Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

Archive pour la catégorie ‘Presse’

Konk a-t-il jamais existé ?

mercredi 23 mars 2011

Le n°28 de la revue Médias publie un entretien mené par Emmanuelle Duverger et Robert Ménard avec le dessinateur Konk (Laurent Fabre). Celui qui est présenté comme une « star du dessin de presse dans les années 1970 » et qui se qualifie lui-même « d’antitout » ne renie rien de ses convictions révisionnistes au point que les 6 pages qui lui sont consacrées sont accompagnées d’un « Avertissement » des interviewers.

Étonnant parcours que celui de Konk qui fût de 1969 à 1982 dessinateur du quotidien Le Monde (avec Plantu et Chenez), collabora au Matin de Paris, à L’Événement du Jeudi, à La Grosse Bertha, et enfin au Figaro, avant de rejoindre la presse militante d’extrême droite. Il faut dire qu’en reprenant les thèses de Robert Faurisson qui contestait la réalité des chambres à gaz pendant la deuxième guerre mondiale, il s’est mis à dos le milieu des médias et nombre de ses admirateurs, et ce n’est pas le mea-culpa publié dans Le Nouvel Observateur en 1990 qui a inversé la tendance. « Ostracisé » selon Médias, il n’a alors trouvé son salut professionnel que dans la seule presse qui acceptait ses dessins et ses idées, Minute, Valeurs actuelles, National Hebdo, entre autres.

Ce qui va suivre va peut-être choquer certains lecteurs, mais il faut reconnaître que Konk, malgré son engagement au service d’une presse militante nationaliste et de ses combats douteux, n’a rien perdu de son talent de dessinateur. Il aura été en fin de carrière un bon caricaturiste de droite. Konk qui a pris sa retraite ne dessine plus.

Depuis 2001, un site Internet est dédié à ses dessins et depuis 2009 il publie des textes sur « Konktextes’s Blog ».

Illustration, dessin de Konk publié dans Médias n°28.

Charb est partout

lundi 21 mars 2011

Enième épisode des pérégrinations de Charb le directeur de Charlie Hebdo 3 (voir blog du 2.2.2011) dont le site Charlie enchaîné nous apprend qu’il était à Toulouse le 13 mars 2011 pour animer un atelier de production et une conférence sur le dessin de presse. À cette occasion il a donné un entretien à La Dépêche du midi.

Extrait :

[…] En tant que caricaturiste vous vous revendiquez défenseur de la liberté d’expression. Comment ressentez-vous cette liberté aujourd’hui ?
Aujourd’hui on entend beaucoup dire qu’on a moins de liberté qu’avant, qu’à l’époque de Coluche par exemple. C’est faux. Dans les années 1970, on ne pouvait vraiment rien dire sur l’armée. Sous Pompidou, Cabu a été condamné pour ses Aventures de Madame Pompidou. Aujourd’hui on a aucun mal à écrire sur Carla Bruni et on peut critiquer l’armée même si ça reste délicat. Ceux qui disent qu’on ne peut plus s’exprimer comme avant sont les homophobes et les racistes, bien embêtés depuis la loi Gayssot.

Le dessin offre-t-il plus de liberté que le texte ?
Non. Il permet un autre mode d’expression, plus immédiat, mais pas plus libre. On dit qu’il vaut mieux un bon dessin, qu’un mauvais discours. Moi je dis qu’il vaut mieux un bon discours qu’un mauvais dessin. » […]

À propos de ce dernier paragraphe, je vais me permettre une sorte de droit de réponse ayant créé avec Bertrand Daullé, et longtemps animé une association (qui existe toujours) intitulée « Un bon dessin vaut mieux qu’un long discours ». Depuis 1986, celle-ci a beaucoup œuvré pour la reconnaissance du métier de dessinateur de presse (hélas beaucoup reste à faire).

L’avantage du dessin (lorsqu’il est bon) sur le texte, c’est qu’il est immédiat et lisible par tous. L’inconvénient d’un discours (même bon) c’est qu’il permet d’enfumer aisément le lecteur ou l’auditeur – il suffit pour ça de relire les éditos de Philippe Val dans Charlie Hebdo ou les péroraisons de Nicolas Sarkozy (voir Le Petit journal de Yan Barthès sur Canal+). Je reconnais, en face, c’est pas mieux.

Les discours peuvent dire tout et leur contraire selon ceux qui maîtrisent l’art de l’écriture ou de la parole. Un bon dessin doit en principe être simple et pertinent pour être efficace et atteindre son but. Il se lit en quelques secondes et transmet son « message » instantanément à l’inverse du discours toujours trop long.

Voir des dessinateurs défendre la primauté du texte sur le dessin (c’est aussi le cas de Cabu) m’interroge toujours sur le peu de cas qu’ils font de leur métier, déjà assez peu considéré par ailleurs.

Bref, vive le dessin ! (ça c’est une belle conclusion pour un long discours). ff

En illustration la dernière Une de Charlie Hebdo et une video de Télé Toulouse.

Peut-on rire de tout et comment ?

vendredi 18 mars 2011

On pourrait croire que la presse syndicale ou militante sont les derniers espaces où les dessinateurs peuvent s’exprimer librement.

C’est compter sans le « politiquement correct » qui à notre époque gagne de plus en plus les esprits. Deux anecdotes récentes illustrent cet état des choses, avec la participation involontaire du dessinateur Faujour.

Le T-Shirt de la CGT pour le 8 mars « Journée de la femme ». Ce syndicat propose à Faujour de mettre en image le slogan « nous aurons les mêmes salaires que les hommes quand les poules auront des dents ! ». Ce qu’il fait, même s’il aurait aimé proposer une idée moins traditionnelle.

Patatras, la section femmes du syndicat trouve que le mot poule à une connotation sexiste et qu’il faudrait le remplacer par le mot coq ! Le dessinateur s’exécute (à contrecœur semble-t-il) ce qui donne au final un dessin surréaliste et totalement hermétique. Les deux versions sont en illustration.

Autre avatar, toujours avec le même dessinateur. Un dessin vu dans Rouge, l’organe du NPA,  toujours à l’occasion du 8 mars.

Alors que le dessin publié semble explicite et exprime un point de vue de l’auteur, la semaine suivante la rédaction publie dans le courrier des lecteurs deux lettres prenant à parti Faujour.

Un lâchage évident de la part de la rédaction vis à vis de son collaborateur mais aussi une façon de se défausser de ses choix. Dur, dur, le métier.

Cliquer sur les images pour les agrandir.

Quelques infos :

lundi 14 mars 2011

L’humour noir de Cardon

C’est un Cardon trés heureux qui le 10 mars 2011 a effectivement reçu des mains de Jacques Vallet (membre du jury et créateur de la revue « Le Fou parle ») le grand prix de l’Humour noir Granville 2011 (voir blog prémonitoire du 10.3.2011). Cardon a été primé pour son dernier album « Vu de dos » publié par les éditions L’Échappée.

Charlie à la porte

Charlie Hebdo 3 n’a plus les moyens de payer le loyer de ses locaux qui appartiennent à une société civile immobilière dont Philippe Val et Cabu sont (étaient ?) actionnaires, et cherche 200 mètres carrés dans Paris. Les bureaux du journal, 44 rue de Turbigo, seraient mis en vente.

Desclozeaux est gonflé

Des dessins de Desclozeaux illustrent le livre « Rouge de honte » de Jean-Claude Ribaut, sous-titré « biographie non autorisée de Bibendum » qui raconte la face cachée du Guide Rouge Michelin (éditions Menu Fretin). À noter que le personnage de Bibendum, mascotte de la société Michelin, parodié par Desclozeaux, a été créé en 1898 par le dessinateur O’Galop, de son vrai nom Marius Rossillon (1867-1946).

Na plus rien à voir

Personne n’est vraiment anonyme sur internet et tout ce qui semble gratuit ne l’est pas forcément. Après avoir reçu plusieurs messages d’auteurs furieux de voir leurs dessins repris sans leur accord – et une plainte envoyée au procureur de la République -, le responsable du site « Revue de presse de dessins.info » s’est dévoilé (voir blog du 1.3.2011). Il s’agit du dessinateur Na ! (Benoît Baudut). Dans un message d’excuses emberlificoté il a plaidé la bonne foi et assuré ses collègues qu’il avait créé ce site sans penser à mal. Ironie de l’histoire sur son propre site Internet professionnel, cet  auteur mentionne que ses dessins « sont protégés par les lois sur la propriété artistique » et que « Il ne faut pas les piquer ».

Hey Man

Man (Manuel Lapert) le dessinateur du quotidien le Midi libre publie « Ceinture ! » (éditions Pat à Pan), son premier recueil de 230 dessins sur l’actualité parus de 2009 à 2010 à la dernière page du journal.

Une video sur Man (en 2009), dessinateur du Midi libre.

Le grand prix de l’Humour noir 2011

jeudi 10 mars 2011

Cardon, Jacques Cardon, le dessinateur, recevra-t-il le Grand prix de l’humour noir Granville décerné aujourd’hui 10 mars 2011 à midi au restaurant parisien Le Procope ? En tout cas il le mériterait pour l’ensemble de son œuvre et notamment pour son dernier livre « Cardon vu de dos : Trente ans de dessins plus que politiques » paru aux éditions L’Échappée (voir blog du 8.11.2010).

En tout cas 2, il serait en bonne compagnie dans la liste des lauréats qui a débutée en 1957 avec Siné, suivi, entre autres, de Roland Topor (1961), Tetsu (1964), Gourmelin (1969), Bosc (1970), Serre (1973), Soulas (1974), Quino (1981), Kerleroux (1987), Sajtinac (2004), etc.

En 2010 le lauréat était le dessinateur suisse Martial Leiter. La liste complète sur Wikipédia.

Cardon a publié ses premiers dessins dans la revue Bizarre éditée par Jean-Jacques Pauvert, puis il a dessiné pour Siné massacre, France Soir, L’Enragé, L’Humanité dimanche, Politique Hebdo. Il dessine pour Le Canard enchaîné depuis 1972.

Charlie Hebdo 3 la suite

mercredi 9 mars 2011

Décidément il va falloir que Charlie Hebdo s’habitue à vivre, malgré son départ,  avec l’ombre portée de Philippe Val sur le journal. Libération s’est planté en reprenant des « informations » de la lettre professionnelle Presse News, relayé ensuite par de nombreux autres sites Internet, en annonçant que Cabu, comme Val,  n’était plus actionnaire de Charlie Hebdo. Pourtant il suffisait de lire l’hebdomadaire et de regarder une video de Charb sur le site du journal pour avoir l’information complète, où de venir sur ce blog, pour savoir que Ph. Val avait bien vendu ses actions des éditions Rotatives et que désormais les actionnaires en étaient Charb, Riss, Cabu, Éric Portheault, et Bernard Maris (Oncle Bernard). Question corollaire, on peut se demander pourquoi Cavanna, « inventeur » du titre et fondateur ne l’est pas, mais passons…

En attendant, l’équipe de Charlie Hebdo annonce sur son site qu’elle sera présente au prochain « Salon du livre » qui se déroulera Porte de Versailles à Paris du 18 au 21 mars 2011.

À noter qu’à cette occasion, Cabu dédicacera en exclusivité le samedi 19 mars de 11h à 18h, les 100 exemplaires numérotés de l’édition originale de son prochain livre « Johnny c’est la France », à paraître aux éditions Charlie Hebdo – Les Echappés.

Autre présence sans doute d’un des membres de l’équipe de Charlie au « Salon du livre »,  celle de Jul, un des auteurs les plus prolifiques et à succès, qui vient de publier « La Terre vue du fiel » un recueil de ses dessins sur l’actualité (Dargaud).

En illustration dessin explicite trouvé sur le site de Charlie Hebdo (pour les non-initiés, le patron de France Inter est Philippe Val ex-patron de Charlie) .