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le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

Archive pour le mot-clef ‘Philippe Val’

Comptes et réglements

lundi 16 mars 2009

charlie-hebdo couverture RissQuelques chiffres et commentaires sur le duel Siné HebdoCharlie 2€ Hebdo sur Le Blog des (multi) médias du journaliste du Nouvel Observateur, Claude Soula. Extrait :

[…] « Philippe Val a cassé son beau jouet en chassant Siné. Siné a réussi un coup fumant : son petit journal dépasse les 50 000 exemplaires par semaine, alors que Charlie en annonce 55 000 dans un article de Paris Match ( et que d’autres sources me le donnent en vérité en dessous des 50 000, soit en dessous de Siné…mais les vrais chiffres de vente des journaux sont toujours difficiles à connaître).
Autrement dit, le public a donné raison à Siné contre Val. On ne reviendra pas sur le fond de l’affaire puisque la justice a blanchi Siné. On en tirera seulement quelques leçons de morale, puisque l’affaire Charlie ne parlait que de ça. D’abord qu’on peut encore lancer un journal sans pub , sans moyens, avec quelques bouts de ficelles, sans faire d’études de lectorat et que ça peut marcher. sine-hebdo couv 09Ensuite que Philippe Val a fait une grosse erreur d’appréciation en chassant Siné : sans doute n’avait il pas compris pourquoi les gens lisaient son journal : parce qu’il est synonyme de mauvais esprit, de résistance au pouvoir. Et qu’en s’en prenant à Siné, il se mettait lui, dans le camp de l’ordre ( impression renforcée par son éditorial hebdomadaire sur France Inter, toujours convenable : est-ce cela la culture Charlie ? Pas du tout : Hara Kiri et Charlie sentaient mauvais, volontairement). À partir de la, ce n’est plus Charlie qui symbolise  le contre pouvoir et le mauvais goût, c’est Siné. Et c’est Siné Hebdo, même si ce n’est pas très bon, qui emporte la mise.
Les deux journaux auront pourtant du mal à vivre de concert. Seront-ils rentables à long terme sur le même créneau ? Pas certain. Et Val a collé sur Charlie une étiquette « politiquement correct » qui le coupe de son fond de commerce, l’irrévérence. » […]

Illustrations : une couverture de Charlie 2€ Hebdo signée Riss et une couverture de Siné Hebdo dessinée par Siné.

Siné sujet tabou

jeudi 5 mars 2009

Si la relaxe du dessinateur Siné n’a pas été abordée lors du dernier comité de rédaction de Charlie 2€ Hebdo, Cavanna, lui, n’hésite pas cette semaine à y consacrer un article (en illustration) où il évoque le tabou qu’est désormais le nom de Siné dans le journal (même si Siné Hebdo traîne sur les bureaux) et se réjouit de la décision de justice concernant Siné.

Cavanna déplore cependant que Siné Hebdo cultive une « haine personnelle contre Charlie hebdo ».

Cette réaction a du en énerver plus d’un au sein de Charlie, où depuis le licenciement de Siné en juillet 2008, (qui serait en droit de demander sa réintégration), beaucoup de choses n’ont pas été dites ouvertement, et ces non-dits créent depuis un véritable malaise dans l’équipe.

Un de ces principaux « non-dits » est que ce n’est pas le journal qui est visé par les diverses polémiques, mais bel et bien son directeur et propriétaire, aujourd’hui plus préoccupé par sa carrière médiatique que par « son » journal. Tabou, vous avez dit tabou ?

L'article de Cavanna

L'article de Cavanna

Claude Askolovitch et l’antisémitisme

mardi 3 mars 2009

Sine Hebdo n°1Le dessinateur Siné, a été débouté aujourd’hui par la 17e chambre du  tribunal correctionnel de Paris de l’action en diffamation qu’il avait intentée contre le journaliste Claude Askolovitch. Les juges ont indiqué que les propos du journaliste n’étaient pas diffamatoires, mais “participaient au débat d’idées, consubstantiel à toute société démocratique”.

C’est l’épilogue peut-être provisoire d’une affaire qui a débuté en juillet 2008 après la publication d’une chronique de Siné dans Charlie 2€ Hebdo et dénoncée comme étant antisémite  par Claude Askolovitch sur RTL*.

Philippe Val directeur et propriétaire de Charlie 2€ hebdo avait alors licencié Siné provoquant tout l’été une énorme polémique dans la presse et sur Internet entre partisans de Ph. Val et ceux de Siné. Le 10 septembre de la même année, Siné lançait son propre journal Siné Hebdo dont les ventes font aujourd’hui jeu égal – dit-on –  avec celles de Charlie.

* Dans cette affaire Siné a été relaxé le 24 février par le Tribunal de grande instance de Lyon de l’accusation de soupçon d’antisémitisme.

Siné n’a jamais été antisémite

mercredi 25 février 2009

Sine hebdo - mal élevé

L’ambiance du prochain comité de rédaction de Charlie 2€ Hebdo risque d’être pesante après la relaxe du dessinateur Siné prononcée le 24 février par le Tribunal de grande instance de Lyon qui le disculpe de l’accusation de soupçon d’antisémitisme soufflée par Claude Askolovitch, portée par Philippe Val, et relayée devant les tribunaux par la LICRA*.

Philippe Val avait ainsi justifié le licenciement de Siné du journal dont il est le directeur et le propriétaire avec Cabu. Un licenciement, qui se révèle aujourd’hui sans motif réel et sérieux, et qui avait jeté le trouble au sein de la rédaction, divisée sur cette décision, mais aussi au sein des lecteurs.

Bilan de l’affaire, Charlie 2€ Hebdo a perdu plusieurs milliers de lecteurs, Siné a créé avec succès un journal concurrent, Cavanna soutient publiquement Siné, et, dernier rebondissement, deux collaborateurs de Charlie, pour l’instant, viennent de rejoindre  la rédaction de Siné HebdoSiné et ses avocats s’interrogeraient actuellement sur les suites à donner à cette relaxe.

* Siné était«  Prévenu de provocation à la discrimination nationale, raciale, religieuse par parole, écrit, image ou moyen de communication au public par voie électronique  » pour des extraits de ses chroniques concernant la tenue vestimentaire d’intégristes musulmans et les conditions du mariage de Jean Sarkozy.

Extrait du témoignage de Guy Bedos en faveur de Siné lors du procès  :

«  Il faut savoir lire, écouter les humoristes. Siné est un humoriste ! L’humour est une langue étrangère et parfois il faut des sous-titres. Siné est un provocateur, un malade de la provocation.
Je suis étonné, ayant lu les phrases incriminées. Ce sont les phrases d’un athée, je ne savais pas que c’était un délit, Siné s’amuse, il ne les attaque pas sérieusement. Il interprète un personnage. J’ai l’impression qu’on pourchasse l’antisémitisme comme le faisait Mac Carthy avec les pseudo communistes.

Cela devient fou, cela banalise l’antisémitisme. Qu’on cherche les vrais, qu’on arrête les procès d’intention. Je n’ai vu qu’une certaine forme d’athéisme superficiel dans ses propos. Siné, c’est tout sauf un raciste.  »

Siné procès Hebdo nº 5

mardi 24 février 2009

Une Siné hebdo n°25Siné n’est pas antisémite, pas grand monde en doutait à part Philippe Val, Bernard Henri Levy, Cabu, Wolinski, et la LICRA qui en prennent pour leur grade dans les 73 pages de l’attendu du jugement rendu aujourd’hui 24 février dans l’affaire qui opposait la LICRA au dessinateur Siné.

Siné est donc relaxé par la sixième chambre du tribunal correctionnel de Lyon des accusations d’antisémitisme et « incitation à la haine raciale » portées contre lui.

La rédaction de Siné Hebdo a prévu de fêter le jugement au cours d’un comité de rédaction exceptionnel. Question rigolote Siné sera-t-il réintégré à Charlie Hebdo ?

En illustration :
Couverture de Siné Hebdo n°25 à paraître demain
© Loup et Siné  

Note de lecture : Charlie Hebdo, l’original

jeudi 12 février 2009

Bête, méchant et hebdomadaire. un livre de Stéphane MazurierCréer et faire vivre un journal est une aventure formidable. Créer et faire vivre un journal comme Charlie Hebdo est une aventure « extraordinaire » comme le dit Sylvie Caster. Pour s’en convaincre il suffit de lire l’imposant – 512 pages – Bête, méchant et hebdomadaire de Stéphane Mazurier (Buchet Chastel) qui retrace les grands et les petits moments de Charlie Hebdo, titre satirique légendaire, anticonformiste, aujourd’hui usurpé par un propriétaire qui s’affiche comme « éditorialiste » sur les plateaux télé entre Alain Duhamel et Catherine Nay.

Un livre très documenté et très complet sur la vie de ce journal de 1969 à 1982, mais aussi sur son époque qui joua un rôle non négligeable dans son succès (et son déclin) : « Expérience unique dans l’histoire récente de la presse française, Charlie Hebdo se révèle finalement la meilleure expression journalistique de l’esprit de mai 68 ». Bénéficiant des témoignages de nombre des collaborateurs, l’auteur évoque les multiples péripéties des titres, le mensuel Hara-Kiri, L’hebdo Hara-Kiri Charlie Hebdo, l’éphémère Charlie matin, La semaine de Charlie, et la cohabitation – souvent conflictuelle (p. 150) – entre des personnalités aussi fortes que celles de Gébé, Reiser, Delfeil de Ton, Fournier, Wolinski, Siné, Willem, Cabu, Nicoulaud, Berroyer, Carali, Arthur, Sylvie Caster. Le tour de force a été d’additionner tous ses talents chaque semaine, mais avec une règle : « même si les collaborateurs du journal s’apprécient profondément, ils se fréquentent très peu en dehors du journal. Certes Reiser dîne quelquefois chez Wolinski, mais la règle est de ne se voir que pour le travail ». 

Ce livre ne dévoile hélas aucun secret permettant de renouveler cette aventure, mais donne quelques clés qui permettraient à une équipe de se lancer dans un tel projet. Cavanna : « C’est très simple, la formule c’était : tu as une page, tu t’en démerdes, tu mets ce que tu veux dedans, pourvu que ce soit génial »

Autre intérêt de l’ouvrage, c’est qu’il confirme, s’il en était besoin, que sans le duo passionnel Cavanna-Bernier cette aventure fulgurante n’aurait jamais pu exister : « Cavanna est, sans aucun doute, le « concepteur en chef » du journal. C’est lui qui a su imaginer une formule originale et viable, mais aussi la maquette, autrement dit la marque de fabrique, le « visage rédactionnel » de Charlie Hebdo. Le deuxième personnage clé dans l’élaboration du journal est , bien sûr, son directeur, Georges Bernier. Si Cavanna est le concepteur du journal, Bernier en est l’administrateur ; un administrateur volontiers fantasque et téméraire, qui s’acharne à faire vivre Charlie Hebdo. Bernier a, en quelque sorte, mis en place sa propre méthode, fondée sur l’optimisme et la ténacité. »

Un Bernier incontournable, au point même qu’il semble aujourd’hui étonnant qu’un dessinateur comme Cabu, qui a vécu et profité (p. 110) de toutes ces années tumultueuses, retrouve subitement la mémoire pour accabler et dénoncer le Pr. Choron comme il l’a fait dans un récent de Charlie Hebdo (14.1.2009). Il est vrai que le Charlie Hebdo de l’époque est très éloigné de celui qu’il fait aujourd’hui et dont il est curieusement l’actionnaire principal avec Philippe Val. Rien à voir donc, avec le titre d’origine où le rédacteur en chef était « toute la bande ». On en est loin en effet et on se demande même pourquoi dans ce livre Philippe Val donne son avis sur la première version de Charlie Hebdo alors qu’il n’y a jamais participé et qu’il ne reconnaît aucun talent à Choron.

Au final, ce livre pourrait apparaître comme une sorte de pierre tombale, une fresque gravée dans le marbre, qui célèbre le souvenir, la nostalgie d’une époque révolue où l’on osait tout et où tout était possible. Mais c’est une fausse impression, puisqu’encore récemment avec l’arrivée dans les kiosques de Siné Hebdo, journal conçu en quelques semaines, il semble que l’esprit de provocation reste vivace. Il suffit juste de le cultiver. Bête, méchant et hebdomadaire de Stéphane Mazurier peut donner cette envie. ff

Bonus à savourer également, le cahier spécial des photos d’époque d’Arnaud Baumann qui signe aussi la photo de couverture.