Fait d'images

le blog de françois forcadell – l'image dessinée dans l'actualité

Archive pour le mot-clef ‘Wolinski’

Hara-Kiri revient !

mercredi 1 octobre 2008

Hara Kiri - Les belles images 1960-1985L’humour « moderne », caustique et déjanté, celui qu’on trouve aujourd’hui dans la publicité, à la télé, où au cinéma, a été « inventé » par Hara-Kiri mensuel. Un magazine iconoclaste qui fût pendant plus de vingt ans une véritable pépinière de talents : Pr Choron, Cavanna, Fred, Topor, Gébé, Cabu, Wolinski, Reiser, Fournier, Guy Pellaert, Jean-Marie Gourio, DDT, Willem, Vuillemin, Lefred Thouron, Alex Barbier, Placid, Carali, Kamagurka, sans oublier les photographes Chenz, Xavier Lambours et Arnaud Baumann.

Le seul journal où on pouvait voir Michel Drucker, Coluche, Romain Bouteille, Miou-Miou, Patrick Font, Carlos, Eddy Mitchell, Marcel Amont, Bashung, Gérard Lanvin, Thierry Le Luron, Danièle Gilbert, Pierre Perret, etc., etc., faire de la figuration dans des roman-photos joyeusement imaginés et mis en scène par le Pr Choron et Gébé.

Ils se sont amusés, ils ont choqué, ils ont fait tomber nombre de tabous, mais ils ont surtout démontré que l’humour peut être sans limites dès qu’il est inventif.

On retrouve une partie de cette abondante production dans Hara Kiri Les belles images, 1960 – 1985, signé conjointement par Cavanna, Stéphane Mazurier , Delfeil de Ton et Michèle Bernier (fille d’Odile Bernier et du Pr Choron).

Album de 320 pages, format 235 x 305 mm, 32 €.

Sortie en librairie le 16 octobre 2008. Un album indispensable avec Les Unes de Reiser (Drugstore) et Les colonnes de Gébé (L’association).

SINÉ HEBDO – CHARLIE HEBDO, le match éditorial de la rentrée

dimanche 31 août 2008

Alors que Siné hebdo dévoile sa liste de collaborateurs avec notamment la participation des dessinateurs Mix & Remix, Faujour, Lindingre, Diego Aranega, Carali, Berth, Tardi, Geluck, Ronald Searle, Desclozeaux, Delessert, et… Siné, du côté de Charlie hebdo les retombées du licenciement de Siné et les informations parues à cette occasion sur le journal sont loin d’avoir produit tous leurs effets.

Deux informations semblent semer le trouble dans la rédaction. L’appartenance du titre lui-même attribué à Cavanna, or il s’avère à la lecture d’un article de Delfeil de Ton (Nouvel Obs) que « l’invention » du titre et son appropriation par les éditions Rotatives pose quelques questions. Jean Cabu et Philippe Val ont d’ailleurs écrit au Nouvel Obs pour contester l’article de DDT les mettant en cause dans cette captation d’héritage.

Une propriété qui pourrait aussi être remise en cause par un texte de Cavanna « A Philippe Val » écrit après l’éviction brutale de Siné et qui, d’après nos informations, aurait du être de publié dans Charlie, mais ne l’a pas été à la demande pressante de Wolinski. A suivre.

L’autre information découle de la manne financière que représente les profits de Charlie hebdo et leur répartition. Révélés par Le Monde, les dividendes (330 000 euros chacun) perçus en 2006 par Cabu et Val, actionnaires principaux, à l’occasion des ventes astronomiques du n° spécial caricatures de Mahomet ont surpris les salariés qui n’avaient touché qu’une prime exceptionnelle. Mais les plus étonnés ont été les collaborateurs réguliers payés eux en « droits d’auteurs », ils sont plusieurs dont quelques « historiques », et qui n’ont eu droit à rien.

Ces révélations financières ont aussi mis à jour les disparités salariales au sein de la rédaction. Ainsi Wolinski, autre pilier historique du titre, s’est aperçu que Siné était mieux payé que lui. Le montant du salaire du comptable (10 000 euros), le même que celui de Philippe Val a également surpris. On est loin de la répartition égalitaire du Charlie hebdo original de Choron et Cavanna. A suivre.

La confrontation Siné Hebdo – Charlie Hebdo aura lieu dans les kiosques le 10 septembre. Pour l’instant celle qui a commencé au sein de la rédaction de Charlie n’a pas fait d’éclats. ff

L’article “Cabu et Val écrivent à l’Obs” – Le site du journal Siné Hebdo

Siné homme de presse

jeudi 28 août 2008

siné massacre n°9Siné Hebdo est le quatrième journal créé par Siné. Dessinateur rebelle, mais également graphiste émérite, son parcours professionnel est jalonné de lancement de titres qui font désormais parti de l’histoire de la presse.

Le premier est Siné Massacre qui voit le jour en 1962. À l’époque, il vient de quitter L’Express où ses dessins très anticolonialistes suscitent, en pleine guerre d’Algérie, de sérieux remous. Neuf numéros sont publiés autour de thèmes aussi variés que De Gaulle, les pieds noirs, la liberté de la presse, l’amour, le pape, le colonialisme.

L'enragéQuelques années plus tard naîtra L’Enragé, véritable brûlot éditorial publié au cœur des événements de 1968 et qui prend pour cible le pouvoir du général de Gaulle (L’Enragé est l’anagramme de général). L’Enragé publie les premiers dessins politiques de Cabu, Wolinski, Willem, Pétillon, Loup, Blachon, Topor, Cardon, Bosc, Soulas, Reiser. Lancé avec l’aide de l’éditeur Jean-Jacques Pauvert, il atteint les 100 000 exemplaires vendus à la criée.

Après les évènements, L’Enragé donne l’idée à l’équipe du mensuel Hara-Kiri de créer un hebdomadaire dédié à l’actualité. Ce sera L’hebdo Hara-Kiri qui devient après son interdiction Charlie hebdo. Siné y dessine et tient sa rubrique Siné sème sa zone jusqu’à la disparition du journal en 1981. C’est aussi au sein de cette équipe qu’il créera le titre Mords’y l’œil, véritable prouesse technique dont il assure lui-même la mise en page et la mise en couleur des dessins de Reiser, Cabu, Gébé, Willem, Wolinski.

Après la mort de Charlie, Siné se défoulera à Droit de réponse, l’émission de Michel Polac, dans l’hebdomadaire La Grosse Bertha, avant d’intégrer l’équipe de la nouvelle version de Charlie hebdo en 1992.

mors-y l'oeilIl faudra attendre son licenciement de Charlie hebdo pour soupçon de soupçon d’antisémitisme en juillet 2008 pour qu’il se lance, à 80 ans, dans une nouvelle aventure éditoriale.

Siné est un des rares dessinateurs à ériger la provocation en système de pensée, à cultiver l’irrespect absolu, le parti-pris, la mauvaise foi consciente, et surtout à ne faire aucune concession après plus de 60 ans de métier. En créant Siné hebdo il reste fidèle à lui-même. f.f.

Illustration : Dessin de Siné paru
dans Mords-y-l’oeil n° 3 en avril 1981.

Le site du journal Siné Hebdo

Siné viré de Charlie, suite des suites

jeudi 24 juillet 2008

Les annees charlieA ce jour (24.7.2008) quelques 1900 signatures de soutien à Siné viré de Charlie hebdo par Philippe Val sont venues se rajouter à la pétition initiale de 2000 signatures. Parmi les noms de la première liste on peut remarquer de nombreux confrères mais aussi Nicole Blondeaux, femme de Gébé, celle de Patrick Font ex-complice de scène de Val, et de Isabelle Soulié, ex-femme de Cabu.

La décision de licenciement ne fait d’ailleurs pas l’unanimité dans la rédaction de l’hebdomadaire puisqu’on retrouve dans la pétition les signatures de Willem et Tignous et que, d’après nos informations, les « historiques » du titre Cavanna, Wolinski, ainsi que certains dessinateurs, n’approuveraient pas tout à fait la décision de P. Val

Nul doute que le comité de rédaction du jeudi 24 juillet risque, pour une fois, d’être animé.

Delfeil de Ton, ancien de Charlie hebdo, le « vrai », prend lui aussi position dans un billet publié sur le site de l’Obs à propos de la mainmise de P. Val sur le journal (extrait) :

«Dans notre monde libéral, les idées finissent toujours par appartenir à ceux qui ne les trouvent pas.»

La sentence de M. Philippe Val, penseur contemporain, figurait donc en couverture du numéro 1 du nouveau «Charlie-Hebdo». En 2004, lorsque parut un livre, «Les Années Charlie, 1969-2004», qui prétendait retracer l’histoire du journal, cette couverture y fut republiée sur une pleine grande page mais la sentence n’y figurait plus. Le court texte, dans lequel elle se trouvait, avait été supprimé. C’est ainsi qu’on fait l’histoire, au nouveau «Charlie-Hebdo».

C’est pourtant la pensée la plus juste du penseur contemporain mais c’est aussi que le penseur, qui n’a pas trouvé cette idée qui s’appelle «Charlie-Hebdo», pas plus qu’il n’a trouvé cette idée d’appeler un journal «Charlie», cette idée lui appartient aujourd’hui grâce au monde libéral où il navigue avec une si remarquable aisance.

Ces choses, je n’avais jamais pris la peine de les dire. Je me soucie de ce Charlie-Ersatz comme d’une guigne, je ne le lis pas. DDT. »

Plantu - L'expressPlantu, lui, consacre sa page de L’express à l’affaire avec un dessin à la Siné où l’on voit un Philippe Val affublé d’un brassard qui botte le cul de Siné et surmonté de la légende « Charlie le journal où on peut tout se permettre même virer un dessinateur ». A voir en grand format sur le site de soutien.

A noter sur le même site la chronique hebdomadaire de siné qui n’a pas été publiée par Charlie mais que plusieurs sites Internet, dont le Nouvelobs.com, diffusent. Siné y expose sa version de l’affaire et parle notamment de Charb, rédacteur en chef adjoint de Charlie qu’il considérait jusqu’alors comme son « neveu » et qui a pris fait et cause pour P. Val.

Autre personnalité à avoir apporté son soutien à P. Val, Bernard Henri Levy, le philosophe, qui dans un grand article alambiqué publié dans Le Monde (23.7.2008) justifie l’antisémitisme supposé du texte de Siné.

A suivre.

le site de soutien à Siné

Lumières

mercredi 7 mai 2008

steinberg - I do haveDu 6 mai – 27 juillet 2008 l’espace Henri Cartier Bresson à Paris présente Illuminations une exposition de dessins de Saul Steinberg, que beaucoup considèrent comme le créateur du dessin d’humour moderne.

Extraits de la présentation de l’événement sur le site de la fondation HCB :

« Pendant 60 ans, Saul Steinberg (1914-1999), artiste américain d’origine roumaine, a illustré de son talent les pages et couvertures du New Yorker . En plus de son travail de dessinateur, Saul Steinberg fut également un immense propagandiste, caricaturiste, illustrateur, graphiste, muraliste, dessinateur de mode et de publicité, scénographe, créateur infatigable de livres d’images, et artiste de galerie. Steinberg fait aujourd’hui l’objet d’une rétrospective majeure dont la tournée américaine s’est achevée l’an passé. La Fondation HCB est la première étape de sa tournée européenne. L’exposition est organisée par le Frances Lehman Loeb Art Center, Vassar College, conçue par Joel Smith , aujourd’hui conservateur du département de photographie à l’université de Princeton. L’exposition sera présentée dans plusieurs villes d’Europe sous la direction de la Saul Steinberg Foundation de New York, avec le généreux soutien de la Terra Foundation for American Art et un financement supplémentaire de la PaceWildenstein Gallery. »

A noter que dans le cadre de l’exposition est diffusé un documentaire dans lequel Cabu, Siné, Wolinski, Trez, Desclozeaux parlent de l’influence de Steinberg sur leur travail.

Fondation Henri Cartier-Bresson, 2 impasse Lebouis 75014 Paris.

Du mardi au dimanche de 13h00 à 18h30. Le samedi de 11h00 à 18h45. Nocturne le mercredi jusqu’à 20h30.Fermé le lundi.

Illustration : I Do, I Have, I Am , 1971 – The Saul Steinberg Foundation, New York

Mai 68

mercredi 9 avril 2008

mai 68 livreQue reste-t-il de mai 68 ? : les dessins de Wolinski, Cabu, Siné, Gébé, Reiser, réunis par l’éditeur Michel Lafon.

Présentation de l’album de 220 pages par l’éditeur :

« Dessinateurs de légende, caricaturistes contestataires et révolutionnaires. Observateurs sans complaisance de leur temps et acteurs incontournables de Mai 68, dont les dessins sont devenus les symboles d’une période emblématique.Quarante ans après, les voici exceptionnellement réunis pour nous faire revivre, sous leurs coups de crayon intransigeants et délirants, les événements de l’époque. Des centaines de dessins parus dans la presse ou affiches placardées sur les murs, accompagnés de textes inédits écrits par les dessinateurs eux-mêmes, mais aussi par Daniel Cohn-Bendit, le Professeur Choron ou Cavanna, qui racontent chacun leur Mai 68. »