Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

Archive pour le mot-clef ‘L’Enragé’

Jean-Jacques Pauvert aimait aussi le dessin

dimanche 28 septembre 2014

Bizarre36-37Jean-Jacques Pauvert qui vient de décéder à l’âge de 88 ans a été l’éditeur de nombreux ouvrages consacrés à l’érotisme et au Marquis de Sade, mais il a aussi été l’éditeur historique de Siné dont il publiera en 1955 le premier livre « Complaintes sans paroles ».

La même année il reprend la revue Bizarre, créée par Éric Losfeld, une publication qui compte parmi ses collaborateurs Raymond Queneau, Jean-Christophe Averty, François Caradec, Michel Leiris, Michel Laclos, Jacques Sternberg, mais aussi les dessinateurs Cardon, Siné, Wolinski, Topor, Magritte, Gourmelin, Folon, Chaval, Fred, Gébé, Mose, Solo, Ylipe, Cabu, Maurice Henry, Copi, Grove, Tetsu, Morez, Avoine, Bonnot, entre autres.

Jean-Jacques Pauvert publiera ensuite d’autres livres de Siné «Portée de chats » (1957), «Les proverbes» (1958), «Les Chats» (1959), «Tout ça n’est rien quand on a la sainteté» (1959), «Dessins avariés» (1960), «Dessins de l’Express – tome 1 » (1961), « Dessins de l’Express – tome 2 » (1963), «Haut le cœur ! » (1965), «C.I.A.» (1968), et «Erotissiné» (1980).
 
En 1961, Jean-Jacques Pauvert aidera Siné à créer l’hebdomadaire « Siné Massacre » (mensuel pour les deux derniers numéros) qui ne verra paraître que 9 numéros et récoltera 9 procès.

Lors des évènement de mai 1968, Jean-Jacques Pauvert aide encore Siné à la création de « L’Enragé » qui n’aura que 12 numéros mais le journal donnera l’idée à Cavanna, Georges Bernier-Pr Choron, et à l’équipe du mensuel Hara-Kiri, de créer en 1969 « L’Hebdo Hara-Kiri » qui deviendra par la suite « Charlie Hebdo ».

Ma vie, mon œuvre, mon cul !, le tome 8 !

mardi 6 mai 2014

Il aura fallu attendre 11 ans avant de pouvoir lire le huitième tome de « Ma vie, mon œuvre, mon cul ! » saga savoureuse dans laquelle Siné raconte avec beaucoup d’humour et un style inimitable une existence pas banale, la sienne.

Dans ce tome, intitulé « On les aura ! », qui couvre les années 1961 à 1965, Siné évoque la fin de la guerre d’Algérie, son voyage à Cuba et sa rencontre « burlesque » avec Fidel Castro, sa démission de L’Express alors journal anti-colonialiste, la création avec Jean-Jacques Pauvert de son premier journal Siné Massacre, et son amitié avec Malcolm X leader politique afro-américain qui sera le parrain de sa fille.

Les 7 premiers tomes sont parus sous forme de hors-série publiés par Charlie Hebdo lorsque Siné en était le collaborateur émérite, le huitième est toujours diffusé sous forme de hors-série mais par Siné mensuel.

Il ne reste plus qu’à espérer que Siné reprendra plus rapidement sa plume pour évoquer l’année 1968 où il publia L’Enragé, dont s’inspirèrent Cavanna et Choron pour créer L’Hebdo Hara Kiri, et celles qui suivirent et qui ne furent pas moins fertiles en événements.

En vente dès le 21 mai 2014 dans tous les kiosques.

Comment va Siné ?

lundi 31 mars 2014

Quelques nouvelles : il signe la cinglante dernière Une de Siné mensuel (en illustration), continue à nous informer sur son état de santé chaque semaine dans sa Mini-zone, et il vient de terminer le 8ème tome de ses « mémoires »  « Ma vie, mon œuvre, mon cul ! » qui sera édité par Siné mensuel. Il travaille également à l’édition de l’intégrale des sept premiers tomes.

Autre événement, la vente publique à à l’Hôtel Drouot Richelieu le dimanche 6 avril 2014 à 14h de plus de 300 de ses dessins publiés dans L’Express, Siné Massacre, L’Enragé, Lui, Siné Hebdo, L’Humanité, Charlie Hebdo, etc. La vente est organisée par le commissaire priseur Marie-Françoise Robert (ventes précédentes Tetsu, Jacques Faizant, Dobritz, Trez, Puig Rosado, Loup). Le catalogue est visible et téléchargeable au format PDF sur le site Internet de l’étude qui annonce la vente avec la plus extrême discrétion.

Exposition publique à Drouot-Richelieu, 9 rue Drouot, 75009 Paris, le samedi 5 avril de 11h à 18h et le dimanche 6 avril de 11h 12h.

Angoulême comme si vous y étiez (ou presque) 2

samedi 1 février 2014

La presse régionale titre sur  la disparition de Cavanna. La Charente libre titre en Une “La BD sans Cavanna” ou “Le festival pleure Cavanna” sur ses affichettes. Cela aurait surement amusé Cavanna lui qui aurait aimé faire une carrière de dessinateur qu’il a débutée sous le nom de Sépia et qui n’a jamais écrit de scénarios de BD. Il a quand même été avec son compère Choron l’éditeur de Charlie mensuel, de l’hebdomadaire BD, et ils ont publié de nombreuses bandes dessinées y compris dans Hara-Kiri, signées entre autres Gébé, Reiser, Cabu, Willem, Tardi, Schlingo, Poussin, Alex Barbier, etc., etc. Ceci explique peut-être cela.

Suite de la visite des expositions proposées à Angoulême  :

L’exposition Tardi est une des plus importantes par la qualité des images proposées et par la mise en scène. Si on peut apprécier le talent du dessinateur à travers de nombreux originaux et ses mises en couleurs, la profusion très répétitive des images donne un sentiment de trop plein. D’autant plus que la scénographie à base d’ampoules éblouissantes et de cadres à vitres brillantes ne facilitent pas la lecture. A voir malgré tout, Tardi est un grand dessinateur.

Déception pour l’exposition Gus Bofa qui ne présente que des reproductions (phototypies, eaux-fortes) ce qui heureusement ne gâche pas le plaisir d’apprécier le talent graphique de ce dessinateur. La proximité avec l’exposition Tardi permet aussi de mesurer l’influence qu’a eu cet artiste sur de nombreux auteurs contemporains. Rappel les éditions Cornélius ont publié “Gus Bofa, l’enchanteur désenchanté“.

Beaucoup de monde pour l’exposition Willem, avec de très nombreux originaux que le dessinateur a conservé depuis ses débuts en Hollande et les années 1970, date de son apparition dans la presse française notamment dans L’Enragé. La présentation sobre et commentée par des panneaux de l’auteur permet de parcourir la carrière de celui qui est devenu un de nos plus grand dessinateurs actuels. A ne pas rater. L’exposition ne fermera ses portes que le 9 mars 2014. Un 4 pages a été édité à cette occasion par le quotidien Libération.

Mauvaise surprise en revanche pour “l’exposition”  sur les violences faites aux femmes “En chemin, elle rencontre…” présentée dans le hall du Palais de Justice. Si le sujet est hautement important il est regrettable qu’une mise en page confuse des panneaux noie graphiquement le contenu et les dessins censés nous sensibiliser aux thèmes abordés. A chacun cependant de se faire une idée.

En attendant, dimanche, l’annonce du nom du lauréat du Grand prix de la ville d’Angoulême (soit Bill Watterson (Calvin & Hobbes), ou le mangaka Katsuhiro Otomo (Akira) , ou Alan Moore, auteur de “From Hell”), Yves Frémion a dévoilé celui du 18ème Prix Tournesol qui récompense la BD “la plus écolo de l’année” et qui a été attribué à “Plogoff” d’Alexis Horebellou et Delphine Le Lay (éditions Delcourt).

A suivre.

(Le logotype interdit de manger dans l’exposition n’est pas de Gus Bofa)

Vive l’année Corentin !

jeudi 4 avril 2013

« 2013 sera l’année Corentin », annonce la page d’accueil du site de l’éditeur l’Ecole des Loisirs. Une formidable nouvelle qui va permettre de rendre hommage à l’humour et au talent de ce dessinateur apprécié de milliers d’enfants (et de parents) et dont la discrétion n’a d’égal que cette immense renommée.

Une carrière commencé en 1968 avec les premiers dessins publiés dans L’enragé, et qui a continué dans le dessin d’humour, l’illustration, notamment pour nombre de magazines féminins, Elle Marie-Claire, Vogue, en passant par la publicité.

Pour découvrir Philippe Corentin son éditeur nous propose une bibliographie sélective qui va de 1988 à 2012, une vidéo bougonne, et un livre autobiographique savoureux de 65 pages « à feuilleter ou à télécharger ».

Corentin est aussi présent sur le site de la BNF à travers le n° 266 de la Revue des livres pour enfants qui est dédié à son travail. On y trouve une bibliographie très complète et une conférence que lui a consacré Yvanne Chenouf en septembre 2012 à l’occasion des matinées du patrimoine.

Pour les amateurs de curiosités, Philippe Corentin est le frère jumeau de Alain Le Saux (leur vrai nom), avec qui il a co-signé quelques livres, et qui est lui aussi auteur de livres pour la jeunesse cultes comme « Ma maîtresse a dit qu’il fallait bien posséder la langue française », « Mon prof m’a dit que je devais absolument repasser mes leçons », (Rivages), et de toute une série sur les papas publiés depuis 2000 aux éditions Loulou & Cie et disponibles en coffrets.

Willem Grand prix d’Angoulême 2013

dimanche 3 février 2013

Le Grand prix du 40ème festival de la bande dessinée d’Angoulême a été attribué au dessinateur Willem, non pas uniquement pour ses dessins qui paraissent régulièrement dans Libération, Charlie Hebdo ou Siné mensuel, ni pour son dernier album « Dégueulasse » (éditions Les Echappés), mais pour l’ensemble de son œuvre qui a débuté en Hollande dans Vrij Nederland (1962), et en  France dans L’Enragé (1968), et s’est poursuivie dans les publications des éditions du Square Hara Kiri mensuel, l’hebdo Hara-kiri, etc. jusqu’à aujourd’hui.

Un travail déjà honoré depuis des années par de nombreux prix – Grand prix d’Epinal, Prix de l’Humour noir Granville, Grand prix national des Arts graphiques, et une exposition au Centre Pompidou à Paris, mais qui, avec ce nouveau prix très médiatisé, va toucher un plus large public.

Une distinction attribuée à un dessinateur sans concession, ni éditoriale, ni graphique, et pour qui le dessin est une véritable passion comme il le déclarait en 1985 :

« Si  je ne dessine pas pendant quatre jours, je suis malade… Je ne peux pas m’imaginer vivre sans faire du dessin. Oui, je serais dans la merde si je ne dessinais pas… ça me sauve. Oui, ça m’aide à survivre. »

Normalement (l’organisation du festival bouge beaucoup en ce moment…), le lauréat du grand prix d’Angoulême est le maître d’œuvre de l’édition suivante, on attend avec impatience celle de 2014. On en reparlera d’ici-là.

En illustration, un autoportrait de Willem paru dans le magazine Zéro et republié dans le catalogue de l’exposition que lui a consacré la ville d’Epinal en 1990.