Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

Archive pour novembre 2013

BitStrips, le dessin prémâché

vendredi 29 novembre 2013

Les dessinateurs peuvent à nouveau s’interroger sur leur sort professionnel avec l’arrivée en France de BitStrips. Une application créée en 2012 et qui permet à tout un chacun de raconter sur Facebook sa vie en images grâce à une panoplie de lieux pré-dessinés dans lesquels on insère et fait parler son avatar ou celui de ses amis.

Et les journaux qui publient de moins en moins de dessins n’ont pas hésité à vanter l’originalité de ce nouveau moyen d’expression à la portée de tous (« Nouvel outil de la satire politique ? »).

C’est le cas de L’Express qui sur son site Internet s’est amusé « via BitStrips, application qui fait fureur sur les réseaux sociaux», à reconstituer « Les fabuleuses aventures de NKM dans le métro parisien ».

Si nombre de médias (Les Echos, Le Parisien, Boursorama (sic), etc.) ont consacré un article à la popularité de BitStrips, peu on fait l’effort d’imaginer qu’ils pouvaient faire la même chose en sollicitant de vrais dessinateurs. Qui, il est vrai, eux, ne sont pas gratuits.

Willem à Angoulême

jeudi 28 novembre 2013

Une affiche vivante et dynamique de Willem pour le prochain festival de la BD d’Angoulême dont il sera le président (en illustration). Dans le quotidien 20 minutes Olivier Mimran présente le programme de cette 41ème édition :

« Cette année, il s’agira de compatriotes du Président Willem (un atelier composé d’auteurs Hollandais, dont le grand Joost Swarte, viendront imprimer des affichettes sur les temps forts de l’actualité) et de Coréens à travers l’exposition « Fleurs qui ne se fanent pas », qui revient sur la tragédie des « femmes de confort » durant l’occupation japonaise. Mais l’étranger sera aussi représenté par Quino, l’auteur argentin de la malicieuse Mafalda : on fêtera les 50 ans de la brunette, et les 60 ans de carrière de son créateur!

Aussi tourné qu’il soit vers l’avenir (et la mondialisation qui n’épargnera certainement pas la BD), le festival n’oublie pas que 2014 lancera les célébrations du centenaire de la Première guerre mondiale. L’ambitieuse exposition « Tardi et la Grande Guerre » rendra donc hommage aux poilus et à aux exceptionnels talents – graphique, mais aussi documentaire – du Grand prix d’Angoulême 1985. Lui fera écho l’expo « Gus Bofa, l’adieu aux armes », qui devrait compiler des dizaines de témoignages dessinés relatifs au conflit et réalisés par celui dont de nombreux auteurs contemporains revendiquent l’influence… »

A noter l’exposition «  Willem, ça c’est de la bande dessinée ! » qui semble vouloir répondre à ceux qui l’an dernier contestaient l’attribution du Grand prix d’Angoulême au dessinateur à la « carrière protéiforme » et  « artiste radical » qui collabore à  Libération, Charlie Hebdo et Siné mensuel. Cette édition n’a pas fini de nous surprendre.

Tout le contenu du 41ème Festival international de la bande dessinée d’Angoulême.

Tout l’art de Loup

mercredi 27 novembre 2013

Un livre intelligent dans lequel on retrouve toute la virtuosité graphique du dessinateur Loup. On pourrait résumer ainsi « L’Art comptant pour rien » un album paru en 2003 et que les éditions du Cherche midi ont l’heureuse idée de rééditer (disponible en librairie à partir du 5 décembre).

Il y a bien longtemps qu’on ne voit plus les dessins de Loup dans la presse, pourtant il a régulièrement dessiné pour L’Express, Libération, l’Evénement du Jeudi, VSD, Marianne, et même Fluide glacial. Avec Cabu et Siné il a été un des « trois petits cochons » qui ont animé la séquence « Les rebuts de presse » de la mythique émission « Droit de réponse » de Michel Polac.

Ces dernières années, faute de support accueillant, il a redonné un peu d’éclat au sempiternel salon international de St Just le Martel qui l’a remercié en attribuant son nom à un de ses espaces d’exposition. En 2009, Loup a aussi apporté ses conseils artistiques au journal Siné Hebdo.

Dans un univers où la maîtrise de Photoshop et la mise en image de titres de journaux font office de création, les dessins de « L’Art comptant pour rien »  nous réconcilient avec le dessin et l’humour. Il faut espérer que d’autres albums suivront. Plusieurs expositions sont prévues.

Siné mensuel passera l’hiver

mardi 26 novembre 2013

L’équipe de Siné mensuel chante, sans doute parce que son avenir est assuré pour encore quelques mois après le bon résultat de l’appel aux dons lancé en octobre. Dans sa mini-zone Siné écrit « Bravo à tous et merci du fond du cœur ! Même fauchés, vous vous êtes défoncés pour nous sauver la mise ! Vous n’avez pas hésité à cracher au bassinet ! Déjà 41000 euros environ ! De quoi durer jusqu’à l’été et couvrir les futures élections-pièges-à-cons. »

Une vidéo avec les dessinateurs Siné, Carali, Berth, Faujour, Jiho, illustrée de dessins de Berth, Lasserpe, Jiho, Mix & Remix, Willis from Tunis, Carali, accompagnait l’appel.

A propos de la chanson précitée, Siné explique « Heureusement, au journal, on ne perd pas le moral, surtout depuis qu’on est un peu renfloué ! Hier soir, presque tous réunis, on a enregistré une chanson anti-FN, écrite par notre ami Étienne Liebig et qui sera bientôt en ligne. La chorale était dirigée de main de maître par un fan de Siné Mensuel, Sanseverino. Les 48 bouteilles de beaujolais nouveau, offertes par Marie Lapierre, ont été séchées dans la plus grande allégresse surtout en sachant qu’il était officiellement interdit d’y goûter avant le surlendemain. »

La video est désormais en ligne et on peut y voir, entre autres, les dessinateurs Mric, Berth, Carali, Flavien, et Desclozeaux.

Autre raison de se réjouir pour le journal, la LICRA a renoncé à poursuivre Siné, après trois procès perdus contre lui, une décision commentée par Delfeil de Ton dans le Nouvel Obs. Cet abandon des poursuites pour « antisémitisme »  devrait conclure, cinq ans après, « l’affaire Siné-Val » déclenchée en 2008 après le licenciement du dessinateur par Philippe Val, alors directeur de Charlie Hebdo, soutenu par presque toute la rédaction.

Nouvelles menaces contre Charlie Hebdo

lundi 25 novembre 2013

Extraits du communiqué signé « la rédaction » publié le 25 novembre 2013 :

« Charlie Hebdo découvre avec effarement la violence des paroles de la bande originale du film La Marche à son encontre. Ainsi, la chanson ‘Marche’ (…) reprend les propos que tient habituellement l’extrême droite musulmane lorsqu’elle évoque notre journal » […]

” S’il leur manque un couplet, nous précisons aux auteurs de la chanson que le journal numérique Inspire, édité par Al-Qaida, a condamné à mort Charb en mars dernier”, ajoute le communiqué de Charlie Hebdo. “Nous avons l’habitude de ces appels à la haine, de nous faire traiter de ‘chiens’ d’infidèles. (…) Nous sommes juste très surpris que le réalisateur [Nabil Ben Yadir] d’un film clairement antiraciste, qui rend hommage à un événement majeur dans l’histoire de la lutte pour l’égalité des droits, ait choisi de l’illustrer par une chanson en totale opposition avec son œuvre”.

Les paroles incriminées chantées par le rappeur Nekfeu, membre du collectif parisien 1995, sont :

« D’t’façon y a pas plus ringard que le raciste / Ces théoristes veulent faire taire l’islam / Quel est le vrai danger : le terrorisme ou le taylorisme ? / Les miens se lèvent tôt, j’ai vu mes potos taffer / Je réclame un autodafé pour ces chiens de ‘Charlie Hebdo’ ».

Rappel : le 2 novembre 2011, le siège de Charlie Hebdo avait été détruit par un incendie criminel, le jour où il publiait en “Une” une caricature de Mahomet. Les coupables n’ont jamais été retrouvés et le journal est toujours sous protection policière.

Selon les dernières informations publiées par la presse la chanson diffusée sur Internet ne ferait pas partie de la bande originale du film.

Interview de Charb à lire à ce sujet sur le site du Nouvel Observateur.

1914-1918 tragiques dessins

lundi 25 novembre 2013

A partir du 12 novembre 2013 et jusqu’au 28 février 2014, le Centre Permanent du Dessin de Presse de Saint-Just-le-Martel propose à L’Espace Loup, une exposition « vraiment exceptionnelle » (sic) : « Dessins pour de tragiques destins », ou la guerre de 14 – 18 vue par le dessin de presse. Le dossier de presse accessible en ligne ne dit rien sur les concepteurs de cette exposition mais nous donne un aperçu de son contenu. Extrait :

« Des centaines de documents rares, dessins de presse, cartes postales dessinées et journaux originaux collectés auprès de Musées et de collectionneurs privés qui, mois après mois, vont faire revivre, par cet “humour de guerre”, non seulement les événements et leurs protagonistes mais également l’évolution de l’état d’esprit des combattants et de toute une population.

L’occasion de retrouver tous les grands dessinateurs de l’époque : Faivre, Forain, Grandjouan, Gus Bofa, Hermann-Paul, Iribe, Laborde, Laforge, Léandre, Raemaeckers, Roubille, Robida, Steinlen, Willette… mais aussi certains dessinateurs de “l’autre camp”, la guerre vue d’ailleurs en quelque sorte. A noter, des espaces réservés plus particulièrement aux œuvres de Poulbot et Sem. Une exposition historique qui prouve une fois de plus que le dessin de presse constitue un remarquable outil pédagogique… et pour tous les publics. »

Saint-Just International, Centre permanent de la caricature, du dessin de presse et d’humour, 7, rue du Château d’eau, 87590, St Just-le-Martel.