Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

Archive pour la catégorie ‘Presse’

Quand la presse s’intéresse au dessin

lundi 23 février 2009

Le Figaro du 20 février 2009Le Figaro du 20 février a choisi d’illustrer l’exposition et la vente de la collection Bergé-Saint Laurent par trois pleine-pages dessinées par Alain Bouldouyre. Une façon originale de se démarquer des autres journaux qui eux ont choisis les photos extraites du catalogue.

Autre intérêt, celui manifesté par Libération pour les droits d’auteur concernant le célèbre portrait de Barack Obama réalisé par Shepard Fairey. Le quotidien daté du 12 février met en vis à vis sur deux pleines pages la photo et le dessin dont le graphiste s’est inspiré et raconte la bataille entre l’agence Associated Press et le graphiste pour la paternité des droits sur cette création. Si l’artiste reconnaît avoir trouvé cette photo sur le net, ses avocats expliquent qu’il a créé « une  image visuelle surprenante, abstraite et idéalisée, chargée d’un sens nouveau et imposant qui véhicule un message radicalement différent ». L’agence a proposé de reverser les droits à des fonds de charité, mais pour l’instant le conflit est devant les tribunaux.

L’article évoque le « droit d’inspiration » inhérent à tout document qui a servi de base à une création graphique, que ce soit un portrait dessiné, un collage, ou une caricature. Si l’œuvre n’a pas été suffisamment modifiée, transformée, notamment dans le cadrage ou la mise en page, l’auteur de l’œuvre qui a servi de modèle est en droit de demander un pourcentage des droits de publication ou de représentation.

Obama

À noter que si l’agence AP revendique des droits sur cette image, le photographe Mannie Garcia, cité par Libération, dit ne pas avoir été sous contrat avec l’agence lorsqu’il a réalisé en 2006 le cliché. À suivre.

 

Illustration B. Obama © Shepard Fairey ou Associated Press ou Mannie Garcia.

Vieux débat

vendredi 20 février 2009

Plan de relance Obama et le singe en dessinDénoncer tout en diffusant l’image. Telle est une des perversités du journalisme. On peut se poser la question à propos d’un dessin paru dans le New York Post le 18 février et qui fait un amalgame douteux entre un fait divers – un chimpanzé violent a dû être tué dans le Connecticut et une légende faisant référence au plan de relance américain. Le dessin montre deux policiers venant de tirer sur l’animal et fait dire à l’un d’eux : « Il va falloir chercher quelqu’un d’autre pour rédiger le prochain plan de relance ».

S’il semble évident que ce mauvais dessin de Sean Delonas, soit raciste, le relai visuel que lui offre plusieurs sites Internet et journaux en reproduisant le dessin pour mieux le dénoncer (vieux débat), met mal à l’aise. À noter que Col Allan, le rédacteur en chef du Post, qui appartient au magnat de la presse Rupert Murdoch, a défendu le dessin en indiquant  « Il s’agit d’une parodie d’actualité, avec un dessin représentant l’abattage d’un chimpanzé violent dans le Connecticut, et l’auteur se moque d’une manière générale des efforts de Washington pour ranimer l’économie » (sic).

Décidément après la polémique suscitée par la couverture du New Yorker publiée en juillet 2008 et où il était représenté en tenue de militant islamiste, on peut dire que l’accession de Barak Obama à la présidence des États-Unis fait bouger les lignes, comme on dit aujourd’hui.

« Bête, méchant et hebdomadaire » : une suite

vendredi 13 février 2009

Stéphane Mazurier - Des cadres noirs dans son livreLes lecteurs de l’énorme pavé de Stéphane Mazurier sur l’histoire de Charlie Hebdo (1969 – 1982) – voir note de lecture sur ce blog -, ont du être intrigués par les pavés noirs qui figurent sur la reproduction des pages du journal. En fait, se sont les dessinateurs Cabu et Wolinski qui se sont opposés à la publication de leurs œuvres dans un livre qui fait un portrait trop flatteur – à leur goût – de Georges Bernier, alias Pr. Choron.

Quand on voit la couverture du livre, avec Cavanna et Choron photographiés amicalement enlacés par Arnaud Baumann, on se dit qu’il doit régner un certain malaise dans la rédaction de Charlie Hebdo (celui de 2009).

Extrait du livre :

« Des fois, j’envie Reiser. Il ne nous a pas vus devenir moches et cons. Il ne l’est pas devenu non plus. Il a tracé sa trajectoire d’angelot bouclé, frrrt, il n’a pas vu le monde vieillir, il n’a pas vu sa gueule grimacer dans la gueule des copains ».

Ces lignes ont été écrites par Cavanna en 2004.

Autre chose, la mention d’un copyright « Glénat Éditions – Drugstore 2008 », sur la reproduction de Unes de L’hebdo Hara-Kiri et de Charlie Hebdo dessinées par Reiser. Une réappropriation étonnante de la part d’un éditeur, en effet si le copyright peut s’appliquer sur le dessin de Reiser, il ne peut en aucun cas concerner la Une qui est une œuvre collective appartenant au journal.

Note de lecture : Charlie Hebdo, l’original

jeudi 12 février 2009

Bête, méchant et hebdomadaire. un livre de Stéphane MazurierCréer et faire vivre un journal est une aventure formidable. Créer et faire vivre un journal comme Charlie Hebdo est une aventure « extraordinaire » comme le dit Sylvie Caster. Pour s’en convaincre il suffit de lire l’imposant – 512 pages – Bête, méchant et hebdomadaire de Stéphane Mazurier (Buchet Chastel) qui retrace les grands et les petits moments de Charlie Hebdo, titre satirique légendaire, anticonformiste, aujourd’hui usurpé par un propriétaire qui s’affiche comme « éditorialiste » sur les plateaux télé entre Alain Duhamel et Catherine Nay.

Un livre très documenté et très complet sur la vie de ce journal de 1969 à 1982, mais aussi sur son époque qui joua un rôle non négligeable dans son succès (et son déclin) : « Expérience unique dans l’histoire récente de la presse française, Charlie Hebdo se révèle finalement la meilleure expression journalistique de l’esprit de mai 68 ». Bénéficiant des témoignages de nombre des collaborateurs, l’auteur évoque les multiples péripéties des titres, le mensuel Hara-Kiri, L’hebdo Hara-Kiri Charlie Hebdo, l’éphémère Charlie matin, La semaine de Charlie, et la cohabitation – souvent conflictuelle (p. 150) – entre des personnalités aussi fortes que celles de Gébé, Reiser, Delfeil de Ton, Fournier, Wolinski, Siné, Willem, Cabu, Nicoulaud, Berroyer, Carali, Arthur, Sylvie Caster. Le tour de force a été d’additionner tous ses talents chaque semaine, mais avec une règle : « même si les collaborateurs du journal s’apprécient profondément, ils se fréquentent très peu en dehors du journal. Certes Reiser dîne quelquefois chez Wolinski, mais la règle est de ne se voir que pour le travail ». 

Ce livre ne dévoile hélas aucun secret permettant de renouveler cette aventure, mais donne quelques clés qui permettraient à une équipe de se lancer dans un tel projet. Cavanna : « C’est très simple, la formule c’était : tu as une page, tu t’en démerdes, tu mets ce que tu veux dedans, pourvu que ce soit génial »

Autre intérêt de l’ouvrage, c’est qu’il confirme, s’il en était besoin, que sans le duo passionnel Cavanna-Bernier cette aventure fulgurante n’aurait jamais pu exister : « Cavanna est, sans aucun doute, le « concepteur en chef » du journal. C’est lui qui a su imaginer une formule originale et viable, mais aussi la maquette, autrement dit la marque de fabrique, le « visage rédactionnel » de Charlie Hebdo. Le deuxième personnage clé dans l’élaboration du journal est , bien sûr, son directeur, Georges Bernier. Si Cavanna est le concepteur du journal, Bernier en est l’administrateur ; un administrateur volontiers fantasque et téméraire, qui s’acharne à faire vivre Charlie Hebdo. Bernier a, en quelque sorte, mis en place sa propre méthode, fondée sur l’optimisme et la ténacité. »

Un Bernier incontournable, au point même qu’il semble aujourd’hui étonnant qu’un dessinateur comme Cabu, qui a vécu et profité (p. 110) de toutes ces années tumultueuses, retrouve subitement la mémoire pour accabler et dénoncer le Pr. Choron comme il l’a fait dans un récent de Charlie Hebdo (14.1.2009). Il est vrai que le Charlie Hebdo de l’époque est très éloigné de celui qu’il fait aujourd’hui et dont il est curieusement l’actionnaire principal avec Philippe Val. Rien à voir donc, avec le titre d’origine où le rédacteur en chef était « toute la bande ». On en est loin en effet et on se demande même pourquoi dans ce livre Philippe Val donne son avis sur la première version de Charlie Hebdo alors qu’il n’y a jamais participé et qu’il ne reconnaît aucun talent à Choron.

Au final, ce livre pourrait apparaître comme une sorte de pierre tombale, une fresque gravée dans le marbre, qui célèbre le souvenir, la nostalgie d’une époque révolue où l’on osait tout et où tout était possible. Mais c’est une fausse impression, puisqu’encore récemment avec l’arrivée dans les kiosques de Siné Hebdo, journal conçu en quelques semaines, il semble que l’esprit de provocation reste vivace. Il suffit juste de le cultiver. Bête, méchant et hebdomadaire de Stéphane Mazurier peut donner cette envie. ff

Bonus à savourer également, le cahier spécial des photos d’époque d’Arnaud Baumann qui signe aussi la photo de couverture.

Interdiction Suisse

samedi 7 février 2009

dessin de Willem interdit en SuisseLe site ActuaBD.com nous apprend que le numéro de février de L’Écho des Savanes (Glénat) ne sera pas distribué en Suisse en raison de la publication du dessin de Willem ci-contre (âmes sensibles s’abstenir. À lire également sur ActuaBD.com les réactions des Internautes). On découvre aussi à cette occasion les particularités du Code Pénal Suisse et de son article 197.

Ce n’est pas la première fois qu’un dessin de Willem provoque des remous. Pour la petite histoire, c’est déjà plusieurs de ses dessins (avec un dessin de Cabu) qui ont servi de prétexte « officiel » en 1970 à l’interdiction de l’hebdo Hara-Kiri pour « pornographie » car on apercevait des sexes dans ses pages.

Le parcours éditorial et artistique de Willem est d’ailleurs jalonné de multiples réactions indignées, d’interdictions en tous genres, dues à la diffusion de ses dessins. Les atteintes à la religion sont d’ailleurs les motifs les plus souvent invoqués dans les nombreux procès intentés à cet immense dessinateur. 

Illustration : © Willem / L’Écho des Savanes.

Un Monde sans dessins

jeudi 5 février 2009

Le Monde - Un quotidien sans dessinsNouvelle formule pour le quotidien Le Monde avec beaucoup moins de dessins. Si Plantu gagne un espace régulier dans un coin de la Une – Le regard de Plantu – et le libre choix de ses sujets, les autres dessinateurs voient leurs parutions devenir très aléatoires. Après le « départ » de Pancho il y a quelques semaines et bientôt celui de Pessin, Le Monde renonce à une politique d’illustration privilégiant le dessin et qui depuis les années 70 faisait la spécificité de ce titre. 

Exit aussi la rubrique Trait libre qui accueillait des signatures comme celles de Ronald Searle, Avoine, Aurel, Napo, Nicolas Vial, Brito, entre autres. Les signatures de Sergueï et de Desclozeaux (rubrique gastronomie), elles, continueront à être visibles dans les pages du journal.

Le premier dessin paru dans Le Monde en 1967 était signé Tim. Il sera suivi de dessins de Folon, Bosc, Laville, Desclozeaux. Les dessinateurs Konk, Chenez, Plantu et Pessin y feront leurs premiers pas (1969 pour Konk, 1972 pour Chenez et Plantu, 1974 pour Pessin).