Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

Vieux débat

20 février 2009 à 10 h 54

Plan de relance Obama et le singe en dessinDénoncer tout en diffusant l’image. Telle est une des perversités du journalisme. On peut se poser la question à propos d’un dessin paru dans le New York Post le 18 février et qui fait un amalgame douteux entre un fait divers – un chimpanzé violent a dû être tué dans le Connecticut et une légende faisant référence au plan de relance américain. Le dessin montre deux policiers venant de tirer sur l’animal et fait dire à l’un d’eux : « Il va falloir chercher quelqu’un d’autre pour rédiger le prochain plan de relance ».

S’il semble évident que ce mauvais dessin de Sean Delonas, soit raciste, le relai visuel que lui offre plusieurs sites Internet et journaux en reproduisant le dessin pour mieux le dénoncer (vieux débat), met mal à l’aise. À noter que Col Allan, le rédacteur en chef du Post, qui appartient au magnat de la presse Rupert Murdoch, a défendu le dessin en indiquant  « Il s’agit d’une parodie d’actualité, avec un dessin représentant l’abattage d’un chimpanzé violent dans le Connecticut, et l’auteur se moque d’une manière générale des efforts de Washington pour ranimer l’économie » (sic).

Décidément après la polémique suscitée par la couverture du New Yorker publiée en juillet 2008 et où il était représenté en tenue de militant islamiste, on peut dire que l’accession de Barak Obama à la présidence des États-Unis fait bouger les lignes, comme on dit aujourd’hui.

Ballouhey

20 février 2009 à 10 h 25

Dessin de Pierre Ballouhey pour le DALLe dessin de l’affiche publiée sur ce blog pour annoncer la vente aux enchères annuelle du DAL (Droit Au Logement) est signée Pierre Ballouhey.

Ce sera d’ailleurs un des rares dessins de presse présent à cette vente (mais pas en vente) car cette année c’est la photo et la BD qui auront la vedette.

Chimulus

20 février 2009 à 9 h 55

Le dessinateur Chimulus participe au mur de briques du site Rue 89.com. Il s’agit d’acheter des briques qui coûtent de 15 à 349 euros pour une année, en fonction de leur taille, ce qui permet à chaque souscripteur d’afficher sur le mur son site, son entreprise ou sa photo. Cette initiative vise aussi  à soutenir le modèle de presse de Rue89, pour une information indépendante, participative et originale.

rue89-mur-de-briques

« Bête, méchant et hebdomadaire » : une suite

13 février 2009 à 11 h 37

Stéphane Mazurier - Des cadres noirs dans son livreLes lecteurs de l’énorme pavé de Stéphane Mazurier sur l’histoire de Charlie Hebdo (1969 – 1982) – voir note de lecture sur ce blog -, ont du être intrigués par les pavés noirs qui figurent sur la reproduction des pages du journal. En fait, se sont les dessinateurs Cabu et Wolinski qui se sont opposés à la publication de leurs œuvres dans un livre qui fait un portrait trop flatteur – à leur goût – de Georges Bernier, alias Pr. Choron.

Quand on voit la couverture du livre, avec Cavanna et Choron photographiés amicalement enlacés par Arnaud Baumann, on se dit qu’il doit régner un certain malaise dans la rédaction de Charlie Hebdo (celui de 2009).

Extrait du livre :

« Des fois, j’envie Reiser. Il ne nous a pas vus devenir moches et cons. Il ne l’est pas devenu non plus. Il a tracé sa trajectoire d’angelot bouclé, frrrt, il n’a pas vu le monde vieillir, il n’a pas vu sa gueule grimacer dans la gueule des copains ».

Ces lignes ont été écrites par Cavanna en 2004.

Autre chose, la mention d’un copyright « Glénat Éditions – Drugstore 2008 », sur la reproduction de Unes de L’hebdo Hara-Kiri et de Charlie Hebdo dessinées par Reiser. Une réappropriation étonnante de la part d’un éditeur, en effet si le copyright peut s’appliquer sur le dessin de Reiser, il ne peut en aucun cas concerner la Une qui est une œuvre collective appartenant au journal.

Note de lecture : Charlie Hebdo, l’original

12 février 2009 à 0 h 22

Bête, méchant et hebdomadaire. un livre de Stéphane MazurierCréer et faire vivre un journal est une aventure formidable. Créer et faire vivre un journal comme Charlie Hebdo est une aventure « extraordinaire » comme le dit Sylvie Caster. Pour s’en convaincre il suffit de lire l’imposant – 512 pages – Bête, méchant et hebdomadaire de Stéphane Mazurier (Buchet Chastel) qui retrace les grands et les petits moments de Charlie Hebdo, titre satirique légendaire, anticonformiste, aujourd’hui usurpé par un propriétaire qui s’affiche comme « éditorialiste » sur les plateaux télé entre Alain Duhamel et Catherine Nay.

Un livre très documenté et très complet sur la vie de ce journal de 1969 à 1982, mais aussi sur son époque qui joua un rôle non négligeable dans son succès (et son déclin) : « Expérience unique dans l’histoire récente de la presse française, Charlie Hebdo se révèle finalement la meilleure expression journalistique de l’esprit de mai 68 ». Bénéficiant des témoignages de nombre des collaborateurs, l’auteur évoque les multiples péripéties des titres, le mensuel Hara-Kiri, L’hebdo Hara-Kiri Charlie Hebdo, l’éphémère Charlie matin, La semaine de Charlie, et la cohabitation – souvent conflictuelle (p. 150) – entre des personnalités aussi fortes que celles de Gébé, Reiser, Delfeil de Ton, Fournier, Wolinski, Siné, Willem, Cabu, Nicoulaud, Berroyer, Carali, Arthur, Sylvie Caster. Le tour de force a été d’additionner tous ses talents chaque semaine, mais avec une règle : « même si les collaborateurs du journal s’apprécient profondément, ils se fréquentent très peu en dehors du journal. Certes Reiser dîne quelquefois chez Wolinski, mais la règle est de ne se voir que pour le travail ». 

Ce livre ne dévoile hélas aucun secret permettant de renouveler cette aventure, mais donne quelques clés qui permettraient à une équipe de se lancer dans un tel projet. Cavanna : « C’est très simple, la formule c’était : tu as une page, tu t’en démerdes, tu mets ce que tu veux dedans, pourvu que ce soit génial »

Autre intérêt de l’ouvrage, c’est qu’il confirme, s’il en était besoin, que sans le duo passionnel Cavanna-Bernier cette aventure fulgurante n’aurait jamais pu exister : « Cavanna est, sans aucun doute, le « concepteur en chef » du journal. C’est lui qui a su imaginer une formule originale et viable, mais aussi la maquette, autrement dit la marque de fabrique, le « visage rédactionnel » de Charlie Hebdo. Le deuxième personnage clé dans l’élaboration du journal est , bien sûr, son directeur, Georges Bernier. Si Cavanna est le concepteur du journal, Bernier en est l’administrateur ; un administrateur volontiers fantasque et téméraire, qui s’acharne à faire vivre Charlie Hebdo. Bernier a, en quelque sorte, mis en place sa propre méthode, fondée sur l’optimisme et la ténacité. »

Un Bernier incontournable, au point même qu’il semble aujourd’hui étonnant qu’un dessinateur comme Cabu, qui a vécu et profité (p. 110) de toutes ces années tumultueuses, retrouve subitement la mémoire pour accabler et dénoncer le Pr. Choron comme il l’a fait dans un récent de Charlie Hebdo (14.1.2009). Il est vrai que le Charlie Hebdo de l’époque est très éloigné de celui qu’il fait aujourd’hui et dont il est curieusement l’actionnaire principal avec Philippe Val. Rien à voir donc, avec le titre d’origine où le rédacteur en chef était « toute la bande ». On en est loin en effet et on se demande même pourquoi dans ce livre Philippe Val donne son avis sur la première version de Charlie Hebdo alors qu’il n’y a jamais participé et qu’il ne reconnaît aucun talent à Choron.

Au final, ce livre pourrait apparaître comme une sorte de pierre tombale, une fresque gravée dans le marbre, qui célèbre le souvenir, la nostalgie d’une époque révolue où l’on osait tout et où tout était possible. Mais c’est une fausse impression, puisqu’encore récemment avec l’arrivée dans les kiosques de Siné Hebdo, journal conçu en quelques semaines, il semble que l’esprit de provocation reste vivace. Il suffit juste de le cultiver. Bête, méchant et hebdomadaire de Stéphane Mazurier peut donner cette envie. ff

Bonus à savourer également, le cahier spécial des photos d’époque d’Arnaud Baumann qui signe aussi la photo de couverture.

Des images habitées

11 février 2009 à 17 h 47

Affiche vente Dal 2009Logo DALLa vente aux enchères de dessins originaux organisée depuis 9 ans en faveur de l’association du D.A.L. (Droit Au Logement) aura lieu le samedi 7 mars 2009 au centre culturel La Clef, à Paris. 

À noter que cette année la photo est intégrée à l’événement : photos de Bruno Calendini, Raymond Depardon, Dityvon, Rip Hopkins, William Klein, Eve Morcrette, Bernard Plossu, Marcel Riboud, Toshio Shimanura, Pierre Terrasson, Sabine Weiss.

Parmi les dessinateurs on peut citer : Bilal, Florence Cestac, Jean-Yves Ferri, F’Murr, Guarnido, Emmanuel Guibert, Loustal, M-A Matthieu, Miss Tic, Moëbius, Pétillon, Tardi.

Vente à 14 h pour les photographies et à 16 h pour les dessins. 

Elles seront animées par Yves Frémion et Éric Dumeyniou (commissaire-priseur).

L’intégralité des bénéfices de la vente est reversée à l’association Droit Au logement (DAL).

Centre Culturel la Clef, 21 rue de la Clef, 75005 Paris (Métro : Censier-Daubenton).

Les dessins et photographies seront visibles de 10 h à 12 h 30 à cette même adresse.