines de l’image, elle a mis en œuvre une direction artistique précise et sophistiquée. L’œuvre qu’elle a entreprise et renouvelée, d’année en année et de livre en livre, est toujours lisible, rigoureuse sans raideur car elle sait jouer sur toute la gamme des ressources visuelles de la photographie, de l’illustration, de la typographie et dompteuse-de-lionsde la mise en page. Ce magnifique travail la met au premier rang de ce qui se produit de mieux dans le domaine. », ces lignes, signées Camille Scalabre, sont extraites de la présentation de l’exposition « Rita Marshall – Dompteuse de lions » organisée par L’école Estienne des Arts et industries graphiques, 18, bd Auguste-Blanqui 75013 Paris.

Un texte d’Etienne Delessert accompagne le très beau catalogue, abondamment illustré, édité par l’école.

A voir sur Facebook les photos de Janine Kotwica prises lors de l’inauguration le 3 novembre, en présence de Rita Marshall, Etienne Delessert, Massin, Jean Claverie, Georges Lemoine, entre autres.

Jusqu’au 2 décembre 2016. Du lundi au vendredi, de 14h à 19h.

Tomi Ungerer encore et pour toujours

jeudi 27 octobre 2016

ungerer-85Ce sera certainement l’événement graphique de cette fin d’année 2016 : l’hommage consacré à Tomi Ungerer à l’occasion de son 85ème anniversaire, par le musée (Centre international de l’Illustration) qui porte son nom à Strasbourg, et le livre catalogue qui paraît simultanément aux éditions Les Arènes.

affiche-40x60-tu85ans-ok-bd-copieL’exposition « Tomi Ungerer forever » ( du 19 novembre 2016 au 19 mars 2017), sera composée des dessins de 85 illustrateurs qui célèbrent le maître et son œuvre, et de nombreux originaux de celui-ci. L’affiche (en illustration) est signée Joost Swarte.

L’album qui rassemble les dessins de l’exposition sera présenté le mercredi 9 novembre à 18 H 30 dans la galerie de l’Ecole de Condé 7-9 rue de Condé 75015 Paris, partenaire de cette célébration.

Commissaires de l’exposition : Thérèse Willer et François Vié.

Dessinateurs participants et thèmes abordés :

« Un portrait de Tomi Ungerer » : Franziska Becker, Jeanne Puchol, Christian Antonelli, R. O. Blechman, Charles Berberian, Serge Bloch, Rémi Courgeon, Paul Davis, Claude Delafosse, Daniel Depoutot, André François, Yannick Lefrançois, Rémi Malingrey, Mordillo, Phil, Plonk et Replonk, Puig Rosado, Maurice Sendak, Jean Solé, Klaus Staeck, Martin Veyron, R. E. Waydelich, Robert Weaver.

« Le livre pour enfants » : Beatrice Alemagna, Claire Bouilhac, Dorothée de Monfreid, Debecker, Gaëtan Doremus, F’Murrr, Jochen Gerner, Emmanuel Guibert, Antoine Guillopé, Christian Heinrich, Bruno Heitz, Icinori, Jul, Margerin, Hyman Miles, Jeff Pourquié, Jean Remlinger, Rochette, Solotareff, Stéphane Trapier, Christian Voltz.

« L’art de l’affiche » : Joëlle Jolivet, Catherine Meurisse, Catel Muller, Anne Wilsdorf, Jean-Claude Denis, Henri Galeron, Rudi Hurzlmeier, Alan Mets, Pascal Poirot.

« Le dessin satirique, de société et politique » : Marion Fayolle, Gabriella Giandelli, Achdé, Avoine, Billout, Cagnat, Michel Cambon, Guillaume Chauchat, Marino Degano, Etienne Delessert, Philippe Dupuy, Ever Meulen, Geluck, Peter Knapp, Julien Kuntz, Pascal Lemaître, Mattoti, René Noël, Plantu, Sajtinac, Joost Swarte, Voutch, Willem.

tungerer« Le dessin d’observation » : Aline Zalko, Jacques de Loustal, Fabio Sironi.

« Le dessin érotique » : Florence Cestac, Thomas Baas, Bachelet, Baudoin, Antoine Bernhart, Quentin Blake, Max Cabanes, Cornuel, David B, Fellner, Jean Claverie, Frank Hoppmann, Peter Gaymann, Martin Jarrie, Juillard, Kichka, Jakob Kirchmayr, François Olislaeger, Oiry, Pascal Rabaté, Rochette.

En illustration la couverture de l’album signée Rémi Courgeon.

A noter également la parution de « Pensées secrètes » (Les Cahiers dessinés) publié en France en 1964 sous le titre « Les carnets secrets » (Denoël), et aux Etats-Unis (« The underground sketchbook ») en 1964 (Bodley Head) et 1973 (Dover), et pour les enfants Le jeu des trois brigands (L’Ecole des loisirs).

Merci à M. C.

Merci Siné

mercredi 26 octobre 2016

sine-graphiqueTravailler au côté de Siné a été pour moi une grande chance et une sacrée école. Loin très loin de l’image caricaturale que certains ont voulu donner de lui, y compris parmi ses nombreux thuriféraires, j’ai connu quelqu’un d’attentionné, respectueux des personnes, bosseur, cultivé, et passionné autant par son métier que par la vie. Typographe émérite, formé à l’école Estienne, ardent défenseur d’une mise en pages sobre et efficace au service du contenu, il était un graphiste accompli.

Si on se souvient du dessinateur engagé vitupérant publiquement contre ses détracteurs, on connaissait moins celui qui réalisait avec précision, méticuleusement, ses dessins, ses illustrations, ses affiches, ses maquettes de livres, ou ses Unes de journaux. De l’ordonnancement des éléments graphiques au choix des couleurs, il ne laissait rien au hasard.

Le livre « Siné – L’œil graphique » (La Martinière) – titre clin d’œil à son ami Massin qui revendique un « œil absolu » – démontre, à travers une sélection de 380 images, la richesse et l’originalité de son œuvre dans ce domaine. f.f

Paroles de dessinateurs

mardi 25 octobre 2016

Comment dessine-t-on et pourquoi dessine-t-on ? On trouve quelques éléments de réponses dans l’entretien accordé par Charles Berbérian à la librairie Mollat (vidéo) pour la sortie de son livre « Le bonheur occidental » (Fluide glacial), et par Catherine Meurisse à SFR News à l’occasion de la parution de « Scènes de la vie hormonale » (Dargaud).

Extraits :

1581629-mediumCharles Berbérian : […] « Pour la première fois j’ai fait de la caricature politique. Je bricolais comme ça un matin, j’aime bien le matin commencer à dessiner sans trop savoir si ça va être utile, juste histoire d’assouplir la main. C’était une époque où j’avais besoin de réagir aux nouvelles qui nous tombaient dessus toutes les 5 minutes et qui étaient désagréables, éprouvantes cauchemardesques, ou ridicules. Et puis j’ai eu envie pour me défouler de me foutre de la gueule de certains hommes politiques, j’aime pas donner leur nom car ça leur fait de la pub. Ça m’a fait rire et je me suis dis est-ce que je continue ou pas, on verra demain. Le lendemain j’ai continué et je me suis dit ce n’est probablement pas une bonne idée mais ça me fait rigoler quand même. Finalement j’en ai fait 30 pages. » […]

meurisseCatherine Meurisse : […] « Dans les strips avant l’attentat, il n’y avait pas de cases. Ce n’est qu’après que je me suis remise à en tracer. Pour le bouquin, j’en ai même redessiné. J’avais besoin de retrouver une structure. Je ne pouvais plus voir mon dessin m’échapper. J’ai cherché par tous les moyens à me retrouver. Le rythme du strip est aussi différent. Il correspond à l’état d’esprit dans lequel j’étais après l’attentat. Comme j’étais complètement en morceaux, les gags ne venaient plus. Il a fallu que je développe ma pensée, ma narration. Le strip pour cela est idéal : c’est l’illustration d’une pensée fragmentée. Je ne pouvais faire qu’un assemblage de cases avec une chute à la fin pour m’exprimer. C’est pour cette raison que le dessin de presse m’a semblé loin de moi. Il est parti avec mes copains assassinés. » […]